M A I
daos la fuite, ce mémc nom fm donné aor
m~ifím
de
plai[lltJCc,
foit qu'elles euffem du revenu, ou qu'clles n'en
eut1C:m poim
.
Ce fm bien aurre chofe fur la fin de la république
lorfque les Romains fe furent enricnis des dépouilles de
tanr de nations vaincues; chaq ue grand feigneur ne fon–
gea plus qn'tl employer daos l' ltalie , en tout genre de
Juxe, ce qu'il
3VOit
a.Inaífé de
bien
par toute!: fortes de;
brigandages daos les pro,•ioces; alors il
firent bam de
grandes
maifoJu
d~
plaifanu,
accompagnées de toqt ce
qui pouvoit les rendre plus magnifiques & plus déli–
eieufes. D ans cene vae, ils choilirem
les eodroits les
plu• commodes , les plus fains
&
les plus
ag•é~bles.
Les c6tés
de
la Campanie le long de la mer de Tof–
eane,
&
en particulier les bord du
~olf~
de Bayes, eu–
rent la préférence daos lo comparaifon , Les hifjoriens
&
les poetes parlent fi fouvent des
déli~es
de ce pays,
qu'il faut nous y arréter avec M . l'abbé Couture, pour
conoolrre les plus belles
m~i[o111
de plaifanfe
de~
Ro–
mains. Toute la c6te
voifin~
du golfe étoit po!U"on –
neufe
&
la carnp3)IOC auffi telle que fenile en graius
&
en vins .
11
y
avoit dans les environs
une
multitude de
fontaines minérales, égalemeot propres pour le plailir
&
poor la Canté. Les
prom~nades
y étoien¡
charm~nt~s
.&
en trCs-grand nombre, les unes fur
J~eau,
les
autre~
<lans des prairies, que le plus affreux hiyer
fe'1Jbloi~
tQU–
jours refpeéter.
Cette image du gol fe de Bayes, & de toute ce<te
contrée de la
Camp~oie",
n'efl qu'un 16ger crayon du
lableau qu'en font Pl ino
&
Strabou.
Le
dernier de ces
auteurs qoi vivoit fous
i).u~ulle,
ajoute
q~e
les _dches
ql!_i
aimoient la vie
Ju~tlrieufe,
foit
qu'ils
fuJf~mt
las des
sf!aires, foit qu
1
jls f!lrfent rebutés par
la "diffiquhé de
parvenir aux grands emplni$, ou que leur
prqpre
incli–
nation ks
entrait13t
du
c~cé
des plaifirs,
chercJ'lerent
a
s'érablir
d~ns
un lleu
délicleu~,
qui n'étoit
qu~~
' une di–
llanee raifooqaqle
"pe
~ome,
&
ou l'on pouvoir impu–
!lémem vivre
:l
[a fantaitje. Pompée, Cé[ar,
y
édi~s
Po
Ilion ,
H onenfius, P.ifon, Servilius Vatia, P
ollius:
y
tiren< éléver de
f~perl¡es
'l'aiJq111 de plaifance.
C.cé–roo
~n
ayqit
au-moiq~
<rois le long de ¡a mer de
Tol~cane
& Luculiu~
autaut .
D
'aqurd.onfm nn
peu
rerenu
par
l::t
pudeor
des mceor$
antiqu~s,
:1 laquelle la vie qn'on menoit
a
B<tycs
étoit
direél:emeot oppofée; il falloit au-moins oni!
o rdonnan–
ce de in,édeciu pour paU"eport . 6cipion
1'
.'\fricaio
fati –
f:Ué 'des bruics iojuriou<
qu~
Jes tribu os du peuple répan–
doien¡ ¡ous les jours cqmre Jui, choifit Literne pour le
!ieu ¡je fpn exil
&
de fa
mim,
préférableinent
ii
Bayes,
de peurde deshonorer les Jerpiers jou rs de fa vie, par
une ""retraire
fi
pc:.u convennQle
~
fe-s
commencemeos.
" Maria~,
Pompéc, & Jnles
Céf~r
ne furen; pas tout•
a-f3it fi
réfer\"éS que Scipioo; ils tirent batir d..
IS
le
v oilinage,
mais
ils b:ltirent leurs
maifons
fur
la croupe
de quelques cqllin¡:s, pour let¡r donner un air de
ch~leaux & de places de ¡;uerre, pll1c6t que de
mlfijóHJde
plaifanu . 11/i
'!ttidan aá
r¡uos prim(IJ fortuna
popu.liro–
mani
pte6/icas opes
tranflulit ,
C.
Maritts,
&
Cn. Pom–
peius
&
C~Efar
f XIrttxerunF tj1fidnn
v¡i/as
in regione
B arttn4;
fed
tila~
;??Jpf!ftterunt
fummis 'ju¡,is
monttum:
?.'idebatur
hoc
magif mt!itare, ex edito jpul!lari long
e
lath¡ue fubjdla: J.ciaJ non -villaJ f rtiffi fed cajlrrz.
Croyez–
vous , dit
Séneque,
car c'e(l de Jui qu'on a
tir~ c~s
etem–
ples , croyez-vous que Caron ea
e
pu f< ré[oudre :\ ha–
J>iter
dan~
un lieu auffi comraire
a
1:1
bonne difcipline
que l'ell
~ujourd'hu¡
Bayes ! Et
qu'~
auroit-il fait? Qeoi?
Compter les femmes galames qm ¡¡uroient paU"é tous
les jours fous fes fenéties dans des gondoles de tomes
forres de
couleur~,
&c. Ptetas tu habitatur11m fui{fe in
mica
e;
atonrm?
(
l'ylica étqit un f3lon fur
le bord
d~
golft )
Ht
prll!ter·navigantes
adtdtt:rqt
dinumeraret,
&
a[piuret
t~t
xenera.
fymbarum'
&
flt~.it¡{nJem
toto
la–
eu rofam
,
&
audtre¡..
can.entium
nollurna
conv icia
.
Yoila uue peinture de la vie licen tieu[e de Blyes .
·
C icéron
~~~
ayoit parlé avanc Séoeque daos des ter–
mes
muins
~tud·iés,
mais
pas moins
lignificatifs, dans
fon oroifoo pour C a:Iius. Ce jeune horqme avoit fait
a
B"ayes divers voyages avec des perfoimes d'une répuca:
tion afJez ¿qnivQque,
&
s'y étoic componé avec une
ltberté que la
pré~ence
des
ce~feurs
auroit pu geoer daos
Rome : fes accuhpeurs en pnrem occafion de
le
décrier
comme un débaqché, & par conféquem capable du cri–
me pour lequel ils le pourfuivoient. Cicéron qui parle
pou_r lui, .copyiel'}t Pe ce qu'i.l ne Hwroit oicr', que Baye
é''?"
un heu
d:~:ogereu< .
11 d!t feul ement 9ue ¡ous ceux
qm
y
vont, ne
fe
perdent pas pour cela;
qu~
d'ailleurs
ii
ne fau t pas
tt!nir les
jeu~es
gens en braffieres , mais
¡eur permettre quelques
pla~firs,
pourvu que ces pl:tilirs
M A I
ne portent préiudice
a
perfonne '
&
e.
mais ceux qui
r~
piquoieoc de régulariLé, a\•oicnt beau déclamcr contre
la d1tTolution qu i rcgnoit
a
Bavcs
&
dan
les environs
le gollt nouveau
l'emponoit
daris le crellr des Romains;
&
ce qui dans ces comm!!ncemens ne s'étoit
fair
qu'-a–
vec quelque
ret~nue,
fe prariqua publiquemem dans la
fuite .
Quand une fois oo a parfé les premieres barrieres de
la pudcmr, 1:¡ dépravation va tous les jours
~o
augmen–
¡am. Bayes
d~vin¡
le lieu de J' ltalie
le plu.
fréquemé
&
le plus peuplé . L es Rorr¡aíos s'y rendoient en foule
du tel)1s d'l-jorace,
!X
y élevoiem
de•
bacimen> foper–
bes
a
}'en vi les uns des aunes' en
!i1rte
qu'il s'y f0rm:t
eo peu
eje
¡ems au rapporr de
Strabon, une ville auffi
gr~nde
que Pouzole, quoique
celle.cifilt alors le por!
)e
pl~s
con(jdé¡able
d~
toute
l'ltalie,&
l'apord
de
tou–
tes les
n3uon9'.
M ' is comme le terrein étoit fort (erré d'un c6té par
la mer,
&
de l'autre par plufieurs montagnes,
rien
nc:
leur
cou<~
ponr "aincre ces deur ob{tacles. lis raferent
les cqteaux qui
les
incommodoi~nt,
&.
comblerellt la
plus
gr~nde
partie dn gqlfe, p.>Ur trouver des emplace–
mer]s que la diligence des premiers
v~nus
avoit enleYé:i
~ux p~r
e1feu~.C'efl précifén¡ent ce que daos Salufle
Cacilina
encen.cJpar ces mo!S de la harangue qu'il fait
a
fes
co
njurés pQur allumer
Jeur
ra~e
comrc
les
gr3nds
de Rqme,
leurs ennemis
comiJlUOS.
Q!tis ferat illis
[llpernre divit.iaJ
t¡tt~l
pro
und4nt
;n
extrJI-otJo
ma–
ri
~
cqttJf¡utrnr:/i[t¡ue
montihu~
? N obis larem familinrem
duf!e?
Qul ef! I'homme de
ca.nrqui puiffe rouffrir que
des gens
"q~¡i
ne fc¡ot pas d'u
Qe antre coQdidon
qu~
nqus,
ayeot plu¡ de bien qu'il ne leur en f:m t pour .applanir
des montagnes,
~
parir des palais ?ans la mgr, pen–
dam que nous manquons d1:1 néceflatre
¡
C'efl
a
quoi l'on doit rapporter ces yers d¡: )' Enéi–
de, daos
letquels Virgile, pour mieux
repréj1:u¡er I•
chute du géal)t Bitias, la compare
a
ces marres de pier–
re qu'?n
je~te
?ans ¡e golfe de Bayes pour ferv ir de
fo~~auons .
·
Quali1
_;,.,
EuhtJiro Bajarum
littor~
t¡ttonáam, &c.
·
·
jEnéid. 1.
¡x.
-v.
7o8.
Qu'un de nqs R omains .ou )i:orace fe mette en tl!te
qu'il n'y a oas au monde
un~
plus
bell~
Gcoation
que
celle de Bayes, auffi-tót le
lac Lucriu & la mer de
T o fcane femem
l'emprelfemen~
de ce
nouvca~
mairre
pour
y
batir.
N tlllus
in orbe jinur l3_ajis
prd!lu~et
ama!nÍJ,
Si dixit d;vn , lacu1
&
nrar~
{e"neit amorem
Frflinantis heri.
·
·
Ep.
J·
liv.
l.
y.
83.
Un graod feigneur, obferve
aill~urs
le mi!me. poete,
dédaigna,nt la terre
ferme,
veut é(endre
fes
mai[f.!ns áe
p/aifa11Cf
tur la
rner ; il borde les
rivage~
d'une foule
d'emrcPreneur$·
&
de
manreuvres;
i1
y
rqule des matfes
~no'rmes
de'·pierre; il cambie les abimes
cPunc
prodi–
gieufe qu•n¡ic<! de matériaux. L es poiU"ons furP,ris
fe
f TOUVCOt
i.
J'étrOi~
daOS
CC
vafla élément .
C oneral/4 pifcn
tZf/l~ora
fontiunt
'JaéliJ
in
altum molibuJ.
•
·
Ode
j .
liv. Ill.
Mals ce ne furent pas les fculs poirfons de T ofcane
f:IUÍ
foutfrirent de
ce
luxe";
les
labqureurs,
les
cultiva~
reurs de touS les beaux endroits de
PJt~li~
virent avec
douleur
leurs
coteauit
chi}rigés
ery ·
ff!aifons
de plaifanre,
Jeurs
champs en panerre$,
&
leur~
prP.Jries en prome–
nades . l}étendue de la campagne depuis Rome jufqu'i
Naples, éto•t couverte ·de "palais dé gens riches.
On
peut bien
le · croire, p¡¡ifqne Cicéro'! pour [a pare en
avoit
dir-~uir
qans cet
efpa~e
de terrem, outre pluGeuro
maifons
de repos
fur
la
roure.
I1
_parle
fouvem avec
complajfance de ce!le du rivag<¡ de !3ayes, qu'il nom–
me fon
puteolum.
Elle romba peu de
tems aprl:s fa
Ínort
entre' te5'
mains d' t\mitliqs Vetus,
&
devint eo–
fu ite
le palais de l'ec¡wereur }Iadrieo qui y
tinit,_fes
jours ,
&
y f? t enterré.
C'efl-1~
qu'on fuppofe. qu '.1 a
fait fon dermer adteu fi célebre
p.arles vers futvans .
AnimultJ , vagula , /,laHáula,
Hofpn
~ '
comeJJ¡'!e .urporiJ,
!}ute
nr~nc
abrbu '" loca
PalliJtt/4,
rigil/a, nudu/q ,
!{te?
Hl
f•lu
1
dabiJ
j~<•J :
~ D.
'], )
MA!•