:
JO L
Her graees, en nous offranr des fpeélades
~ui
felnblent
~ree
leue ouvr'ge. Elle oc veUI pas nous arfervie toujours
fous le joug de I'admiralion; eellC mere tendre
&
ea–
rerfame eherehe fouvent
a
nous plaire.
Si le beau qui oous frappe
&
oous tranfporte, eri uo
des plus grands effels de
f~ ma~nifieenee,
le
joli
n'cll-i1
pas un de fes plus donx blenfallS? Elle Cemble quelque–
fois s'épuiCer (ri je 1'0Ce dire) en galanreries ingénieuCes
pour agiter agréablement notre eeeUr
&
nos Cells,
&
pour
lenr porter le Centiment délicieux
&
le' germe des plailirs .
La vue de ces arires qui répalldeot Cur oous par un
tours
&
des regles immuables, leur brill:'ote
&
f<!eoo–
de lumiere, la VOUIC immeoCe
a
laquellc ils paroilfem
fuCpendus, le fpeélaele Cublime des' mers, les graods
phéoomeoes oe P9rtent
a
I'ame que des idées majeriueu–
fes; mais qui peut peindre le feeret
&
le doux illtéret
qu'infpire le rían< aCpe:! d'un tapis émaillé par le CouRe
de Flore
&
la main du primems? Que ne dit point aux
cceurs Cenliblos ce boeage limpie
&
Cans art, que le ra–
magc de mille amans ailés, que la fralchenr de I'ombre
&
f'oode agilée des ruilfelux favem rendre ti louchan!?
Tel eri le eharme des graees, lel eri eelui du
jo};
qui
leur doit loujours Ca naiifaoce; nollS lui eédoos par uo
peneham dont la douceur nous féduit.
11
faut
~lrc
de bonoe foi. Notre gOllt pour le
joli
fuppole uo pen moios parmi nous de ceS ames élevées
&
tournées .ul< brillames prélentions de l'h6ro'iCme, que
de ces ames naturelles, délicales
&
Ñiciles,
3
qui la fo–
ciété doil tollS fes altrails.
Peut-~~re
les raiCons du
01
i–
mat
&
du gouvernr.ment, que le Phton de naIre tieele
dans le plus célebre de
Ces
ouvrages, donne Ccuven!
poúr la Couree des aétioos des hommes, Com-elles les
véritables cauCes de DOS a.valllages fur les autres nalfons,
" pllr rapport au
joti .
Cet empire du nord, eolevé de ootre tems a fon an–
cienne barbarie par les Coins
&
le génie du plos grand
de Ces r<lis, 1'0urroit-1I arrocher de nas maios
&
la eOIl–
rODne de, graees
&
la eeinlure du V énus? Le phylique
'1
metlroit trap d' obllacles; e-ependalll iI peut nailre
dans eet empire quelque homme ¡nCpiré fOrtemelll, qui
nous diCpute uu jour la palme du génie, parce
qu~
le
fublime
&
le beau [Olll plus indépendallS des cauCes lo–
cales .
Ce phamÓme Canglant de la liberté, ·qui avoit caufé
tam de troubles ehe-z. les Romains,
&
qui partout Cub–
fille
li
difficilement par d'autres voies" avoit diCparu–
fous I'hérilier '
&
le Oeveu de CéCar. La paix rameoa
I'abondanee,
&
l'abondanee ne permit de fooger au
nouveau joug, que pour en recueillir les fruils; I'inté–
rte de la choCe publique ne regardoir plus qll'un feul
homme,
&
des-Iars tous les
aUlr~s
purent ne s'oecuper
que de leur bonheur
&
de leurs plaitirs. 0tez les grands
intér~ts,
les valles paffions allX hommes, vous les ra–
mencz
30
perConnel. L'art de jouir devient de lO'US les
arts le plus préeieux; de'
U
naquirent bientÓt le gout
&
la
délieaterJe: iI falloit certe révolulion aux vers que
10upira Tibule.
Tel e!!
a
peu pres le tableau de ce qui fe palfa fous
le tiede de Louis le Grand. Tandis que Corneille élOn–
De
&
ravit, les graeés
&
le dieu du gOUI atlendent pour
naitre des jeurs plus fereios. Voilure paroit les 3nnoo–
eer; Ces eootempomios eroyent les voir autOllr de lui;
eet écrivain eo oblient m';me quelquefois un fourire:
mais les jours heureux des pl3itirs délieats, les jours de
I'urbanilé
fran~oiCe,
n'étoient qu'a lem erépuCcule . Le
rérablirfement de I'autorité, d'ou dépeod la tral1quillité
pllblique, les vit cnfin dans tOllt leor éelat.
Les
Fran~ois
acqllirem alors un tixieme Cens, ou plu–
tÓt ils perfeétionnerent les leurs; ils virem ce qui ju–
[ques-li n'avoit p"im eocore fixé leurs yeux; uoe fen–
tibililé plus fioe, Cans clre moios profonde, remplit leurs
ames: leurs lalens de pIaire
&
d'ctre heureux, une dou–
ce aiCaoce dans la vie, une aménité dans les meeurs, une
allention Cecrele
a
varier leurs amuCemens,
&
a
diriio–
liluer les nuanees di verCes de tous les objels, leur fi–
rent adorer les graees. La bC3uté ne fut plus que lcur
égale; ils rentirent méme que les premieres les eml1lr–
ooienl avec plus de dou.ceur, ils fe livrerem
a
leurs ehal–
Des: Bachaumont
&
Chapelle les firent alfeoir
3
eÓlé
des muCes I,s plus fieres, laodis que la bonoe co.mpa–
gaíe de ce tems fai['oit de tout París le temple que ces
divioités devoiellt pl'éferer au re!le de la
terr~.
e'e!!
a
de certaines ames privilégiées que la nature
coone lO' foio de polir celles des lúlres. Tous les fen–
timens" toUS les goulS de ces premieres fe r6paodem in–
rentiblement,
&
donnem bient6t le ton général . Telle
~toit
I'ame de eelle Ninon ti vantée ;'lelles étoient cel–
res de plu(ieurs autres per[onnes qui vécurent avec_cHe,
'I.m,
YIII.
JO
L
72.1
&
qui I'aiderent
a
dépouiller les paffioos, les plaitirs,
les .rlS, le géoie, les vertus
m~m
.. de ce rorie de go–
lhique qui nuiCoil eocore
a
leurs eharmes.
L'inté[~l
le
plus léger,
&
fur toUI I'inrérel du pl.irir viennent·ils fe
Joiodre all beCoin d'imiter qu'apportenl. 10US les hom–
mes en naiaam, tout leur devienl facile
&
nalure!,
IOUt s'imprime facilement ehez eUI ; iI ne lem faut que
des modeles .
Peut-oo élre furpris que les
fran~ois
qui vivoienr Cous
Henri
11.
ayen! été ti différens de nous ? Le, graces
pouvoient-elles habitl!r une cour qui, pendant l'hiver, s'a ...
muCoir (comme dit BrantOlne ) ,)
[aire des baflio"s
&
com~ats,
,¡
pelolter de "eigc,
&
,¡
gliffer Jur ['leang de
Funlai"ebleau
1 Le
juli
fe bomoit alors rol\! au plus
i
la figure.
Le gei,me de cetle qualilé diflínaive étoil Cans dome
dans le Ceio de ceUe oalion toujours portée lIamrelle–
ment vers le plaitir; il s'éroit annoncé quelquefoís dans
une
f~le
brillante, ou Cous la plume de quelques-uns ae·
Ces poeles , mais le fen d'nn éc1air o'eri pas plus prompl
!
diCparollre; ce germe éroir enf'auj Cous les obllacles
que lui oppoCoient 6ns cerfe I'igno:ance., la
b~~baríe
ou
le Coume corrl1pteur des
guer~es
lo.lerillles: I ¡¡¡Rueoec
du cllmat cédoil 3 ce! 6gard aux circonrianees.
, Tour concouroi! au contraire, Cous Loui, le Grand,
a
répandre fur fes Cujels celle Cérénité, calle /leur d'a–
f,rémens qui en firent la plus
,;oli<
nalioo de I'univeti.
Quelle rag"e aux Me¡Ji"ois
(dit Mada!!,e
d~
Sévigné)
J'a·1.Ioir tant
J
l
averfia1l pour lel
Franfov
'IN' [ant
Ji
a'"
"",bies
&'
ji
jolis!
lis aurolent payé trap eher cet avantage,
,'iI
les ed,
conduir,s
a
lui Caerí6er emioremem leur goul eaemiel
pour
le
be:tu;
iI
rríomphe encare p,anni eux, peut-élre
n'y fait-il pas un effel 1; général que le
joJi,
parce qu'il
n'eri pas lOujours aiCé de s'élever jl1Cqu'¡¡ lui .
!"~
.Ie
moyen (dit-on) de oe pas rarfembler toute
C~
Cenhbllllé
fin les objets qui I'avoil;nent
&
qui la follicirem!
C'eri
a
I'ame qlle le beau s'adrelle, e'e!! aux Cens que:
parle le
ioJi;
&
s'iI di vrai que le plus graod nombre
fe lairfe 'un peu conduire por eux, c'ell de-U qu'oo verra.–
des regards altaehés aveo yvrerfe Cur les graces de
T ria–
no"
&
froMemenl Curpris des beautéS courageuCes du
Lo,,'vre,
e'e~
de-Ia que la mutiqae altiere de
Zoro~flr~
enlra7nera moios de ceeurS que la douce mélodie du bal–
let du
Sylphe
ou
I~
cooeens charmans de I'aae
d'.IEg,'!
dans les
tale~s
lyri'lu<J .
e'eri
par-I~qu'uo
chaoConlller
aimable, un rimeur plaiCant
&
faelle reouverom dans
nos foci&és mille fois plus d'ag,ément, que les.aUleu"s
de, chef"d'ceuvres qu'oo admire. C'e!! eofin par-la qp"
le je ne-Cais quoi dans les femmes effaeera la beaut6,
&
qu'on fera tenlé de eroire qu'elle o'e!! bonne qu':l
.lIer exciter des jaloufies
&
des feenes tragiques daoa
uo Cérail .
Un autear, dont on vamoit le gOUI dans le dernicr
ticele, préleod qU'Oll doit entendre par
joli,
femme,
d.
l'agr!""Jlt, tie I'efprit, de la ,,,i/on, de
~a ver~u,
e"ft–
d" 'IIrai mlrile.
Ces deux de.-nu,res qualtlés ne Com-el–
les pas ici hors de place? eri-oo
joli
par la raiCoo
&
l.
vertu?
M.
l'Abb! Gira,'á
dit de Con eÓté que juger d'un tel
qu'i1 eri
jDli
homme,
c'e{l .iuger de
Jim
h,,,,.eNr
&
d,
fos ",a,,¡eres.
Cepeodanr iI
Ce
lrnuve a eel égard en con.,.
tradiélion abfolue avee le P.
B.uho"rs,
qui
di~
qu'o..
nt~ntellá
a.
'/Uf
par
joli
bomme ,!u'un petit
homm~
pro- •
pre
&'
a./fa. bien[ait dans fa Mi/le .
C'efl que ces dcm:
écrivaios fe Com arrélés
a
de peliles nuauees de mode,
qui o'ont rieo de réel qu'un uCage Illomenlané.
Quelqu'un a dit de 1'3grément, que
c'cft (,"(uame
m~
vent 'Iger
&
ti
jl.eH,.
de
[IITfate,
r¡u·¡
donne aux
fa ulle!!
;'ltl.,.jt'l~ru
une certa;1Ie
11IobiJi,!, de la
fOllpleffe
&
d4
la viva<itl;
foible idée du
Joli
eo ¡!énéral: c'efl le Ce–
cret de la llature riame; iI ne Ce définil pas plus que le
godl,
a
qui
peUl-~tre
il doit la nairfaoce
&
daos les al'lS
&
d.osles manieres·.
Les oraeles de notre Iangue oo.t dit que e'éloir un
áiminttti! du beau;
mais ou eri le rappor! du rerme pri–
mitif avec foo dérivé, enmme de
taMe
a
tablttte?
L'un
&
l'aulre ne Coot-ils pas au 'comraire phytiquemenr di–
flinéts? Leur eCpece, leurs lois
&
Icms effels ne Cont-ils
pas entierement différens
~
On me préCente une tempete
Cortie des mains d'un peimre médiocre,
:i
quel degré de
diminution ce fujee pourroit-iI deCcendre au
;oli?
eri-il
de fon elfence de pouvoi,
1'~lre?
Qu'on fe rappelle le
Cot
qui trouvoit la mer
jolie,
011 le fat qui traitoit M.
de Turenne de
joli homme_
Le
joli
a fon empire féparé de celui dll beau; I'un
étonne,
~blouit,
perfuade, emraine; I"autre Céduil, amu–
fe
&
Ce b,nne
a
piaire : iI$ n'oot qu'une regle eommune. ...
Y'l
y y
c~lt
•
)