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·LA

'MORT ·nE

S:2\.R.

CÉSAR.

L'amitié, cher Antoine : íl faut t'ouvrir mon crem:.

Tu sais que je te quitte, et le destin._, m'orJonne ,

De porter nos drapeaux aux champs de Babylone.

Je pars, et vais venger su.r le Parthe inhumain

La honte de Crassus et du peuple romain.

L'aigle des légions , que je retiens encare,

Demande

a

s'envoler vers les mers du Bos.phore,;

Et mes braves soldats n'attendent pour signal

Que de revoir mon front ccint du bar.idean royal.

Peut-etre avec raison César peut entreprendre

D'attaquer un pays qu'a soumis Alexandre;

Peut-etre les G3lllois, Pompée et les Romains

Valent bien les Persans subjngués par ses mains :

J'ose au moins le penser; et ton ami se flatte

Que le vainqueur du Rhin peut l'etre de l'Euphrate.

Mais cet espoir m'anime et n.e m'aveugle pas :

Le sort peut se lasser de marcher sur mes pas; .

La plus haute sagesse en est souvent trompée; ,

11 peut quitter César, ayant trahi Pornpée;

Et dans les factionsí comme daos les combats,

D.u triomphe

a

la chute il n'cst souvent qu'un pas.

J'aí serví, commandé, vaincu quarante années;

Du monde entre mes rnains j'ai vu l es destinées;

Et j'ai toujours connu qu'en chaque évenement

Le destin des Etats dépendait d'un moment.

Quoi qu"il puisse arriver, mon cceur n'a rien

a

craindre;

Je vaincrai sans orgueil, ou mourrai sans me plaindre.

Mais j'exige en partant de ta tendre amitié

Qu'Antoine

a

mes enfants soit pour jamais lié;

Que Rome par mes mains défendue et conquise ,

Que la tei-re

a

mes fils, comme

a

toi, soit soumise :