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DE LA BONITE.
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el'
un brusque changement, et je ne sais si les nouvelles
républiques américaines y ont beaucoup gagné.
Le Pérou, avant l'émancipation, était le plus riche et
le plus beau fleuron de la couronne d'Espagne dans le
nouveau monde; Lima; la ville des rois, comme elle ai–
mait
a
se qualifier, étalait sur la plage américaine toute
la splendeur des capitales d'Europe. Ses vice-rois, puis–
sants et magnifiques; sa société, riche et choisie; sa
nombreuse population, ses édifices, son commerce, ses
plaisirs et ses fetes, _rappelaient la physionomie des v1lles
de l'ancien monde. Tout cela est bien changé auj our–
d'hui. Un jour viendra peut-etre ou, sous l'influence
cl'un bon gouvernement et de sages lois, le Pérou sera
un grand et puissant empire; mais ce ne peut etre que
l'reuvre du temps et d'une civilisation encore bien peu
a:vancée.
Les cé>lonies que fondaient les anciens n'attendaient
pas , pour se séparer de la mere patrie et vivre de leur
propre existence, un dével9ppement plus ou moins
avancé. Cela valait peut-etre mieux. Le jeune rejeton,
implanté sur la terre étrangere, croissait et s'y dévelop–
pait en liberté. Faible d'abord, il prenait plus de force,
a
mesure qu'il pouvait étendre ses branches, et devenait
avec le temps un grand arbre. Ainsi, Carthage, fille de
l'
opulente Tyr, fut-elle bientot sa rivale en puissance et
en richesse. Dans les tem'ps modernes, les colonies fon–
dées au dela des mers par les puissances de l'Europe ne
furent que des rameaux tenant encore au tronc com-