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VOYAGE
on les a déportés sur une cóte inhospitaliere et aban–
donnés sans ressources comme des betes féroces
a
douze ou quinze lieues de tout pays habité. Pense-t-on
que j'aie pu l'apprendre sans indignation en arrivant
ici?
>>
Le commandant, en disant ces paroles, auxquelles le
ton de sa voix donnait une expression plus prononcée,
fixait Kinau qui baissa les yeux.
Toutes les personnes présentes étaient interdites; le
roi se troublait et n' osait parler. 11 essaya pourtant de
s'excuser, alléguant qu'il ignorait qu 'on eut laissé les
missionnaires catholiques sur une cóte inhabitée.
e!
Vous l'ignoriez l reprit le commandant, et e'est en
votre nom que la chose s'est faite l Qui done ose ici se
mettre
a
la place du roi ou agir contre ses ordres? Mais
vous n 'ignoriez pas du moins qu 'ils étaient expulsés
d 'Oahu; qu'avaient-ils fait pour cela ? avez-vous quelque
plainte
a
former contre ces hommes paisibles et respec–
tables? avaient-ils transgressé les lois ou les coutumes du
pays? leur conduite était-elle répréhensible en quoi que
ce soit? prechaient-ils des doctrines contraires
a
l'obéis–
sance que tout Kanaka doit
a
son souverain?
-
Non , répondit timidement Kanikéaouli, mais ils
enseignaient une religion autre que celle du pays, et j'ai
craint que cela ne suscitat des querelles entre les ha–
bitants.
-
Et vous n 'avez pas craint le courroux de la
France, en traitant ainsi, sous un vain prétexte, deux de