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MOEURS ET RELIGION.

d'actions moralemen

t

indifférentes. de choses purement

imprudentes et inuliles; mais ce dédain du repenlir

s'étendra naturellement aussi au domaine moral, paree

que sa source est générale, c'est-a-dire qu·'il dérive du

sentiment

pui~sant

de l'individualité. Le christianisme

passif et contemplatif, qui ne sait que faire craindre ou

espérer la vie

a

venir, n'avait plus de pouvoir sur ces

hommes . AUS!li Machiavel ose-t-il arriver

a

cette conclu–

sion : c'est qu'une religion pareille est incapable d'étre

utile

a

l'État el

a

la défense de sa religion

l.

Quelle forme devait done revétir chez les penseurs le

senüment r eligieux, qui, malgré tout, subsistait dans

toute sa force? C'est ceHe du théisme ou du déisme,

comme on voudra. Ce dernier nom peut conveniI'

il

la

doctrine qui a rejeté l'élément chl'étien sans chercher ou

sans trouver quelque chose qui puisse le remplacer au

point de vue du sentiment. Quant au théisme, nous le

trouvons dans cette croyance élevée, positive,

a

l'Etre

supréme, que le' moyen <1ge n'avait pas connue. Cette

croyance n'exclut pas le christianisme et peut toujours se

concilier avec la doctrine chl'étienne du péché, de la

_

r~demption

el de l'immortalité de rAme; mais elle existe

aussi dans les esprits sans elle.

Parfois elle s'affil'me avee une naiveté enfanline, elle

rappelle méme des souvenirs

a

demi paIens : Dieu lui ap–

parait comme l'étre tout.puissant qui exauce les vceux des

hummes. Agnolo Pandolfini nconte

2

comment, apres' Ia

cérémonie de son mariage,

il

s'est enfermé avee sa femme

et s'est agenouillé

a

ses cOtés deva nt l'autel domestique

ornéde l'image de Marie, pour prier, non pasIa Madone,

mais Dieu, d e Ieur accorder la grAce de jouirpleinement

\ Discorsi,

1.

11,

cap.

11.

I

lJel governo dellafamiglia,

p.

114