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6r8
COR
habitans heureux. Malgré tant de calamités qui ont
affiigé ce peuple infortuné, on y comproit, il n'y
a pas 1ong-temps, plus de deux cens vingt mille
habitans.
H~floire.
L'hifroire de ce peuple
off~e
une_ fuite de
révolutions, que nous allons pa!counr :ap1deme,?t·
H
1
rodote nous dit que les premters habitans de _l1le
fLlrent des Phéniciens qui la nommerent
Collifla,
&
qu'au bout de huit
,g~néra~ions
ils fnrent
acc~us
par une colonie de Lacedemontens, fous la condmte
de Theras, d'oit elle prit le nom de
Thera.
Herod.
l ib. JV.
c.
'47, 148.
Dans la fuite l'ile prit le
nom de
Cyrnos,
du nombre de fes promontoires.
Jfidor.
Origin. Lib. XIII.
c.
6.
L'origine du nom
de
Corfa
qu'elle porta enfuite eíl fort incertaine.
Les Carthaginois en firent enfuite la conquete.
Elle paíTa fous la domination des Romains , vain–
queurs de Carthage, environ l'an
I
93 de Rome.
Tít. Liv.
Lib.
XYII.
Plufieurs fois ces peuples fe
fouleverent contre leurs maitres ,
&
furent repri–
rnés , mais jamais les Romains n'y furent poíTef–
feurs tranquilles.
A
l'irruption des barbares, les Goths s'emparerent
de la
Corfe,
&
y établirent le gouvemement féodal,
auffi barbare qu'eux. Procop.
de hello Goth,
!Ji.
24.
Des-lors,
&
pendant p lufieurs fiecles, cette ile fut
le théatre obfcur , mais fanglant , de divifions
cruelles , dont il ne reíl:e aucune hiíl:oire.
Enfin, les Sarrafins de venus puiífans, s'en empare–
rent , enviren le
vrnc
íiecle,
&
la défendiren t long–
tems. I1 eíl: apparent que c'efi eux qui lui donne–
rent le titre de royaume.
Bientot les papes formerent le deffein d'annexer
ce royaurne
a
leur terriroire. Grégoire VII, publia
enfin un bref, en
1079 ,
qui le déclaroit un domaine
de la mouvance du faint fiege. D'autres prétendent
qu'un roi de France en fit la donation au pape.
Les Génois fe prévalant de l'état agité
&
incer–
tain de cette ile , avoient taché d'établir une
co–
ionie
a
Bonifacio;
&
ils encoururent pour cela les
fo udres de Grégoire VII qui les excommunia
&
1es engagea
a
fufpendre le ur projet.
C'efi
a
cette époque qu 'il faut fixer la miffion
d'Hugues Colonna en
Corfl,
ave e des troupes du pape
qui remporterent de grands avantages fur les Sar–
ralins infideles.
Cependant l'érat de l'ile étoit tonjours flottant;
mais en
I
09
r , Urbain
JI
en difpofa en faveur de l'é–
veché de Pife, par un bref, avec des réferves ponr
le faint fiege .
Les G ' nois, toujours occupés de lenr projet fur
le royaume de
Corfe,
rivaux des Pifans , gagnerent
fur ce ux- ci la bataille de Malora , devinrent les
maitres de Pife,
&
fe mirent en état de l' "tre de
la
Corfe,
vers le milieu du xrve fiede.
Cependant Boniface VIII, pour aífurer au faint
fiege le fief de ce royaume tant difputé, l'avoit
donné fous ce titre, par une bulle , en
I
297,
a
Jacques H , roi d' Aragon , avec la Sardaigne,
&
celui-ci en fit hommage en 1305;
&
en
IJ
25, le
pape Jean XXII exigea le renouvellement du merne
hommage. Alphonfe fncceíTeur de Jacques, fitfolem–
nellement un pareil aéle, en 143
5,
a
Bcnoit XII;
&
l'on oit encore un bref d'Eugenes IV, de l'an
I
446, par lequel il établiífoit l'éveque de Ferrare
gouverneur de la
Corfe.
Genes s'occupoit toujours des moyens de former
d es établiífemens dans cette ile , dont elle vouloit
etre fouveraine' tandis qu'elle reconnoiíToirla mou–
vance de fon propre territoire envers l'empire,
dont elle donna des témoignages formels, daos les
années r 396
&
145
8 ,Aorfqu'elle fe
mi
e
fous la pro–
teétion de l"a France, avec cette réferve expreífe ,
fauf les droits
de
L'empereur
&
de
fempire.
e o
.fais les G 'nois, dont la fom erainet' fur
J
Corfe
n'
1
toit point r onnue alors d s autr s puif–
fan7es, faifoienr de continu
1
fforrs ponr la main–
temr fur ces peupl s, av e
1
lquel ils aYoient d
perp ' tuels d m''} s. En6n, tou jours in ertaine dans
cette poífeffion , la république d ' rerrnina en
1364,
d
e ,
der
[4
S
droits
a
ran~oi
force' duc de Milan '
a
la r ferve des d
tiX
plac
S
de Bonifacio ,. d
Calvi, qu elle garda pour a\ oir
tOUJour~
un pied
dans ce royaume, Pobjet de fon ambition qui luí
a coút' plus d'argent qu'elle n en a tiré, malar· la
dureté que les
Corfis
lui ont fi fouvent repr;ch 'e.
On voit qu'en
1478
le fils de ce duc de Milan
étab!it
enc<;>re ungouve.rneur en
Corfl.
Mai en
148
r,
Loms-Mane Sforce ahena cetre ile en fav ur de
Thomaíius de Campo Fr 'gofo.
Bientot apres les Génois fe trouverent les feuls
maitres de cette ile. La France feule réclama quel•
quefois fes droits qui , apr ' s la perte de la bataille
de Pavie, parurent enfevelis; tandis que les
Corfls ,
toujours jaloux de leur liberté , fe plaignoient
íon–
vent du gouvernement G
1
nois. Plus d une fois ils
prirent les armes, mais n'ayant pa de chefs
capa–
bies de les conduire, ils étOl 'Ot bi
O·
tOt accablés,
&
peut-etre trop f, lvér m
nt
puní..
Henri II, roí de France, en
recommen~ant
la
guerre contre Charles-Quint , entreprir une
xp~di
tion contre la
Corfe.
De Thou.
Hiji . l. XJJ.
c.
2 •
Il
avoit lieu d'etre mécontent des Génoi qui avoien t
embraífé le partí de
1'
mpereur. Une flotte déba r·
qua en
I
5
53 des troupes en
Corfe,
fous le comrnan–
dement de Paul de Thermes, accompagné de San–
pierro d'Ornano, noble
Corfe,
&
de Jourdain des
Urfins. L'adminifiratíon de l'Ile avoit alors éré re–
mife a la banque de S. Georges de Genes. André
Doria, quoiqu'agé de
87
ans ,
a
la
tete
de la jeu!"
neffe Génoife,
&
d'un fecours fourni pail'empereurt
s'embarque. Les
Corfes
s'uniífent avec les Fran<;ois ,
&
il fe
fit
de part
&
d'autre des prodiges de valeu r.
Enfin on conclut un traité avantageu · aux infubi–
res, fous la garantie de la France. Henri
1
tant morr,
les rigueurs des Génois r ecommencerent,
&
les
plaintes des
Corfes
contimterent : Sanpierro d'Orna–
no repaífa en
Co¡fl
,
foutint encore
les
mécontens;
mais il fut aíTaffiné en
1
567; les uns difent que ce fut
par la perfi.die des Génois , d'autres le nient. De
Thou.
Hifl.
XLI.
31.
Il
efi certain que les G
1
nois
fe vengerent trop févérement des infulaires, qui
n'en devinrent pas plus fideles.
Il
n'étoit plus permis
aux
Co¡fls
d'exporter leurs produélions , qu'i!s
étoient forcés de vendre, fans concurrence, aux
Génois , maitres du prix. Tous les de tx ans: on en·
voyoir un Génois comme gouverneur , qui ne
penfoit,
a
ce que difent les
Corfes,
qu'a s'enrichir;
&
fi l'on portoit des plaintes au íenat, le crédi t étouf·
foit le cri de la juíl:ice. Les commíífaires inférieur5
&
res lieutenans fuivoient le meme exemple' ayec
une pareille impunit
1
•
Ce fut au milieu de tant de mécontenternens, que
la république recueillit
&
env.oya en 1677 une colo·
nie de Grecs de la Morée en
Coife,
au nombre de
mílle ames. Elle devoit jouir daos ce pays touc ca–
tholique , du libre exercice de la religion grecque :
nouveaux fujets de mécontenternens,
&
fujers per–
pétuels de divifions
&
de guerres.
Apres une fuite de mot.rVemens, plus ou moins
violeos,
&
plus ou moins vite réprirnés,
les
Corfls
s'ameuterent de nouveau en
1729,
par l'impruc.lence
d'un colleél:eur de l'impot Génoís,
q~ti
o dur, pour
etre payé' faifirleseffers d'une pauvre femme.lls fe
chofirent deux chefs qui 'emparerent de la capirale.
Genes, apres bien des efforts, eut recours
a
l'empe·
r e r Charles VI, qui
y
envoya d'abord dt::S trou
1
>es
infuffifantes. Leurs mau vais fucces détermina la cour