CHA
plan de
la
campagne ._le roi jura de ne ramais
I:ab~~:
donner
&
le duc pnt pour le penchant de 1amltle
ce qui
~'étoit
dans
Charles
~u'une paffi~n
exceffi;,e
pour la gloire. Plufieurs
p~1~ances
de 1Europe s
~toient faít aarantes du traite d Altena,que les
D~mo1s
avoient viglé ; elles
mena~oient
de fe réunir pour en
venger l'ínfraélion; mais le duc avoit aífez de
Charles
XII
&
de lui-meme pour défendre fes droits cor1tre
Fréderic; celui·ti fut engager dans fes intérets,
&
Frédéric
Augufie~
roí de Pologne, qui prit les armes
a<t.l
premier fignal,
& .
~ierre
Alexiovitz , czar _de
Mofcovie, qui
t~mponta
pendant
quelq~~s
m,ois_:
.mais enfin il fe declara contre un enfant qu 1l mepn–
foit
&
qui fut fon ma1tre dans l'art de la guerre :
\
Cha:les
ne pat:donna jamais
a
ces deux princes de
s'etre ligués
~ontre
luí ; i,l con<;;tt contre
el!X
un
r~f
fentiment qm ne
.fit
que s accro1tre ,
&
qut embrafa
tout le nord de l'Europe. Leur deífein étoit de s'em–
parer de la Livonie qu'ils avoient poífédée antrefois,
&
dont le traité d'Oliva aífuroit la poífeffion
a
la
Suede · Frédéric Auuufi:e invefrit Riga , capitale de
cette
~ontrée
; tandis qn'il étoit occupé
a
vaincre
tous les obílacles que le gouverneur oppofoit
a
fon
entreprife, le roi de Danemarck fecondé par l'élec–
teur de Brandebourg, le duc de
\V
olfembutel,
&
le
prince de Heífe-Caífel commen<;oit fes excurfions
<lans les provinces autrefois conteftées entre le Da–
nemark
&
la Suede.
Charles
fit bloquer les meilleurs ports de Frédéric
IV ;
enfin impatient de fe
montre~
a
la .tete d'une
armée
il monta fur une flotte qm devolt aborder
en
Zél~nde:
<'
Meffieurs, dit-il
a
fes officiers avant
,~
de partir , j'ai réfolu ?e
n'e~trepren?r.e.
aucune
~'
guerre injufi:e,
&
de n en fimr une legltlme que
,~
par la perte de mes ennemis ''· 11 partit ,
&
les re–
crets de la nation le fuivirent ; il la laiífoit fous le
gouvernement de ce fénat, fi long-teros le rival de
{es maitres.
Charles
fembloit plus jaloux de régner
<ians les états de fes ennemis que dans les fiens. On
apper<¡ut enfin les cotes de
~é~ande;..
a.,
cette vue le
roi parut tout rayonnant de )Ole; on s approcha du
rivage ; il fauta dans une chaloupe, la defcente fut
eífez vigoureufement difputée; on en connoit toü.tes
les circonfi:ances; la fermeté de l'ambaífadeur Fran–
·~ois,
qui v?ulut _refrer aupres .de
Ch~rles ~~l~ré
lui-meme, l'Impattence de ce pnnce qm fe prec1p1ta
Jans l'eau l'épée
a
la main,
Ül
préfence d>efprit en
rangeant fon armée, fon impétuoíité dans l'attaque,
&
fur-tout ce bon mot fi célebre qui lui échappa en
écoutant le fi..ffiement des halles,
ce Jera la déformais
ma mzifique.
Son deífein étoit de faire le fiege de Coppenha–
gue ; mais défarmé par les foumifiions des députés
que cette ville lui envoya, il fe contenta d'une_con–
nibution de
40000
rifdales, fit payer tous les v1vres
qu'on lui apporta, établit daos fon camp une difci–
pline fév:re' renditiufrice
a
fes
ennem.isc,ontr_e fes
foldats memes, & fit defirer au
x Dan01sd av01r un
tel ma1tre. Le roi de Danemarck , battu dans le
.HoHl:ein, tandis que
Charles
{oumettoit la. Zélande,
fut contraint d'accepter les conditions qu'on lui ·of–
frit. La paix fe fit en pen
d~ jo~rs ,
comi?e la
gue~r.e
s'étoit faite.
Charles
XII
n eto1t pas moms expédittf,
dans les négociations que dans les coups de main;
cette aélivité étoit l'effet de fon caraétere fougueux;
il ne defiroit le fucG:es d'une entreprife que pour en
.t:ommencer une atttre.
Le roi de Pologne affiégeoit
R'
ga ;
Charles
fe met
en marche pour le forcer
a
la rer.raite ; mais il ap–
prend que Narva vi
t d'etre invefrie par cent mille
Mofcovites; il y avoit plus d'ennemis
a
combattrc ,
plus d'obfiacles
.a
vaincre ' plus de gloire
a
acquérir
que devant Riga ; le roi tourna de ce coté, il écri–
yoit
a
fes maréchaux de logis: (de m'en vais battre les
lome
Il,
., M?fcovites,préparez_un magafin alals; qttand j'au"'
>~
rat fecouru Narva,
Je
paíferai par cette ville pout
H
aller battre enfuite les Saxons
».
L'armée Sué–
doife n'étoít compofée que de vingt mille hommes
mais
Charles XII
marchoit
a
leurtete. Czérémétof'
général,
M?íco~ite,
voulut
s'oppof~r
.a;tx
progre;
des Suedo1s ; tl fut battu,
&
la rap1d1te de fa fuite
accéléra la courfe des vainqueurs ·; illes attendit au
défilé de Pyhajaggi, qui Ú!mbloit inacceffible. La
plupart des officiers Suédois. doutoient du
fncd~s
de
l'attaque;
Ckarles
feul n'en douta point,
&
le paífage
fut (orcé ; l'armée déboucha enfnite daos la plaine
de Narva,
&
vit le camp des Mofcovites, de tous
corés défendn par des bafrions' hériífé de palilrades
&
de chevaux de frife, formant autour de la ville
une double enceinte, prefqu'auffi fortifiée que la
ville meme.
Charles,
apres avoir laiífé refpirer fes troupes, les
rangea en bataille, tandis que l'artillerie ennemie la
fondroyoit; un officier paroiífoit effrayé de la multi–
tude des Mofcovites. (( Cette multitude, répondit
»
Charles,
ne fera que les incommoder, paree qu'elle
»
eft reíferrée daos un efpace étroit ;
&
quant
a
leur
}) cavalerie' elle efr réduite
a
l'inaél:ion par leur fitua..–
}) tion meme :
H
puis s'adreil'ant aux foldats: ((Mes
" amis, leur dit-il, nous combattons pour une bonne
>'
caufe, le ciel combattra pour nous:
fi
quelqu'un
, de vous doute de la viél:oire , qu'íl forte des
»
rangs,
&
qu'il retourne en Suede, les chemins lui
»
fonr ouverts
».
Toute l'armée répondit
a
cette
courte harangue
,
par des fermens de vaincre ou
de mourir fous fes drapeaux. On conrut
a
l'ennemi
1
un brouillard épais luí cachoit la marche des aífaillans..
Tranquille dans fon camp, il ne
foup~onnoit
pas que
Charles
XII,
avec
ú
peu de troupes, oHit tenter la
fortune des armes : tout-a-coup le brouillard fe dif–
íipe, le foleil reparo1t
&
montre aux Mofcovites les
Suédois rangés en batai.lle
a
cinquante pas de leurs
foífés: 1 rtillerie joue
&
fait breche dans les retran–
chemens;
Charles
JY11
y pénetre le premier, l'épée
a
la main ; fon infanterie le fuit avec ardeur' mais
avec ordre ;
a
mefure que les troupes entrent' elles
fe développent au milieu des ennemis, auffi promp–
tement que dans une plaine libre. Les Mofcovites re–
venus de leur premiere furprife , fe défendent pen·
dant trois heures ; enfin le défordre fe met dans leurs
rangs, une partie court au pont de la Narva qui fe
rompt,
&
les engloutit avec lui; vingt mille des plus
réfolus fe retranchent derriere les charriots , on les
y
for<¡a; ils mettent has les armes, on leur donne quar–
tier;
Charles
les renvoie défarmés, paree que fon ar–
mée n'auroit pas fuffi pour les garder : trente mille
Mofcovites périrent dans cette célebre journée, dont
la gloire ne coúta aux Suédois que treize cens fol.
dats.
Charles
eut en fa puiífance le duc de Croy, gé.–
néraliffime de l'armée ennemie, le prince de Georgia
&
fept m1tres généraux, foixante
&
treize pieces
d'artillerie, cent cinquante
&
un drapeaux, vingt
étendards
&
tout le bagage. Prefqu'au meme iníl:ant,
Spens
&
Stéembock, détachés de l'armée Suédoife,
taillerent en pieces, l'un fix milie, l'autre hnit mille
Mof vites.
Charles
avoit
re~u
une légere bleífure,
qu'il n'avoit pas fentie dans la melée ; il avoit eu
denx chevaux bleífés fous lui; lorfqu'il en changeoit,
H
ces gens-la, difoit-il, me font faire mes exerci...
»
ces
H.
I1 paífa l'hiver de
1701
a
La!s,
comme
i1
l'avoit
promis;
&
pour jufi:ifier fa prédiétion tonte entiere,
il alla fondre fur les Saxons ; ils tenoient eneore Riga
bloquee,& l'efpoir fe u1de voir
Charles
XII
paroitre,
fouteno it le courage des habitans; il parut en effet,tra–
verfa la Dwina
a
la vue des Saxons ; mieux fortifiés
que les Mofcovites , leur camp occupoii une lieue
d'étendue;
Charles
les
for~a
dans c;inq redoutes,
fe
z
7.
ij