TAP
deffinateur habile , fait un deífem de .fimples traits
fm pIuúeurs feuilles de papier , collées enfembIe de
-la hauteur
&
iargenr que ron deúre donner
él
cha–
<¡ue piece de
tapiffirie.
Ce deíTein achevé fe coupe en morceaux, auffi
bauts
&
aHffi
longs que les fenilles
dtl
papier que
ron a coutume d'employer en ces fortes d'impref–
Ílons; & chacnn de ces morceaux fe grave eníttite
féparément fm des planches de bois de poirier, de
la maniere qu'il a été dit
él
l'article
DES GRAVEURS
SUR B01S.
.
POLlr imprimer
ce~
planches ainf¡ gravées, on fe
fert de preíTes a{fez femblables el celles des Impri–
menrs en lettres;
a
la réferve que la platine n'en peut
étre de métal , mais fenlement de bois , longue d'un
pié
&
demi, fur dix pouces de large; & que ces
preífes n'ont ni chaffis, ni tyinpans, ni frifquettes,
.ni cornieres, ni couplets • hors de grands tympans,
propres
a
imprimer hiíl:oires, comme portent les
anciens réglemens de la Librairie.
L'on fe fert auffi de l'encre & des baIles des Impri–
meurs; & de meme qu'a l'lmprimerie, on n'eíli.tie
.p,oint les planches, apres gu'on les a noircies,
a
caufe
al'\.
relief qu'elles ont, qUlles rend plus femblables
él
une forme d'imprimenr(, qu'c't une planche en taille-·
<lotlce.
Les feuilles imprimées & {échées, on les peint ,
.&
on les rehauíTe de diverfes couleurs en détrempe,
puis on les aífemble ponr en former des pieces; ce
que font ordinairement ceux .qui les achetent; fe
vendant plus communément
él
la main, que mon–
téees.
L'on ne dit point ici quekfont les fujets repréfen–
t és {ur ces legeres
tapi.fleries,
cela dépendant du gout
-&
du génie du peintre; mais il femble que les gro_o
tefqnes & les compartimens melés de fleurs, de
fruits , d'animaux, & de quelqnes petits perfonna–
ges, ont jufqu'ici mieux réuffi que les payfages
&
les efpeces de haute-liífes, qu'on y a quelquefois
voulu peindre.
T
APISSERIE DE TONTURE DE LAINE.;
c'eíl: une
efpece de
tapifferie
faite de la laine qu'on tire des
dJaps qu'on tondi, collée fur de la toile ou du coutil.
Qn l'a d'abord fait
a
Rouen, mais d'une maniere
groffierc:; car on n'y employoit au commencemeot
que dés toiles pour fo nds, fut lefquelles on formoit
¿es delIcins de brocatelles avec des laines de diver–
[es couleurs qu'on colloit deífus
apn~s
les avoir ha–
dlées.
011
imita en{uite les verdures de haute-liífe,
mais fort imparfaitement ; eofin, une manufaéture
de ces fortes de
rapif!erás
s'ét<lnt établie el Paris dans
le faubourg faint Antoine , on y hafarda des perfon–
nages , des flellrs,
&
des grotefques, & l'on
y
réuf–
út aílez bien.
Le fond des
tapiffiries
de cette nouvelle manufa–
liure peut etre égaIement de contil ou de forte toile.
Apres les avoir tendues l'une ou l'autre exaétement
fur un chaffis de toute la grandeur de la piece qll'on
a deíTein de faire,
00
trace les principaux traits &
les contours de ce qa'on y vellt repréíenter,
&
on
y
ajoute les couleurs fucceffivement,
a
mefllre qu'on
avance l'ouvrage.
.
Les couleurs font toutes les memes que pOtlr les
t ableaux ordinaires,
&
on les détrempe de la meme
maoiere avec de l'huile commune melée avec de la
térebenthine ou telle autre huile , qui par fa ténacité
'Puiífe haper
&
retenir la laine, lorfque le tapiffier
v.ient
a
I'appliqucr.
A l'égard des laines, il faut en préparer de toutes
les cOllIeurs qui peuvent entrer dans un tableau
avec tolltes les teintes
&
les dégradations
nécefrai~
res pour les carnations & les draperies des figures
humaines, pour les peallx des animaux, les pluma–
~s
des oifeaux , les batimens , les
flelu~;
enfin , tout
TAP
ce que le tapi1lier veut. copier, ou plutot fuine fut
l'ouvraO'e meme du pemtre.
On
ti~e
la plí'tpart de ces laines de deífus les
diffé–
rentes efpeces de draps que les
ton~eurs
tondent ;
e'en eí1: proprement la tonture : maIs comme cette
tonture ne peut fournir toutes les cOllleurs
&
les
teintes néceíTaires, iI
Y
a des ouvriers deílinés
a
hacher des laines,
&
d'autres el les réduire en une
efpece de poudre prefque impalpable, en les paffant
fucceffivement par divers fas Oll tamis, &en hachant
de nouveau ce qui n'a pu paífer.
Les laines préparées ,
&
le deífein tracé fur la toile
ou fur le coutil , on couche hori{omalement le chaf–
fis fur lequel l'un ou l'autre eíl: étendu fur des trai·
.teanx élevés de terre d'environ deux piés; & alors
le peintre commence
ay
peindre quelques endroits
de fon tableau, que le tapiHier-lainier vient couvrir
de laine avant que la coulem foit feche, parcourant
alternativement l'un apres l'autre toute la piece, juf–
qU'el ce qu'elle foit achevée.
11
faut feulemen.r obfer·
ver que lorfque les pieces font grandes, plufieurs
lainiers & plufieurs peintres y peuvent travailler
a–
la-fois.
La maniere d'appliquer la laine efl: fi ingénieufe ;
mais en meme tems fi extraordinaire, qu'il ne faut
pas moins que les yeux meme pour
l~
comprendre.
On va pourtant tacher de l'expliquer. '
Le lainier ayant arrangé autour de lui des laines
de toutes les couleurs qu'il doit employer, féparées
dans de petites corbeilles ou autres vaiífeaux fein–
blables, prend de la main droite uo petit tamis de
deux on trois pouces de longueur, de deux de lar–
geur, &de dome ou quinze lignes de hauteur.Apres
quoi mettant dans ce tamis un peu de laine hachée
de la cO'..lleur convenable ,
&
le tenant entre le pou–
ce & le fecond doigt, il remue légerement cette lai·
ne avec quatre doigts qu'il a dedans, en
f~vant
d'a–
bord les contours des figures avec une laine brune,
&
mettant enfuite avee d'autres tamis & d'autres
laines les carnation¡¡,
fi
ce font des parties nues de
figures humaines ; & les draperies , fi elles font nues,
&
el proportion de tóut ce qu'il veut repréfenter.
Ce qu'il
y
a d'admirable
&
d 'incompréhenfible ,–
t'efi que le
tapijjier
lainier eíl: tellement maitre
de
cette pouffiere laineufe,
&
-la fait'fi bien ménager par
le moyen de fes doigts , qu'il en forme des traits auffi
délicats qu'on pourroit le faire avec le pinceau ,
e,¡
que
l~s
figures fphér-iques, comme eíl:, par exemple,
la prunelle de l'reil, paroiíTent etre faites au compaso
Apres que l'ouvrier a lainé toure la partie du ta–
bleau ou
tapif{erie
que le peintre avoit enduite de cou–
leur, il bat légerement avec une baguette le deíTous
du coutil Oll de la toile
a
l'endroit de fon ouvraO'e
ce qui le dégageant de la laine inutile, découvreole;
figures, qui ne paroiífoient auparavant qu'un mélan–
ge confus de toutes fortes de couleurs.
Lors .enfio
q~te
la
tapiffiri~ ~íl:
finie par ce travail
alternatlf du pelOtre
&
du laImer, on la laiífe fécher
fur fon chaffis qu'on dreífe de haut en·bas dans 1'at–
telier; apres qu'elle eí1: parfaitement feche on
donne quelques traits au pinceau dans les
end~oits
qui ont be{oin de force , mais feulement dans les
bruns.
Ces fortes de.
tapi/Je,ies
,
qui, quand elles font fai–
tes
~e
bonne maln, peuvent tromper au premier COu?
d'red, & paífer pour des hautes-liífes ontdeux dé–
fa~t~ con~dérable~ atlxque~s
il eíl: impoffible de re–
medler; 1un , qu elles cralgnent extremement l'hu- .
midité,
&
qu'elles s'y gatent en peu de tems; l'au–
tre, qu'on ne fauro;t les plier comme les
tapiJIeries
ordi.naires pour les ferrer daos nn garde-meuble ou
les tranfp6rter d'un lieu dans un at.ltre
&
qn'o~
efr
o~ligé
, ,lorfqn'elles ne font pas tendu:s, de les te–
mr
J.:gulee~
fur de
sro~
cylindres de bois, c.e qui
g,.