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1 56

S 1 B

le d'une nation particu1i::re.: l,a aifcuffion de ces dé–

tails nouS doit etre affez l11dlfferente.

Il

n,?us

fu~t

de

favoir que par le nom de

jibylle,

on

def~nolt

des

femmes qui fans etre

?re~reífes,

&

fa~s

etr;

att~chées

a

un OJ'acle partlcuher, annon<;olent

~

avemr

&

fe difoient, infpirées . Différens pars &.dlffi'nm,s

necles avoient eu leurs

jibylles

;

on contervOlt les

pr~diaions qui portoient leurs noms, & ron en formolt

des recueils.

·

,

Le plus grand embarras

O~l

fe font

trollve~

l.es

an.-

cien~,

c'efi d'expliquer

pa~ qu~l

heurellx

pnvll~g~

11

s'efi trouvt! des

fibylles

qUl aVOlent le

~on

,de pred.lre

l'avenir. Les Platoniciens en ont attnbue la--9uíe.

a

l'union intime que la créature

pa~venlle

a

un

.c

~rt.al

~

<legré de perfeEl:i0I1:' pouvoit aVOlr

~

v.ec

l~

dlV1l11te.

D'atltres rapportOlent cette vertu.dlVll1atnce des

ji–

byl/es,

aux vapeurs

&

aux exhalalfons

~es ~aver?e~

qu'elles habitoient. D'autres encore attrlbUOlent

1d –

prit prophétique des

jibylles

a

lepr

hL1.m~lIr

fO?1 bre &

mélancolique , ou

a

quelque

~a.ladle

"lOgllhe:e. S.

Jérome

él.

fOlltenu que ce don etoIt en elles la .recom–

penfe de leur chaíleté ; mais il

y.

en a du molOS une

tres-célebre qlli fe

va~te, d:avOJ~

,en un grand nom–

bre d'amans , fans aVOlr ete manee:

Mill, mihi leéli

,.

conn~bia

nulla fuere.

Il,eíh été -plus COl;rt

~

phts

[~nfé ~

s.

!érome

,.,~

aux autres

PP.

de

1

EglIfe , de mer

1

efpnt prophetI–

que des

Jibylles ,

&

de dire qu'a force' de proférer

des prédiétions

a

l'aventure, 'elles ont pu rencontrer

quelquefois; fur-tout a l'aide d'un

commenta~re

fa –

vorable, par lequel

~n aju~oit ~es p~role~

dltes a;1

hafard ,

a

des faits qudles n aVOlent )amalS pu pre-

voir.

.

Le fingulier, c'eíl qu'on recueill'itJeurs

prédiaio~s

apres

l'év~nement, ~

qu'on les mIt en

~ers

,

q~IOl­

qli'il n'y aIt pas la momdre

app~rence

qu elles alent

jamais prophétifé de cett:

l~amere;

outre qu'elles

ont vécu dans des tems dIfferens,

&

dans des pays

éloi<1nés les uns des autres. Cependant il fe trouva

une

~olleaion

de leurs prophéties du tems de Tar–

quín le Superbe, & ce fut une vieille femme qui lui nt

préfent de

cerecuei~

en

?euflivtes,~u'on

no.mma

livres

fibyltins,

&

qu'il depofa dans un iousterre;n. duo tem–

ple de Junon au CapitoJe.

Voye{-en

toute

1

hlílOlre au

mor

SIBYLLINS LlVRES ,

(Antiq. rom. )

Qttant aux autres

1'S

fibyllins rédigés

e~.huit

li–

v res

&

qui font vifiblement un ouvrage du

lJ.

fiecle

de J.'C.

voye{

SIBYLLlNS LIVRES

CHiflo

eccléf. )

Cette

nouveHe colleaíon di le fruit de la pieufe fraude de

q uelques chrétiens platoniciens,

pl~tS

zélés qu'habi–

les; lis crurent en la compofant ,preter des armes

a

la religion dírétienne, & mettre

ce~lx

qlli la défen–

aoient en état de combattre le Pagamfme avec le plus

grand avantage: comme fi la vérité avoit befoin dtl

menfonge pour triompher de l'errcmr.

Enfin il· y a eu trois collaEl:ions de vers fibyllins,

fans parler de celles que pouvoient avoir quelques

particuliers. La premiere ,achetée par Tarquin, con–

t enoit trois livres; la feconde fut compilée apres

l'incendie du capitole , mais on ignore combien de li–

vres elle contenoit; la troifieme efi celle que nous

avoos en huit livres,

&

dans laquelle iI n'efi pas dou–

t eux que l'auteur n'ait infére plufieurs prédiEl:ions de

laJeconde.

Mais pour.revenir aux

jibylles

de l'antiquité, il efi

t rop cllrÍeux de connoltre la maniere dont elles pro–

phétifoient pour n'en pas rendre compte allleEl:ellr.

Comme la Pythie de Delphes rendoit quelquefois

fes Ol'acles de vive voix , la fameufe

jibyLLe

de Cumes

en ltalie , rendoit auffi quelquefois les fiens de la

meine maniere; c'efi Virgile , [oigneux obfervateur

du coílume, qui nous l'apprend.

Helenus

dit

el

Enée,

~n

lui con[eillant de confulter

cétte

fibylte

quañd il

S 1 B

[etoit arrivé en Italie, de la prier de oe point

écri~e

{es prédiEl:ions [ur des feuilles d'arbres, mais de les

lui apprendre d'une autre fa<;on : ce qu'Enée exécute'

a

la lettre lor{qu'il va la coniúlter.

Foliis tantwn ne carmina manda,

!Ve turbara valenL rapidis Ludibria venús,

l pJa canas, oro.

.

Enélcl.

lib.

YI.

vers.

74-

La Pytbie, apres avoir demeuré qw'!

lql.le

tems [ur

le .

trép~é,

entroit

el~

[u!eur,

&

dans le tranfp?rt.

ql.li

~'~gitolt elle rendolt tes orac1es; la

fihyLLe

cton fadle

des meme$

fur

urs lorfqu'elle débitoit fes

.p~édi,

...

rions.

Subito non vultus, non color unus,

Non compux manfére C01nfe ,fedpectllJ Qnlzelllm ,

E

t rabie fora corda tunzent

,

majorqlle vider; ;

Nec mortale fanans

,

aiflata efl numine quando

, Jam propiore dú.

lbid. v.

48.

C'eíl-la que Rouífeau a puifé ces vives idées.

OU

tel t:jue.d'ApoL!on Le minijlre terrible ,

Impatiem du dieu dont

lo

fouffle invincible,–

Agite tous fes fens,

, L e regardforieux

,

la céLe ¿,hevel¿e,

Du

temple fait mugir La den/cure ¿hranL¿e

Parfes cris impuiffans.

Des pretres érablis

a

Delphes avoient [oÍn de re–

cueillir ,ce que la Pythie pronon<;oit dans fa fiueur"

& le me toient en verso

Il

y

a

bien de l'apparence

qll'on fai[oit

a

peu pres de meme des

répollf(~s

ele -la

jibylte,

pllifque toutes celles que l'antiquité nous

a

tran[miíes font auffi en verso

On fait que les OJ'acles [e rendoient de différentes

atItres manieres, ou en fonges, ou dahs des hillets

cachetés,

&c.

La

fibyLle

de Cumes annonc;:oit les fiens

d'une fa<;on finguliere, dont irgile noas a infiruits.

ElLe les écrivoit {nr des feuiUes d'arbres qu'elle ar–

rangeoit

a

l'entrée de fa caverne ,

&

il

falloit etre af–

fez habile

&

affez prompt pon!! prendre ces feuilles

dans le meme ordre

011

elle les avoit laiífées; car

íi

le vent, ou quelqu'autre accident les ,avoit déran.,.

gées, tout étoit perdu,

&

on étoit obligé de s'en l'e-r- .

tourner fans efpérer d'autre réponCe.

Rupefub imri

Fata canit ,foliifque notas

&

nomina mandat_

QUfecunzque in foliis defcripfit carmina virgo ,

Digcrit in numcrum

,

atque antro feclufo reLilúfllit.

llla manent immota locis, neque ab ordine cedunt.

VeTlzm eadem ver/o tenuis cum

cardin~

veneus

Impulit,

&

teneras w.rbavit janua frondes,

Numquam de.inde cavo volitantia prendere faxo

;.

Nec revocareJil1lS, aut JIlIlgere carmina curato

InconfuLti ahe/me, j edemque odére

fibyllce.

Eneid.lib.

fIl.

vers

443 -

" Au fond d'une grotte, pres du port de Cumes ,

" efi la

fibyLLe

qui annonce allX humains les {ecrets

»

de l'avenir; elle écrit [es oracles [ur des feuil1

i

" volantes, qu'elle arrange dans Ca cavernc ,

0\1

ils

»

refient dans l'ordre qu'illui a plu de leur donner.

" Mais il arrive quelquefois que le vem, lorfqu'on

" en ouvre la porte, dérange les feuilles ; la

,ftbylle

~,

.dédaigne alQrs de

ra(fcmbl~ ce~ ~

uilles eparfes

" dans

Ül

caverne,

&

néglige de rétablir l'ordre des

" vers

>l.

Virgile a

[uí"i

l'ancienne tradi

,~on

qu'on trouve

dans Varron , & que Servius a confirmée. Au relle

~

'Tien n'étoit plus célebre en Italie que l'antre oll cet–

te

jibyLle

<lvoit rendu {es Qracles. Arifiote en parle

ccmme d'un lieu tres-curieux ;

&

VirgHe en

f.it

une.

dcicrlption magnifique. La religion avoit con[acr.é

cette caverne, on en avoit fait un temple.

,Les Romains avoient pl'e[que

pou~

les

JibyL~es cd~