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754

A S 1

órientale. Pluíieurs lettres les ont cornmentés,

&

par

conféquent obfcurcis ; car on les a divifés en dix

confeils pour pouvoir acquérir la perfeaion de la

vertu ; chaque confeil a été fubdivifé en cinq

go fiak–

kai

,

ou infuué1ions particulieres , qui ont rendu la

doé1rine de Xekia extremement fubtile.

9°.

Tous les hQmmes, tant féculiers qu'eccléíiaf–

tiq\Jes , qlti fe feront tendus indignes du bonheur éter–

nel, par l'iniqttité de leur vie , feront envoyés apres

leur mort dans un lieu horrible appellé

djigokf,

Oll

ils foullTiront deS tottrmens qui ne feront pas éter–

neis, mais qui dureront un certa;n tetns indéterminé:

ces tourmens répondmnt

a

la grandeur des crimes ,

&

feront plus grands

a

mefure qtl'on aura trouvé

plus d'occallons de pratiquer la verro,

&

c¡u'on les

aura négligées.

10°.

Jemma

O

eíl: le gouverneur &lejuge de ces

prifons allTeufes ; il examinera toutes les aé1ions des

hommes ,

&

les punira par des tourmens différens.

I 1°.

Les ames des damnés peuvent recevoir quel–

que foulagement de la vertu de leurs parens

&

de

leurs amis : & il n'y a rien qui puiíle leur etre plus

titile que les prieres

&

les facrifices pour les morts ,

faits par les pretres

&

adrdrés au grand pere des mi–

fericordes , Amida.

12.

o.

L'interceffion d'Amida fait que I'inexorable

jllge des enfers tempere la rigueur de fes arrets,

&

rend les fupplices des damnés plus fupportables , en

fallvant pourtant fa juíl:ice ,

&

qu'i1les renvoye dans

le monde le p1íhot qll'il eíl: pofIible.

.

13

o.

Lorfqtle les ames auront ainii été purifiées ,

elles fcroot renvoyées dans le monde pour animer

encore des corps , non pas des corps humains , mais

les corps des animallx immondes, dont la namre ré_'

pondra auxvicesqui avoient infeé1é les damnés pen–

dant leur vie.

14°.

Les ames paíferont fucceffivement des corps

vils dans des corps plus nobles, jufqu'a ce qu'elles

méritent d'animer encore un corps humain , dans

leque! elles plliífem mériter le bonheur éternel par

une vie irréprochable. Si au contraire elles commet–

tent encore des crimes, elles fubiront les memes pei–

nes , la meme tranfmigration qu'auparavant.

Voil<l la dofuine qtle Xekia donna allXlndiens ,

&

qtl'il écrivit de fa main fur des feuilles d'arbre.

Mais fa dofuine eX"Otériqtle ou intérieure eíl: bien

différ-ente. Les auteurs Indiens aíli.uent que Xekia fe

voyant a fon heure derniere , appella fes difciples ,

&

lettr découvrit les dogmes qu'il avoit tenu

fecret~

pendant fa vie. Les voici tels q\l'On les a tirés des

livres de fes fucceífeurs.

l°.

Le vl1ide eíl: le principe & la nn de toutes

chofes.

2°.

C'eíl: de'!a que tous les hommes ont tiré lem

origine,

&

c'eíl:

la

qtl'ils retourneront apres leur

mort.

3

0.

Tout ce qui exiíl:e vient de ce principe ,

&

Y

retourne apres la mort: c'eíl: ce principe qui coníb–

tue notre ame & tous les élémens ; par conféquent

toutes les choCes c¡ui vivent, penfent

&

fentent

quelqtles diffi'rentes qtl'elles foient par l'ufage

011

pa;

la figure, ne different pas en elles-memes & ne font

point diíl:ioguées de lenr principe.

4°.

Ce principe eíl: uruverfel, admirable, pur ,

limpide , fubtil , infini;

iI

ne peut ni naltre , ni

rnDU–

rir, ni erre dilfous.

,0.

Ce principe n'a ni vertu , ni entendement,

ni

puiífance, ni autre attribut femblable.

6°. Son eífence eíl: de ne rien faire, de ne rien

penfer, de ne rien defrrer.

7°· Celui qui fouhaite de mener une V'Íc

~nnocente

&

heureufe, doit faire tous fes efiorrs POttr fe rendre

femblable afon principe, úí!:-a-dire,

qu'.il

doit domp-

A S 1

ter, ou plutot éteindre toutes fes pallions, afin qtl'il

ne foit troublé ou inqttiété par aucune chofe.

8°. Cehti qui aura atteint ce point de perfeé1ion

fera abforbé dans des contemplations

fublime~

, fans

aucun ufage de fon entendement , & il joiiira d.: ce

repos divin qui fait le comble du bonheur.

9°.

Quand on eíl: parvenu a la connoiífance de

cerre doé1rme fublime ,

il

faut lailfer au peuple la

doé1rine efotériqlle , ou du moins ne s'y pn!ter qll"."

l'extérieur.

11

eíl: fort vraiíTemblable que ce fyíl:eme a donné

naiíTance

a

une feé1e fameule parmi les J3ponois,

laqtlelle enfeigne qu'il n'y a qu'tm príncipe de tou–

tes chofes ; qtle ce principe eíl: clair , lumineux , in–

capable d'augmentation ni de diminution, fans figure,

fouverainement parfait , fage , mais deíl:itué de rai–

fon Oll d'intelligence, étant dans une parfaite inac–

tion,

&

fOllverainement tranquille, comme un hom–

me dont l'attention eíl: fortem-ent nxée fur une chole

fans penfer

a

aucune autre : ils difent encore que ce

principe eíl: dans tous les etres parriculIers ,

&

leur

communique fon eífence en relle maniere, qu'elles

font la m@me chofe avec lui,

&

qu'elles fe rélorvent

en lui quand elles font détruites.

Cene opinion eíl: différente du Spino/ifme , en ce

~ll'elle

fuppofe que le monde a été autrefois dans un

etat fort différent de celui oll

iI

eíl: a préfent. Un fec–

tateur de

Confncias

a réfuté les ab/llrdités de cette

feé1e, par la maxime ordinaire , que

ri~n

rzepmt 'Venir

de ríen;

en quoi il parolt avoir fuppofé qu'ils enfei–

gnoient que

rien

eíl: le premier principe de toutes

chofes , & par conféquent que le monde a eu un

commencement , fans matiere ni

~aufe

efficienre :

mais il ea plus vrawemblable qtle par le mot de

'Vaide

ils entendoient feulement ce qui n'a pas les proprié–

tés fenfililes de la matiere,

&

qu'ils prétendoient dé–

figner par-la ce que les modernes expriment par le

terme d'

ifpace

,

qui eíl: un etre tres-diíl:iné1 du corps ,

& dont l'étendue indivifilile , impalpable, pénétra–

ble , immobile

&

innnie , eíl: qtlelque chofe de réel.

Il

eíl: de la derruere évidence qtl 'un ,Pareil etre ne

fauroir erre le premier principe ; s'i1 etoit incapable

d'agir , comme le prétendoit Xekia. Spinofa n''3 pas

porté l'abfurdiré /i loin ; l'idée abíl:raite qu'il donne

du premier principe , n'eíl: , a proprement parler,

que I'idée de I'efpace , qu'i1 a revetu de mouvement,

afin d'y joindre enfttite les autres propriétés de la

matiere.

La dofuine de Xekia n'a pas été inconnue aux

Jllifs modernes; leurs cabal.iil:es expliquem l'origine

des chofes , pardes émanations d'tme caufe premiere,

& par conféquent préexillente , quoique peut-etre

fous une auu-e forme. Ils parlent auffi du retour des

chofes dans le premier etre , par leur reíl:itution dans

leur premier érat , comme s'ils croyoient que leur

En-Joplz

on premier erre infini contenolt toures cho–

fes , & qu'il ya toujours eula memeqllantitéd'etrcs,

foit dans l'état incréé, {oit dans celui de créarion.

Quand l'etre eíl: dans Ion état rncréé , D ieu eíl:

fun~

plement tomes chofes : mais Cjuand I'etre devient

monde,

il

n'au&mente pas pour cela en quantité ;

mais Dieu fe developpe & fe répand par des éma–

nations. C'eíl: pour cela qu'ils parlent fouvent de

gr¡¡nds & de petits vaiifeaux, comme deíl:inés

a

recevoir

ces

émanations de rayons qtIÍ fortent

de Dieu ,

&

de canallx par lefquels ces rayons fom

tranfmis : en lm mot , qlland Dieu retire ces rayons ,

le monde exteríelrr périt, & routes chofes redevien–

nenrDieü.

L'expoíé -que

nous venons de donner de la dofuj–

ne de Xekia pourra nous fervir

a

découvrir fa véri–

table origine. D'abord ji nous parolt tres-probable

que les Indes ne furenr point fa patrie , non-feu–

lel'lIe-1'lt pacee que fa doarine panIt nouvelle dans ce