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D E

S -

E D 1 T E U R

S.

IX

Chacun de ces états (e reconnoittoit daos celui qui en feroit immédiatement voifin; mais

dans un état plus éloigné, on ne le démeleroit plus, quoiqu'il fut toujours dépendant de

ceux qui l'auroient précédé,

&

deftiné

a

tran[mettre les memes idées. On peut donc re–

garder l'enchalnemem de plulieurs vérités géométriques, comme des. traduétions plus ou

moins différentes

&

plus ou moins compliquéesde la meme propolitlon,

&

(<?uvent de la

meme hypothe[e. Ces traduétions (ont au refte fort avaotageufes par les divers ufages

qu'elles nous mettent

a

porrée de fali'e du théoreme qu'elles expriment; ufages plus ou moins

eftimables a proporrion de leur importance

&

de leur étendue. Mais en convenant du mé–

rite réel de la traduétion marhémarique d'une propolition , il faut reconnoitte auffi que ce

mérite réfide originairement dans la propolition meme. Ceft ce qui doit nous faire (entir

combien nous (ommes redevables aux génies inventeurs, qui en découvranr quelqu'une de

ces vérités fondamenta1es , [ource,

&

pour ainG dire, original d'tlO grand nombre d'autres,

ont réellement enrichi la Géométtie,

&

étendu (on domaine.

.

Il en eft de meme des vérités phyfiques

&

des propriétés des corps dont nous apperce–

vons la liaifon. Toutes ces propriétés bien rapprochées ne nous ofFrent, a proprement par–

ler, qu'une connoiífance fimple

&

unique.

~i

d'aurres en plus grand nombre !Ont détachées

pour nous,

&

forment des vérités différentes ., c'eft a la foibleífe de no.s lumieres que nous

devons ce trifte avantage;

&

1'on peut dire que notre abondance a cet égard eft 1'efFet de no–

tre indigence meme. Les corps éleétriques dans lefquels on a découvert tant

d~

propriétés

íingulieres, mais qui ne paroiífent pas tenir l'une a 1'autre, (om peut-ette en un íens les corps

les moins connus, parce qu'ils paroiífent

l'

etre davantage. Cette verru qu'ils acquierent étant

ttonés, d'atrÍrer de petits corpufcules ,

&

celle de produire dans les animaux une commotion

violente, [Ont deux chofes pour nous; c'en [eroit une feule

fi

nous pouvions remonter

a

la

premiere cau[e. L'Univers, pour qui [auroit l'embraífer d'un (eul point de vue , ne (eroit,

s'il eft permis de le dire, qu un fait unique

&

une grande vérité.

Les différentes connoiífances , tant utiles qu'agréables, dom nous avons parlé ju(qu'ici,

&

dont nos befoins ont été la premiere origine, ne [ont pas les (eules que l'on ait du cultiver.

Il

en eft d'aurres qui leur font

relat~ves,

&

auxquelles par cene réli[on les ,hommes fe font

appliqués dans le meme tems qu'ils (e livroient aux premieres. Auffi nous aurions en meme

teros parlé de toures, fi nous n'avions cru plus

a

propos

&

plus conforme a 1'ordre philo–

fophique de ce DiCcours, d'envifager d'abord fans interruption 1'étude générale que les

hommes ont faite des corps, parce que cette étude eft celle par laquelle ils ont commencé,

quoique d'autres s'y (oient bientot jointes. Voici a-peu-pres dans quel ordre ces dernieres

out dft fe fuccéder.

L'avantage que les hommes ont trouvé

a

étenclre la {phere de leurs idées, {oit par leurs

propres efForts, (oit par le fecours de leurs (emblables, lem a fait pen(er qu'il feroit urile

de réduire en art la maniere meme d'acquérir des connoiífances ,

&

celle de fe communi–

quer réciproquement leurs propres penfées; cet art a donc été trouvé,

&

nommé Logique.

TI

enfeigne

a

ranger les idées dans 1'orclre le plus naturel, a en former la chalne la plus

immédiate, a décompo(er celles qui en renferment un trop grand nombre de limpIes, a les

envifager par toures leurs faces, enfin a les préfenter aux aurres (ous une forme qui les leur

rende

racil~s

a (aifir. Ceft en cela que conlifte cette fcience du rai(onnement qu'on regarde

avec raifon comme la cIé de toutes nos connoiífances. Cependant il ne faut' pas croire qu'elle

tienne le premier rang dans

l'

ordre de 1'invention. L'art de raifonner eft un préfent que laNa–

ture fait d'elle-meme aux bons efprits;

&

on peut dire que les livres qui en traitent ne (ont

guere utiles qu'a celui qui peut fe paífer d'eux. On a fait un grand rrombre de raifonnemens

juftes, long-tems avant que la Logique réduite en principes apprlt a démeIer les mauvais,

ou meme a les pallier quelquefois par une forme fubtile

&

trompeu(e.

Cet art

li

précieux de mettre dans les idées l'enchalnement convenable,

&

de faciliter

en conféquence le paífage de l'une a J'autre, fournit en quelque maniere le moyen de rap–

procher

j

ufqu'a un certain point les hommes qúi paroiífent différer le plus. En efFet, toures

nos connoiífances fe réduifent primitivement a des (enCations, qui fom

a

peu-pres les me–

mes dalls tous les hommes;

&

l'art de combiner

&

de rapprocherdes idées direétes n'ajoute

proprement a ces memes idées, qu'un arrangement plus ou moins exaét,

&

une élluméra–

tion qui peut ette rendue plus ou moins fenlible aux autres. L'homme qui combine aifément

des idées ne difFere guere de CelUl qui les combine avec peine, que cornme celui qui juge

tour d'un coup d'un tableau en l'envifageant, difFere de celui qui a befoin pOllr l'apprétier

qu'on luí en faífe obferver [ucceffivement toures les parties: l'un

&

l'aurre en jerrant un pre–

mier coup d'ceíl, ont eu les memes fenfations, mais elles n'ont fait, pour ainli dire, que glíífer

fur le (econd;

&

il

n'eut fallu que l'arreter

&

le fixer plus long-tems (ur chacune, pour l'a–

mener au meme point OU 1'aurre s'eft trouvé tout d'un coup. Par ce moyen les ídées réflé–

emes du premier [eroient devenues

a~lili

a

portée du [econd, que

des

iclées direél:es. Ai¡:¡ú

Tome

l.

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