CHA
&
Jes· hommes , s'etoic
retire dans l'ile de Gothbhd
aver Jes trefors q u'il avoic amafTes ,
&
done la Sue–
de accablec d'impocs-
fous fon regne pouvoit reclamer
u ne partie ;
Charles
envoya deux generaux , Magnus
Green
&
Birger Trolle pour s'emparer de cett<!
ile;
j)
difoit qu'elle etoit Un demembrement de la Couron·
ne de Suede ,
&
qu'ayanr fai r ferment de reunir
a
fon
domaine toures ks terres alienees', il fe rendroit indi–
gne 'du choix de la nation' s'il differoit a foumeme
cette contree. Les deux generaux commirent des ra–
vages
affr~ux
: c'etoit a qui lai!leroit des traces plus
durables de
fa
fureur. Ils aJiiegerent Eric dans Wis–
by, la ville fut emponee d'afTaut ; le roi detrone Ce de–
fendic dans la cicadelle , mais voyanc frs foldars de–
cou_rages , l'ctant
lui-meme plus qu'cux , ii demanda
une treve
&
l'obtint. Ce delai donna aux Danois
le
terns de defcendre dans \'ile
&
de fe jemr dans la ci–
taddle ; Chrifi iera I parut en perfonne
&
chafTa Jes
Suedois.
Charin
fur bientot confole de la defaice de fe-5 trou–
pes; ii le montra dar:is la Norvege , dechiree par deux
factions ; comme ii avoir befoin d'un grand nombre
de Cuffrages , le parci du peuple fut rdui qu'i l ado–
pta;
&
malgre les efforts de la noblefii:, il fot pro.
clarne roi.
Cene nouvelle excita de grands murmures en Da–
nemarck ; Chri!1iern I pretendit que
le
coi.ironnemcnt
de Charles
eroit un larcin qu'on Jui avoit fair : ii ef–
faya meme de fou lever Jes Suedois contre
Charles
&
de Jui oter deux royaumes
a
la fois. Ce prince fe
h~ta
de detourner l'orage done ii etoit menace: fes depu–
tes conclurent
la
p~ix
a
Helma-ad ; elle fut biencot
troublee par des ho!1ilites reciproques. Les ambaffd.
deurs Suedois avoient promis
a
Chri(l-iern de Jui faire
re(\-icuer la N orvege'
Charles
fremit
a
Cette propofi–
tion, dffavoua la· demarche de fes deputes,
&
rffolut
de
ks
en punir; ceux-ci pafferent en Daoemarck.
Chri!l-iern n'eroit que crop porte par lui-meme
a
epou–
fer leur querelle ; !'affront door ils vouloimc ri rer ven–
geance , n'etoic que le chatiment du zele qu'ils avoient
moncre pour
Ces
interers. Oo fit des armemen:; confi–
derables en D anemarck
&
en Suede; Jes deux r.ations
ne fongerent qu'a attaquer, aucune des deux ne s'oc–
cupa du Coin de Ce <lffer.dre;
&
tandis que les 'Da–
nois qevaa-oiem les cotes de Suede,
Charles
a
la
tet~
d'une armee portoit le fer
&
le
feu jufqu'au fond
de la Scanie , brC1loit Helfinbour"'
&
L andskroon
.ligorgeoit
les Scaniens jufqu'aux
0
pieds des autels :
<"chouoit enfin devant la ville de Lunden, defendue
par
le
brave archeveque Tychon , qui parut lur Jes
murs
a
la tete de
fa
oarnifon :
Chai-les
fe
retira
OU
plu-
tot il s'enfoit.
"'
- II
trnuva !es D anois ma!tres de la mer , bloquant
l<!
port de Scockolm ,
&
deja prets
a
faire kur def·
ce~te!
ii la prevint , fa uva
fa
capitale ,
&
for~a
les Da–
no1s a rentrer dans
leurs ports : enfle de ce Cucces ii
penctra dans Wdl:rogothie , la foumit,
-&
rev int triom –
p.han~;
r;iais. ii trouva
a
fon retour des ennemis plus
d1fficiles a vaincre que routes !es forces du nord; c'e–
toi~nt
le: eveques ligi.ies contre_lui. l! recevoit peu de
p~e!at~
a
!a
cou~ ~
les co.nfulto1t .peu lur les operations
mil1ta1res
&
polmques; 11 voulo1t les contraindre
a
de–
meurer dans leurs diocefrs. Ce n'etoient point encore
la tous fes crimes , ii en avoit commis un plus grand , en
defendant aux peres de famille de priver leurs enfans
d~
leur fucce!llon pour la <loaner aux eglifes.
II
fut
declare hfrerique , coupable de kze-majefle divine;
tous les vafTaux de l'eglife
fo
fou leverent au premier fi.
gnal , Les prelats payerent leurs foldats avec des indul–
l;lences ,
&
J ean Salil:at, archeveque d' Upfal,
Ce
mit
~
la tete des rebelles . Telle fut J'epoque de la deca–
dence .de
Charles ;
W ibourg fut pris , la Finlande fut
conq.u1fe prerque route cntiere : la Gothie orientale lui
reflo1t en.core, il
y
ralTembla
(es
troupes , marcha
a
gran~es
J?urnces pour furprendre
l'archeveq ue , fu t
forpns lu1-meme , fortit de la mclee couvert
~e
fang ,
'I'ome
II~
.
C H A
339
s'enruit
a'
5tockhoim ,
y
fut affiege' denianda lache–
ment pardon
a
l'arch~vcque ,
effuya un refus aum hu-
·
milianc quc
fa
priere, s'echappa for un_e barque ,
&:
alla chercher un afyle
a
Dantzick, oi:1
11
re(\-a _cache
pendant frpt ans , attendant qu'une nouvelle revolu–
tion le
repla~at
fur le crone.
Enfin , en
1464 , Chrifl:iern ayant ofe deplaire
a
quelques eveques , le roi fugitif reparut' i:i'ellt d'a·
bord qu'une faction ,
&
peu-a-peu raffembla unc: ar–
mee : ii livra bataille a l'archevcque' la perdit'
&
perdit avec el le
fa
couronne
&
le fruit de rant de tra–
vaux. Le prelat le for\:a de declarer qu'il
renon~oit
au crone ,
&
le relegua dans un chareau qu'il Jui laif–
fa
par pitie.
Pe.u d'annees apres l'archeveque mourut,
Charles
foe
rappelle ,
&
remonta une croifieme fois fur le crone;
il y chancela k
refl:e de
fa
vie. ToC1jours en guerrc
avec Chri(l-iern , fouvent vaincu , menace par dts
fa–
ctions fans cefTe
renai!lantes , en butte aux outrages
du clerge , peu refpecte de frs Cujets, perdant chaque
jour ce qu'il avoit gagoc la veille ,ii mouruten 1470,
&
deligna pour fon fucceffeur Streen-ture ,
a
qui ii ·
confeilb de nc prendre que le 'titre d'admini(l:rateLJr
pour ne pas elfaroucher l'orgueil du clerge
&
de la
nohlefTe.
II
ea- tri(l:e de contempler
le
tableau de tant de dif–
graces, fans pouvoir plaindre celui qui en cf\: la vi–
dime.
Charles
Cmmtfo11
paroit
I
s avoir merites par les
cruaures qu'il
exer~a
dans les provinces ou ii fi t la
guerre, par la barbarie avec laquelle ii rraita Ces en–
nemis ,
&
fur-tout par la bafTe!fo avec laquelle ii de–
manda pardon
a
un eveque' fon fujet, qui fut aulli
impitoyable que l
ui-meme. ( M.
DE
SAcY. )
CHARus IX,
(Hi.ft.
de Suede. )
roi de Suede. Sigif–
mond , roi de Pologne , apres la mort de J ean lII ,
fon pere, roi de Suede, fut appelle par les etats du
royaume pou r lui focceder
:
infl:rument aveugle des
deffeins de la com de R ome , ii voulut
retablir la
religion Catholique clans cette parcie du nord ,
&
fut
la victime de fon zek
Charles,
due de Sudermanie,
fon oncle , avoit par degres envahi route l'authorite pen–
dant
le
regne de Jean
III , fon
frere , ii n'en avoit
point abufe ;
a
JJCine J ean eu.t·il ferme Jes yeux, qu'il
fie reconnoltre Sigifmond , l'invita a venir occuper le.
trone qui
lui ecoit de(\-ine,
&
lui promit d'en ecre le
p lus ferme appui. Par cette moderation politique- ii
fa[.
cina tous les yeux,
&
jetta dans l'avenir les fonde–
mens de la haute fortune
a
laquelle ii afpiroit. Ce
fut
en r592 que Sigifmond parut en Suede ; mais ce ne fut
qu'en 1594 qu'il fot couronne
a u
pfal.
II
avoit amene de Pologne des hommes clairvoyans
&
profonds clans l'art des intrigues , qui pfoetrercnt
toL1s
les defTeins de
Charles,
ils ne manquercnt pas de
le peindre au roi comme le plus dangereux Je fes en–
nemis ,
&
lui predirent qLJe ce prince ambitieux fe–
roir caufe d'une grande revolurion ; mais Sigifmond
force de rerourner en Pologne , craignit que , s'il con–
fioir la regence
a
d'autres mains qu'a celles de fon on–
cle , ce prince n'allumat une guerre civile plus cruel–
le que tons les maL1x done on le
mena~oic.
II
le
dccla–
ra done regent du royaume ,
&
partit , apres avoir
fait d'inutiles efforts pour retablir en Suede la religion
Carholique
&
!'empire de la cour de Rome. Cette tenta·
tive avoit indifpoli: Jes efprics,
Charles
fut en profirer
pour alfermir la puifTancc. Les etars s'affemblerent
a
Suderkoping, eh 1595 ,
&
declarerent que
Charles
tc.
noit. moins la regencc: de l'autorite du roi que
d~
vceu
de la nation; qu'elle etoit inamovible clans fes ma111s,
&
que Sigifmond lui-meme ne pourroit la lui ?ter. .
.
Charles
joua
le
heros, ih s'dppofa
a
cette refolut1on,
bien stir de ne pas la changer ;
abdiqu~
la regence ,
pollr qu'on la lui offrit une feconde .fo1s ,
l'acce~ta;
&
en monrant au faite de la grandeur.,
par~1t_
ceder
malgre lui-meme aux in(\-ances de la nation. S1g1fmond
ne fut pas moins irrice de la .conduire_ des Suedois.,
que
d~
cel)e de fon on'Cle ; ma1s ce prince,
mauva1s
•
Y..
Y.
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