336
.C H A
fon rol ;'
n
n'eri ell
pas mpi'ns vrai qu'un
prinae
ri(que
tO\lt,
fa cou ronn<:i
& fa
vie,
Jor(que, fo1t p<ir )'am,
bition indifcrcrtt: d'un pouvoir abfolu, foic par
Jes
con–
fCils pernicicux des cot1rti(ans
fllJ1'CJ'·lels
ii,
s'~ft ~ivre ,
ii indifpo(e centre
Im
une nation tenfible a
I
exces fur
l'articlc de fos droics
&
de fos privileges, facik
a
pren–
dre l'alar111e fur ks moindres entreprifos
de
la cour,
extreme dans
f~s
fpuP\:ons ,
comm~
dans fon amour
pour la liberte,
&
par-la meme fe
laiffant aifernent
ieduire
&
gouvct·ncr par des i:nthoufiafl:es qui, dans
d'autrns terns • n'd\lroient ere
qlle
l'objtt
de
fon
mf.
pris
&
de fon indignation.
iLa premiere fame de
Charles I,
fot de donner
(a
,confiance au clue de Buckingham, horn me vain , fier ,
cmporte , dont il avoit
de~
rai!Ons perfonnelles d'etre
mecontent,
&
qui d'ailleurs etoit
Ii
odieux
a
la n;i–
tion , qu'un gencilhommi: Anglois l'affaffina prefque
publiquem~nt
&
of;i s'en glorifier. Cependant cet in.
Cligne favori avoit
pri~
un tel <1ken(ianc fur l'efprit
cle fon maicre , qqe
Gharles
em la foibkff<l de dire,
en apprenant
fa
mart:
Le due a perd11
la
'Uie
,
&
moi
1m
«il.
Ce grand attachement Ju roi, pour un horn.
me qui avoit m6rit6 !'indignation publique, alicina de
Jui tous Jes efprits,
Une feeonde fal.lte , qui fervit
>1
entretenir Jes An–
glois dans leurs mauv;iiles di fpofitions pour leu r mo–
narque, fut fon 1nariage avec J-lenriette de France ,
qui ne pouvoit plaire
a
fos
fojets' etant catholique
&
fran~oife.
C:ette
d~marche
jointe
a
la faveur que
Charles
acc;orda vifiblement aux catholiques, fit mur–
nn1rer hautement. On accufoit le roi de vouloir ruiner
le
protefl:antifme
&
retablir la religion c;le
Rome.
Chadu
demand~
au parlemtnt des fubfic;les qui Jui
forent rdufes en partie , parce q1,1c
fa
dernande, toute
jufh~
qu'elk ctoit, ne parut point mile
a
des efprits
aigris , inquiets , fouVionneux. Li! roi caOa, le parle–
ment, eut recours
a
des emprunts forces , !es fit fer.
vir
a
une expedition contre l'Efpagnc , qui ne reuOit
pas ,
&
la nation fu t foulevee.
Charles
convoqua un
fecond parlement, qu'il carf.1 commc le premier, parce
qu'il n'cntra pa
davamage Jans fes vues. Un 1roi–
fieme parlcment eut le mcmc fort , avec cemt diffe–
rence qu'apres
la diffolution de celui-ci , plufirnrs
membres des communes , qui s'etoient oppofes aux
incercrs de la cour , forent emprifonnes. Ct: n'ewit pas
Ji\
le
moyen <le
ramener des efprits obrl:ines.
Si
Charles
avoit cu de plus heureux fncces au de–
hors , ii auroir pu !es faire valoir; mais ii ctoit auffi
malheureux
dan~
(es clemeles avec !es puilfances etran–
gt~tS
, que clans fes dilfercnds avcc fes fujets. Il avoit
declare la guerre
a
la Frnnce; fon expedition malheu–
reufc
a
la Rochelle le
for~a
a
llllC
pai~
onerellfe.
Apres la more tragiqlle de Buckingham , le roi crut
complaire
a
la nation , en choif1!font pour miniflre le
comte de Strafford , l'un des chefs !es plus arJens de
Ja faction oppofee
a
la cour.
II
fc
ftattoit peut-etre
num que. par le moyen <l'un homrne fi
accredite
aupres du pc-uplc, ii pourroit le rcconcilier avec !'au.
torite royalc. l l fe trompa. Strafford, trop reconnoif–
fant . paffa d'un exces
a
l'autre'
&
devint aufli vio–
lent royalifl:e qu'i l avoit ete republicain outre. L a haine
natiouale fot enftam:nce de nouveau. Tom fe tournoit
contre
Charles ;
ii f1,1t
accufe d'avoir corrompu l'in–
tegrite de cet excellent cirny.cn, ai nfi s'e'Xprimoicnt !es
Puritains ;
&
Strafford cxp1a, fur un echafoud ,
le
crime d'avoir crop bien frrvi fon roi.
Tous ces preludes d'l•ne gucrrc civile etoicnc fomen–
tes par la violence de LawJ , archevequc de Cantor–
bery
par qui
Charles
ft lailfoit gonverner , parce que
celui.'ci
(e
montroit ardent defonleur de l'auf'Orite ab–
folue
centre !es principes de la cc,rnftirution angloik
Ce
p;cl~t
bouillant
:x~rl'oit
lui-111e111e un
~m_p!re
ar–
bitraire for !es
confc1en~cs.
U nc cha111bre eto1lee, ef–
pece d'inquifition ,
fervoi~
fo1~ ~de
fanatique
pot~r
l'eglife ang\icane ,
&
per.fecmo1~
a outranre ks
Puri–
tains. Le r':li , qui n'avott aupres de
f4
p~r!onne
au:
CHA
cun homm.e fage qui
11Ji
clonnat de bons confeils.,.{ui–
v.oit
trop bien
le
plan de gouvcrnement dont Bucki
11 •
gam
&
fcs
par~ih
l'a11oient infarne.
II
exigeoit
d'a
11 •
ciennes impofitions arbicralres , ii en crfoit de nou,·elr
Ii:•
,
&
la
pem:ption s'en faifoit de la maniere la plus
du re ,
L'Ecoffe fe revolta,
&
un trait.e equivoque alTou.
· pit c:ette revolte fans l'etoufri:r. L es lrlandois prefque
_rpus
catholiqu~s ,
rffolurent de fe delivrer des Anglois
proterl:ans , '
&
i(s en firent
Ull
maffacre horrible
a
)(ilkeni , clans la province de Leifter, la cour fut en.
con: chargee de ce forfait.
Tout annon\!oit µne guerre ouverte entre le roi
&
)e parlement. La reine, que fon zele pour le catho
1
lici(me rendoit orlieufc , quitta l'Angleterre
&
fe retira
en France.
Charles
avoit de la peine
a
lever une armee.
):.,'u ~1iverfite
de Cambridge lui facrifia fes trffors,
l!c
ii fut en etat de corribattre avec avantage !es troupes
du parlement. Ce premier fucces fut le dernier. Crom–
vyel, ucftine
a
jouer
le
principal role dans cette fcene
fanglante , fe mit
a
la tete des independans , ce qui
fit uire
a
un membre de la chambre-baffe ' par un
cfpe~e
de prffage :
Mai11tena111
q11e
Cromwel
ejt
indipendanl
,
nous
dipcndrons
r~us
de lui.
La perte de la bataille de Naesby , en 1645, laiffa
le roi fans reffource. Defefpere , il fe recira en EcolTc.
Le parlemenr faifit cette occafion de regarder la re.
traite de
Chades ,
comme une renonciation au crone;
en
conf~quence
!,
ii fut declare
a
fon de trompe de.,
elm de taus Jes droits qu'il pouvoit avoir
a
la cou–
rnnne d'Angleterre. Cc decree fut iuivi peu aprts d'un
amre qui abolifloit emierement la royaute. Le norn
du roi fut efface de tous Jes monumes pnblics, fes
ll:atues furent abattues ,
&
frs armes otees de tous !es
end roits
Otl
ell
es
etoicnt.
Fairfax , general de l'armfo du parkment , fe demit
de
fa
charge ; Cromwel fe la fit douner. Cependant
ks
Ecoffois
fe
repcntoienr deja cl'avoir donne retraite au
roi. Ils eurent la baffeffe de le livrcr , ou plutot de
It;
vendre pour -Oeux millions au parlemenr.
Charles ,
inftruit de cette Iachete, die qu'il aimoit encore mienx
etrt·
avec ceux qui l'avoient achete
fi
cherement, qu'avec
ceux qui l'avoient fi litchement ven<lu. Ce prince igno–
roit le fort qui l'attendoit en Angleterre.
Il paroil: que l'ambitieux Cromwd projetta des ce
momenr cont ce qu'il executa dans la fuite.
II
ecoit adore
des folJacs. Il s'en fervit pom porter la terreur dans le
parlement ,
&
le reduire
a
une obeiffance ferv ik. II
traica cctte affcmblee avec la derniere hauteur ;
ii
en
fit emprifonner plufieurs membres. La p!C1part fe rcti–
rercnt chez
CltX,
ne pouvant fupporter un
fi
inrligne
traitcment. Tl ne rerl:a que des ames ba!Tes , propres
a
tecondcr Jes deffcins de Cromwel.
Ces
gens forme–
rent la chambre des communes ,
a
laqudle ce chef de
l'arlllee joignit une chambre haute, compolee d'offi–
cicrs
a
fes ordn:s.
Tel
fut k precendu c,onteil de la
Nation, qui, k jour meme de Noel de l'annee 16+S ,
nomma des jnges-comm1ffaires pour fai1 e le proces au
roi
Chal"/es.
On penfe bien que Cromwel
&
fon gendre
fu~cnr
du nombre d s juges. Jean Bradshaw ,
premi~r
ln11ffier de la chambre ba!Te , foe prefident de ce m·
bunal.
·
·
Charles
compantt quatre fois devant cette cour de
jufl:ice que <:;'ro111wd animoit de Ion cfprit.
~d tre
fois
ii for arcufe d'avoir voul1,1
rendre
(a
puilfance arbi–
traire contre le ferment qu'il avoit J..iit
a
fon facre de
gouverner felon Jes loix du royJUme ; d'avoir cher hC
a
faire entrer des troupes etrangeres dJns
le
roya u111e
pour
y
allumtr le feu de
la guerre ; d'avoir refolll
de retablir le papifme,
&
dt: cletruire la religion an–
g licane; d'avoir donne des commiffions pour faire mat:
facrer Jes proteflans en lrlandc ; d'avoir ete la prin–
cipale caufe <l u fang repandt1 en Angletem: depuis dilf
ans par !es guerres civiles qn'il y avoit excitees ,,.
~acre
fois
Charles
rernfa le tribunal devant
lequel
on k contraignoit de comparoitre, comme etant in-
comperenr,