\
CHA
competent ,
&
protefta qu'il croit inhocent de cous
Jes crimes done on le chargeoit. Quant
a
la competen–
ce du tribunal , le prefident Bradshaw eut !'impru–
dence de Jui repondre qu'il etoit etabli par le peuplt:
d'Angleterre , de qui ii tenoit lui-:neme
fa
couronne.
Du re!tc, qudques cemoins depofercnt en prefence de
Charles,
l'avoir vu Jes armes
a
la main contre les trou–
pes du parlement;
&
une foule de gens
ap_ofie~
par
Cromwel, fuivant le rapport de plufieurs h1llor1ens ,
fe mirent
a
crier :
II
ejl
coupable ,
ii
rjl
coupab!e
,
q11'il
meure
!
La more du toi eroit rffolue. Crornwel k
fa–
crifioic
a
fon ambition , fous le beau prerexce de ven–
ger la liberte publique
&
la religion anglicane. Qud–
ques-uns des juges, plus moderes que les autrrs , ecoienc
d'avis cje condamner
Charles
a
une prifon perpetudle,
comme autrefois Edouard II.
&
Richard II. Cromwel
n'auroic pas pu achever de jouer
fort
role, fi' en otanc la
couronnc au
rqi , on lui cut lailfe
la vie. II opina
forternenc
a
la more ,
&
fon avis prevaluc.
Le
gref–
fier lut
a
haucc voix la fentence qui portoit que,,
Cha;:–
les
Stuart ayant etc arcufe, par le pcuplc, de tyrµn–
nie, de rrahifon, de meui·cre, de rn;ilverfacion,
&
ayant
c9ujours
refu(e
de repondre a ces accufarions, etoit con–
darnne
a
avoir la tere cranchee ,,. On Jui accorda un
detai de trois jours, pendant leq1,1el
Char/u
parut d'une
humeur .douce
&
tranquille. Cette fermete ne l'aban–
r;lonna pas fur l'echafaud.
JI
falua civilement
&
fans
affeCl:ation Jes perfonnes qui
etoi~nc
aurour de
Jui •
pardonna
:i
fes ennemis, exhorra la nation
a
rentrer
clans !es voies de la paix , retroulfa fes cheveux fous
un "bonnet de nuic .qu'on lni prffenta, pofa lui-me–
me
fa
tere fur le billot, & l'execureur qui etoit maf.
quc , la lui trancha d'un feul coup.
Ainfi perit ce prince inforcune, qui eut des rlffaurs,
qui fit des fauces , mais qui etoit loin de miirirer ce
traiccrnenc arroce. Bon ami , bon pere , bon epoux ,
il ne Jui rnanqua, pour ctre bon roi , que de mieux
coonoirre l'erendue reelle du pouvoir que la con!ticu–
tion
Angloife lui donnoit,
&
de ne pas fui vre
l~s
<;on.
foils
dangere.uxde fe"s favoris.
*
CHARLESJI,
fils de Charles I, ne manta fur le
trone qu'aprcs la morr de Cromwel, Pendant cout le
terns du protcCl:orat, ii promena fes malhems dans dif–
ferences contrees de !'Europe, tour-a-tour accueilli
&
repoulfe par ks puilfances qu'il inrerelfa en
fa
faveur,
fa1fanr coujours de nouveaux elforts pour remonrer fur
le m)ne de foo pere ,
&
trouvant tolijours des obfra–
cle~
qui fernbloieoc l'en eloigner davancage. Enfin la
more uu proreCl:eur,
&
l'inhabilite de fon fils Richard,
incapable de porter
le
poids de la grancleur que fon
pere Jui laiffoit , pemi.irenc
a
Chr;r/es
de conce.voir de
11ouvd !es efperancd. Monk, general de l'armeed'Ecolfe,
boncicoyen
&
fidelc fojet , entreprir de le retablir ,
&
y
reumr.
ll
fi t figner au prince une arnoiftie generate pour
tous ccux qui, dans quarance jours ,
a
compeer de celui
de cette publication , renrreroient fous fon obeiffance.
Monk , avec certe declaration , lui reooncilia tous !es
erprits.
Charles
fut rappelle de Hollande
OU
ii eroit ,
&
fit fon entree dans Londrcs le 8 de juin 1659, au mi–
lieu des acclamations du peuple. Ce changement fut fi
precipite , qu'on ne prit pas meme la precaution de
regler les conditions auxqutlles on recevoit le nouveau
monarquc:
~e
qui penfa replongerla nation dans lcs gucr–
res civiles qu'avoic occafionnee le precexte de la rrop·
grande amorice affeCl:ee par
le
fouverain. E n d!er,
Charles II,
avoir Jes dffau ts de fon pere , ii en aV'oit
m€mc <lavantage, fans avoir fes talrns ni fes vertu .
Quelques traits de fagelfe
&
de moderation fignalett:nt
le; commencernenc de fon. regne: ii fit publier la libcr–
te de confcience, fu(pendic ks loix penales contre Jes
~on-conformiftes,
fonda la fociete royale de Londres,
cl_eva. aux dignites quelques ciroyens vertucux. Mais
b1e~rot
ce_monarque , livre
a
fes mairrelres auxq uel–
les
ii
_prod1gua tout )'argent que le parkmcnr lt1i ac–
cordo1t, abJndonnn Jes renes de
!'~tat
au due d'York
fon frere, qui , ayanc abjure la rt:l igion prot:ll:antc ,
'lome
II.
.
CH A
337
etoit fufpeCl: au parlcmenr. Le comte de Clare·ndon ,
pe1Jt-ecre le feul hpmme venueux qu'il y dit alors
a
la cour, en f;1t banni.
Charles
vend it Dunkerque
~
la France pour quarre
million~
qui forent auffi-t6t dil,
fipes que re\:tJs ,
&
plus jaloux encore que fon
per~
de rendre fon autorirc abfoluc, ii negocia un traite fe–
cret avec Louis XIV , pqr lequcl ils devoient rravail–
Jer de concert
a
derruire la forme du gouvernemcric
&
la religion angl icane,
&
inrroduire le catholicifo1e
&
le pouvoir arbitraire. Le roi n'eur befoin que du
due d'Yorl;: pour etendre ks bornes de fon amorite:
ii rrouva le moyen d'abailfer la puilfance du parlemtnt,
OU
plutot iJ aneantit )e parlement :rntant qu'il le put :
car ayant calfe celui qui vouloir exclure k due d'York
de la couronne, ii n'en alfeii;bla l?lus depuis. II
fie
annuler !es privileges
&
les franch1fl'.s
de~
differences
vdles du royaurne. Londres Jui remit fes charrres, fon
exernple fut foivi par ks autres , qui conrentirenc
a
n'avoir plus d'autres privileges que ceux qu'il pla!roit
au roi de Jui accorder. L'oubli de la libert"e
&
l'adu–
Jacion furenc portees
a
un cd point , que
la
fociete
des marchands de Londres h:1i erigerenc une fiatue de
marbre, avec unt infcriprion poinpeufe qui annon\:oic
moim
la grandeur du prince , que l'avilillement des
;1mes. Ce prince aimable
&
d'un commer e aife , fut
apprivoifcr Jes 4nglois avec le gout des beaux-arts ,
de: !'elegance
&
des divertilfc:mens rallines ,
&
par ce
moyen fe concilia un empire
for
des elprits qu'une
humeur faroucne auroit revoltes. Ainfi
Charles ,
fans
fortir du
(tin
de !'indolence , de la mokffi.:
&
de l!l
plus coupablc volupre , parvint prefque
a
ce pouvoir
arbirraire, dont l'ombre !cule avoit ram alJrme ks An–
glois moins
de
qllarancc
~s
auparavant, qu'ils a_voienc
eprouve routes lcs horrears des guerres civilcs pour s'y
foufrraire,
&
Jui avolent enfin immote un rnonarque fort
au-delfus de celui fous Jeq.uel ils ran'lpoient alors.
Charles
mourot
eq
1685 , age de
55
qnS,
&
Jaifla
U
fon frcre
tlne pui/fance exorb1tante, qui, manquanc d'une bale
folide, devoic !'entrainer clans
fa
chute.
f!O)'tZ
J
AC–
Q.Y
•s II. dans ce
S11ppl!111en1.
CJ!ARLES , (
Hljl. de Da11ema1·ck.)
feigneur Danois,
d'une maifon illuftre, qui trama avec Canut, Benedict
frs freres ,
&
Magnus, tous foigneurs combles de bien–
faits de Valdemar I, une confpiration cont re ce prin–
ce. Le complor fut long-terns cache clans l'ombre du
fil~nce.
Mais en
I I
78 , ks conjures s·ecant arreces dans
un monaftere d'Holftein pour y pafier la nuic, y
tinrenr confeil
fur Jes moyens !es plus
s~r3
d'acce–
lerer le focces de leurs delfeins ; un moine le:; ente11-
dic , revela tour
a
Valdemar.
Charles,
peri"uade que
Je
complot CtOit ignore ,
Ola
faire -demander au roi
une prffeCl:ure, afin de fc faci liter Jes moyens d'atten–
ter
a
fa
vie. Le roi differa de lui faire un don
ii
dan–
gereux. Cependant
ii
carelTa lcs
~onjures,
les admit
dans
(es
coqfrils, Jes TC\:Ut
a
fa
cable. Un jourqueBt–
nedifr rnangeoir avec Valdemar, le trouble de fon ame
fe peignic dans
fes yeux , fes mots eroient entrecou–
pes, fes regards egares ,
(es
mouvemens convulfifs; ii
frmbloit partage entre le remords
&
le crime, ii m:i–
nioit fon coureau ,
&
fernbloit cr;;indn: de le toucher ,
le
cachoit dans fon fein , le reprenoit avec furie ,
le
rejettoir, avec horreur. Valdemar, apres avoir joui quel–
que terns du defordre de fes efprits , :ippella fes gar–
des :. ,, Je fais, die-ii , qu'en faifant des heureux,
,, je n'ai fai r que des
ingrars. Des hommes que j'ai
, ,
~ambles
d'honneurs
&
de biens cunfpi rent conrre mes
,,
J0~1rs_ Je n~ ~eux
pas Jes nommer. Je lailfe
a
kur _c?n–
,, fciencc
le
fo1 n de ks punir. II me fuffic qu'lls roug11lrnt
" a
leurs propres yeux." BcnediCl: vit que
toUC
etoicd(–
couvert,.
ii
fc retira , alla rendre comptc
a
fcs
co.mpli_ccs
de ce qui s'eroic palfe,
&
la confpiration fut d11l1pee.
M_ais en 1179 ,
Charles
&
CJnuc fortirent de
l~
Lir
rerra1re, entrcren r
a
m.iin armee dans la H alland1e,
efperanr foulcvcr cercc province. Mais k s
h~birans
fiue–
k '
a
leur dcvoir . prirent lcs arnies,
&
"arrercrcnt leurs
progres.
Ii
re J1vra un combat
fang~n~
, Canut
fot
fait