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CHA

ges

de bravoure

&

de genie :

Charles

commandoit

la

droire de fon armee ;

ii

fe precipita fur la gauche des

Danois , la r;iir en derouce , prit fon canon , vola

a

fa

gaucho qui

commen~oit

a

plier ' retablit le combat'

cnfon~a

la droite des Danois , les poulfa l'epee clans

les reins, .

&

demeura maitre du champ de baraille,

ap~e~

avoir fait

~reize

charges

a

la tete d'un efcadron'

tue oeaucoup d'cnnemi> de fa main,

&

re1=u plufieurs

coups clans fes armes : le bruit de cette viCl:oire fe re–

pandir clans le Nord, encouragea les Suedois en Sca–

nie , ou ils emporterent Chrillianllat,

&-

porta la ter–

reur j ufques clans la Norvege, ou Jes Danois, ma).

gre la fuperiorire du nombre ' elfuyerent des echecs

confiderables.

·

C'etoit

pou~

Jes interets de la France que

Charles

XI

s'etoit engage clans une guerre fi ruineufe ;

&

Louis

XIV eut ete inexcufable de n'avoir pas

fecouru fon

allie, fi tout le relle de !'Europe conjure contre Jui,

ne l'avoit pas empeche de faire palfer des troupes en

Suede. Deja la Hollande avoit fait

fa

paix avec Jui;

ii negocioit avec l'empereur, mais ii juroic de n'ac–

cepter aucun traite qui n'alfurat

a

Charles

XI

les pof–

fel!ions que celui de Mllnrl:er lui alfuroit dans !'em–

pire. L oin de donner clans le piege que la politique

de l'eleCl:eur d Brandebourg

&

du roi de Danemarck

lui tendit pour

le

detdcher des incerets de la Suede,

ii leur declara que dans fix mois, s'ils n'avoienc pas

re(faue

a

Charles

tout ce qu'ils lui avoient enleve, ii

joindroir fes forces

a

celles de ce prince. Enfin , le

train! de Saint-Germain, calque fur le plan de celui

de \Vellphalie, retablir le calrne dans le Nord, corn.

me dans le relle de !'Europe , en 1679. Il fut encore

mieux affermi par le mariage de

Charles

avec Ulrique

E leonor, princeffc::

de Danemarck. Apres une guerre

fi difpendie,ufe, apres avoir vu les armees rlelabrees ,

dc::s villes dernantelees, des llottes , ou englouties dans

la

mer, ou prifes par les ennemis, les finances rliffi–

pces palfc::r dans les mains de l'etranger avide, la paix

emit plutot un moindre mal, qu'un bien reel; ii falluc

lever des

impots confiderables pour reparer rant de

pertes ; mais le peuple etoit crop malheureux pour

murmurer.

Le roi tranquille enfin

fur fon crone, execura le

projet qu'il avoit con1=u des fon

enf

ance , d'abailfor la

puilfance du fenat: apres avoir

fa.it

examiner par les

erats quelles dc::voient erre Jes b

ornes

de l'autorite des .

fenateurs, d'apres !es loix du royaume, ii declara qu'il

gouverneroit le royaurne avec le confeil du fenat ,

mais

q11e

c'elott

a

/11i de j1ger queflts ajfaires il devoit com!llU·

11iq11er aux ftnateurs.

D'apres cet edit, le roi nomrna

une

grande commi.Jlion

pour examiner la conduite des

minin:res, des generaux qui lui faoient fufpects: cet

erablilfement lui

fut

diCl:e par fon amour pour la ju–

llice; mais ii ne s'apper1=ut pas qu'il donnoit aux hai–

nes fecretts des armes pour

fe

farisfaire ,

&

que cha–

que jugc citoir plutot

a

fon tribunal fon ennemi par–

ticulier, que l'ennemi de l'etat.

Ces

nouveaux magi–

{lrars forent venges ,

&

les loix ne le furenc pas.

Charles

XI,

dont le but etoit d'accroitre fon defpo–

tifme par degres, fur adroitement oppofer

a

la noblelfe

qui lui

r~filloit,

le: peuple qui ha"iffoit encore plus les

grands qu'il n'aimoit fon maitre. Dans une affemblee

des c!tats

I

tenue

a

Stockholm, en 168!, il fe fit de–

cerner une pui(fance illimitee: cette revolution etoit

ctonnante, fans rloute' clans un pays originairernent

libre; ce qui ell: plus etonnant encore, c'ell que

Char–

les XI

n'abufa _point de fon pouvoir pendant plufieurs

annces ,

&

que

-clan~

l'etablilfement des irnpors, ii ne

confulra pas fes befoins, mais ceux <le l'erat. Le ciel

lui donna un fils plus capable d'etre abfolu en Sue–

de , s'il n'avoit pas voulu l'etre dam !'Europe entiere:

on le nomma

Charles;

fa

nailfance fot fuiv ie de celle

de Gufl:ave,

&

un an apres, de celle d'Ulric. La joie

que caufoit au peuple la certitude de ne plus voir le

trone

~n

butte

a

l'ambition des collateraux , foe bien–

tot troublee par unt: operation de

finances qui

fait

C H A

.

343

peu d'honneur

a

Charles X I.

Pour acquitter !es <lettei

de l'c'tat, ii

rehaulfa de moitie la valeur des .mon–

noies ; !es creanciers perdirent la moitie de

leur ca.

pita!,

&

le roi rentra dans !es domaines de la cou–

ro~ne ,

engages par un autre edit qui ruina les plus

pu11fanres fami lies

&

alcera beaucoup la confiance pu–

blique : on fut plus alarme· encore de la querelle qui

s'eleva encre

le

roi de Danemarck

&

le due de Hol–

fl:ein Gottorp ;· on connoilfoit la ·fidel ite avec laquelle

Chades

XI

fervoir fes allies,

&

on ne doutoir pas qu'il

ne fe decbrat defenfeur <lu due; mais le traire d'Al–

tena calma , en 1689 , Jes inquietudes de

la nation.

Charles

XI

ne s'occupa plus qu'a favorifer le com–

merce des Suedois ,

&

a

!es enrichir par fes bienfaics,

apres !es avoir appauvris pa·r fes ordonnances; ii etoit

occupe

a

terminer la guerre qui s'ecoit rallumee de

nouveau entre la France , !'Empire

&

la H ollande;

les miniflres plenipotentiaires' apres plufieurs negocia–

tions infruCl:ueufes, s'etoient alfembles

a

Ryfwik; la

media~ion

du roi de Suede commea1=oit

a

rapprocher

Jes

interers des puilfances belligeranres ,

lorfque

la

mort enleva Ce prince,

le

I

5

avril 1697 , dans la qlla–

rante-deuxierne annee de fon Sge. Ses derniers momens

forenc employes

a

prevenir Jes troubles d'une regen–

ce ; Charles

XII

etoir en bas age.

Charles

XI,

par

fon tellarnent' lailfa Jes renes du gouvernement entre

Jes mains de la reine douairiere , H edwige Eleonor ,

a

qui il donnoit un confeil compofe de cinq fenateu rs.

Charles

XI

eroit petit, mais robulle, adroit , leger·,

infatigable; fon

regard etoit doux'

ii fonrioic avec

grace'

&

1ncttoit pc:u d'art clans fon rnaintien; ii etoit

fimple dans fes verernens ' plus gourmand que delicat.

toujours arme d'uoe longue cpee ' familier avec le peu–

ple,

&

peu fier avec !es grands. Son j ugemenr etoic

fain, ii penfoit beaucoup mieux qu'il ne s'exprimoit.

Ernbarralfe clans une alfemblec: ou ii falloit pJrkr, il

excel101t dans une negociation OU ii

nt:

falloic que re–

fiechir; on ne peut lui reprocher .que l'avidite avec

laquelle ii envahit !es biens de fos

fujets ; ii aimoit

l'or, mais ii preferoit la gloire aux richelfes ,

&

le

bien de l'humanite

a

la gtoire. T el etoit

le: pere de:

Charles

XII.

(

M .

DE SACY. )

CHAR LES

XU

roi de Suede, (

.Hift.

de S11ede.)

fils

du precedent. Le premier evenerncnt de fon regne fut

le moins celebre,

&

le plus digne de l'etre. La paix

fut conclue

a

R ifwick, en 1697, par la mediacion

de: la Suede , enrre la France, l'Efpagne, la Hol–

lande ,. !'Empire

&

I'

Angleterre ; touces Jes pui ffances

interelfees ternoignerent

leur

reconnoilfance

a

Charles

XII,

&

lui donnerent fur fes

inclinations pacifiques

des eloges done ii etoit pcu fiacre.

Charles

, clans fes

reponfes pleines de noblelfe

&

d'artifice ' vantoit Jes .

douceurs de la paix: ,, puilfe-t-elle, difoit-il , s'affer–

" mir

&

regner erernellement en Europe ! ;, On eut

lieu de reconnoitre clans la fuire combien ce vceu etoit

peu fincere. Son gout pour les armes avoit eclate des

fon .:nfance. La lecture de

~inte-Curce

l'enllammoit;

ii vouloit devenir le heros d'u ne pareille hilloire ,

&

lorfqu'on Jui objecroit qu'Alexandre etoit more jeune,

,, ii

a conquis des

royaumes, ,, difoir-i l. On fair

qu'ayant vu au bas de la carte gfographique d'u ne

ville Hon

groif

e que l'empereur avoit perdue , ces mots

de Job ,

Di.eu

me l'a domri , Die11

mr

l'a ote;

le nom

du Seigne

ur foit

Uni;

ii ecrivit au bas de la carte

de

L ivonie,

Dim me l'a donni , le diable 11e me l'otera pas.

Ces faill ies arnufoient ·1a cour ,

&

voloieot de bouche

en bouche ; les courtifans le! regarrloient· com:ne au.

rant de prefages de la grandeur du prince ,

&

Jes

gens

fenfes , comme un prefage infaillible

des

m~lheurs.

du

monde. Charles

XI

difoic lui-meme qu'il fero1_r _un JOU_r

efface par cec enfanc. Mal heureux prince qut 1gnor?1r

fon propre rnerite' faifoit le bien fans

gou;~r

le

pla1fir

de le faire

&

reorettoit· de n'avoir pas repandu alfez

de fang!

' ·

0

La fougue du caratlere de

Char/et

XII

alarm_oit la

reine

fa

m~re:

cette

pri~elfc::

fenfiblc

&

cornpmlfante