Table of Contents Table of Contents
Previous Page  494 / 784 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 494 / 784 Next Page
Page Background

UTR

UTRECHT, (

Géog. mod.)

ville des

Pays-b~s,

capitale de la provioce de mEme

~om,

fur l'anc1.e11

canal du Rhin, au centre, entre Ntmegue, Arnhe1m

Leyde, & Amfterdam. Elle eft

a

e~

vi ron hu!t Iieues

de difl:ance de chacune de ces villes, & a douze

tienes nord-out'fl: de Bois-Ie-duc.

.

.

On croit qu'elle a été batie par les Romarns '·

qUJ

la nommerent

Trajcflmn,

P.arce qu'on

Y.

~aflott

le

Rhin. De l'ancien ooru

TrtJje{/_111'11,

~n

a fat t

'!r:ecbt

&

on la nommoit encore ainfi iur la hn du tretzteme

.íiecle

comme on !e voit par l'hi florien Froillart.

Pour 'diflinguer

néanmoi1~5

cette vill.e de celle de

Maeflricht, nommée

TraJeflum foperm.,·

.'

on. appel–

la l'autre

TrajdltmJ Rhmi, TrajeEltNn

tn.fet"lfJS,

&

tllterius TrajefltJm;

comme on le

vo.ir

par la. chro–

nique de Saint- Troo. En fin d

fllt

er1-1u

TrajeElmn,

on a fait

Ult,·ajeflum,

d'ou efl venu le

mo~

Utrecht.

Lo11uiwde,

fuivanr H arr is,

22. 26. 1).

tatlt.

)2.

)o.

Apres la ruine de l'empire romain, cette place qui

n'étoit alor:; qu'un chheau (

ctl{lellum),

fut cantOr

occupée par les Francs,

&

tantOt par les frifons.

Sur la fin du íeptieme fi ecle, Pepin, maire du palais

s'empara d'

Utrecht,

&

y établit p0ur évéque S. Wil·

librod. Au cornmeoeement du neuvieme fiecle, cet

tv~ché

fue mis íous la métropole de Cologne ;'

&

a

fubti!lé de cette maniere juíqu'au feizieme íiecle.

La ville

d'Utrecht

avoit r'd'abord été bíl.tie íur le

bord feptentrional du Rhin, du cOté de la Friíe;

mais le nombre des habi t:lns s'étanr augmenré, on

batit la nouvelle ville

rur le bord

l

meridional du

Rhin, daos l'ile & le terriroire des Bataves. La puif–

íance .<fe fes éveques s'accrut aut1i p:¡r la

libéra lité

des empereurs. En

1

H9, le pape Paul IV. érigea

cet éveché en mérropole, & luí donna pour íuffra–

gant les nouveaux

év~chés

de Harlem en Hollande,

ce Middelbourg en Zélande, de Leuwarde en Frite

de Déventer daos I'Over-Hfel ,

&

de Groningue daos

la province de ml!me nom . Le premier

ar~hevc!que

fut Fredéric Skenk de Tautenberg, préfident de la

chambre

imp~riale

de Spire en

I)6t.

Apres ía morr

arrivé·e en

1)80,

les états généraux ap pliquerent

a

divers uiages les revenus de cet areheveché qui fe

&rouvoient "daos l'étendue de la généralité.

L~

ville d'

Utrecht

s'efl extrémement agrandie,

embellie, & peuplée, depu is la réformation, eníorre

qu'on peur la mettre aél:uellement au rang des belles

villes de l'Europe; elle efl: de figure ovale, & peur

avoir cinq mili es d e circu ir; elle a quarre gros faux•

bourgs ,

&

quatre paroiíles; mais elle n'efl pas forre

quoique munie de quelques ba!l:ions

&

demi-lune5

pour fa ' défeníe;

Ces

environs iont charmans,

&

le

'

long du canal qui mene

ce~te

ville

a

Am~erdam,

on ne voit qu'une (uite de belles maiíons de plaiian–

ce,

&

de jardins adminblemenc enrrerenus.

La

magift~ature

de cette ville efl: compolée d'un

grand bailli, de deux bourgm.efl:res, de douze éche–

vins, d'un tréforier, d'un in'tendallt des édiñces, d'un

préíident, de trois commifiaires des ñnances ,,

&

d'un

fénaceur; certe magiflracure etl rimouvellée ·rous les

ans le

12

d' Otlobre·, & tient íes allernblées

a

la mai-

fon de vill,e, qui efl: un be( hOtel.

,

Utre.·ht

efl: remarquable par le rraité d'union des

Pr?v~nce~·Unies',

qui s'y fir en

IS 79;

par le coogres

qur s

y

tmt en

1712,

&

dans lequel la paix de l'Eu–

rope fut co,-,clue, le

11

d' Avril

I7IJ ,

le 13 de Juil–

let fuivanr,

&

le

16

de Juin

17 14;

enñn par

ton

uní·

v,e'rfi

ré, l'une de

s plus célebres de J'Burope. Le$ érafs

de la

provin.ce

l'er ige rent le

16

de Mars

1636;

&

elle

a prodn1t u

n graqd nombre d'hommes

illofrres

dan s les íciences.

Hadrien VI. nommé auparavant

Hndrian Ftorent,

naquit

a

Utrecht

l'an

I4í9,

ou d'u o tifler:wd, ou d'un

brafleur de biere ou

el'

un faifeur de bsrques, qui

s'appe lloit

Florent Bo_yens.

Ce . pere ddlioa fon fils

aul. études, quo¡qu' il n'eftt pas le moyen de l' entre–

temr ,daos les.écC?les; mais l'univerfité de Louvain fup–

pléa a

ce~te

tndtgence

domelliq~e;

elle doqna gratis

a

Florent le

bonn~t

de dotleur en théologie, l'aq

1491,

&

dans l'll 1uite il devine

vice ~

chancelier de

l'univerfité.

·

.En

1)0J,

on le ti ra de cette vie collégiale pour le

f.arl'e précepteur de l'archiduc ·Gharles, alors agé de

fel?t ans; cerre place lui valut des recompea(es ma–

gr-ufiq'ue~,

car il fut envoyé ambaffadeur en Efpa·

gne aupres du roi Ferdinand; & íelon quelques

hiflorüens,,

i1

'!'énagea

~es

choíes avee pi us d

'adr.eí

fe 9ue 1on o el't devo1t attendre d'on hom

me qu

i

!VOl~

humé

ti

long-temsli'air de

l'univerth~ .

J\pres

1~

UTR

mort

de

Ferdinand il eut une perite part

a

1-

rigen.

ce avec le cardinal Xtmenes;

&

daos la

fuire

ion

autoricé. devine plus grande que celle de ce fameux

minillre. L'archiduc Charles partant pour l'Ailema–

gne, luí donna le gouvernement de

~t:oyaumes

d'Ef"pagne, en luí aflocianr pour colleg ues le con–

Aétable & l'amirante d'Eípagne . Léon

X.

le nomma

cardinal en

1517 •

&

Charles-quint eut le crédit de

l'élever

a

la papaoté l'a n

1621 •

apres la mort de

Léoo X .

Le facré college lui-rn eme eu fut

furpris,

&

le

peuple de Rome ne goüta point l'életlion d'un bar–

bare, qui témoigno it en toures chofes un éloigue–

ment du falle

&

des voluptés contre IC"quel la prsf–

cri prion écoit déj a furanm!e. Les Italiens diíoienc:

publ iquemenc que ce n'étoit qu'un rartufe incapable

de gouverner l'E&liíe. lln'eft pas "ufqu'a fa

iobrrét~

dont on n'ait faü des railleries. La cour de Rome paf–

ia fous fon

pon~if.icat

d'une exrrt:mité

a

l'autre. On

iait qu'il n'y eut

jan~ais

de pape dont

la rab ie

fut

auffi délicare que celle de Léoo X. On s'inlinuoit

daos fes bonnes graces par l'invention des r :¡go'drs,

& il

y

eur quatre grands maltres en bon morceaUIC

qui devinr.ent fes mignons; ils inventerenc une for–

re de laucil1e qui · jecca daos l'éronnement, Hadri!:'n

VI. lorfqu'il examina la dépeníe de íon prédéce lfeur

en ce gen re,

il íe garda bren de l'imiter,

&

pric:

cellemenc le contrepié, qu'il ne

dépe~:~foit

qne douze

écus par jour pour fa cable. O o ne fe mocqua pas

moins de la préférence qu'

i1

donnoit

a

la Mere iur le

vio~,

que de celle qu'il donnoi(

a

la merluche íur

tous les autres poiffons .

Une autre chofe le décria chez les Italiens ,_c'ell

qu'il o'eflimoit ni la poéfie, ni la beauté du llyle;

deux rateos dont ou fe piquoi r le plus daos

ce

pays•

li depuis cinquante ans. La fable done les poeres em–

bellilloienr leurs ouvrages, ne contribua pas peu

~

la froideur que ce pape leur rémoigna, car il n'en–

tendoit point raillerie la-deffus. ll dérourna les yeux

lorfqu'on luí moncra la ílawe de Laocoon, & die que

c'étoit un fimulacre de l'ido!Jtrie du paganiime. Ju–

gez

fi

les amateurs des beaux

;~res,

H les Iraliens qui

admiroient ce.,chef-d'ceuvre de fculpture', (iiouvoient

concevoir de l'eflime pour un rel homme . Les poe–

ces lui prouverent qn'on n'uvr¡it pas dit íans ra ifon,

gemu írritabite vatum.

Voici une épigramme dont

Sannazar le r,éga la.

·

Claffe, virifl¡tJe potens, domittJqtte orimte

foperbus

·

Ilttrbarrss

tn

latías dux qr¡:atit arma domos,

In vati.:a,no no/ler tatet

;

htmc tomen alto,

Cbrij/e, vides crEto (proh dfllor!)

&

paterisf

To~s

les Cavans de fon

tems fe pr_omettoient de

l'avancement

a

fon a'venement au pontificar'

a

ca

y

fe

qu'il devoit aux lettres

loó exaltlttion ,

&

ce qu'il

noit de bonne fortuoe; m:tis ils demeurerenr con•

fondus en yoyant qu'il étoit plein de mauvaiíe vo•

lonté conrre ceux qui le plaifoient

a

la belle littéra•

ture, les appellant

Terentianos,

&

les rtaitant

de

e-elle

íorte qu'oo emir- qu'il eut rendu les lettres tout-a'l.

fait barbares

l

s'il ne fUt mo re daos la deul,(ieme an–

oée de ía fupreme dignité. Yalérianus dit gentiment,

qu'il ufoit de ce mauvais traitement contre les plus

~e~ux

eip:ics de fon fiecle, avec le mi!me goftt dont

ti P.référ?tt la

m~rluche

de fes Pays-bas, aux meil–

leurs pmffC?RS qu¡ fe mangeaffent en fralie •

Autre fu¡et de ·haine, f!'efl qu'il ne d1ffimula point

les abus .introduits daos l'[glife,

&

qu'il les recon–

nut

~ublrquement

daos ion inflrutlion au oonce qui

devott parler de fa part

a

la diete de Nuremberg.

I.l y déplora la mauvaiíe

vi

e du ,clergé,

&

la corrup–

tton des mreurs qui avoit paru dans la perfonne de

quelques papes. Quand il canonifa Antonio & Ben• .

no_n,

oon-feul~menr

il retrancha

les dépeoies ordi·

o a tr~s

daos ces forres de cérémonics, ma is

il

les dé–

fendtt comme .c

0

nrraire5

i\

la fainteté de 1' Eglife. Ses

fucc eíleurs n'ont pas écé de

tou

fentiment

ils ont

tol.~ré

daos les

ca~onifations

la pompe mond;ine juf–

qu a.

~es

.exces qut onr choqué le menu peuple .

L htfl:otre oous apprend, poor en citer un exem·

pie , que tour le monde fut fcandaliíé dans París,

l'an

1622,

de la rnag_nifiaeoce avec Iaquelle les car- - ·

mes déchauflés

y

célébrerent la canoniíation de fainte

Th~re~e.

Vo_yez

le petit livre qui parur alors, & qui

ell Intitulé

le caqttet de 1'accottcbie.

,

'Pour moi, ( dit

, daos ce livre la femme d'un avocar du grand con–

' l

feil) j'eutle éré d'avis de merrre touies ces fuper-

,

~ui~