•
s ·o
N
prél'entent l' univcrs , mais d' une fa<,¡on convenable
~
l'érat de fes organes; aufli tour le cems qui a précé–
dé
a
notre développement ici-bas' c'etl-a"dire notre
. nai!lance, peuc
~rre
regardé comme
n
j011gt
conri–
nucl qui ne nous a. laill'é aucun Convenir de norre
J?rée~iftence,
a
caute de !'extreme foiblell'e dont un
germe, un fcerus font (ufcepribles. S'il
y
a done des
vuides apparem,
& ,
ti
¡'ofe di re, des efpeces de la–
cunes daos la fu ice de nos iMes, il n'y a pourcanc
aucune interruprion . Cert3ins nombr-es de mots font
vilibles
&
ltlibles, candis que d'aurres fonr elfacés
&
indéchilfrables; cela éra nt, fonger ne fera aurre
cl10!e que s'appercevoir de fes
j011gu,
&
il eft uni–
quement queftion d'imliquer eles cauíes qui forttfient
les empreinres des idées,
&
. les rendre d'une clareé
qui mecce !'ame en écat de ¡uger
de
leur ex•ftence ,
de leu r liaifon,
&
d'en conferver
m~
me
le fouve–
nir. O r ce font
d~s
cau!'es puremenr phyfiques
&
machinales; c'etl l'état du corps qui dé..:ide teul de
la perceprion des
fivgeJ;
les
ciroonftan~es
ordinai–
res qui les aocompagnent concourent roures
a
nous
en convaincre. Q tleiTes font ces per-fonnes qui dor–
ment d'un profonil fomme
il, &qui n'one point ou
prefque .Point íongé1
C~
fo.nt.le.s perfonnes d'une
con!liturton vtgoureufe , qut ¡outll'enr aéluellemenr
d'uue bonne fanré, ou celles qu'un travail confidé–
rable a comme accablées. D eux raifons oppoíées pro–
voquent le •fommeil complec
&
defiicué de
jongn;
dans ces deux cas, l'abondance des efprirs animaux
flic une force de tumulte dans le cerveau, qui em–
p~che
que l'ordre nécell'aire pour lier les circonftan–
ces d•un
j011ge
ne fe forme; la difette d'efprics ani–
maux faic que aes excrémicés
intérieures des nerfs,
dom l'i!branlement produic des aélés d'imagination,
ne font pas remuées, ou du-moins pa¡ aflez pour que
llOUS
en foyons. avercis; que faut-il done pour !ere
fongeun Un écat ni foible, ni vigoureux; une mé–
diocri ré de vigueur rend l'ébranlemenc des filers ner–
veu¡ plus fact le ; la médiocritá d'efprics animaux fait
que leur cours ell: plus régulier, qu'ils peuvenc four–
nir une fuice d'impreffions ¡Uus faciles
~
difting1,1er.
Une circonftanee qui prouve
m:~nifeftemene
que cerre
médiocriré que j'at fuppofée ell: la difpofirion requi–
fe pour les
(o11gu,
c'ell: l'heure :\
laqnel le ils fonc
plus frtlquens
¡
c~rre
heure
efl:
le matin . Ml is, direz–
vous, c'ell: le cems ou nous fommes le plus fra is, le
plus vigoureux,
&
ou la rr:tn!'pirarion des efprirs ani–
mam' éranc faite, ils font les plus abondans ; cecee
obfervarion , loin de nuire 3 mon hyporhete, s'y
ajull:e parfairemenr . Q uand les períonnes d'une conf–
tiru cion mitoyenne,
(
car il n'y a guere que celles-la
q ui revene)
(e
metrenc au lit, elles fonc a-peu-pres
épuifées,
&
les premieres heures dtl fommeil fonc
cell e• de
la
réparation, Jaquel le ne va jamais jutqu'a
l'abondanee : s'am!tant dono
a
la médiocriré' des
que cerre médiocricé exifte, c'ell:-:l-dire vers le mg,
rin, le;
Jim!{M
naill'enc enfuite ,
&
durenr en
au~men
rant toujours de clareé jufqu'au révei l. Au rene, je
raifonne fur les chafes comme elles arrivenr ordi–
nairemem,
&
je ne nie pas qu'un ne puiflc avoir un
fing e
vif a l'ericrée ou au milieu de l:1 tlnit, fans en
avoir le macin; mais ces cus parriculiers dépendent
toujours de aerrains éracs parriculiers qui ne foor au–
cune
e~cepcion
aux regles générales que je pol'e; je
conviens encore que d'aurres caules pcuvenc con–
courir
a
!'origine des
fimgu
'
&
qu'ourr.e cec état
de médiocricé que nous fuppolon¡
e~ifler
vers le
matin, roo re la machinc du corps a encare au mCme
tems dla urres p.rincipes d'aél:ion cres-propres
a
aitler
les
(o11gu ;
j'en re;nJrque deux ·principaux , un inté–
rieur
&
un excéricur. Le premier, ou le principe in–
térieur, c
1
eft que les nerfs
&
les mu íoles , apn!s
avqir écé relachés :\ l'enrrt'e du fommei l , commeu–
cent
a
s'érenrlre
&
¡\ fe gonAer par le rerour
des
Aui~
des fpirirueux que le repos tle la nuir a réparés, roure
la machine reprend
de~
difpofirions
~
i'ébranlemem;
mais les cauíes exrernes n'érant pas encore all'ez for–
tes pour vaincre les barrieres qui
fe
crouvent aux por–
tes des fens, il ne fe fJit que les mouvemens imer–
nes propres
a
exaiter des aétes d'imaginacion, c'efl.
~-dire
des
j011gu .
L'aurre príncipe, o u le príncipe
ch cérieur qui dilpol'e
a
;'éveiller
ñ
<lemi'
&
par con–
féquent
a
fongt'r, c'eft l'irritation des chairs qui ,
3U
bour de quelques heures qu'on
aur~
écé couché fur
le dos, l'ur le cllcé, o u
dans
roure aucre arti rude, com–
mence
a
fe fa ire femir
o
J 'avoue done l'exillence des
chofes capricieufes que ¡e viens d'iodique¡·,
mais
je
reg~rde
coujpurs cecee difpof¡cion
moyeom~ ~ntr¡: 1'~-
,
.
S O N
bondance
&
la diferte d'efprirs, comme
la c•ufe
principale des
j011get ;
&
pour merrre le comble
a
la
demon(jrarion, yoyez des cxemples qui viennenc
il–
propoL Une perfonne en foiblefle
n~
rrouve, quand
elle reviene
'i\
elle.meme, aucune erace de fo n état
précédem; c'ell:
1~
profond fommeil de di(erce. Un
homme yvre-r¡¡,orr ronfle plufi eurs haures,
&
fe ré–
veille fans avQ'!r eu aucun
JOt¡ge ;
c'efl le profond
fommeil d'abonJance; done on ne toncre quo dnns l'é–
cac qui rienr la milieu , Voyons :\. prJlcnr nalt(<! un
finge'
&
affi!l ons en.quelque forre a fa nai([1nce.
J e me couche, je m'endors profondémenc, routes
les fenfacions Ione éteinres, cous les organes foot.
comme inacceffibles; ce n'etl pas la le cems des
fon–
ger,
il fauc que quelques heures s'écoulenc, alin que
la machine air pris les prioc¡pas d'ébranlemenr
&
d'aétion que
nous avonsintliq ués ci-denus; le tems
étane venu,
longe-c.onaulli-rllr,
&
ne faqr-il poi nt
de caufe plus immédiare pour la produélion
dufing~,
que cene d•fpofirio1¡ généra le du corps?
11
Jcmblc
<!'abord qu'on ne pui(l'e ici répondrc lims r.!múmé,
&
q
ue lefil de l'ewériencc nous abantlonne;
~ar,
,
dira~
c.on,;>uifque pertonne ne fa uroic timlemem re.
marq'uer quand
&
comment il . s'endorr,
comm~nn
pourroic-on f.1i lir ce qui préfide
i
!'origine d'unfill,
!{~
qui commence pendanr norre fommcil ?
Au feeours de l'expérience, joignons-y cclui du
qifonnement: voici done commenc nous raifonnons .
Un aéle quelconque d' imaginarían eft coujours lié
avec; une fenfarion qui le précede,
&
fans laquelle il
n'exifteroir pas ; car pourquoi un cel aéle fe i'eroit·il
développé plurór qu'un aurre, s'il n'avoic pas été dé–
terminé par une fen{arion
1
]e
combe dans un douce
r~verie,
c'ell
le poinr-de.vue d' une r-iante campa–
gne, c'eft le gazouillemcne
des
oifeaux, c'etlle mur.
mure de> fonraines qui ont produir cae c!cat, qui nc
l'auroir pas all'urémenr c!ré par des objers clfrayans,
ou par des .cris tumulrueux ; on convien.r fans peine
de ce que ¡'avance par rapporr
a
la vetlle ' mais on
ne s'en
appcr~oit
pas auffi diftinélemenc
a
l'égard des
jotlgu,
quoique 13 chofe ne loic ni moios cerraine,
ni moins néccn:tire; car fi les
fit¡ges
ne íonr pas des
r.haines d'atles d'imaginarion,
&
que les chaines doi–
vent, pour ainti dire,
e!
ere toures accrochées
a
Ull
[JOinc lixe d'ou elles dépcndenr, c'e(l-3 .dire:
il
une
íenfarion, j'en conclus que tour
j011ge
commcnce par
nne fent>won
&
fe continue par une fui re d' aétcs
d' imaginarion, routes les imprellions fenfib les qui
éroienr fans elfet
a
l'enrrée de la nuit deviennent
effica ces, finan pour réveiller, au-moins pour
ébran~
ler,
&
le premier ébranlemenr qui a une force dé–
terminée ell: le príncipe d'un
{o11ge ,
!.,e
fi11ge
a tou–
jours fon
analogi~
avec la nacure de cec ébranle–
ment¡ eft-ce, par exemple, un
rayon de lumiere
qui s'infinuant entre nos paupieres a affeélé 1• o;:il,
nocre
fi11ffe
fuivane fera relarif
a
des objers Vttibles,
lumineux? ell:-ce un fon qui a frappé nos oreilles
~
Si c'ell un fou doux, mélodieux, une férénade pla–
cée fous nos
fen~rres,
nous
r~verons
en conformité,
&
les charmes de 1' harmonie au ronr parr
~
norre
fingP. ;
ell:·ce au concrairc un fon
per~ant
&
lugubre~
les voleurs , le carnage,
&
d'aurres tcenes tr3giquc'
s'olfrironr
a
nous; ainti
la nature de la fenfa rion ,
mere du
[o111.8,
en déterminera l'efpece;
&
quoique
eerce (enfwon loir d'une foibt ene qui ne pe1·merre
J?Oinr
il
l'ame de l'appcrcevoir comme daos la veille,
ton· effiqcité phylique n'cn eft pas moins réclle; cel
ébt·anlemenc excérieur répond
a
cel ébranlomenc in–
térieu r' non
a
un autre '
&
cet ébranlemenc inté–
rieur une fois donné, dérermine la fui re
de
cous les
aurres .
.
Ce n'ell pas, au retle, que tour cela ne foit madi–
fié par l'érac aéluel de l'ame, par Íes
id~es
familic–
res, par fe
aélions, les imprellions les plus réc¿mt's
qu'elle a re§u
es
écant les plus aifées
ii
fe renouveller:
de-la vienr la conform iré fréquenre que
les fo;Jger
onc
avee ce qui s'ell pall'é le jour 11récédenr, mais coures
les
modili~acio11s
n'e!llpechent p35 que le
j011ge
ne
parte rou¡ours d' une fenfation ,
&
que l'etpece de
cerre fentilrion ne détermine celle du
.fonge .
P~r
fer¡facion je n'eneends pas les feules •mpreffions
qui
vi~nnem
des objers du tlehors; il
Ce
pall'e outre
cela mille chafes dans r¡orre propre corps, qui font
auffi dans la clafle des fen facions,
&
qui par confé.
quenc produifenc le m8me effet. J e me fuis couché
avec la faim
&
la foif, le fommeil a écé plus forr,
;r
eft vrai, mais les
ir¡quiécude~
de la
fairt~
&
de la loif
)ucrenr
~oncre
lqi ;
~
li
elles pe le détruifenc
pa~ ,
elles