Table of Contents Table of Contents
Previous Page  312 / 824 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 312 / 824 Next Page
Page Background

s ·o

N

prél'entent l' univcrs , mais d' une fa<,¡on convenable

~

l'érat de fes organes; aufli tour le cems qui a précé–

a

notre développement ici-bas' c'etl-a"dire notre

. nai!lance, peuc

~rre

regardé comme

n

j011gt

conri–

nucl qui ne nous a. laill'é aucun Convenir de norre

J?rée~iftence,

a

caute de !'extreme foiblell'e dont un

germe, un fcerus font (ufcepribles. S'il

y

a done des

vuides apparem,

& ,

ti

¡'ofe di re, des efpeces de la–

cunes daos la fu ice de nos iMes, il n'y a pourcanc

aucune interruprion . Cert3ins nombr-es de mots font

vilibles

&

ltlibles, candis que d'aurres fonr elfacés

&

indéchilfrables; cela éra nt, fonger ne fera aurre

cl10!e que s'appercevoir de fes

j011gu,

&

il eft uni–

quement queftion d'imliquer eles cauíes qui forttfient

les empreinres des idées,

&

. les rendre d'une clareé

qui mecce !'ame en écat de ¡uger

de

leur ex•ftence ,

de leu r liaifon,

&

d'en conferver

m~

me

le fouve–

nir. O r ce font

d~s

cau!'es puremenr phyfiques

&

machinales; c'etl l'état du corps qui dé..:ide teul de

la perceprion des

fivgeJ;

les

ciroonftan~es

ordinai–

res qui les aocompagnent concourent roures

a

nous

en convaincre. Q tleiTes font ces per-fonnes qui dor–

ment d'un profonil fomme

il, &

qui n'one point ou

prefque .Point íongé1

C~

fo.nt.

le.s perfonnes d'une

con!liturton vtgoureufe , qut ¡outll'enr aéluellemenr

d'uue bonne fanré, ou celles qu'un travail confidé–

rable a comme accablées. D eux raifons oppoíées pro–

voquent le •fommeil complec

&

defiicué de

jongn;

dans ces deux cas, l'abondance des efprirs animaux

flic une force de tumulte dans le cerveau, qui em–

p~che

que l'ordre nécell'aire pour lier les circonftan–

ces d•un

j011ge

ne fe forme; la difette d'efprics ani–

maux faic que aes excrémicés

intérieures des nerfs,

dom l'i!branlement produic des aélés d'imagination,

ne font pas remuées, ou du-moins pa¡ aflez pour que

llOUS

en foyons. avercis; que faut-il done pour !ere

fongeun Un écat ni foible, ni vigoureux; une mé–

diocri ré de vigueur rend l'ébranlemenc des filers ner–

veu¡ plus fact le ; la médiocritá d'efprics animaux fait

que leur cours ell: plus régulier, qu'ils peuvenc four–

nir une fuice d'impreffions ¡Uus faciles

~

difting1,1er.

Une circonftanee qui prouve

m:~nifeftemene

que cerre

médiocriré que j'at fuppofée ell: la difpofirion requi–

fe pour les

(o11gu,

c'ell: l'heure :\

laqnel le ils fonc

plus frtlquens

¡

c~rre

heure

efl:

le matin . Ml is, direz–

vous, c'ell: le cems ou nous fommes le plus fra is, le

plus vigoureux,

&

ou la rr:tn!'pirarion des efprirs ani–

mam' éranc faite, ils font les plus abondans ; cecee

obfervarion , loin de nuire 3 mon hyporhete, s'y

ajull:e parfairemenr . Q uand les períonnes d'une conf–

tiru cion mitoyenne,

(

car il n'y a guere que celles-la

q ui revene)

(e

metrenc au lit, elles fonc a-peu-pres

épuifées,

&

les premieres heures dtl fommeil fonc

cell e• de

la

réparation, Jaquel le ne va jamais jutqu'a

l'abondanee : s'am!tant dono

a

la médiocriré' des

que cerre médiocricé exifte, c'ell:-:l-dire vers le mg,

rin, le;

Jim!{M

naill'enc enfuite ,

&

durenr en

au~men­

rant toujours de clareé jufqu'au révei l. Au rene, je

raifonne fur les chafes comme elles arrivenr ordi–

nairemem,

&

je ne nie pas qu'un ne puiflc avoir un

fing e

vif a l'ericrée ou au milieu de l:1 tlnit, fans en

avoir le macin; mais ces cus parriculiers dépendent

toujours de aerrains éracs parriculiers qui ne foor au–

cune

e~cepcion

aux regles générales que je pol'e; je

conviens encore que d'aurres caules pcuvenc con–

courir

a

!'origine des

fimgu

'

&

qu'ourr.e cec état

de médiocricé que nous fuppolon¡

e~ifler

vers le

matin, roo re la machinc du corps a encare au mCme

tems dla urres p.rincipes d'aél:ion cres-propres

a

aitler

les

(o11gu ;

j'en re;nJrque deux ·principaux , un inté–

rieur

&

un excéricur. Le premier, ou le principe in–

térieur, c

1

eft que les nerfs

&

les mu íoles , apn!s

avqir écé relachés :\ l'enrrt'e du fommei l , commeu–

cent

a

s'érenrlre

&

¡\ fe gonAer par le rerour

des

Aui~

des fpirirueux que le repos tle la nuir a réparés, roure

la machine reprend

de~

difpofirions

~

i'ébranlemem;

mais les cauíes exrernes n'érant pas encore all'ez for–

tes pour vaincre les barrieres qui

fe

crouvent aux por–

tes des fens, il ne fe fJit que les mouvemens imer–

nes propres

a

exaiter des aétes d'imaginacion, c'efl.

~-dire

des

j011gu .

L'aurre príncipe, o u le príncipe

ch cérieur qui dilpol'e

a

;'éveiller

ñ

<lemi'

&

par con–

féquent

a

fongt'r, c'eft l'irritation des chairs qui ,

3U

bour de quelques heures qu'on

aur~

écé couché fur

le dos, l'ur le cllcé, o u

dans

roure aucre arti rude, com–

mence

a

fe fa ire femir

o

J 'avoue done l'exillence des

chofes capricieufes que ¡e viens d'iodique¡·,

mais

je

reg~rde

coujpurs cecee difpof¡cion

moyeom~ ~ntr¡: 1'~-

,

.

S O N

bondance

&

la diferte d'efprirs, comme

la c•ufe

principale des

j011get ;

&

pour merrre le comble

a

la

demon(jrarion, yoyez des cxemples qui viennenc

il–

propoL Une perfonne en foiblefle

n~

rrouve, quand

elle reviene

'i\

elle.meme, aucune erace de fo n état

précédem; c'ell:

1~

profond fommeil de di(erce. Un

homme yvre-r¡¡,orr ronfle plufi eurs haures,

&

fe ré–

veille fans avQ'!r eu aucun

JOt¡ge ;

c'efl le profond

fommeil d'abonJance; done on ne toncre quo dnns l'é–

cac qui rienr la milieu , Voyons :\. prJlcnr nalt(<! un

finge'

&

affi!l ons en.quelque forre a fa nai([1nce.

J e me couche, je m'endors profondémenc, routes

les fenfacions Ione éteinres, cous les organes foot.

comme inacceffibles; ce n'etl pas la le cems des

fon–

ger,

il fauc que quelques heures s'écoulenc, alin que

la machine air pris les prioc¡pas d'ébranlemenr

&

d'aétion que

nous avons

intliq ués ci-denus; le tems

étane venu,

longe-c.on

aulli-rllr,

&

ne faqr-il poi nt

de caufe plus immédiare pour la produélion

dufing~,

que cene d•fpofirio1¡ généra le du corps?

11

Jcmblc

<!'abord qu'on ne pui(l'e ici répondrc lims r.!múmé,

&

q

ue le

fil de l'ewériencc nous abantlonne;

~ar,

,

dira~

c.on,

;>uifque pertonne ne fa uroic timlemem re.

marq'uer quand

&

comment il . s'endorr,

comm~nn

pourroic-on f.1i lir ce qui préfide

i

!'origine d'unfill,

!{~

qui commence pendanr norre fommcil ?

Au feeours de l'expérience, joignons-y cclui du

qifonnement: voici done commenc nous raifonnons .

Un aéle quelconque d' imaginarían eft coujours lié

avec; une fenfarion qui le précede,

&

fans laquelle il

n'exifteroir pas ; car pourquoi un cel aéle fe i'eroit·il

développé plurór qu'un aurre, s'il n'avoic pas été dé–

terminé par une fen{arion

1

]e

combe dans un douce

r~verie,

c'ell

le poinr-de.vue d' une r-iante campa–

gne, c'eft le gazouillemcne

des

oifeaux, c'etlle mur.

mure de> fonraines qui ont produir cae c!cat, qui nc

l'auroir pas all'urémenr c!ré par des objers clfrayans,

ou par des .cris tumulrueux ; on convien.r fans peine

de ce que ¡'avance par rapporr

a

la vetlle ' mais on

ne s'en

appcr~oit

pas auffi diftinélemenc

a

l'égard des

jotlgu,

quoique 13 chofe ne loic ni moios cerraine,

ni moins néccn:tire; car fi les

fit¡ges

ne íonr pas des

r.haines d'atles d'imaginarion,

&

que les chaines doi–

vent, pour ainti dire,

e!

ere toures accrochées

a

Ull

[JOinc lixe d'ou elles dépcndenr, c'e(l-3 .dire:

il

une

íenfarion, j'en conclus que tour

j011ge

commcnce par

nne fent>won

&

fe continue par une fui re d' aétcs

d' imaginarion, routes les imprellions fenfib les qui

éroienr fans elfet

a

l'enrrée de la nuit deviennent

effica ces, finan pour réveiller, au-moins pour

ébran~

ler,

&

le premier ébranlemenr qui a une force dé–

terminée ell: le príncipe d'un

{o11ge ,

!.,e

fi11ge

a tou–

jours fon

analogi~

avec la nacure de cec ébranle–

ment¡ eft-ce, par exemple, un

rayon de lumiere

qui s'infinuant entre nos paupieres a affeélé 1• o;:il,

nocre

fi11ffe

fuivane fera relarif

a

des objers Vttibles,

lumineux? ell:-ce un fon qui a frappé nos oreilles

~

Si c'ell un fou doux, mélodieux, une férénade pla–

cée fous nos

fen~rres,

nous

r~verons

en conformité,

&

les charmes de 1' harmonie au ronr parr

~

norre

fingP. ;

ell:·ce au concrairc un fon

per~ant

&

lugubre~

les voleurs , le carnage,

&

d'aurres tcenes tr3giquc'

s'olfrironr

a

nous; ainti

la nature de la fenfa rion ,

mere du

[o111.8,

en déterminera l'efpece;

&

quoique

eerce (enfwon loir d'une foibt ene qui ne pe1·merre

J?Oinr

il

l'ame de l'appcrcevoir comme daos la veille,

ton· effiqcité phylique n'cn eft pas moins réclle; cel

ébt·anlemenc excérieur répond

a

cel ébranlomenc in–

térieu r' non

a

un autre '

&

cet ébranlemenc inté–

rieur une fois donné, dérermine la fui re

de

cous les

aurres .

.

Ce n'ell pas, au retle, que tour cela ne foit madi–

fié par l'érac aéluel de l'ame, par Íes

id~es

familic–

res, par fe

aélions, les imprellions les plus réc¿mt's

qu'elle a re§u

es

écant les plus aifées

ii

fe renouveller:

de-la vienr la conform iré fréquenre que

les fo;Jger

onc

avee ce qui s'ell pall'é le jour 11récédenr, mais coures

les

modili~acio11s

n'e!llpechent p35 que le

j011ge

ne

parte rou¡ours d' une fenfation ,

&

que l'etpece de

cerre fentilrion ne détermine celle du

.fonge .

P~r

fer¡facion je n'eneends pas les feules •mpreffions

qui

vi~nnem

des objers du tlehors; il

Ce

pall'e outre

cela mille chafes dans r¡orre propre corps, qui font

auffi dans la clafle des fen facions,

&

qui par confé.

quenc produifenc le m8me effet. J e me fuis couché

avec la faim

&

la foif, le fommeil a écé plus forr,

;r

eft vrai, mais les

ir¡quiécude~

de la

fairt~

&

de la loif

)ucrenr

~oncre

lqi ;

~

li

elles pe le détruifenc

pa~ ,

elles