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)

M E S

On anribue communémeot cette iovenrion des diver·

·res valeurs des notes

a

Jean des Mors, chaooine de Pa-

ís, vers l'an r330. Cependan t le P . Merfenne , qui avoit

lu les ouv rages de cet aureor, affure o'

y

nvoir ríen trou·

..,é qui pfit confirmer cette opínion . Et en effet, Ji d'un

có <é l'uf.1ge de la

mef ure

paroit poflérieur

a

ce tems'

il paroit certain d'aurre part, que l' ufage des notes de

ditférentes---_valeurs étoit antérieur

a

ce meme

t~ms;

ce

qui n'offre pas de petites diñicul tés fur la maniere don t

pouvoient fe mefurer ces valeurs. Quoi qu'il en foit,

voici l'état ou fut d'abord mife cene panie de la Mu·

fique.

Les pre.miers qui donnerent aux notes quelques regles

de quantné, s'attacherent pl us au r valeurs ou durées re–

latí ves de ces notes , qu'a la

mefure

meme , ou auca–

ra8ere du mouvement; de Corte qu'avam l'invemion des

différentes

me[ttres,

i1

y avoit des notes au-moins de cinq

v aleu rs diffé rentes; favoir , la ma1ime, la longue , l:t bre–

ve, la femi · brcve,

&

la minime.

Voy<z ca mots.

Daos la fu ire les ropports en valeur d'une de ces no–

tes

a

l'autre' dépendirent du <ems' de

la prolation ou

du mode . Par le mode on dérerminoit le rapporr de la

m axime

a

la longue. ou de la longue á la breve; par

le tems, celui de la longue

i

la breve, ou de la breve

a

la femi-bre\•e'

Oll

de la femi-breve

ii

la minime.

Voy .

M ooE, PROLAT!ON, TEM5. En généra l tomes ces

diftc ren tes modifica<ions fe peuvent rapporter

ii

la

m<frtre

double ou

a

la

me{ttre

triple , c'efl-3 -dire

a

la di\•ilioh

de chaGne valeur

entier~

en deux ou trois tems inégauli.

C ette maniere d'exprimer le tems ou

11

mefrtre

des

n otes, ch•ngea entiereme"t durant

le cours dn dernier

liecle. D es qa'on eut pris l'habitude de renfermer cha–

q u"

mefwe

enrre deux barres, il

fallu t néceffaireo1cnt

prorcrire toutes

les efpeces de notes qui renfermoien t

plu!ieurs

nuf ures ;

la

me{ure

en de• int plus claire,

I<S

partitions mieux ordonnées,

&

l'exéourion plus facile;

ce qui étoit forr nécelfaire pour compen fer les diñicul ·

tés que la Mufique acquéroit en devenatH chaque jour

plu~ compoft~e.

] ufque> -13

la proponion triple avoit paffé pour la plus

parfai te; mai• la double prit l'afcendant'

&

le

e

ou la

me{ttre

a

quarre

!COlS,

fut prife pour la bafe de

!OU

tes

les aurres , Or la

mefure

ii

quatre tems fe réfou t tou·

j ours en

mt{tt>·e

en deux tems; ainfi c'efl propreq¡ent

a

la

mefure

double qu'on a

a

faire rapporter tnutes les au–

tres, du-moins quant aux valeurs des notes

&

aut

u~nes

des

mefurn.

Au lieu done des max imes, longues, breves,

&c.

on

fubll itua les rondes , blanches, noires, crochcs, doubles

&

triples croches (

voy<z

f<J

m>tJ),

qui tolltes fu rent

prifes en divifion fom-d ouble; de forre que chaque efpe·

ce de note val oit précifément la moitié de la précéden–

te; div•fion manifeflemcm défcau"ufe

&

in tu ffi !ante,

puifq u'ayant confervé la

me{ure

triple aulli-bien que la

double ou quadruple ,

&

chaqu_e rems ainli que chaque

mef ure

devane étre divifé en raifon fous-double ou Cous–

tr;plc,

a

la volouté du compofiteur, il

falloit alligner

ou plfitó t conferver aux notes des divilions proportion–

nelles

ii

ces deux genres de

mej11re.

Les Mulic<ens

f~ntirent

bien-tót le défaut, mais au

lieu d'établir une

nnuv~lle

divifion, ils tíl cherent de tiJp–

pléer

a

cel~

par quelque ligne étranger; ainfi ne

f~chant

pas divifer une blancpe en trois panies égales , ils fe font

contemés d'écr ire trois noires, ajputanr le chitlre 3 fu r

ce11e du milieu . Ce chtffre méme leur a en fin paru trop

incommod~;

&

pour tendre des pieges plus sqrs

a

.:eux

qui om

:1

Jire leur mufique, ils prennenr a1•jourd'hui le

partí ce fup primer le 3, ou me me le

6;

de Corte que

pour fa yoir fi

la divirion ell double ou rriple, il n'y a

d 'autre partí

~

prendre que de con¡pter les uotcs ou de

deviuer.

'

Q uoiqu'il n'y ait daos f!ntre M ufique que deux genres

de

mefure,

on y a tant fait

~e

divilions, qu'on en peut

ou

m <'>tnS

co mpter feize efpcces, dont vpici les ligues.

, 666

~39l93 e"""

,.. , .4 8·•6 3· ··4' 4•8·,· ·6·

1·8· •6·

VoJ<<.

les

~xemples ,

PI. de

Mu.fir¡.

D e tQutes

ce

mefureJ ,

ii

y en a trois qu'on appelle

.fimpleJ;

favoir

le

2,

le 3

&

le

e,

ou quarre tems. T ou·

tes les autres, qu'on appe1le

doub{a,

tirent leur déno–

m iAation

&

leors fignes de cette derniere, ou de la note

ronde

&

en voici la regle.

·

L e 'chiffre infé6eur marque un nombre de notes de

valeur égale ,

&

fai faot enfemble la

d~rée

d'une ronde

ou d'one

meflfr•

:\

quatre tem s; le chufre fu perieur mon:

tre combien

il

faut de ces mémes notes pour remplir

une

mej11re

d~

l'air qu'on va noter . Pa_r cette regle oq

"''OÍt qu'il faut trois blanches pour remphr une

mefure

au

M E S

figne

~;

deu1 noircs pour celle au fi;:ne :; trois eroches

pour ce11e ao figne

i,

& c.

Chacun pem te mir l'ineptie

de tous ces embarras de chitfres; car

pourq~oi,

je vous

prie ' ce rappor t de tant de dirférentcs

mefureJ

a

ce11es

de quatre tems qui leur ell ti peu (ernblable; ou pour–

quoi ce rapport de tant de dilli!tente notes

a

une ronde ,

dom la durée ell

li peu détcrminée? Si tous ces (igoes

Io m

inllitués pour détermioor autant Je nio uvemens dif–

férens en ei'peces,

il

y

eo a beaucoup trop;

&

>'ils le lont

nutre cel:l, pour ex primer les différeos degrés de vit<ffe

de ces mouvernms, <1 n'y eu ·a pas allá . L)'ail leurs pour–

quoi fe tourmcnter

i\

établir des ligues qu• ne li:rvent

a

rien, puitqu'indépendamment du genre de la

mefure

&

de la divilion des

t~ms ,

on ell prct'que tou¡ours cunrraint

d'ajooter un mor au com<nencemcnt de l'air, qui déter·

m ine le de¡¡ré dn mou vement ?

.

JI

efl clair qu'il n'y a réellement que deul

mef ur<J

dans notre Muli que, fa voir

a

deux

&

trois tcms égaux :

chaque tems peut, ainfi que chaque

mefrtre ,

fe divili:r en

deux ou en trois parties égales. Cela tait une fuodivilion

qui donoera quatre efpeces de

m<}Íire

en tout ; nous n'en

avons pns davantage . Qu'on y ajou tc li l'un veut la nou·

velle

rmfrtre

a

deu~

rem> inégaux, l'un triple

0t

l'autrc

double, de lal¡•Je11e nous parltrons ao

mot

M

USIQUii: ,

on au ra cinq

mefuru

dilféremes, dont l'ex preffi on tra bten

au-deli de celle que nous pouvons fournir avec nos fei1c ·

mrfttru,

&

tous leurs inotiles

&

rtdicules chiftres . (

S)

MES URe LONGUE ,

(Anlit¡ . Arll

&

Comm.)

mefu•

re d'intervalle qui fert

ii

dé terminer les dimentions d'ull'

corps, on la d:flmce d'un heu ; ainfi la ligne yoi e

ti

la

dou1ieme part ie d'un pouce, le pouce qui contient dou•

le

ligo

es,

le pié douze pouccs, le pas géométrtque cmq

piés , la toi(c lix

pi~s,

&c.

font des

m,jitreJ longuu.

Pour júllifier l'urilité de la connoiff•nce de cene ma•

ti

ere , je uc pnis ríen faire de mieux que d'empruntcr ici

les oblerval ions de M . Freret, en

rcn voyanr le lecl:eur

:\ fon

traitl fur leJ me{ttrn long

u

u.

11

tfl ioi'éré daos

le recucil de l'acad. des l ufcriptions ,

tome XXII/.

L'hifloire

&

l'ancienne géographie , dit le favao t aca–

démicien queje viens de nommrr, feront toOjours cou–

vcn es de ténebres impénétrables ,

ti

l'on ne connoit la

valeur des

mefrtreJ

qui étoien t eu ufage parmi les anciens.

Sans. cene conooiffa nce, il nous Cera prefque impoffiblc

de rten COinprendre

a

ce que

UOUS

difenr les hiflodcns

grecs

&

romains , des' marches de leurs armécs,

de

leurs

voyages ,

&

de la di(lance des lieux ou fe foot paOés les

événemens qu' ils racontent ; fans cette connoillancc,

uous ne pourrons nous formcr aucune idée nette de l'é·

tenduc

d~s

aucie:lS cmpires, de celle des terres qui fai–

lo:e<lr Ia richelfc de< pnrticoliers, de la grandeur des vil–

les , nt de celle des batimens les plus célebres. L es in–

llrumens des arts, ceu x de 1'Agriculture, les armes

les

machines de guerre, les

vaiffeau~,

les galerts, la p;rtie

de l'amiquité la plus intéreffante

&

meme la plus otile

celle qui regarde l'écono:nique , tnut en un mot

devien!

~ra

pour nous une éni¡;me ,

(j

nous ignorons la' propor–

IJOII

de leurs

mefrtru

avec les nótres .

L es

mefrtreJ ereufu,

ou celles des fluides , font liées

avec les

mefrtru

lungun;

la connpiffance des poids elt

l<ée. de meme avec celle des

mefureJ crcufo

ou de ca–

pacité ;

&

fi

l'on ne rapporte le poids de leurs monnoies .

ii

celui des nó tres , il ne fera pas

pollibl~

de fe former

une idée tant foit peu exaéfe des mceurs des

~nciens,

ni

de comparer leur richelfe a

ve

e la nótre.

Cette contidér3tion a porté un tres-grand nombre d'ha:

biles gens des deux deruiers tiecles ,

a

travail ler fur eme

mariere, lis ont ramaffé avec beaucoup d'érudition, les

palfages des

ancien~

qui concernent les divitions

&

les

fubdiv ilions des

me{ttrer

ufitées daos l'antiq uité. lis ont

m~me rnar~ué

Coi¡¡ncufe<'nent la prop->rtiou qui fe rrou–

VO<t entre d<verfes

mcfrtrer

des G recs , des R omains

&

des na¡ions barbares. Mnis comme plufieurs ne nous ont

poim donné

le rappoq de ces

mef uru

3\'ec les nórres,

leur valeur ne nous

efl

pas mieux connuc ; il ell vni que

quelques-uus ont dércrminé ce rappon ; mais- ils l'onr fait

avec li peu de folidíré, que lel é valuations qui réfultent

de leurs hypothi:fes rendent incro yables

les cha fes les

plus

nat~relles,

paree que daos leurs calculs, les villes,

les pays,

les mooumens ,

l~s

ioflrumcns des arts,

&c.

devieonent

1_1ne

~randeur

excellive . C' efl dommage

qu'ou ne pu<!fe excepter de ce nombre le C.tvam Edouard

Bernard, daos fon livre

de

pond-ribuJ

&

menfr~riJ,

&

rnoins encare le fameux do8 enr C umberland, morr en

1708

éveque de Pctersborou¡¡_h . 11

n'a manqué

ii

M .

Gré3ves , dans Con excellent l<vre écrit en a11olois , fur

1

le pié ror¡1ain, que de n'avo¡r pas étendu fes ;echerchef

aulli loin qu'il étoit capable de le faire .

·

Cepeo·

1