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VOYAGE
a
l' étroit passage, et retombant lourdement, elle emplit
l'embarcation qui coule avec ses passagers inondés. Une
seconde lame arrive, sans leur donner le temps de respi–
rcr; poussé par elle, le canot va se percher en travers
sur les roches; s'il atteod une troisieme lame, il y sera
infailliblement brisé. Nos jeunes gens ne l'attendent
pas. Les plus agiles sautent
a
l'eau, et , tout trempés,
gagnent la rive. Le canot allégé obéit alors aux efforts
des rameurs. Il flotte, il s'éloigne et la lame déferlant
pres de lui n 'a pu luí envoyer que des fl ots d 'écume.
L'embarcation était sauvée du naufrage, mais ses pas–
sagers, mouillés jusqu 'aux os, ne songeaient plus aux
douceurs d'une promenade
a
terre. Rentrer
a
bord le
plus vite possible pour changer de vétements et se repo–
ser, devint leur seule préoccupation en ce moment. 11
fallait pourtant reprendre au rivage ceux qui, en quittant
l'embarcation , s'étaient dévoués pour le salut commun.
Comment faire? il n 'y avait pas d'apparence qu'on put
franchir le mauvais pas d' ou l 'on venait de se tirer avec
tant de peine. Heureusement un meilleur passage fut
indiqué
a
nos voyageurs par les signes des· naturels ac–
courus sur la plage ; n le prit, tout le monde se rem–
barqua et on regagna la corvette aussi gaiement qu 'on
l' avait quittée .
L'épisode avait, en effet, son coté plaisant. Le danger
passé, chacun pouvait rire de son voisin, qui le lui ren–
dait; car chacun, daos cette scene
a
moitié grotesque,
venait de jouer son role d 'une
fa~on
fort naturelle.