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VOYAG-E
et toute l'attenlion des voyageurs se porta sur cetle
nouvelle apparition. C'étaient les pirogues légeres qui
venaient rendre visite aux arrivants. Leurs formes sveltes
et allongées, le balancier qui seul les tient en équilibre
sur les flots, l'adresse des bab*s nageurs qui les con–
duisaient, furent remarquées avec d'autant plus de plai–
sir, que tout cela se rapportait parfaitement
a
ce que
chacun avait lu. C'étaient bien ces embarcations détrites
dans les relations de voyage; rien de changé jusque-la
dans les habitudes du pays. Quand elles accosterent Je
batiment; quand monterent
a
bord les insulaires' nus
comme au temps de Cook, sans autre ajustement que
le maro traditionnel ,
il
ne resta plus aucun doute; les
Sandwichiens étaieni bien les memes; la civilisation n 'a–
vait pas altéré Jeur type originaire.
Cependant, on remarqua qu'il n 'y avait pas une
femme sur les pirogues . Ces nymphes de la mer, qui se
jouaient comme une troupe de Néréides autour des vais–
seaux des premiers navigateurs, étaient restées
a
terre
cette fois. Pourquoi cette réserve si contraire
a
leurs
ancien nes habitudes? Les hommes eux-memes, malgré
leur tenue de sauvage , ne venaient plus en maniere de
salut, écraser leur nez sur le nez de nos voyageurs . Us
prodiguaient
a
la ronde les poignées de main' selon la
mode anglaise et affectaient des airs de gentleman. Ce
fut bien pis quand il fut question d' échanges. Ils avaient
apporté du taro , des bananes, des patates et autres ra–
fraichissements a idement recherchés par les marins