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A
1
tommerce: les Grecs ne les ont poínt difríngnés des
Phéniciens. Leurs villes principales étoient Hébron,
Béthel
Sichem
&Jébus, qui dans la fuite fut appel-
1
e
¡ ¿,;_¡atem.
Ceux qui pénétrerent daos l'intérieur
des terres , trouverent des provifions abondantes
dans les produél:ions de leurs champs. Ils avoient
quelques viUes murées; mais leu: penchant _pour
~a
vie nomade en fit un peuple de bngands,
qm
neve–
cut que de fes larcins
&
du bétail qu'il conduifoit
avec luí. Les
diff~rentes
tribus qui compofoient la
nation , quoiqu'indépendantes les unes des autres,
avoíent entr'elles une alliance fédérative qui affuroit
leur liberté réciproque;
&
toutes s'armoient ponr la
défenfe commune contre les invaíions de
1
étranger.
Il femble que leur coníl:itution ait été le modele du
gouvernement des Suiífes. L'amour de la liberlé fut
une vertu nationale ; mais plutot un fentiment aífez
général alors parmi. t<?11s les
pet~ples.
Ils
n'avoie~t
point de maitre , ma1s 1ls
;efpe~o~en~
des chefs qm ,
fubordonnés comme eux
a
la lo1, etOient comptables
de leur conduite
a
la nation. Tout peuple li.bre eft un
peuple belliqueux; auffi voit·on que les
Cananéens
fe
fervoient avec avantage de toutes fortes d'armes
&
fur-tout de charriots armés, dont les Egyptiens leur
avoient appris l'ufage. Leur exceffive population les
obligea de fe
répan~re
dans !a
~yrie,
&
d~ns
cette
panie de l'Egypre qm efr
con,tigt~e
a
1
Arabte. Cette
émigration a peut-etr,e donne na1ífanc.€
a~n~
paíl:eurs
Phéniciens, que Manethon aifure avo1r ete les
CQn–
quér ns de l'Egypte.
Le
Canan8ens
fe plongetent de bonne heure dans
l'abomination d'une groffiere idolatrie.
11
paroit que
€e fut chez.les Chaldéens qu'ils puiferent leurs erreurs
&
leurs rites {acrés; mais ils allerent bientót plus loin
que leurs maitres.
~e
légipateur des Hébreux, fcanda–
Iifé de leur culte
mf;
nfe, ordonna de couper leurs
bois facrés d'abattre leurs autels
&
leurs íimulacres;
ce qui femble indiquer qu'ils n'avoient point de tem–
ples , puifqn'ils ne
fure~t
point
enveloppé~
dans la
profcriprion. Leur_s
relat~o?"s
av
e-e les Egypt1ens
leu~
infpirerent une hame
op1~uatre
cont.retou~
ceux qm
fe nourriifoient de la cha1r de
certamsammaux~
Le
fcandale de leurs cérémonies & leur doB:rine licen–
tieufe firent germer chez eux tous les vices,
&
arti–
rerent
fur
leurs tetes les vengeances céleftas, daos le
tems qn'Abraham vint s'y établi:
a
vecLoth fon neveu.
La vallée de Siddim , ou les villes de Sodome
&
de
Gomorrhe étoient fituées, venoit d'etre envahie par
Kodor-Loamer, roi d'Elam. Les habitans, trop fiers
pour fléchir fous. '!n maitre,
pr~re~t
les.
ar~es,
&
leur défaite hum1ha leur orguell repubhcam. Loth
fut du nombre des prifonniers.
~~raham_,
iníl:ruit de
fa détention, s'arrne pour le dehvrer; tl remporte
une viB:oire éclatante, & rompt les fers des priton–
niers. Ce
fttcc~s
, qui ne devoit intéreífer que la re–
connoiffanc.:e des
Cananéens
envers le dieu des ba–
tailles
les eni vra d'un fol orgueil,
&
leurs mrettrs
'
•
1
rlevinrent encore plus corrompues. Les tmpuretes
les plus fales n'emprunterent plus de voile pour ca–
cher leur difformité rebutante, Tant d'exces provo
querent les vengeance_s divines ; quatre villes furent
détrnites par une plme de foufre
&
de feu. Cette
vallée , autrefois fertile
&
peuplée , ne fut plus
qu'un lac bitumineux
&
un défert.
Dans la fu1te, les
Cananéens
refuferent
a
Mo!fe un
paifage
f~1r
leurs
terr~s
..
e~
refus fut puni par
~es
ra;
vages qu1 t;,e furent rep.nmes que p_arun ordre
eman~
de Díeu meme. Og, ro1 de Bafan, tmplacable ennemt
des Juif
avoit alors plus de foixante villes fous fa
dominati~n.
Ce prince nous efrdépeint comme un fier
géant, dont le lit de fer avoit neuf co:tdées de lon–
aueur : fa force
&
fes richeífes ne fervtrent qu'a re–
lever la gloire des Hébreux qui le vainquirent dans
un combat o\1 il fut tué.
Tome JI.
CAN
Jofué, apres la mort de Mo1fe, rentra dans la
terre de Canaan, ou, par l'ordre de Dieu,
il
porra
le fer
&
la,
fl~m~e.
Ceux
?es
habitans qui fu..
rent aífez temeratres pour
ltn
oppofer de la
réíi~
fiance , expirerent par .le glaive. Les merveilles
opérées pendant íix ans par ce faint conduB:eur des
Hébreux , íe lifent dans nos livres facrés. Une
partie des
Cananéens
qui avoient furvé cu au carnage
de leurs concitoyens, fe réfugia dans la baífe Egypte,
o\t ils fonderent une nouvelle monarchie. Aptes leur
difperfion, le pays fut occupé par une race d'hom–
mes barbares, connus fous le nom
d'Anikins,
qui fut
exterminée par les Ifraélites. L'amour de la patrie
ra~pella
plufieurs fugitifs qui s'en ' toient eux-memes
extlés. Ces calamités, qui devoient
le~
abattre, ne
purent les détruire ;
&
dix ans
apd~s,
on les voit re–
pr~ndre
leur fupériorité fur les Hébreux , qu'ils ré–
dutíirent en efclavage. Dieu te>uché de l'humiliation
de fon peuple, fufcita une femme forte ; nommée
D ébvra,
qui confondit l'orgueil des tyrans des Hé–
breux. ? érufalem fut affiégée
&
prife par David; les
Cananeens
eurent enfuite une guerre fanglante
a
fou–
tenir contre le roi d'Egypte , qui détruifit la ville de
Jefer, dont tous les habitans furent paili' s a
u
fil
de
l'épée. Salomon, fortifié du ftcours des Egyptiens,
les rangea fous fa domination
:'il
eft
a
préfumer qn'ils
embraíferent pou-r la plupart la religiou juda!que; tnal–
gré leur docilité, ils furent exclus des dignites de l'é–
tat, ils ramperent dans les fonél:ions les plus abjeél:Bs.
Salomon les employa
a
la confiruél:ion des fuperbes
monumens qui ont immortalifé la gloire de fon regn(l.
Les Moabites, peuples de la terre de Canaan
~
defcendoient de Moab, né du commerce incefrueux:
de Loth avec fa filie ainée.
Ils
habitoient fur les mon–
tagnes qui fervent de barriere
a
lamer Morte. Leur
pays pouvoit avoir quarante lieues en longueur
&
autant de targeur. Les uns les placent dans l'A.rabie,
&
les autres dans la Célé-Syrifi : leurs montagnes
dominoient fur des plaines fertiles
&
fur de riches
prairies, oit s'engraiífoient de nomhreux troupeaux..
La poífeffion leur en fut donnée par Dieu meme,
qui défendit aux Hébreux de leur enlever cet héri–
tage. Cette défenfe ne fit que des ptévaricatel\rS. Les
Moabites íouvent attaqués, oppoferent
une
vlgou–
reufe défenfe ;
&
forcés de vivre daos un état de
guerre, ils fe formerent, par une longue expérience:;'
dans l'art des combats. Ils proñterent de la foibleífe
de l'empire romain qui penchoit vers fa ruine, pour,
faire des conquetes;
&
apres avoir été opprimés,
ils
furent ufurpateurs
a
leur tour'
&
ils e'nvahirent tout
le pays qui appartenoit aux
tribus
de Ruben
&
de
Gad.
Il paroit que ce peuple n'étoit qu'une fociété de
paíl:eurs,
q~i
n'avoit d'autres richeífes que fes trou–
peaux. C'eíl: dans nos livres faints qu'il faut chercher
les traits qui les caraaérifent: c'eft
la
que nous ap..
prenons qu'ils avoient la circoncifion en hoPreurc.
Ce fut une des principales raifons qui fit defendre
aux Juifs de s'allier avec eux. lls étoient gouvernés
par des rois qui n'étoient proprement que les exé–
CHteurs des ordres de la nation ; Gar les rois de ces
nations n'étoient a1ors que de fimples chefs de pa–
fteurs. Loth leur avoit donné des id' es faines fur
1<! religion ; mais l'ignorance ou ils vivoient plon–
gés , les entraina vers l'idolatrie ; Baal- Peor de–
vint l'objet de leurs adorations,
&
ils luí renc.lirent
le mem,e culte qu'on rendoit
a
Priape. Leurs
céré~
monies n'étoient que des obfcénités, qui manifeílen&
que ces peuples éroient brftlés des feux de l'impurec
té. lls avoient encore deux autres divinités privilé...
giées; Chemos,
a
qui ils offroient de la fiente
&
tou.t
ce qu'il y avoit de plus fale;
&
Nebo, qu'ils avoient
emprunté des Babyloniens ,
&
qu'on croit
etre
1
meme que le Mercure
des
Grecs.
Bb