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3·42

C H

I

les lum!erts ele notre fainte religion, a fait paí!'er

'<fans ces.grandes & riches contrées.

.

11 eíl vrai

q~•e

Budée, Thomalius, Gundlmg, Heu–

rnann & d'autres écrivains dont les h¡mieres font

ce quélques poids, ne nous peignen_t pas les

Chinois

en beau · que les autres mdTionnarres ne font pas

d'accord'fur la grande fageffe de_ces peuples, avec

·-les mi1Iionnaires de la compagme de Jefus, & .que

ces derniers ne les ont p¡¡s meme rega.rdé tous d 'un

ail également favorable;

.

,

.

Au milieu de tant de temo•gnage.s oppofes, 1l fem–

hleroit que le {eul moyen qu'on et1t de découvrir la

vérité

ce feroit de juger du mérite des

Chinois

par

celui de leurs produél:ions les plus vantées. Nous en

cav

ons

pluíieurs colleilions; mais malheureufement

-on

e.íl

peu d'accord fur l'authenticité des livres qui.

c ornpofent ces colleéEons: on difpute fur l'exaél..i–

tude des traduilions qu'on en a faites,

&

l'on ne ren.–

.contre que des ténebres encore fort épaiffes, du co-

meme d'otl l'on étoit en droit d'attendre quelques

traits de lurniere.

La colleilion publiée a París en 1687 par les PP.

Intorcetta , Hendrick, Rougemont,

&

Couplet,nous

préfe.nte d 'abord le

ta-hio

ou le

ftienúa magna,

ou–

vrage de Confucius publié par

Cem~u

un de fes dif,..

ciples. Le philofophe

Chinois

s'y eíl propofé d'inf–

truire les maitres de la terre daos l'art de bien gou–

verner, qu'il renferme daos celui de connoitre

&

d'acquérir les qualités·néceffaires a un fouverain' de

fe commander a foi- meme' de favoir former fon

confeil & fa cour, & d'élever fa famille.

Le fecond ouvrage de la colleilion, intitulé

chum–

yum

>

ou

de medio fimpiterno,

ou

de mediocritate in re–

bus omnibus tenuzda,

n'a ríen de li fort fur cet objet

qu'on ne ¡>Ut aifément renfermer daos quelques ma–

:rirnes de Séneque.

Le troiíieme eíl un recueil de dialogues

&

d'apoph–

tegmes fur les vice

s , l

es vertus , les devoirs ,

&

la

bonne conduite : il

e.í

l iotin1lé

lun-yu.

On trouvera

a

la fin de cet article, les plus frappans de ces apoph–

tegmes, fur lefquels on pourra apprétier ce troifie–

.me ouvrage de Confucius.

Les favans éditeurs avoient promis les écrits de

Mencius, philofophe

Clzinois;

& Franc;ois Noel

mif–

fionnaire de la meme compagnie , a fatisfait en ;

71 1

a

cette promeffe en publiant íix livres claliiques

Chi–

nois,

entre lefquels on trouve quelques morceaux de

Mencius. Nous n'eotrerons point dans les dilférentes

conte.ílations que cette colleél:ion & la.précédente o nt

excitées entre les érudits. Si quelques faits hafardés

par les éditeurs de ces colleél:ions ,

&

démontrés

-.faux par des

fa_vans

Européens, tel, par exemple

que celui des

tabl.es aílro

oomiques do nnées pol!I ad–

theotiquement

C hinoif.es,

& convaincues d'une cor–

reilion faite fur celles de Ticho, font capables de jet–

ter

_de~ foup~ons

dans les efprits fans partialité; les

-mOJos unpa;ruaux

ne pe

a':'e!lt non plus (e cacher que

les adverfaites de

c.es

perubles collefuons ont mis

bien de rhumew: & d'? la_pailion

da~s

leur critique.

La chronolog1e

C!Uaoije

.ne peut etre iocer.taioe

fans que la premiere 'origine de la philofophie che;

les

Chinois

ne le foit auíli. Fohi efl: le fondateur de

l'empire de la Chine,

&

paffe pour fon premier phi–

lofophe.

1~

regna en l'an 2954 avant la na.iffance de

Jefus-Chnfi. Le cyde

Cllinois.

commence l'an 2647

avant

J~fus-Chriíl,

la huitieme année du regne de

HoangC.

Hoa~gti

eut pour prédéceffeurs

Fohi

& Xi–

~ung.1 ~Lft-:c•

rcgoa 110, celui-l

a 140; ma

is ,en fui–

C~~fi

e Y

be~e

duP. Pe¡au, la

naiífan

.ce de Jefus–

_¿

1

t~m

e an du monde 3889, & le déluae l'an

u mon e

1

6)6: d'ot¡ il s'enfuit que

Fohi

a."regné

.quelques íiecles avant le de' l

&

,. 1

e:

.aba -'·

1

uge;

qu

1

. aut ou

nu..onner_ a_chronologie des livres facrés , ott

J::elle des

C/zinotS.

Je ne crois pas qu'il

y

ait

a

choift.r

C H I

ni polir un Chrétien ,

ni

pour un Européen fenfé •

qui, lifant dan&l'hiíloire de

Fohi

que fa mere en de:

vint enceinte par l'arc•en-ciel, & une infinité de con.

tes de cene force, ne peut guere rega rder fon

r~gne

comme une époque certaine, malgré le témoignage

unanime d'une ncition.

En quclque tems que

Fohi

ait regné, il parolt

avoir fait dans la Chine plutot le role d'un Hermes

ou d'un Orphée, que celuid'un grand philofophe ou

d'un favant théologien. On raconte de lui qu'il in–

v enta l'alphabet & deux inílrumens de mufique l'un

a vingt-fept

~ordes

& l'autre a trente-íix. On

a'

pré–

tendu que le

livreye-kim

qu'on luí-attribue, come–

no!~

les

f~crets_les p~us pr~f~n_d~

; & que les peuples

qu tl avo1t rafiembles & CIVthfes avo1ent appris de

luí qu'il exiíloit un Dieu , & la maruere dont

il

vou–

loit e tre adoré.

Cetye-kim

ell:

le troiíieme de

l'u-kim

ou du recueil

des livres les plus anciens de la Chine. C'eft un com–

pofé de lignes entieres & de lignes ponfruées, dont

la combinaifon donne foixante-quatre figures diffé–

rentes. Les

Clúnois

ont reoardé ces figures cornme

une hifioire emblématique"'de la nature, des caufes

de fes phénomenes, des fecrets de la divination,

&

?e je oe fai combieo d'autres belles connoiífances,

¡ufqu'a ce que Leiboitz ait déchiffré l'énigme,

&

rnon–

tré a toute cette Chine

1i

pénétrante, que les deux

li–

gnes de Fohi n'étoient autre chofe que les élémensde

l'arithmétique binaire.

V.

BINA1RE.

11 o'en faut pas

p·ottr cela méprifer davantag.e les

Chinois ;

une na–

tion tres-éclairée a pt• fañs fucces & fans deshon.

oeur chercher pendant des liecles entiers , ce

qu'tl

étoit refervé a Leibnitz de décou

vrir.

L'emperettr Fohi tranfmit a fes fucceffeu.rs fama–

niere de philofopher. Ils s'attacherent tous

a

perfec·

tionner ce CJ?'il pille pour avoir commencé, la [cien–

ce de civiliter les peuples, d'adoucir leurs mreurs,

& de les accoutumer aux chaines utiles de la [ocié–

té. Xin-num fit un pas de plus. On

re~m

de luí des

préceptes d'agriculture, quelqu

es connoilfa.

nces des

plantes, les premiers eífais de la medecine.ll eíl tres–

incertain íi les

Chinois

étoiem alors idolatres, athées,

ou déi.íles. Ceux qui prétendent démontrer

qu'ils

admettoient l'exi.ílence d'un D ieu tel que nous l'a–

dorons, par le facrificc que fit Ching-tang dans un

tems de fa mine, n'y regardent pas d'aífez pres.

La philofophie des fouverains de la Chine paroit

avoir été lo og-tems toute politique & morale,

~en

juger par le recueil des plus be!les maximes des rois

Yao, Xum,

&

Y u:

ce recueil eíl intitulé

u-kim;

il

ne contient pas feulement ces maxirnes: elles ne for–

ment que la matiere du premier livre qui s'appelle

xu-kim.

Le feco nd livre ou le

x-y-kim

efi une collec·

tio n de poemes & d'odes morales. Le troilieme efr

l'ouvrage linéaire de Fohi dont nous avons parlé.

Le quatrieme ou le

chrun-cieu,

o u le printems &l'au·

tomne, eft un abregé hi.ílorique de la vie de

pluf•e~rs

princes, ou leurs vices ne fom pas déguifés. Le cm·

quieme 011 le

Li -ki

eíl une efpece de rimel ou

l'o~

a joint

a

l'explicatio n de ce qui doit etre obfer:'e

daos les cérémonies profanes & facrées, les devotrs

des hommes en tout éta.t, au tems des rrois farn•lles

impériales,

Hia , Xam,

&

Chw.

onfucius fe van–

toit d'avoir puifé ce qul\1 connoiffoit de plus fage

dans les écrits des anciens rois

Yao

&

Xun.

L'u-kim

eíl a la Chine le monument littéraire le

plus faint, !e plus facré, le plus

a~the~tique,

le

plus

r~fpeél:e.

Cela ne l'a pas nús a l abn des corn–

mentarres; ces hommes daos aucun tems , cbez au–

cune nation, n'om ríen laill'e d'inraa. Le commen·

tairl! de

l'u-kim

a formé la

colleilionfu-xu. Lefu-xli

efi tres-efiimé des

C!zinois

.- il comient

leftientiama–

gna.

:~

le

mediUJTJ.

flmpiurnum

:~

les

raúotinantiur~Jv­

mones ,

&

l uv rage de Mencius

de narura, monbUJ'

ritibus,

&

Ólficiis.