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E T R

moient exceffivement Jes combats

&

la cliafl"e

a

la courre

&

au faucon. Les hiftoriens nous apprcnnent qu'ils

regardoient la mufique comm: un prffent divin_; c:e!l:

pourquoi dans !curs compofic10ns on voit ordinaire–

ment des chaiTeurs, des combattans, des muficiens

&

des guerriers , couverts de cafques, de cuiraffes

&

de

bocces de fer. L'on affure que les

Etrufques

invente–

rent,

1'.

les combats fanglans des gladiatems; z'. la

danfe;

3°.

Jes tetes

a

double face; celles que celles

de J anus , pour defigner allegoriquement k

-

&

)e

prffent,

OU

les differens ages

&

Jes differences Con–

noiffances de l'homme; !'on croit aum qu'ils

inven–

terenc Jes ceremonies d'expiation

&

de purification ,

for-tout celles pour

fe

purger des crimes horribles de

beftialice,

&c.

qui ecoienc affez communs parmi eux.

Ce meme peuple reprclfentoit prefque touces Jes divini–

tes avcc des ailes , pot1r marquer leur aC\:ivice. Les

Tofcans ornoient leurs cruches, leurs foucoupes

&

Jes

cornes, qui leur fervoient; ainfi qu'a tous Jes peupks,

de taffi:s pour boire, en

y

gravant !'image des <lieux,

des heros ,

&c.

M. de Ca·ylus obferve que !'on voic

tres-rarement des joueurs de flute peints fur Jes mo–

numens des

Etrufques.

Dans Jes commencemens, ils

reprffentoient leurs figures a-peu-pres comme celles

des Egyptiens , c'efl:-a-d1re , roides , avec Jes bras

&

Jes jambes accolles , prefque fans mouvement. Leurs

draperies etoient fans plis,

OU

d"u moins elles en avoient

peu. La tete de leurs figures avoit Jes cheveux tref–

fes ·; mais dans la fuite, ils detacherent Jes bras

&

Jes

jambes de leurs figures fondues en bronze, peintes au

fculptees; en un mot, ils donrrerent du mouvement,

cle la force

&

de la grace

a

kurs compoficions. L es

vafes des

Etrufques

ant pour l'ordinaire le fond de leur

couleur uniforme , noire ou rou{fe;

ils font modeles

a-peu-pres a-vet autant de fain que nos porcelaines des

lodes. Les·Etruriens n'employoient pour peindre Jeurs

vafeS> que trois ou quatre couleurs terreufes , mifes

a

plat comme celles des Chinois, fans degradation de

coloris : ils favoient compofer des emaux de ditferentes

couleurs, pour embellir Jeurs vafes de tcrre cuite. Sou–

vent ils emportoient certaines parties du vernis au d'e–

mail avec des inftrumens particuliers ,

&

ils ajoucoient

enfuite· le blanc, le

rouge au

le noir pour tracer le

eontour, ou pour di!l:ingucr leurs figures

&

pour for–

mer des ornemens. Ordinairement le vafe efl: d'une

couleur noire,

&

toutes Jes

figures

&

tous Jes orne–

mens , font au totalement rouges ou de quelqu'autre

coultUr,

rehaulTee avec de la craie blanche. Q?elque–

fois

Ja

cete, Jes mains , les pieds, font incarnats ;

&

les valles man.teaull des figures de leurs afl:relogues font

ou bfancs au de quelqu'autre couleur. Au centre du

vafe, ils imprimoient une rofe, ou une marque de la

fabrique. L'on a trouve dans Hcrculane quantite de

grands .

&

Ile petits tableaux de cette efpece, peints en

monochromes , c'eft-a-dire, en camayeux d'une feule

o;:ouleur, au peints avec dcux ou trois coulturs: mais

ces camayeux d'Herculane forent peints par des Grecs.

L'0ri

a-

encore trouve plufieurs beaux vafes

itrufques

&

un.e gmnde table de manbre pour Jes libations que

devoient faire !es juges avant que d'examiner Jes pro–

ces. Cetr'e t>able- pone une infcripcion

itrufque,

done on

trouvern le derail

&

!'explication dans Jes

Lettres

quc

M. Seigneux de Correvon a fait imprimer

a

Yverdun

fur Jes decouvertes d'Herculaoe.

Nous oroyons que les·perfonnes qui aiment Jes beaux

arts, liront avec plaifir au fujet des

Etrufques,

!es ob–

fervations fuivantes, que nous avons extraites du tres–

favanc ouvrage qui a pour titre,

Hijloire de

l'Art

chez

Tes dnciens,

par M.

J.

Winckelmann,

a

Amfterdam,

chc-z Jes Harrevclt, 1766,

z vol.

in-8°. Cet auteur

admire par Jes vrais favans , a confacre le chapitre troi–

fieme de fon premier volume , a nous demontrer par

des faits , ce qu'etoit !'art chez Jes

Etrufques

&

chez

leurs voifins.

Il

divife ce chapitre· en trois feetions :

clans la premiere, ii decaille !es connoilfances neceffai–

res pour bien apprecier )'art des

Etrufq!fes.

Dans la fe-

ETR

Conde feClion , iJ traite de !'art meme chez

CC

peupJe ,

ii detaille fes caraC\:eres, leurs fignes,

&

Jes

d\fferen~

tcs epoques de ctt art. La troifieme fetl:ion ne rappdle

que Jes faits qui interdfent !'art des pcuples voifins des

Etrufques.

Dans la premiere feClion, qui concerne Jes connoif–

fances

necciT~ires

pour bien apprecier !'art_des

Etruf

ques,

M. Winckelmann examine dans l'amcle premier

ks circonftances exterieures

&

Jes caufes des caracreres

particuliers de !'art

ilrufque

;

clans le fecond article

ii

traite de !'image des dieux

&

des heros

etrufqtteJ

;

~n­

fin dans

le troifieme article , cet auteur

indique les

ouvrages !es plus remarquables de )'art de ce people

fingulier.

Dans !'article premier , qui concerne Jes caufes ex–

terieures qui ont concribue ou nui aux progres de !'art

itrufque ,

M . Winckelmann admet pour premiere caufe

qui a favorife l'art de cc peuple,

1°.

la liberte: ii ob–

ferve tres-judicieufement que la forme du gouvernement

influe effentiellement fur Jes arts

&

fur Jes fciences de

tous Jes peoples: par exemple, la liberte dont jooif–

foient !es

Etrufques

en vivant meme fous leurs rois ,

permit

a

l'art

&

aux artiftes de s'elever a la perfeCl:ien,

parce que ks rois Tofcans n'etoirnt pas des defpotes,

le titre de roi ne defignoit chcz eux qu'un fimple ge–

neral d'armee ,

OU

bicn un gouverneur particuJier qui

ecoic elu annuellement par ks ecats generaux. Toute

l'Ecrurie ecoit divifee en douze provinces : elle ecoit

par confequent un etat arifl:ocratique, regi par douze

chefs qui avoient au - deffus d'eux un furveillant au

un cenfeur amoviele ' qui etoit auffi elu par le corps

total de la nation. Les

Etrufques

etoient fi jaloux de

leur liberte

&

fi ennemis de la poilfance royale defpo–

tiq ue

&

inamovible, qu'ils mepriferent

&

devinrent

!es ennemis des Ve'iens, lorfque au liel!l d'un chef an–

nuel, ils eluront un roi. Dans le 1v•. fiecle de la fon–

dation de Rome, its etoient par la meme raifon natu•

rdlemrnt ennemi-s des premiers habitans de Rome,

&

le peuple Romain ne put empecher !es

Etr11fq11es

de

s'allier avec fes voifins da·ns

la guerre marfique, qu'en

accordant aux Tofcans le droit de cicoyen Romain.

La feconde caufe des progres des arts chez les

Etruf–

ques

,

fut

le

commerce fur cerre

&

fur mer. Paufanias

die que ce peupk s'allia d'abord avec Jes Pheniciens

qui etoient pour lors

le peuple le plus ingfoieux :

Jes

Etrufques

ltmr fourniren\ une flocre pour combame

Jes Phoceens. H erodote clit que les

Etrufques

eurent

plus d'intimite avec•les Carthaginois q.u'avec !es Grecs;

ils fournirent aux Carthaginois une armee navalc qui

fut battue par Hieron, devant la ville de Syracufe.

Les

Etrufques

eurent peu d'affinice avec Jes Egyptiens,

peuple exceffivement fombre

&

melancolique, qui de–

tell:oit la mufique

&

la poefie , que les

litrufques

ai–

moient

a

la folio, parce qt1'elle !es gueriffoit en par–

tic de la

p~tite

dofe de trill:effe ou d'auophie qui leur

ecoit naturelle. L'etendue du commerce des

Etr11fques

rfforma Jeurs mceurs,

&

par la comparaifon des ob–

jets , ii perfetl:ionna leurs calens naturels pour Jes arts.

La troifieme caufe excfrieure du progres des arts chez

res

Etrufques ,

fut la gloire

&

!es recompenfes qui font

neceffairement affetl:ees dans Jes

republiques aux per–

fonnes qui

fe

difl:inguent dans leur etat par kurs talens

au par leur vertu.

La caufe interieure des progres des

Errufq11udans

ks

arts , fut Jeur genie au Jeur tcmperammenc ; 11 fut la

fource du caratl:ere di!l:intl:if de kurs ouvrages. M.

Winckelmann obferve que Jes

Etrufques

n'atteig.nirent

cependant jamais dans les arts le point de

~er~ection

ou

parvinrent Jes Grecs-, parce que Jes Grccs eto1ent natu–

rellement moins bilieux que

k sEm!fques.

A_ri~oteobfa~e

que Jes perfonnes melancoliques lone;. ordma1rement re–

veufes, propres aux forces

meditations.~

aux recherches

profondtis: mais de tels hommes ont cou1ours eu

&

auront

Ctrrnellement des fentimens outres

&

exceffifs. Le beau,

c'e!l:-a-dire

les douc6s em0tions quo c·aufent Jes for–

mes !es

pl~s

naturelles fur des ames-

_delicaccs

&

fen~