852
E T R
moient exceffivement Jes combats
&
la cliafl"e
a
la courre
&
au faucon. Les hiftoriens nous apprcnnent qu'ils
regardoient la mufique comm: un prffent divin_; c:e!l:
pourquoi dans !curs compofic10ns on voit ordinaire–
ment des chaiTeurs, des combattans, des muficiens
&
des guerriers , couverts de cafques, de cuiraffes
&
de
bocces de fer. L'on affure que les
Etrufques
invente–
rent,
1'.
les combats fanglans des gladiatems; z'. la
danfe;
3°.
Jes tetes
a
double face; celles que celles
de J anus , pour defigner allegoriquement k
-
&
)e
prffent,
OU
les differens ages
&
Jes differences Con–
noiffances de l'homme; !'on croit aum qu'ils
inven–
terenc Jes ceremonies d'expiation
&
de purification ,
for-tout celles pour
fe
purger des crimes horribles de
beftialice,
&c.
qui ecoienc affez communs parmi eux.
Ce meme peuple reprclfentoit prefque touces Jes divini–
tes avcc des ailes , pot1r marquer leur aC\:ivice. Les
Tofcans ornoient leurs cruches, leurs foucoupes
&
Jes
cornes, qui leur fervoient; ainfi qu'a tous Jes peupks,
de taffi:s pour boire, en
y
gravant !'image des <lieux,
des heros ,
&c.
M. de Ca·ylus obferve que !'on voic
tres-rarement des joueurs de flute peints fur Jes mo–
numens des
Etrufques.
Dans Jes commencemens, ils
reprffentoient leurs figures a-peu-pres comme celles
des Egyptiens , c'efl:-a-d1re , roides , avec Jes bras
&
Jes jambes accolles , prefque fans mouvement. Leurs
draperies etoient fans plis,
OU
d"u moins elles en avoient
peu. La tete de leurs figures avoit Jes cheveux tref–
fes ·; mais dans la fuite, ils detacherent Jes bras
&
Jes
jambes de leurs figures fondues en bronze, peintes au
fculptees; en un mot, ils donrrerent du mouvement,
cle la force
&
de la grace
a
kurs compoficions. L es
vafes des
Etrufques
ant pour l'ordinaire le fond de leur
couleur uniforme , noire ou rou{fe;
ils font modeles
a-peu-pres a-vet autant de fain que nos porcelaines des
lodes. Les·Etruriens n'employoient pour peindre Jeurs
vafeS> que trois ou quatre couleurs terreufes , mifes
a
plat comme celles des Chinois, fans degradation de
coloris : ils favoient compofer des emaux de ditferentes
couleurs, pour embellir Jeurs vafes de tcrre cuite. Sou–
vent ils emportoient certaines parties du vernis au d'e–
mail avec des inftrumens particuliers ,
&
ils ajoucoient
enfuite· le blanc, le
rouge au
le noir pour tracer le
eontour, ou pour di!l:ingucr leurs figures
&
pour for–
mer des ornemens. Ordinairement le vafe efl: d'une
couleur noire,
&
toutes Jes
figures
&
tous Jes orne–
mens , font au totalement rouges ou de quelqu'autre
coultUr,
rehaulTee avec de la craie blanche. Q?elque–
fois
Ja
cete, Jes mains , les pieds, font incarnats ;
&
les valles man.teaull des figures de leurs afl:relogues font
ou bfancs au de quelqu'autre couleur. Au centre du
vafe, ils imprimoient une rofe, ou une marque de la
fabrique. L'on a trouve dans Hcrculane quantite de
grands .
&
Ile petits tableaux de cette efpece, peints en
monochromes , c'eft-a-dire, en camayeux d'une feule
o;:ouleur, au peints avec dcux ou trois coulturs: mais
ces camayeux d'Herculane forent peints par des Grecs.
L'0ri
y·
a-
encore trouve plufieurs beaux vafes
itrufques
&
un.e gmnde table de manbre pour Jes libations que
devoient faire !es juges avant que d'examiner Jes pro–
ces. Cetr'e t>able- pone une infcripcion
itrufque,
done on
trouvern le derail
&
!'explication dans Jes
Lettres
quc
M. Seigneux de Correvon a fait imprimer
a
Yverdun
fur Jes decouvertes d'Herculaoe.
Nous oroyons que les·perfonnes qui aiment Jes beaux
arts, liront avec plaifir au fujet des
Etrufques,
!es ob–
fervations fuivantes, que nous avons extraites du tres–
favanc ouvrage qui a pour titre,
Hijloire de
l'Art
chez
Tes dnciens,
par M.
J.
Winckelmann,
a
Amfterdam,
chc-z Jes Harrevclt, 1766,
z vol.
in-8°. Cet auteur
admire par Jes vrais favans , a confacre le chapitre troi–
fieme de fon premier volume , a nous demontrer par
des faits , ce qu'etoit !'art chez Jes
Etrufques
&
chez
leurs voifins.
Il
divife ce chapitre· en trois feetions :
clans la premiere, ii decaille !es connoilfances neceffai–
res pour bien apprecier )'art des
Etrufq!fes.
Dans la fe-
ETR
Conde feClion , iJ traite de !'art meme chez
CC
peupJe ,
ii detaille fes caraC\:eres, leurs fignes,
&
Jes
d\fferen~
tcs epoques de ctt art. La troifieme fetl:ion ne rappdle
que Jes faits qui interdfent !'art des pcuples voifins des
Etrufques.
Dans la premiere feClion, qui concerne Jes connoif–
fances
necciT~ires
pour bien apprecier !'art_des
Etruf
ques,
M. Winckelmann examine dans l'amcle premier
ks circonftances exterieures
&
Jes caufes des caracreres
particuliers de !'art
ilrufque
;
clans le fecond article
ii
traite de !'image des dieux
&
des heros
etrufqtteJ
;
~n
fin dans
le troifieme article , cet auteur
indique les
ouvrages !es plus remarquables de )'art de ce people
fingulier.
Dans !'article premier , qui concerne Jes caufes ex–
terieures qui ont concribue ou nui aux progres de !'art
itrufque ,
M . Winckelmann admet pour premiere caufe
qui a favorife l'art de cc peuple,
1°.
la liberte: ii ob–
ferve tres-judicieufement que la forme du gouvernement
influe effentiellement fur Jes arts
&
fur Jes fciences de
tous Jes peoples: par exemple, la liberte dont jooif–
foient !es
Etrufques
en vivant meme fous leurs rois ,
permit
a
l'art
&
aux artiftes de s'elever a la perfeCl:ien,
parce que ks rois Tofcans n'etoirnt pas des defpotes,
le titre de roi ne defignoit chcz eux qu'un fimple ge–
neral d'armee ,
OU
bicn un gouverneur particuJier qui
ecoic elu annuellement par ks ecats generaux. Toute
l'Ecrurie ecoit divifee en douze provinces : elle ecoit
par confequent un etat arifl:ocratique, regi par douze
chefs qui avoient au - deffus d'eux un furveillant au
un cenfeur amoviele ' qui etoit auffi elu par le corps
total de la nation. Les
Etrufques
etoient fi jaloux de
leur liberte
&
fi ennemis de la poilfance royale defpo–
tiq ue
&
inamovible, qu'ils mepriferent
&
devinrent
!es ennemis des Ve'iens, lorfque au liel!l d'un chef an–
nuel, ils eluront un roi. Dans le 1v•. fiecle de la fon–
dation de Rome, its etoient par la meme raifon natu•
rdlemrnt ennemi-s des premiers habitans de Rome,
&
le peuple Romain ne put empecher !es
Etr11fq11es
de
s'allier avec fes voifins da·ns
la guerre marfique, qu'en
accordant aux Tofcans le droit de cicoyen Romain.
La feconde caufe des progres des arts chez les
Etruf–
ques
,
fut
le
commerce fur cerre
&
fur mer. Paufanias
die que ce peupk s'allia d'abord avec Jes Pheniciens
qui etoient pour lors
le peuple le plus ingfoieux :
Jes
Etrufques
ltmr fourniren\ une flocre pour combame
Jes Phoceens. H erodote clit que les
Etrufques
eurent
plus d'intimite avec•les Carthaginois q.u'avec !es Grecs;
ils fournirent aux Carthaginois une armee navalc qui
fut battue par Hieron, devant la ville de Syracufe.
Les
Etrufques
eurent peu d'affinice avec Jes Egyptiens,
peuple exceffivement fombre
&
melancolique, qui de–
tell:oit la mufique
&
la poefie , que les
litrufques
ai–
moient
a
la folio, parce qt1'elle !es gueriffoit en par–
tic de la
p~tite
dofe de trill:effe ou d'auophie qui leur
ecoit naturelle. L'etendue du commerce des
Etr11fques
rfforma Jeurs mceurs,
&
par la comparaifon des ob–
jets , ii perfetl:ionna leurs calens naturels pour Jes arts.
La troifieme caufe excfrieure du progres des arts chez
res
Etrufques ,
fut la gloire
&
!es recompenfes qui font
neceffairement affetl:ees dans Jes
republiques aux per–
fonnes qui
fe
difl:inguent dans leur etat par kurs talens
au par leur vertu.
La caufe interieure des progres des
Errufq11udans
ks
arts , fut Jeur genie au Jeur tcmperammenc ; 11 fut la
fource du caratl:ere di!l:intl:if de kurs ouvrages. M.
Winckelmann obferve que Jes
Etrufques
n'atteig.nirent
cependant jamais dans les arts le point de
~er~ection
ou
parvinrent Jes Grecs-, parce que Jes Grccs eto1ent natu–
rellement moins bilieux que
k sEm!fques.
A_ri~oteobfa~e
que Jes perfonnes melancoliques lone;. ordma1rement re–
veufes, propres aux forces
meditations.~
aux recherches
profondtis: mais de tels hommes ont cou1ours eu
&
auront
Ctrrnellement des fentimens outres
&
exceffifs. Le beau,
c'e!l:-a-dire
les douc6s em0tions quo c·aufent Jes for–
mes !es
pl~s
naturelles fur des ames-
_delicaccs
&
fen~