Table of Contents Table of Contents
Previous Page  850 / 900 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 850 / 900 Next Page
Page Background

840

E T I

nement Jes

uf~1rpateurs.

Son regne fut tres-ora'geux : ·

~

la guerre que fes concurrens 111i declarerent; Jes com–

plots que !es grands formerent centre lui; k s fou–

levemens executes par !es prelats '

irrites de la rcfi–

ftance qu'il oppofoit

a

leur cupidite

&

a

leur ambi–

tion' ne l'empccherent point ue travailler ' autant que

Jes circon!l:ances le lui permirent ' au bien-.errc

&

a

la

gloire de la nation. Henri I , peu d'annees avant

fa

rnort, fe voyant fans enfans habiles

a

lui focceder ,

avoit oblige

fa

fille Mathilde, veuve de l'empereur Henri

V, d'epoufer Geofroi, comte d'Anjou , fornomme

Pllln–

tagmet,

lils de Foulques , alors roi de Jtrufalcm ; H enri

1

crut avoir fixe

le fceprre dans

fa

maifon , lorfque

Mathilde eut un enfant de fon nouvcl epoux. A peine

cet cnfant fut ne que fon a'ieul Henri exigea de tous

fes

fojecs, A nglois

&

Normands , qu'ils preraffrnt

au jeunc prinre ferment de lidelite, fe detianr fans

doute de la valrd ite d'un femblable ferment qu'il avoit

fait prcter

a

fa

fille Mathi lde; mais les Ang\ois n'cu –

rent pas plut6t vu H enri clans

le tonibeau, qu'ou–

bliant !cur ferment, ils

regarderent , comme indi5ne

de la nation d'obfo au lils de Gfoffroi, qu'ils croyo–

ient incapable de .gouverner fagement le royaume pen–

dant

la minorite de

fon

fils. D'ailleurs , quoique

douee de talens peu communs , Mathilde n'avoir point

'

celui de faire aimer

fa

puiffance; elle ne

favoit au

contraire que

fe

faire craindre

&

ha'ir, par la hau–

teur

&

la fierte de fon

caraCl:ere.

E1ienne ,

comte de

:.Boulogne, fot celui fur lequel la narion cntiere jetta

Jes yeux pour remplir le tr6ne vacant. Adele

.fa

mere,

.fille de Guillaume k conqufrant, avoit cu du comte

de Blois, fon epoux, q uatre eofons: l'aine, par des

dffaucs naturels qui k rendoient incapable de tout , fu t

condamne ' des fon enfancc '

a

vivre dans l'obfcurite;

Thibaud , qui ecoic le fecond , recueillic

la

fucceffion

J>aternelle;

&

E1ienne,

qui croit le troifierne, fot•en-

' voye , avec Henri fon jeune frere,

a

la cour du roi

<l'Anglererre , fon onele. Henri I , enchante des t:ilens

&

des grandes qualites du jeune

Etienm ,

eut pour

•Jui la plus vive tendreffe

&

s'attacha

a

l'enrichir

&

~

le rend re l'un des plus puiffans

fcigneurs de

fes

.frats. Ce ne fot meme qu'a

fa

follicitation qu'il retira

Henri du mona!l:ere de Cl ugni pour lui donner l'ab–

baye clc Gla!lon ,

&

qudque rems apres l'evcchc de

?."linchell:er.

E1ie1111e,

penctre de rcconnoiffance, pa–

J'Ut entierement devoue aux volon tcs d u roi

fon on–

cle ,

&

fut le premier

a

precer ferment

a

M athilde ,

-ainli qu'a fon

fils ; mais ; comme

le

rdl:e des Anglois ,

ii

ne fe fouvint plus, apres la mort d u roi, de ce meme

ferment, qu'il pretend it n'avoir donne que forcement

i

&

ii entrevit que fi des-lors ii afpiroit au

tronc , il

etlt trop maladroitement agi, s'il

eut manifc!l:e frs

v1ies.

~oi

qu'il en fuit, avant meme q ue M athilde

fe dourac que fon

lits ptlt avoir des concurrens ,

lt:s

.eveques qui s'ttoient moncres Jes plus empreffcs

a

jurer

'\lne inviolable lidelire au fils du comte Geoffroi, forcnt

Jes premiers

a

donner l'exemple du parjure :

ils s'af–

femblerent,

&

gagnes par les emiffaires

d'Etienne ,

en

vertu clu pouvoir fp irituel , qui clans ces tems de. fuper–

fiition ecoit indefini ' ils delierenr les citovens du ferment

de fidelite qu'ils avoient prece au jucnc ·H enri,

&

pro–

clamerent

Etienne

de Blois fouverai n d'Angleterre

&

due

de Normandie. Cette infidelite , qui de nos jours fe–

roit atroce , ne paroiffoit alors avoir rien de reprehen–

fible ' puifqudes eveque5

n~

faifoient que fu ivre l'e::em–

ple,

&

trop fouvenr, le> ordres abColus d u fouverain

pontife qui pretendoir avoir

le

d roit de difpofcr

a

fon g re

des couronnes ; d'aillcurs, la hauteur de M achilck

&

fon indotilit.e

aux

furperll:itions , ne lui

concilio1ent

p as Jes fuffrages des

ev~q

ues ' perfuades q

lit '

par

reconnoiffance , le roi qu'ils proclamoient , ajouteroit

a

!cur pui!fance' deji crop

etendue'

&

qu'i l

!cur

faoi t

part des affaires

les plus imponantes d u gou–

vernem!nt. L cur-s conjeCl:ures etoient b1en

reflechies,

mais ils furent trompes

;

&

la douleur qu'ils e!'I ref-

ET I .

fcntircnt 'lcs porta dans la fu itc aux execs !cs' ph" v-io·

lens de haine

&

de vengeance.

Cependant

fi

le ckrge Brirannique

fc

vit fru!lre dan

3

fes

efperancc~

' le peuple e\lt des graces

a

r'ndre

3\ll(

eveques qui avoient depofe le fceptrc dalJ,5 Its msini

Jes plus digncs de le porter. $es ennemis rr.cmc ltS

plus cnvenimes , ne pouvoient s'crr.pechcr de recon:

noitre fes belles qualires.

U

employa le premier jour

de fon regne

a

repandre fµ r

ks

grands

&

le peuple.

des bienfaits que tom autre fouvcrai·n cut regarde ptut<

Ctre comme des facrifices nuifibles

a

la royaute: car

il permit aux grands de fortifirr !curs chateaux;

&

cette permiliion, dont ils abufcrent enfuitc , devint

fundl:e par

les troubles que ces forts perpetucrrnt.

II

retablit auffi toutes

les chartes populaires acrnr–

dees par fcs ftl"Cdeceffours, tombees en dffuetude,

OU

revoquees en diff'erentes circon!l:ances. L a rebellion des

Normands l'obligea, des l'annee fu ivante,

a

p~rrcr

dans cette province '

OU

fa

prffence eteignit

lcs

fa–

etions,

&

qu'il ceda

a

fon fi ts Eu!l:ache, ne voulant

s'occuper deformais

que du foin de gouverner fon

royaume.

T andis

qu'Etiume

prenoit les moyens les plus fUrs

de remplir fes projets, Mathilde

n'acren~oit

que _l'oc–

cafion de \e renverfer du crone

&

de faire

Valo1r

res

droits, ou p1ut6t ceux de

H~nri

fon

fi ls. Elle avoit

en Angleterrc

wi

grand nombre de partifans;

&

le

roi d'Ecoffe fon parent, q ui s'etoit ligue avec elle,

entra inopinement

a

la

tete d'une

for111idabl~

armec

clans

le·

Northumberland

OU

ii 'fe preparoit

a

rnettrc:

tour

a

feu

&

a

fang ,

lorfque Thudlon, archevcquc

d'Yorck arrera fes progres. Thur!lcn, homme- lier,

fangu1naire,

&

plus fait au metier des arrnes _qu':·

xerce

a

manier la croffe, fe mit

a

la tere de l'

~rmec

d'Etimne,

mareha centre les Ecoffui; , les combattit,

r.emporta

la viCl:oire;

&

abufant avec aucorire u_e

l'etat des vaincus, deshonora fon triomp,he par la

ft.

rocjte de

fa

vengeance,

&

par k s cruautes qu'il com–

mit de fang froid fur les malheureu.x Ec0Jfo1s , que

la mort n'avoit point derobr.s

a

fa

barbarie. Pendaot

que l'archeveq ue Thur!l:on repou!foir

le

roi d'Ecorrc_,

Etienne

difiipoit

les fatl:ieux qui

s'eroicnt

attroup~a

dans le fein de fes etats ;

a

force de fageffe' de v1g1-

lance'

&

fur-tout par fes bienfaits '

ii parvint

a

re–

tablir le calme. MJi_s

ce~

jours de tranquillire durc–

rellt peu; la defaitc des Ecofiois n'avoit pas d.cou–

rJr1e Mathilde qui fondoit toujours fcs efperances fur

I=;

droits de

fon

fils ,

&

plus encore fur

l'efprit

fatl:ieux des partifans qu'elle avoi t en Angletcrre,

&

q ui attendoien t avec

impatience q ue les c1rcon!1:anccs

leur permiffent de

fe

d::clarer , hautement,

&

de pren–

dre Jes armes. conrre leurs fouverains. Sans y pcnCer,

Etie11nt

fourn it

a

cettc.\ foule de mecontclJS ' les muycnll

de

fc:

reunir

&

cle couvrir d'un v0ile refpcltablc la

veritable caufe de leur rebellion. Irrites de n'a

voir

dana

l'etat d'aurrc fonCl:ion que celle de leur min ifl:erc,

l~s

pr~lats

chercherent

a

fc confoler du defaut de confide–

r.1tion par un luxe faft:ueux, par l'orgueil le plus revolrant,

&

par une magnificence qu'ils affichoicn t avcc d

'auta.nt

p lus de hauteur lorfqu'ils paroiffoient

a

la cour. qu'1.1'

croyoient par ce con d'inlo knce en

i111pof~r

au. ro1 ,

comme ils en impofoient au pcuple. Mais

E:u~ne,

mains ja'loux qu'in iigne de cet execs d'o!1:e11tauon,

entreprir de reprimer k& eveques ,

&

de ks o?l•gct

a une mod6ration. plus honnece

&

plus anal?gue a Jeur

etat.

Les reglernens qu'il prefcrivit

a

cc fuJet

fo~levc­

rent le clerge: les eveques fur-tout, accoutum,e.s au

fa!l:e de !'opulence,

&

ne fongeant qu'a.vec inihg?a–

tion aux bornes dans lefquelles on voulo1t les renter·

mer, s'a£femblerent wmulruairement,

&

dans la pre•

miere chaleur de leur re!fentimcnt , ils ne fe

pro~ofe­

rent rien moins que cl'excommunier

le

roi ; . n1a1s la

crainte d'etre chacies

balan~ant

kur colcre, r(!IOt

le~rt

foudres fpirituelies;

&

preferant a des demarches

VIO·

lcnccs des trami:s pl-tis cachees, ils inviterent IJ

c~;ff~