EGB
r-
Cetre
rapiqe expedition fut fuivie du
plus
het1reux
evenem~nt
qu'Egbert
put delirer- , de la mort de
Cenulphe, roi
de
M ercie ,
&
fu preme monarque des
Anglo-Saxons; <lignite qui fu t
confer.eea
Egbert
fans
qu'il eut
a
luttel' contre aucun concurrent. Ce rang ,
quelqu'eleve qu'il f(1t , ne ·pouvoir fatisfaire fon am–
birion. La more de Cenlllphe , Tel1ime generate de
la nation ,
le
dfforde
&
Jes divilicns qui agitoient
les royaumes Saxons ,
eroie.ntdes circonllances rrop
favorables au roi de Weffex , pour qu'il Jes negli–
gear. Son royaume erendu par fes nouvelles conque–
tes, eroit clans l'etat
le
plus florifTant ' tandis que les
royaumcs voilins , affoibl is , epuifes par des difTen–
tions habiruelles , n'avoient ni eclat, ni puilTance,& cha–
que jour ils paroilfoient s'approcherdc leur enriere de–
cadence:
Egbert
polTedoit done le plus puilfanr royau-
1!1e de l'heptarchie , reduire depuis quel9ue tems
a
q uarre fouverai netes ; clans les trois autres , la race
des fouverains etoit eteinte ; des faCl:ions divifoient
les feigneurs , qui , tous
~galement
ainbitieux , quoi–
que EOllS egalement incapables de regner , afpiroient
u
la couronne. Le
orru mberland dechire par deux
fact ions , rrop occupe de fes propres malheurs pour'
fonger
a.
fe precaurionner contre les ennemis etrarigers.
La Mercie etoit plus agiree encore que le Northum–
berland,
&
Bernulphe , qui
y
regnoir, ne fe foute–
noit fur le rrone qu'a la fa11eur de la faction qui lui
:iyanr donne
le
fceptre con tre Jes vreux de la nation, pou–
voit le niaintcnir
a
peine contre la jauloufie & la haine
des grands. Ainfi quoiqu'augmentee par l'll.cquifition
de l'El1anglie ,
&
pal' la foum iffion du roi de Kent,
~evenu
tributaire, la Mercie eroit infiniment maim;
puilfame qne le Welfex. A l'egard du. royaume d'Ef.
fex , foit q_u'il n'exi11at plus fous la meme forme de
gouvernemeht , ou qu'll fut encore gouvcrne par fes
propres rois, ce que !'on ignore; fo.i.t qu'il cut ete
reurti
a
la Merde , comme la pllipart des hil.l:oriens
le prefument, ii ne joui!foit plus d'aucune forte de
puifl'ance , ni de con.fideration.
Anime par ces circonl.l:ances ,
Egbert
,
prefque
afTure du
fucc~s
de !Cs entreprlfc:s , fit des prepara.
t ifs qui donnant des foup'°0r.s au
rai.
de Me-rcie , 11t
.firent penfer
a
le precaurionner conrre Jes mefures
q ue le 'roi 'de VVielfex paroifToit preAdre pour s'ag–
grandir aux depens de fes voilins.
l3ernuip.he, clans la
crainre que ce ne fUr centre !ui principalement que
ces prepararifs etoient diriges , crut que le feul moyen
de rompre ces projets
d~
cotiquete'
etoi~
de prevenie
le roi de
w~lfex ,
&
de l"arraquer lui-merne fans lui
1ailfer le rems d'achevel". fes difpofitions. D'apres C<l
plan , Bernulphe, a la rete d"one annee confiaerable-,.
's'avan~a
jufqu'aupres de Salifbury, oil, centre fan
attente, ii renconrra fon enn$rni. Les deux armees ne
tarderent point
a
combattre , Jes· Meraieus furent en–
tierement
defai~s
,
&
la perte fut celle qu'il n-'ewit
pas poffible de la reparer. Cctre 11ictoire foe un coup
decilif po"1r le roi de Welfex, non-feulement
,a,
caufe
de l'affoi blilTement du roi de Mercie , q ui defoumais
ne pouv6it plus arreter fes progres·; mais par la fa–
cilite
qu'E~bert
avoit
a
s'Clffiparer du royaume de
~ent,
donr la aonqllete Jui fournettrolt rout le P3¥S entre la
T amife
&
la •mer. Auffi,
a
peine ii eat r.empone la
victoire, qu'il envoya Erhelwolpn fan fils, faivi d'une
forte armee dans le royaumc de Kent. Baldred, ui.
y
regnoir, hors d'etat de foutenir par Jui feul cette
at~
taque, implora vainemen.c le fecours du roi de M er.
cie . • Sern-ulphe enrieremenc
epui.fepar fa propre de–
fai[e ; d"6fefperoit lui-meme de pouvoir fauyer (es etats ;
.Baldred, force de combattre ,
&
trap lier pour fe
foumeme , foutint Ceul le faix de
~
guerre; mais trap
foible• pour !utter centre
Egbei·t
,
ii fur vaincu ,
fe
rerira dans la Mercie,
&
abandanna fon royaume au
vainq ueur qui le reunit
a
ceux de Welfex
&
de SulTex_
O n he fait ni dans quel rems , ui
a
que!le occafion
1e royrume d'E!fex tom ba fous la domination
d'Egbert;
&
tout ce que !'on trouve a ce fojet dans Jes
A1males
,J
1
E -G B
. .
735
Saxo;11us :
t £1:
que le roi de \!Ve!fex· palfa' de la conqutre
de Kent a celle du royaume d'Elfex, & qu'il ne lui
re~a
plus
a
foumettrc que le Northumoerland, la Mercie
&
l'Eftanglie. II efr rres-vraifemblable que malgre la
terreu r que fes. armes
&
fes vicroires infpiroient aux
Saxons , jamais ii ne fU t parvenu a etendre auffi loin
fa
puilTancc '
Ii
ces trois royaumes fe fo!fenr reunis pour
leur com:nune dffenfe : mais Jes divifions qui y re–
gnoient , ne leur permettoient point ' de fonger
a
une
confederation qui !eur eroit pourtant
fi
necelfaire. Les
E!langles indignes d'avoir fubi le j oug, ne
penfoien~
qu'aux moyens de s'en affranchir,
&
de fc venger du
roi de Mercie qui Jes avoit forces de fe foumetrre. Les
Nonhambres eprouvanr depuis quelques annecs
Id
horreurs de l'anarchie , bien loin de fecourir leurs voi.
fins, OU meme de penrer
a
fe precaurionner COntre les
ennemis du dehors, n'eroient occupes qu'a chercher le•
moyens de s'entredetru ire.
Egbert
lailfa aux N crthum,
bres le fain de Jui preparer eux-memes, en s'affoiblif–
fant de plus en plus, la conquete de leurs pays, ii ne s'at–
tacha qu'a entrerenir la difcordc que la haine avoit
al–
lumee t!ntre Je.s Merciens & Jes -Eftanoles: dans
c;ert~
vue, ii- fit propofer aux derniers de
lev~r
l"erendal't de
la rebellion conrre les Merciens,
&
leur fir efperer des
fecours. Encourages paF ces· promd}h ;
&
d'ailleqrs
excit&s par le defir de la vengeance , Jes E!l:angtes prr–
rent Jes arrnes,
&
Bernu·lphe ignorant qu'ils etoicnt
f~u~
tenus , crnt qu'il n'auroir qu'a parolrre pour Jes fairo
renrrer fous- foR obeiffanco: .trap rem
pl~
de confi,ance,
ii marcha contr'eux
a
la rete d'une perite troupe; mais il,
n'eut pas meme le tems 'de fe repenrir de- fon impr-0dence:
Jes Eflangles fe jetterent fur fa petite armfo, l'bxtermi–
nerent,
&
B~rnulphe
demeura au nombre des morrs. Les–
M er&iem connurent, mais trop card•, q{1e c'croit
b~auT
coup moins Jes Eftangles qu'tls avoient
a
fedou <er , que
le
prince ambit·ieux ,- qui n'avoit ani'me Jes Eftangles
qu'afin de s'empm:r plus ifement db la Mercie. Ces
idtes ne Jes decourag'elfCnc point, ils-re dererminerent
a
oppofer
a·
Egbert
la plus .force-
Feli.ll:ance ;
mai~
cette
genereufe refolution ecoir tardive,
&
ii
n'>' av.oit-point
de barriere alfez forte-
poO~· at.l'ete~ un~tel
conquerant
dans fa courfe.
Egbei<tuceifant
de
fe,
contraindre , fc -
declara ouvertement pour.les :Efrangles,•battit Jes
Mer'
«:iens ,
pourfu.ivir.faviCl:oire ,
&
fi-nit plir
fe
rendre ma _
trc de•la Mercie, qu'ilfur tcmte de reonir.
a
fes erat-s·; •
mais qu'aux prelfantes-.foltfc.itAcions de Siward:.,
abb~-de Croyland , ii confenrit de Jailfer
,a
W itglaph··,
a
condition q.u'ir feroit hommage au vainqueur
.:&-I1t
declar.emit fon tribucaird.
·
·
·
- ·'
· Jufqu'alors
le~
El1angles s'etoienr flatres
qu'Egberl
-
n'avoit embra!fe leur· dHenfo que pour' ks delivrer d'un
joug- qui- leur. eroit infupp.ortable :· rnais- bienrot· ils re–
connu.rent leur. erreur ,
"&
cfe crurent heureux d'etre
re~us,
follS
la
pr-otefr~on
du.vainquoar-, aux memos cool.
ditions qu!ils a.voient tro1.1vees fi dures de, la.- p.art du
FOi de Mercie; enforte
qt.ietout .J'avanrage qu'ils: ti<r-
rerent de cette guerre, fut de change!' de
main~.
-
l·l ne
~!!ftoit
plus
a
Egbert
q.ne'le Northumberland
a
conqueri~ ,
&
Jes N orthumbres , par.leurs div.iliorls,
&
la conciouite de la guerre cwile qui Jes- av.oit epui:
fes, avoienc fait tout re.qui>
d~pendoit
d'eux pour. hf(
faci.liter cette cwnquere: auffi
lorfqu'Egber-t
fe
pvefenra
fur
le~
£rontj_eres du.. Northumbepland , Andred
&
fe~
fujetS, epouvantes
d'.u
fort quc Ja plus foible
refil.l:'10C~
leur feroit eprouver. iinplorerent., la clemence
~u
co?.–
querantr,
&
acceptercnt
a.ve~
i;econnoi!fance
I~ ~1x
q.u. 11
leur olfrit aux memes conditions qu'il avo1t 1mpofees
aux Merciens
&
aux• E(l'angles.
·,
Ainli finit, apres une duree de
243
ans l'heptarch1e
Saxonne par la redutl:ion
ent~erc
des fept
royaucnes
qui la compofoienr,
a
la domination du roi de Welfex:
Voyez
HEPTHARGIE ,
Suppl.
Egbert
mir fin
ii
fes conquetes; ou pluror
a
fes inva!ions
des contrees Britanniques , ainfi qu'a fes ufurpanons des
couronnes An<>lo-Saxonnes clans la vingtieme annee de
fon regne fur
Jc
Vfelf~x ,
apres treize ans
qe
gucrre;