Table of Contents Table of Contents
Previous Page  63 / 900 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 63 / 900 Next Page
Page Background

BR I

Ainfi le marcneux mene la terre

par

fillons , tenane

un baron de chaque main, pour s'aider

a

retirc:r

fon

pied de la terre; il repand unc; lecon?c fois la meme

quantite de fable que la premiere fo1s , enfu_1te

11

~a

pietine

a

conm:-fens dc:s fillons: cette terre ainfi pre–

paree , s'appelle

voie de

urre.

Le marcheux coupe la rcrre avec une faucille , par

grolfc:s morres· qu'on nomme

rafa11s.

ll

tranfporte ces

mottes

a

l'autre bout de l'at£elier '

OU

il les reoverfe

fens deffus-delfous : ii la marche encore par fillons,

comme on l'a explique ; c'dl: ce qu'on appelle

me/Ire.

a

deux voies.

Un autre ouvrier, qu'on nomme

ra11geur,

coupe cette terre par petits rafons ,

&

la porre fur une

table fur laquclle ii a fo:ndu dn1x ou trois poignees.

de fable avant de la pofer delfus. II petrit cettc: ter–

re avec fes mains, en jettant de rems en tcms

up

peu

de fable, afin qu'clle ne s'y attache pas: enfin le ran–

geur en formc de petits rafons qu'il porte fur l'etabli

du ma1tre ouvrier , pour la mouler.

On prepare la terre en Flandre, clans

I'

Artois.

>

&

ailleurs encore, d'une autre maniere: clans ces quar–

tiers, apres avoir decouvert l'argille,

&

reconnu qu'el–

lc

e!l: propre a faire de bonoes briques

>

on ne la tran–

f

porte point ailleurs pour la mettre en ceuvre, mais.

tout fe fait fur la place;

&

Jes briques fechent

en

plein air , fur le terrein qu'on a prepare pour cet ef–

fot.

Toutes Jes briques qu'on a fabriquees clans un

de ces endroits , fe

cuifcnt ici , a la fois, avec du

charbon de: terre ,

&

cela va meme de cif!q a fix cens.

milliers. Voici le detail de ces operations,

On detache

&

on enleve cette terre de

fa

place na–

turdle

&

on la

j~tte

a

quelques pieds. de-la, en la re–

tournanc de

fa~on

que la terre de la furface

fe

trpu–

ve

confondue avec celle du fond de la veine.

11 dl:

probable que cette premiere operation fur la

terre

a

briquts' a pour objet de rendre

le

melange de

la

matiere plus uniforme, alin q ue Jes briques foient

d'une meilleure qualite;

&

elle dcvient indifpeofable ,.

fi la macicre doit

em~

un melange de la furface du ter–

rein, ou terre noire avec. l'argille inferieure. Aulft con–

vienc-il de tirer la terre a la fin de l'automne , afin

que la o-elee agiffe fur elle'

&

que

le

melange puif–

fe

fe

fa~e,

plus facilernent, comme on l'a deja dit.

Apres avoir done tire un monceau de terre fuffifant

pour fabriquer la quantite de briques que l'on fe pro–

pofc de faire, on la livre a un attt:lier compofe de fix

hommes , que

l'on nomme clans !es pays dont nous

venons de parler, une

tab~e

de

brique.

Ce font ctux qui

encreprennenc de

fa~onner

toute la terre necelfaire pour

un fourneau , depuis qu'elle a ere tiree

>

jufqu'a Ce

qu'elle foit rnife en place pour fecher.

Ils commencent par preparer

le terrein de la. bri–

q ueterie. Or un erablilfement pour £abriquer cinq cens.

milliers de briques en un feul fourneau , doit, pour

fare commode , occuper un efpace d'environ

treize

ccns

toifes de furface. On peut Jui dooncr la forme·

d'un parallelogramme de

25

toifts fur

50.

L e fol doit·

avoir, fi cela

fo

peut, un ou deuK pieds de pente vers.

un de fes cotes, pour que ks eaux de pluie n'y fe–

journent pas. Dans cet efpace n'c!l: pas compris le ter–

rein d'o\1 la tcrre a brique a ere tiree'

&

le monceau

de

terre tiree , occupe encore environ dix. toifes ou.

bout dc la briquecerie fur

fa

largeur.

On commence d'abord par drelfer le fol ; on

ew

recomble rous les fillons, on en abat toutes les ine–

galites. On divife la furface en plufieurs efpaces ali–

gnes au cordeau, dont ceux de!l:ines

a

recevoir !es haies.

de briques , pour Jes

fecher , peuvent avoir ·chacun

huit pieds de large,

&

leurs intervalles alternatifs en–

viron vingt pieds, pour y travailler la b1ique ou for–

mer les rues entre Jes haies; !cs ouvriers. appellent

ces

rues

places.

Chaque efpace delline pour une haie de briques,

e!l: enccint d'une rigole de huit pouces de large , do;it

Jes

trous fc relevent

&

s'ecendent en-dedans · cette ri–

golc: reyait

les

eaux de pluie

&

tient

a

fe~

le pied

de

la haie.

'B R I

53

Les intervaltes ou Jes places entre les haies, font

exaCl:ement pelecs avec des pelles de toles , ou avec

des houes

a

nettoyer' pour en acer !es htrbes; elles

font bien ratilfees

&

battues a la dame, s'il y a des

cerres

fra1chemenc

remuees.

~and

!es

pl~ces

font

parfaitement unies

&

regalees, fuivant la pence qu'ort

doit donner au cerrein, on y feme du fable que !'on

etend avec. le pouffoir. Ce que le rateau emporte de

ces places, fe releve encore fur l'enceinte des haies ;

pour en erablir le pied quatre

a

cinq pouces plus

haut que le terrein des places. On bat de meme a la

dame l'interieur des haies pour qu'il n'y ait rien de

raboteux. On y eccnd une Couche de paille mince

&

bien jointive, afin que !es briques. ne portent point

fur

la

terre

&

aient un peu d'air par-delfous.

A l'une des extremites du terrein, les ouvriers eta–

bliffent. une baraque de vrngt pieds de long ' fur feize

de large par le bas; l'un de fes pig_nons e!l:· forme de

bi:iques

&

d'argille ,

&

fupporte une cheminee; tout

le re!l:e efl: de bois

&

de paillalfons;. cette baraque

e!l: pour !es ouvriers au nombre de fix, avec une fem–

me pour faire

le

menage; ils y paffent tout le terns.

du travail fans retourner chez eux.

A

peu de di!l:ance de ceHe-ci ,

ils en conllruifent

une autre, avec de menus bois

&

de paillalfons de

douze pieds de long

&

buic de large, pour y con–

fer-ver fechement la provilion de

fable.

On a. foin de

le faire fecher au foleil avant que de le cacher clans

cetce baraque.

Le

fable que

l'on emploie clans ces

briqueceries, e!l: du fable de carriere tres-fin.

Comme l'eau e!l: abfolument necelfaire ici ,.

&

fur–

to~t

pres du monceau de terre, on ne manque pas de

proficer pour cela, dt celle qui pourroit s'etre amatlee

dans quelques marres ou foffes du voi!inagc; Gnon,on

emploie \es fix hommes de la table de briques,

a

creu–

fer un puits, avec une rigole

l)c

pluueurs pecits baf–

fins fur

fa

longueur~

ou l'eau puilfe s'amaffer

&

fare

puife_e avec !es ecopes. L 'encrepreneur de· la brique–

terie fair garnir ce puits de totJt ce qui e!l: neceffaire

pour puifer l'eau;

&

s'il a delfein de faire fabtiquer

fucceffivement, au meme lieu, pluGeurs

fourneauic

confiderables, il fait revecir ce puits de

ma~onnerie

..

pour eviter l'tncretie.n.

L a preparation de la terre. s'execute ici 'par deux de

ces fix hommes dont nous avons parle; on les. nom–

me

batte11rs.

Ceu'X-ci, armes d'ecopes

~

commencent par

arrofer le profi t des terres tirees, poor le bien imbi–

ber ; puis a11ec des pel\ettes, ils coupent Jes tcrres affez

minces. vers le pied du profil-, les jettent

&

les. eloi–

gnent d'environ fix. pieds. Le haut du profit des. ter–

res tombe

biento~

,

&

on _rtjotte pareillement ces ter–

rcs fur Jes premieres, pour

en

faire un. nouveau mon–

ceau.

Des qu'on a fair un tas de ces- terres, de fix.

a

huic

pouces d'epaiffeur, fur une bafe a-peu-pres circulaire

~

de fept a huit pieds de diametre" on l'arrofe de beau–

coup d'ea'u. O n. continue d'arrofer

le

profil des terres,

&

d'ert relever ce que

I

'ort en fait tomber, en. s'ai–

dant quelquefois de la houe

&

de fono t"lllon, pour les

emietter plus facilemene' en arrofant toujours large–

rnent. Cette manceuvre fe repete jufqu'a ce que

!es

batteurs en aient jufqu'aux genoux

>

vc:rs

le.

milieu du

nouveau tas.

Pour detremper cette terre· bien egalement,

&

faire

penecrer l'eau par-tout , Jes deux. batteurs prennent

chacun .une houe, avec. laquelle ils. la

tirent peu-a–

peu

>

en faifant ainli changer de place

a

tout

k

m?n·

ceau, qu'ils remanient de meme deux fois de fu1te,

en l'arrofant frequemment.

La terre

a

pris a-peu-pres la con!iftance d'un mor–

tier

lrn

pcu. ferme, lorfqu'ils commencent a la battre.

On l'arrofe

&

on la retourne avec des pdktte , la

faifant encore changer de place. Enfin on prend une

houe, avec laqtielle on la remue de nouveau, en la

tirant

a

foi;

&

chaque fois q ue

k

bat~eur

l'a elevee

devant Jui d'cnviron dix-huit pouces ,

11

la bat avcc