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B R I
que,,
.~e
qui ell: un tres-grand defaut. Neanmoih·s une
petite quantile de craie ou d'amre fub!l:anc:e calcaire ,
r~quit~
en parties fines, p<ut erre utile dans certains
c_as ;
c~~
.alors Jes fubll:ances cakaires
fe
vitrifient
&
frrven t de fo11ctanr.
, A l'egqrd·, des ouvrages done le prix peut indem–
nifer l'ol.ivrier des depenfes qu'il
elt
oblige de faire
pour les travailkr,, on parvient
a
corriger k defaut
des terres
Ii
dies font trop fortes, en
y
inelant..du
fa-,
I,le fin
&
doux qu'on fait erre ·propre
a
augmenter
1i1
dmc:.ce des ouvrages, rn meme
teiliS
qu'il diminue
foffifamment la crop grande force de l'argille. Si les
t!lrres font crop maigres , courres ou alliees de fable
trop gros , ou de pirytes, ou de cailloux, ou de pierre
caleaire, on dela·ie ces terres dffeCl:ueufes dans de l'eau :
on Jes laiffe repofer quelque terns , pour que les corps
Rius pefans que Jes parties !es plus fines de la glaife ,
fe
precipitent; apres quoi, en faifant ecouler l'eau clans
qudqu.e endroit propre
a
la recevoir , on la laiffe re–
pofer,
&
·ii fe precipite au fond une glaife tres-fine,
pure
Oll
alliee d'un fable tres-fin; qudquefois meme
o n paffe certe eall chargee de glaife par des tamis, pour
ctre plus certain d'en avoir retire taus Jes corps .etran-
gers.
'
On Jent bien qu'on ne peut prendre de femblables
p tecauci0ns pour des ouvrages groffiers , tels que la
brique OU la tui le qui fe ven<lent
a
bas prix ; auJii
les tuiliers
&
les
briquelier.;
fe
contentent-ils de reme–
dier
a
la crop grande maigreur de leur terre, en
y
me–
bnt de l'argille pure ;
&
quand Jeur terre ell: crop
graffe, ils
y
joi'gnenc du fabk ou une terre fort rnai–
gre : q_uand ces melanges fe trouvent faits par la natu–
r~
meme. ils reuffiffrnc fouvent mieux que ceux qu'on
ell:
oblig.C:. de faire alfez grollierement par arcifice , ce
q.tJi epargne beaucoup de pdne
&
de depenfe aux
ouvners.
A M ontereau , ou la
tui.leell: de fort bonne qua–
lite , on emploie la cerre telle qu'on la fou ille ; ii en
e.!l: de meme dans plulieurs autres lieux de France OU
1.'on fai c des cuiles; cependant on ell: oblige 'de melan–
ger .cecte terre dans qutlques-uns de ces lieux pour
la brique. D.ans les cuileries de Grandfon pres d'Yver–
<lun' on fait un melange de deux fortes de terre qui
fr
trouvent
a
pr:u de dif1:ance l'une de l'aurre. Une de
ces cerres ell: crop graffe
.fi
on l'emploie feuk; l'aucre
au cqntrairc
e!t
crop maigre. L 'experience leur a ap–
p'ris daos quelle proportion ils doivent ks meter,
&
]a briquo
&
']a tuile, qu'ils fabriquent avec ce melan–
ge ell: cep.endant fort bonne.
Voila c)es principes qui f!lnt alfez generalernent
vrais;
ils
fo~ffrenc
ct pendant de frequentes exceptions, que
]es plus experimentes ont peine
a
decouvrir
a
la fim–
p_k infpet1:ion de
'la
terre; car ii
y
a des glaifes qui
fe
retirrnt bMucoup plus que d'autres en fe deffechant,
ce qui ell: un grand defaut; d'aucres fe fondrnt , fe
vitrifient par tout ou le feu ef1: un· peu vif, pendant
qu'il
y
en a d'autres qui ne fe vitrifient pas affez ,
&
n'acquierent point une durete fuffifame .; car on
peut regarder la cuiffon de terre rnrnme un commen–
q:ment de vitrification. qui ,_porcee
a
un certain point'
donne
a
la
brique OU
a
l'a tuiJe, les qualices que l'on
defire. Mais paffe ce terme, lorfque la vitrification
ell: complertt, k s ouvrages fondent, its fe deforment,
Jes pieces s'attacbent ks lines aux autres,
&
font ce
qu'on nomme des
roches.
Pour ces raifons , certaines
terres exigent beaucoup plus de feu que d'autrcs,
pour etre cu ices
a
leur point.
&
ces terres dures
a
cuire , font communem6n.t des ouvrages bien plus
fo–
lides que k s autres. Ainli qudquo marque ·que ]'on
lndique pour conlioitre ,
a
la fimple vue, la bonne
~rgille
a
brique, la methode la plus fUre
&
la plus
courre pour en reconnoitre 'la qualire,
&
qui ef1: pra–
~iquee
par les entrepreneurs des briqueteries , fera tou–
JOUrs d'en faire favon ner Joigneufernent une certaine
quanci_cci comme une roife cubf:.,
&
d'en tranfporter
Jes briques dans quelque fourneau voilin, ou on en
BR I
obferve l'e fu cces. En
reiteran~
cette experience
a
dif- .
ferens degres de cuilfon , ks
briquetiers
apprennent
1'i
peu de frais,
Ct
qui manque
a
la terre pour. faire de
bon ouvrage,
&
comment on d<>it la corriger.
Mais quelqu'attenrion qu'on appone clans le choix
des terres, on ne feroi t que de mauv,ais ouvrage ,
Ii
on negligeoic de !es bien corroyer. . II importe done
de connoim: les different<:s manieres ulitees dans
ieG
divers endroits ou l'on fa1t de la brique,
&
laquel–
le
de ces rnanieres l'expfr1ence a montre etre la mcil–
leure.
On tire l'argille defiinee
a
former des briques, au
commencement de l'hyver ,
&
cela fe pracique affez
generakment dans toutes !es briqueteries·; parce qu'on
, a trouve que l'argille qui a ere expofee
a
la gelec.
qt1i en a ete meme bien penecree'
&
qui degelc au
printems , fe travaille enfuite beaucoup mieux ; fes
parties ayant ere divifets par l'aClion de l'air
&
de la
gelee, font plus faciles
a
meler '
&
on parvient bien
plus facikment
a
en former un rout homogene que
q uand certaines parties diverfes relifient encore
a
!'ef–
fort que !'on fair pour les ecrafer. II faut cependant
'obfervcr qu'on a auJii crouve dans quelques endroits,
que la terre qui a ete expofee
a
la gdee pendant l'hy–
vcr, ne donnoir pas des briqrn:s ou des tuiles al:lffi
bonnes que celles que !'on faifoit avec celle qui n'avoit
pas
gel~;
c'ef1: ce qui a lieu dans Jes tuileries de Grand–
fon , enforce que les ouvriers n'amenent leur argille
a
la cuilerie qu'au printems , lorfqu'ils n'ont plus rien
a
craindre des gelees.
On prepare la terre au H avre,
&
dans nombre d'au–
tre:; briqueteries de France, de .la maniere fui vante :
On amalfe la cerre en hyver , aupres d'une grande
folfe revetue d'une bonne ma1=onnerie de brique ,
&
en mortier de ciment; elk doit etre proportionnee
a
la quantite de briques que l'on fabrique; au Havre,
01'1 l'on cuic cent millicrs de brique
a
la fois , cetttl
foffe a dollze pieds en quarre , fur cinq pieds de prn–
fondeur.
On fair une feconde folfe en dedans de l'anelier,
&
cout pres de la grande ; celk-ci a huit pieds de
longueur , cinq de largeur
&
quatre de profondeur;
elle , (l:, ainli q ue la grande, revecue d'une bonne ma–
vonnerie, afin que la terre
y
puiffe conferver fon hll–
midite naturelle,
&
conrenir l'eau qu'on
y
ajouce ;
certe fo(fe fe nomme le
marcheux.
On remplit la grande foffe avec la terre qu'on a
tranfportee aupres ;
&
on commence
a
preparer celle
qui ell: la plus • nciennement tiree ; c'e!l: coujours la
meilleure: on en remplit la folfe de maniere qu'elle _
excede d'environ fix pouces fon revetement ; enfuite
on jen e de l'edU par-deffus ,jufq u'·a ce que· la cerre
foic parfaitement imbibee. II fauc pour bien penetrer ·
la terre de cette grande foffe , environ dix
a
douze
tonneaux , chaque conneau contenant fix cens quaran–
te•pinces de Paris : on l ifle l'eau penetrer d'elle-me–
me dans la terre pendant trois jours:
Alors ·un _ouvrier qu'on nomme
ma1'.cheux,
du me–
me nom que la petite folfe, pietine la terre en mar.
chant clans toute fon ecendue , puis ii la hache
&
la
rerourne , en la prenant avec une pelle fcrree ou une
beche, par parties fort minces,
&
de la profondeu r
de neuf
a
dix pouces. La couche qu'on
enleve.dela
grande fo(fe, fourni t ce qu'd r'auc de terre pour rem–
plir
le
marcheux, ou la petite foff; clans laq uelle l'ou–
vrier marcheux la piC:tine
&
la pecrit une feconde fois.
II la retire enfuite du marcheux,
ii
la rerourne
&
jette la terre fur le planeher de l'attclier meme,
Oll
ii la pieeine pour la rroilieme fois,
&
ii en forn1e une _
Couche de fix
a
fept pouces d'epailfeu(. On couvrc:
l'argi lle d'urn: couche de fable d'une ligne d'epaiffeur ,
non pas dans
le
d;:(fei n de la maigrir, mais d'empe–
cher fculement qu'elle ne s'attache trap aux
pi~ds
do
l'ouvricr : ii la marche pour la quatrieme fois , ne
fa)–
fant agir que le pied droit, qui enleve
a
chaque fois
une couche mince de terre, ce qui la. corroie. parfai–
tement bien.
·