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324

CH

A

tre Jes pieds fur !es

terres de France ; mais fuivant

I

»

maxirncs de ces prnples ·, un craice

n 'o?ligeoi~

que

cdui qui l'avoit conclu,

&

non pas Ia nation ent1ere:

auffi ils ne ce!ferent depuis ce terns d'y faire des cour–

fcs ' non plus pour piller' mais pour

y

former·des eta–

bl1{fonens.

Charles ,

par cet humiliant traite , s'attira le

mepris des peuples ,

&

fes complaifances pour le cler–

ge ,

le

firent deteller des feigneurs. Ce prince odieux

au corps des nobles •

fe tourna du co e des evcques

qui s'ernbarra(foient peu de la gloire de l'etat , pourv(1

qu'ils en partagea!fenc !es biens. Les eveques depuis le

depart des

Normand~

etoient affembles

a

Beauvais :

Charles

au lieu de prelider a leurs deliberations promic

d'y foulcrire. Ils ne pouvoient cependant porter plus

haut l'orgueil de leurs pretentions

!

toutes etoient fon –

dees fur quelque paffage de l'ecrirnre ma\ interprece ;

&

le roi euc bien pu connoicre, s'il eut eu quelque dif–

cernemenc, qu'ils ne tendoienc qu'a depoui\kr le crone

de fes plus precieux privileges. Apres la bataille de

F ontenai , on

Jes-

avoit regardes comme Jes difpenfateurs

du fccptre. Dans l'affemblee de Beauvais , ils prefcri–

virenc

a

Ieur nialtre la maniere done ii devoit en ufor,

apres Jui avoir faic jurer de garder le droit eccleriall:i–

que : chaque eveque exigea de

Charles

un ferment , done

on h1i .prefcrivit jufqu'a la

forme : jprez , promet–

tez ,

&c.

C'ecoit avec ce ton que l'on parloic au mo–

narque ,

fi

cependlnt on peut honorer de ce nom un

prince qui fe degradoit

a

ce point. Apres que les cve–

ques eurent re\:u ce ferment , chlcun en plrticulier,

ils fe reunirent pour en recevoir un general fur plu–

tieurs autres chefs. Les prelats fatisfaits de: la· foumif–

fion de

Charles

,

terminerent l'affemblee,

&

en indi–

qucrc:nc unc: autre

a

Mt'aux ,

ou

l'on devoit dreffer des

actes de ce qui venoit de fe paffer: mais Jes articles en

eco1cmt ri deshonorans' quc Jes feigneurs s'oppoferent de

tout kur pouvoir , ace qu'on les rendit publics.

Char–

le.c

rdta nemre dans un differend qui l'incere!foic plus

que pcrfonne. II fe rendit en Aquitaine ,

0~1

il fie avec

P epin fon neveu , un traite non moins honceu:< que ce.

lui qu'fl avoit fair avec Regnier.

Un elfaim de Normands reparidu dans la Sainton–

ge , caufa de nouvelles allarmes ,

&

fournit aux pre–

lats un moyrn qu'ils cherchoienc dcpuis long-terns ,

d'clever

l.1

voix contre Jes feigneurs , done la j11!1:e fer–

rnet• oppofoi t un frei n puiffant

a

leurs deffeins am–

bicieux. Ils publierent que Jes

frequen~es

defcentes des

N ormands ecoienc une preuve de la colere du ciel ,

indigne de l'opiniatrete avec laquelle on s'oppofoit aux

p ieuCes inteqtions du monarque. Voyant alors que le

bandeau de l'illurion couvroit les yeux du peuple en–

core plonge dans !cs tenehres

&

!'ignorance, ils fran–

chirent tous les ob!l:acles ,

&

rendirent publics Jes aCtes

du fynode de Beauvais. Comrne )'ambition ne garde

aucune mefure , ils

y

eralerent tout le fa!l:e de

la

leur:

ils fouteno1ent que

Charles

dcvoic prendre d'eux l'or–

dre

&

le lignal : fiers d'u.n p•ffage de M3lachie, ,, ils

recevront , s'ecrioient-ils d'un con prophetique, la Joi

de la bouche de celui qui ell dans le facerdoce, c'c:ll

l'ange du Seigneur des armees ,,. Cc procede offenfa

1i

nliblemenc Jes ft1gneurs , dont on attaquoit ouvene–

mrnt l'aurorite ; a!lemble

a Epernay ,

ils firenc des

remontrances

Ii

vives qu'ils parvinrent enfin a deffiller

les yeux de

Ch(Jrle.s

;

mais ce prince egalemeot dupe

de

fa

confiance

&

de fon relfentiment, mecontcota fes

fojers par une conduite oppofee a ccl\e qu'il avoic te–

nue jufqu'alors : incapable de moderation, ii alloit tou–

jours aux extremes; apres avoir comble les eveques de

biens

&

d'honneur , ii Jes fit chaffer tout-a-coup de

l'alfemblee avec ignominie: ils mericoient ce trairement

fans doure: mais ecoit-il de la politique de le leur fai–

re elfuyer

?

Ce corps orgueilleux

&

vindicatif Jui of–

froic une puilfance redoutable;

&

pour en triompher,

ii fe mc[roit dans la dependance des feigneurs, qu'il

ne pouvoit plus mecontenter fans peril : qu'1l cut

bien mieul( valu menager les deux partis

>

&

fans kur

faire de gran

biens , ne leur faire al.lcun outra e

!.

CHA

ii

k s auroit alors conduits

l'un par l'autre au biett

de l'etat. C'etoit ainli qu'en avoienc ufe Pepin

&

Char–

lemagne pendant le cours d'un regne auffi long que

gloricux. Cette faute euc de terribles fuites: les nobles,

tranquilles du cote des eveques mirent des conditions

a

lcur obei!fance ; ils deliberoienc lorfqu'il falloit agir.

Les Normaods faoienc daas la Sainronge, d'ou ils in–

fc!l:oient les pays voifins: ils etoient d'autant plus rc–

doutables , q ue Pepin facrifiant

tout au delir de fe

rendre independanr • etoit bien eloigne de s'oppofer

aux embarras de fon oocle. Ce fut pendant ces trou–

bles que Jes Bretons, conduits par Nomenon , auqucl

Louis le Dcbonnaire avoit donne leur gouvernemenc,

lenrenr l'etendard de la revolte. Ces peuples jaloux de

leur independance, avoient deja tence pluriems fois de

fecouer le joug des

Fra n~ois;

mais leur indocilite leur

avoit toujours ete funelle jufqu'alors. Charlemagne

&

L ouis le Debonnaire , avoienc epuife fur e\Jx cous les

traits de la plus terrible vengeance: plus heureux fomr

Charles le Chauve,

ils remporterenc fur ce prince

un~

vi–

Cl:oire eclatante'

&

le forcerent a demander la paix •

on ne fait a quelles conditions ; mais un roi qui con–

fent

a

demander grace

a

fes fujets ' renonce fans Joutc

a

s'en faire Bbeir. Nomenon cut peinc

a

confenrir au

traite; ii ell meme probable qu'il s'y feroic refofc '

fans une defcenre que firent Jes N ormands fur ies ter–

res : en effet, des q u'il Jes euc d<'farmes par un craitc,

ii

recommen~a

la guerre avec une ardeur nouvelle,

&

s'empara du cerritoire de Rennes, ainli que de celui

de Nantes; alors ne s'amul'ant point

a

fei ndre, ii prit

1~

diademe'

&

fe fit facrer par les eveques clans une af–

frmblec: narionale.

Ch.1rlcr

reclama contre l'ufurputeur,

ii le fit excommunier , mais ces foudres forent auffi vai–

nes que fes armes; ii ne toucha plus dans la fuite au

fctptre des Bretons, que pour

le

remettre avec plus

d'eclat encre Jes mains d'Erefpoge , fils du rebelle

1

non

feulement

Charles

couronna ErHpoge de fes propres

mains, ii ajouta encore It! rerritoire de R aiz au royau–

me que fon pere venoit d'ufurper,

&

done ii lui con–

firmoit la poffdTion.

Ce fu t au milieu de ces difcordes etrangeres'

&

ci.

viles que

Charles

implora le fecours de fes freres ; chan–

cellant fur lln crone agite par mille faCl:ions domelti–

qu~s,

non mains terriblcs que les

guerr~s

que Jui fai–

foic:nt

u

l'envi Jes Bretons

&

Jes Normands ,

ii leur

demanda une conference pour remedier aux maux qui

defoloient fes malheureux etats. L'empereur

&

le

roi

cle Germanie , cedanc

a

fes prieres, fe rendirent

a

Mer–

feo , oi'.1

ft:

tint I'.iffemblee genera

le.

Les trois "Princes

y

parurt'nt dans la plus grande incimite; on nlapper.

\:Ut aucune de ces divdions qui avo1enc lignale

le

com–

mencement de leur regne. ,, Sdchez , dirent-ils , aux

eveques

&

aux feigneurs , que chacun de nous cit

pret

a

voler au fecours de fon frere '

a

!'aider de fes

confeils

&

de fes

armes ,

tant au-dedans qu'au-de–

hors du royaume ,,. C'etoit unc menace indireCl:e de

les punir, s'ils abufoient davancage de leur autorite;

on oe pouvoit ufer d'une plus grande moderation :

la fierce des nobles en fut cc:pendant offcnfee,

&

l'~n

s'apper~ut

dans cette alfemblec-la meme , que leur pu1f–

fance etoic bien mieux affermie que celle des rois. Gi–

falbert, l'un d'eux, avoic enleve la fille de l'cmpcreur,

&

avoit ofe l'epoufcr publiquemenc malgre

fa

reclama–

tion. Quoique ce rapt blell3t egalement l'honneu r

~C!

fes freres, ii m: put en ob.tenir vengeance ; on

~ut

obli–

ge de diffimulcr leurs autres execs. Mais

ce

qui montrc

l'etat de foibleffc

OU

la monarchic etoicreduite, ce fut un

article qui declaroit quc:,

Ii

l'un des princes derogcoit

a

fes promeffes' Jes eveques

&

Jes feigneurs pourro!enc

l'en avertir conjoincement,

&

ordonner concre llll ce

qu'ils jugeroienc

a

propos , s'il refufoit de fe

readro

a

!curs remontrances. C'etoit rendrc les fujecs juges de

leurs fouvcrains : Jes puiffances intermediaircs avoient

fair un alfcz cruel abus de leur autorite , pour mon–

trer Jes con!Cquences d'uo femblable decree.

L'alfeqiblee de Merfc:n

crvi~

a

re!ferrer !'union d:s