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CHA

modernes , on ne fait d'apres quel

temoignage , ont

pretendu qu'il perit cent mille nobles cjans .cecre

fa–

meufo journee ; c'e!l une exageration derruire par le

filence des aureurs contemporains: la vitlqire fe de–

clara pour ks princes 'onfederes qui, dans unc caufc

injull:e, ne pouvoient en ufer avec une plus grande

moderation : au lieu de pourfuivre Jes debris de l'ar–

mee vaincue, ils s'arrcterent fur le champ de batail–

le

&

pleurerent au milieu du defaftre quc leur ambi–

tion avoit occaGonne. Apres avoir fait enfevelir Jes

morts , fans diftinClion d'amis ou

d'~nnemis

, ils en–

voyerent dcmabder la paix , fans autres conditipns que

celles qu'ils avoient exigees avant la guerre. Lothai–

re, foit par ambition , foit par interet d'etat, rcfufa de

<:onfentir au demembrement de la monarchie; mais ii

fut force de

s'y

refoudr.: : attaque une feconde fois par

fes frercs reunis ' ii abandonna fes etats d'en

de~a

du

Alpes ,

&

fe

refugia dans fon royaume d'lralie : ce

fut alors que l'on vit route l'inconfequcnce de !'am–

b ition.

Charles

&

Louis verfoicnt

a

l'envi le fang des

peuples,

&

s'expofoient eux-memes au danger dea ba–

railles , pour ne point reconnoitre de foperieur dans

'Cln frere , cependant ils fe courbereht de leur propre

gre

fous

le joug du clerge. Ayant fair afTembler lea

c.!vequcs, ils leur demanderent s'ils pouvoient jouir de

Jeur conquere, en s'emparant des provinces que Lo–

thaire laifToit fans dffenfe. Les eveques ,

fi'!_ttes

de

fe

voir

Jes arbitres de leurs rois, Jes difpenfareurs de leur

couronne, fireot une reponfe conforme a la haute idee

ciue l'on avoit de leur caraClere; ils depouillerent le

poffefTeur

legirime,

&

firent valoir !es droits de

la

guerre clans toure leur etendue. La maniere dont ils

rendirent kur oracle, ell: trop importai:ice pour eo pri–

ver le k ckur: ,, Nous declarons , d.c la part de Dieu,

die un prelar au nom de toure l'affemblee , Lothaire

dechu de tous fes droirs; prometrez-vous, ajouta_-t-il,

de gouverner fuivanr les pernicieux exemples de l'em–

pereur vorre frere , ou fuivaPlt la volonce de Dieu ? ,,

Et fur ce qn'ils repondirenr qu'ils

gouverne~oient

fui–

vant la fagc:fTe que

le

ciel pourroit lcur infpirer : ,, Eh

bi~n.

ajouta

le

fin prelat, no1:1s vous avtrtifTons, nous

vous exhortons au nom de tous Jes evequcs'

&

nous

vous ordonnons par l'autorite divine , de recevoir le

royaume de votre frere,

&

de le gouverncr fuivant la

volonre de D ieu, ( c'dl:-a-dire, (uivant la leur ,, .

)

Charles

&

Louis nommerent a.uffi-tot des commifTaires

pour rP.gler le parrage de leur cooquete, ou plutot de

la donation du clerge. Nitard , dont noQs emprun.tons.

une partie de ces details • fut au ·nom.bre de ces com–

miffaires ; mais le parrage rell:a fans execution. La tem–

pece n'avoir pas ete affez violence p.our }!river Vempe.

reur de tome efperanee. Les debris

de

fi:>n naufrage

ctoienr encore capables de relever fon parti; fon royau–

rne d'ltalie ctoit Aoriffanr.

&

n'avo,it (ouffert aUCU)l·

dommage; auffi des qu'il fit Jes premieres ouvertures

de paix, on l'en(endit volontiers. Le

traite fut con–

clu fans retour:

Charles

poflcda (es etats c.omme roi–

&

comme fouverain,

&

fans aucurle marque de de–

pendance envers l'empereur; mais ce prince en affran–

chilfant fes erats , conferva toujours

un~

amc etroice

>

&

f1 dans tout le cours de fa vie on

apper~oir

qud–

<JUC aCl:ion digne du· crone, la gloire en appartient rou–

te enriere

a

l'imperarrice fa mere, princetfe d'un ra–

re merite , qui Jui fervit d4 premier mini!lr..e'

&

fi:;

<JUelqucfois Jes fontlions de general. Son palais- fervit

de theatre

a

millc factions '

&

lui-meme devint le jouet

de

fa

cour

&

de fon clero-e qui le traita toujpurs en

fujcr. L es Bretons fe

rev;ite.renr..: ces pcuples , fujets

de la monarchie Fran¥oife depuis. le regne de Clovis

le conquerant, oferenr reclarner leur ancienne indepen–

dance,

&

le

foible' monarque oublianc qu'il etoit du

fang _glorieux des Pepin , s'humilia devant .ces rebel–

les : 11 c_ouronna lui-merne Erefpoge , fils de Nomme-

11on, qui avoit commence la revolte. L ache

&

timi–

de en_vers les errangers , comme envcrs

fes fujers, ii

drnlfm

que

\es Normands ravageaffi:nt impunement

'lome

11•.

C H A

323

[es

ci)tes, pi\lalfcnt Jes egJifes

&

les ville' 1es plYi

opuler.rcs. Tandis que ce peuple dHoloit ainG fon crat •

ce prince imbecillement devot, difpuroit

a

des moi–

nes le fterile honneur de porter fur fes epaules Jes re–

liq ues

&

!es chafft:s des faints. Ne valoit ii pas miemc

animer le conrage de fcs foldats ,

&

ecarter avec

e.uK

l'ennemi du fan&uaire de .la diviniFe

?

Mais quelle que foit la brievete que nous nous fom–

mes propofee, nous ne faurions nous difpenfer d'en–

trer dans quelques derails ; rctracer la vie de

Char–

les le Chauve

,

c'cll: devoikr la fourcc de nos ancien–

nes divifions,

&

montrer Jes principales fecoulfes qui

nous one fait perdrc le fceptre que poffedent aujourd'

hui !es Allcmands nos anciens fuicts. L othaire n'etoit

pas

le

feul ennemi que

Charles

eut fur Jes bras ;

Louis

le debonnaire, outre Lothaire

&

Louis avoit

eu de fon premier mariage un croifieme fils nomrnc

Pepin.

Ce- prince avoit ete fait

roi d'Aquitaine,

&

avoir lailfe en mourant deux fi ts qui avoient herite de

fon courage, fans heriter de fa puifTance ; Louis leur

aleul avoit juge

a

propos de les en priver. Ces jeunes

princes avoient de nombreux partifans parmi les Aqui–

rains qui de tour terns s'etoient montres jaloux d'avoi,r

un roi diftingue de celui des Neuftriens. lls avoicnt

profire des favorables difpofitions des anciens fujets

qc

leur pere,

&

avoienr fuivi le parti de Lothaire dans

la o-uerre civile; ils efperoient que ce prince, en re–

can~oilfance

de !curs ft:rvices • ne balanceroit point

a

relever leur crone. Lothaire

y

auroit probablement con-·

fenti , mais ayant ete force lui-meme de recevoir la Joi

du vainqueur, ii Jes avoit abandonnes. D es que

Char–

les

eut figne le traite de paix. ii fongea a fatisfaire fon

relfcnrimenc ; ii fe rcndit en Aquitaine,

&

fit

aff~f­

finer Bernard, un de leurs partifans. Bernard ecoir

cc

comre de Barcelone , qui , miniftre de Louis le de–

bonnaire , avoit joue un role

fl

interefTanr fous le re–

gne de ce prince dont quelques auteurs one prerendu

qu'il avoir fouille la couche. La mortt du comte af–

fiigea Jes jeunes princes, fans dec<!>ncertcr le.urs pro.

jets : !OUS deux etoient d'unc valeur eprouvee-;

&

Pe–

pin 'l'aine • avoit tous Jes talens d'un general; ii etoit

meme afTez verfe dans !'art des negociarions, fur-tout

p-ouP un terns oil cet art eroit encore dans l'enfance •

ii avoit remporte une viccoire for fon oncle pendant

la guerre civile;

H

fut encor.e

l~abufcr

par une feinte

foum iffion , jufqu'a ce qu'une

iFrup~ion

de Normands.

<Jlli

for~a

le roi de N euftrie de fortir d'Aq.uitainc, lui

permit de faire- de nouveaux preparatifs.

Les Normands eroiem depuis plufieurs fiedt:s !es do.

minateurs des mers : Charlemagne remoin ,

&

quelque–

fois l'objet de lt:ur intrepidire,. auoit predit leurs rriom–

phes fur fes fucceffeurs. lls eroient alors conduits par

Regnier , amiral d'Eric )cur roi , qui venoit de fe di–

ftingucr en Allemagne par des exploits de la plus eton–

nante valeur. Regnier,

a

l'exemple de fon ro1. nc; s'ar–

rcta point au p.illage de quelques villages, comme avoient

fait plufieurs capiraines Normands qui l'avoient prece–

de ; ii t:ntra dans la. Seine

a

b

tetc de fix Tingts ba–

teaux;

&

remonranr cette riviere jufqu'a Paris,

ii

de–

m~ndoir

fans ceffe

fi.

ce pays riche

&

magnifique

eroi~

fans dffenfrurs

&

fans habirans.

Clmr.les

eroir

a

S. De–

nis profl:erne devant ks reliques des faint! qu'il

invo–

quoic. Regoier eur bien pu dire de ce prince fans cou–

rage ce qu'un chef Barbare difoit des Romains dans

le te

rns de lc

ur degradation, qu'il. poffedoit fen royau–

me ,

com.me

Jes betes la prairie qu'elles brourent. L_e

monarque plus rimidc qne Jes rnoines done

ii

parcageo~t

les allarmes , rrcmbloit au feul nom de Normand;

~l

deputa vers Regnier,

&

v.aincu avant de combattre,

~l

Jui· demanda grace pour lui

&

pcrnr fes

pe~ples;

ma1s

pour merrre plus de poids aces prieres • 11

leur_don–

na fept mille livres pefant d'or, fomme.

e~~orb1tante

pour ce terns,

&

qui en excitant la cup1d_1re des bar.

bares, leur donnoit des armes

po~r

revemr avec plus

de fucces. Regnier jura par fes d1eux

f1:1r

fe_s armes.

gage facre parmi les Normands , de ne

pmau;_

~me~::

§.

~

;.