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2IO

CAN

de refi!l:ance. Leur roi s'enfuit

a

route bride ; tandis

qu'extenues de fatigue, ils faifoient

a

pied. une retrai–

te knte

&

dangereuft: fous ies murs de W1bourg.

Ca-

1111t

prdTe par la frayt:tir ou par la honte, ou par l'une

&

l'aurrt:

a

la fois, err:i long:.tems en Suede, en Saxe,

en Ruffie, mend1anc par-tout avec ba.lfdfe des fecours

qu'on lui refufoit avec durece. Enfin l'archeveque de

Hambourg qui cherchoit

a

punir k refus.que Suenon

avoit fai tdt reconnoitre lajurif<liCl:ion de fon eglife, ten–

dit au prince opprime une main genereufe parvengeance,

fou leva le Juchland en fa faveur,

&

Jui donna une ar–

m ee avec laquelle

ii affiegea Suenon dans Wibourg.

Celui-ci plus furpris qu'dfraye d'une irruption fi

fu_

bite, fit une fortie irnprevue, entra dans le camp de

Canut,

jetta par-tout

le

dffordre

&

l'effroi; Valdemar,

de fon core ' fit des prodiges de bravoure; on n'ac–

corda aucun quarrier aux vaiticus,

&

la haine cle Sue–

non n'euc pas epargne

Can11t

s'il flit combe entre fes

mains. II alla porter fes malheurs

a

la cour de l'erp–

pereur , qui le

re~ut

avec une compaffion politique. II

y

avoit long-terns que Jes Cefars jettoient fur

le

Da–

nemarck des

regarcls ambitieux;

Ca11ut

plus jaloux

d'arracher un crone a fon rival que de

le

poffeder lui–

meme '

&

co:nptant pour rien la honte d'tcre efclave

d'un empereur' pourvu qu'il eut d'autres efclaves fous

lui, offrit

a

Frederic

I

de

fe

reconnoitre vaffal de

}'empire' s'il pouvoit le faire rentrer dans fes etats.

Le monarque fouri t

a

cene propofition,

&

ne vou–

lant point ahandonner au hafard dt:s combats

le

fuc–

ces qu'il fe promettoit' peu fcrupuleux d'ailleurs fo r

le

choix des moyens' pourvu qu'il reufsit, ii propofa

a

Suenon unc ·cntrevuc avec

Can11t ,

prit

le

titre de

mediaceur'

&

affetl:a le clefinterefft:rnent le plus gene–

reux. Suenon

&

Valdemar, pleins cle cctte confiance

qu'infpirent de grands fucces

&

un grand courage ,

fe rendin:nt

a

Mcrfcbourg fans efcorte. Alors Frederic

leur die qu'il ne Jes avoit appelles que pour recevoir

d'eux l'hommage qui lui etoit dC1 par Jes Vd(faux de

!'empi re; que

Cmmt

plus docile s'etoit acquine de ce

devoir ,

&

qu'i l falloit

It:

remplir, ou perdre tour efpoir

de retour

cn

DJn~marck. Le~

princes cederent

a

la

nece!Iite,

&

firent un fermrnt contrt: lequel ils recla–

m erent des qu'ds fo rent libres. L e jeune Valdemar,

moins ambitieux que Suenon, l'engagea

a

ceder

a

Gamet

que1ques cerrc:s difperfees clans le Danemarck:

h difl:ance des domaines qu'on lui lai!foit

rendoit fa

tevolte plus difficile; Suenon y C:onfentit; 'mais bien–

tot corrompu par l'yvre!fc , qui fuit le

prufperices ,

ii

opprima

&

fan peuple,

&

Cantlt ,

&

Valdemar lui–

meme. L es deux malh ureux

ft:.

reunirenc eont"re Jeur

enncmi Commun ;

ils firent entr'eux un partage des

ctats done ils ecoient chaffes. Valdemar

fut

reconnu

roi par

Canut,

&

Ca1111t

par Vaklemar. Enfin apres

bien des viCl: ires

&

des defaites ' des negociations

echouees ,

renouees ,

rom1, uc:s, . reprifes-

encore , on

convint du partage du D&nernarck; on lailfa Jes !les

i\.

Canut.

Le fucces de cette entrevue fut celebre par

des fett:s publiques. Les deux princes ·auroient dli

trembler de la facilite a

vec la"

qllelle l'ambirieux Suc–

rion leur :abartd 1 nnoic les dtH.ix plus bearnc fl ' rons de

(a couronne;

les carefft:s done ii' Jes combloic en fe

depouillanc ainfi pour eux, devoient leur infpirer de

iiouvelles allar"1es; mais Valdemar' jeune

&

aenereux

etoit incapable de

foup~on.

Ca1111t

etourdi par"' une pro:

fperite

~

inattendue, ne voyoit, n'cntendoit rien.

Sne~

non, l'an

I

157, Jes convia

a

un

fefl:in rnaanifique:

fls

s'y

rendiren~:

Camlt

fut

a!Taffine; Valdem·ar

0

echappl

aux· bourreaux,

tandis ·qu'Abfalon, fan , 1iiinifl:re

&

fon ami, reyut

Camtt

mourant clans fes bras, croyant

y

recevoir fan maitre , dffendit long-terns fon cada–

vre palpitant ,

&

l'empor.'ta du theatre ou

fe

paffoit

cette fcene funefl:e.

Ca11ut

etoit un prince fans verrus

~

fans·

vices;

pi'us opiniacrii que· couragei1x, iballieu–

remc fouvent par

fa

faute, ii altera , pa_r la lftchete

a~ec_

laquelie ii reconnut l'emperenr pour fon mahre,

l'!nter~t

que fes

evers auroient infpire:

ll !a!fTa

deux

CAN

fi!s legitimes , Nicolas qui fut faint ,

H~rald

qui

fut

chef

de

parti, un fils nature! ,

aldemar, qui fut

eveque'

&

dcux filks qui ' malgre Jes infortones <le

leur pere, trouverent des alliances illufl:res. ( M.

DE

SACY.)

CANUT V I , fornomme

le pieux,

(

Hift. de Dane–

marck.

)

roi de Danemarck , eco1t fils de Valdemar

I,

qui furvecut

a

l'infortune

Canut,

&

au perfide Sue–

non;

&

qui, par la douceur de fan gonverntmenr ,

elf~a

jufqu'atix traces des malheurs que la guerre des

trois rois avoit caufes. Eleve fous Jes yeux d'un

fi

grand prince, parrageant avec lui le fardeau qes af.

faires, apprenant de

Jui !'art cle faire des heureux,

Ca1111t

ne pouvoit fare un tyran. Valdemar l'avoit

de–

figne pour fon fucceffeur: mais apres la mart du pere

en

I

182' Jes Scaniens' peupks enclins

a

la revolte'

vexes par Jes intern.Jans de Valdemar qni l'avoit igno–

re, echauffes par Harald, prince du fang Danois ,

qui cherchoit

a

troubler l'etat pour faire epoque' re–

foferent de rendre hommage

a

Canut //I.

Ct: prince ,

qui vciuloit lignaler fon aveoemc:nt au trone, par un

aCl:e de clemence,

leur envoya

l'eloquenc Abfalon

(

Vb)'CZ

ce mot ) pour leur offrir une amnifl:ie,

&

lt:s _

ramener

a

leur devoir par !es voies politiques. Elles

rie reuffirent pas ; ii fallut en venir aux mams: Ha–

rald vaincu. par-rout, pourfuivi de rerraite en rerrai–

te, alla rnourir en Suede ,

&

la revolte s'eteignit avec

Jui. Peu de fang avoit coule dans certe guerre;

.&

J.1

nature avoit fair pour

Canut

Jes frais de la victoire ,

clans

la

baraille qui fe d nna fur Jes bords de la Lu- -

ma; un ouragan affreux s'ekva tout a.coup, dirigeant

fa

.courfe du cote des Scaniens, enleva les boucilers

des

plu~

foibles, rnit les plus robuO:es clans l'_imp_of–

libilire d't:n faire ufage ;

&

ks

lailfant exp?fes

!ans

armei: defcnfives a cous les

traits des

royal11les, ks

contraia nit de faire:

une

r~traite

precipitee. La cle–

mence

0

dt:

Crmut

s'etoit Jaffee ; ii vouloit abandonncr

la province au. pillage; mais Abfalon

defr~dit l~s

vaincns contre la furwr de fon roi, comme 11

avo1r

defend u fon roi concre la furt:ur des rebelles.

Lt:ur fedicion avoit

ete frcn:tement fomenree par

Frederic Barberouffe, qui. vouloit faire ft:ntir

a

Canul

PI

la neceffite de re reconnoitre fon vaffal, afin d'ob–

tenir l'appui de la puiffance

imperiale. II l'invica en

1188,

a

venir renouveller

a

fa

cour ·cette

inviolable

amitie qui l'avoit uni, difoi•-il,

a

Valdemar fon pere:

ii ne falloit pas une politique bien profonde '· pour

penerrer le deffein de l'empercll'f:

l'exemple de

SL1e–

non

&

de Valdemar fuffifoit pour infiruirc

Ca1111t.

IJ

differa fon voyage fous differc:ns pre_cextes. Frederi-c

prit ces delais pour un refos ; la ch1mert:' de la mo–

narcn ie unil(erfelle, pre qLe realifee par Charles-Quint'

commen1=oit

a

flatter

des

Jors ks ambltieufes c:fperan–

ces des cmpereurs. Leurs liaifons avec Jes Papd Jes'

accootumoient

a

fe re arder, ainfi que Jes pontifes,

.comme les maitres de

l'univers. Frederic

ecriv it

a

Can11t

avec ce O:yie

imperieux , done fe

fcrvoit leur

faintete' ·lorfqu'elle daignoit ecrire

atJX

rois. II l_ui.

mand.a que, s'il ne venoit Jui faire hommage de frs

etars, il alloit en difpofer en faveur de quelquc: prince

mieux inllruit de fes devoirs.

Gamet

repondit ,, qu'avant

,, de donner le D anemarck, ii fa lloit le prendre; puis

,', melant I

plaifanterie a ·1a fermcre , ii ajouta que,

,, fi

Frederic voliloit Jui ceder la moitie de fon

t'.ITI·

,, pire, ii s'avoueroit fon vaffal pour ct:tre panie ,, •

Cependant Valdemar, auill efclave des promdfes de

fon pere que des fiennes ' Jui envoya fa freur'

agee

de fept ans, que Valdemar avoit promife

a

Frederic,

due de Souabe, fecond fits de l'empereur.

Ca11ut ,

peu inquiet du cote de l'Allema'gi\e, paffa en

Juthland, .ou quelques

troubles avoient rendo

{a

pre–

fence necelfairc : Bogislas , due de

Pom~rarli~

,

cr~a­

rure de Ilarberou!re'

&

qui avoit

ju~e

d arracher Jes

armes

a

la main , l'hommage

ue

I~

·roi

r~-

ufdit

a

!'en;.

pire

:

faifit cette circO'nftarrce, etjulp'a one flotte'

&

preima

~E~ irrupci~n

dans

!;ile' dt:

~~s:n,

dont le