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zo8 -

CAN

vfritablement un feul ]our. Edmond , Con fils ,

fut

re:

connu clans Londres par des amis fidi;les. Ses malheurs

!e

rendoient interelfant,

Coq

courage le rendoit redou.

table.

Ca11ut

fentit qu'il ne pouvoit le vaincre que clans

fa

capitale

:

deuic fois ii forma

le

liege de Londres,

dcux fois Edmond le

for~a

de

le

lever. U ne trmfierne

tentative ne

fut

p<is plus heureufe: on

fe Jivra cinq

ou fix

c;:ombats

1

&

fi

!'on met clans la balance !es vi–

ltoires

&

!es defaites , !es

de\JX

partis eurent egale•

ment

a

fe loucr

&

a

fe plaindrc de la fortune

de~

ar–

mes, Enfin dans une bataille rangee pres d'Alfeldun,

l'armee d'Edmand

fut

taillee en

pi~ces

, l'an

JO

16.

L'amaur de fes fujets lui en donna encore une ; il ne

voulut point la facrifier

a

fes

intercrs ,

&

envoya un

cartel au prince Danois. Celul-ci refufa , parce qu'il

etoit d'une conftitution foible,

&

que fon ennerni avoit

re~u

de la nature

&

de !'education des forces

Ii

extraor.

dinaires, qu'on l'avoit furnomme

Cote defer.

On en vint

a

une conference ; les deux rois prirent leurs officiers

pour arbitres:

le

royaume fut partage. ·Edmond con.

{erva toutes Jes provinces fituees au midi de la Tami.

{e,

&

une partie du Velfex

i

le re!l;e fut le partage de

l'ufurpateur.

Edmond s'occupoit

a

rendre heureux le peu de

fu.

jets que la fortune Jui avoit lailfes, lorfqu'il fot alfa!line

par

I~

perfide Streon.

Cm1ut

diffirnula l'.horreur que cet

actentat lui infpiroit,

&

fe fervit encore de Streor1 pour

affrrmir Con empire.

II

relloit deux foibles rejettons

de la tige royale :

Cami!

trop genereux pour leu r 6ter

la vie, crop ambitieux pour kur lailfer kur patrimoi.

ne, alfembla !es grands de la nation, demanda l'au·

tre moitie de l'Angleterre avec plus d'audace qu'il

n'(lvoit conquis la premiere , arracha le co'nfentement

des frigneurs , eloigna Jes enfans d'Edmand ,

&

fu t

reconnu

roi de toute la Grande-Bretagne. Des qu'il

n'eut plus d'ennemis

a

combattre ' ii devint le plus

daux des hommes , retablit les anciennes loix Saxon.

nes , en fut le premier efclave, favorifa !'agricultu re,

fit regner l'abondance dans !es villes, verfa fes bien.

faits fur

le

peuple ;

&:

pour achever la canquete de

tous Jes cceurs ,

ii fit trancher la tcte

a

cc meme

Streon qui avoit apporte

a

fes pieds celle de fon con.

current ,

&

epoufa la reine Emme , veuve d'Ethelred.

Cependant les Danois s'ennuyoient de fon

abfenc~

;

l'abandon ou

ii Jes

lailfoit Jeur parut une infulte :

·une indignation generale s'empara bientot de ces ames

ileres que l'ombre meme du mepris revoltoit.

Ca1111t ,

pour Jes calmer ' fit une apparition dans

fes etacs ,

&

retourna en Angleterre , ne lailfant

a

fa place en

<D anemarck qu'un fantorne de

roi:

c'etoit

Ca1111t-Horda

fon fils. Ulfon, beau-frere dt:

Canut

,

etoit charge de

la conduite du jeune prince; celui-ci avoit k s talens

d'un miniil:re

&

!'ambition <;l'un regent.

11

echauffa '

-par de fourdes menees. le rnecontentement qu'excitoit

l'abfenct: du pere,

&

fit couronner le fils pour regner

fous fon norn.

Canut ,

polfelfeur de deux royaumes ,

qui ne

pauvoi~

quittt:r l'un fans hafarder la perc-e de

l'autre, medita cependant la conquece d'un nouvcl em–

pire. Son pere avoit foumis une partie de la Norwe–

ge; Ollaiis , princt: du fang des anciens rois , y eroit

rentre.

Can11t

lui envoya des ambalfadears pour Jui re.

demander fon patrimoine: en

le

reclamant, ii defiroit

qu'on le lui refufat, afi n d'avoir un pretexte pour

·conquerir le refte de la Norwege. Sa politique reuffit :

la guerre fut declaree.

Ollai.is

fecouru par Amund ,

·roi de Suede entra , d

ans la Z

elande ,

Ca1111t

repalfa

en Danemarck avec une

flotte

&

une armee for.

midables , fit alfaffiner U lfon qui avoit . ete l'auceur

de la revalucion, pardonna

a

fon fils qui n'en avolc

ete que l'in{hument' marcha contre les princes

ligue~ ,

leur

pr~fenta

la bataille d3ns la Scanie ,

foe

vaincu,

ralfembla fes

troupes fugicives , dctacha Arnund de

l'alliance d'Ollaiis, fut vainqucur

a

fon tour ;

&

can–

dis que le prince decrone cherchoit un afyle

en

R uf.

fie , ii fou rnit toute la Narwege ,

re~i,it

Jes hommages

des habicans, leur donna un vice-roi, rcvint en Da-

CAN

nemarck ,

&

fit

couronner fon fils vers l'an

1028 ;

pour prevenir une feconde revolution. Ollaiis rappdle

en Norweg:: par un parci foible que fon imj>rndcnce

affoiblit encore , hafarda

lln

combat, fut varncu,

&

ne furvfrut point

a

fa

defaite. L'eglife l'a place au

rang des fai nts. On die qu'il faifoit des miracles t:n

R

uffie , tandis 4ue

Canut

faifoit des conquetes en Nor–

wccre. Dans la derniere action, il renvoya tous les Palens

de

0

fon armee , de peur qu'ils n'actiralfent fur elle la

cokre du ciel.

Il

fut battu le 29

J

uilkt 1030.

Ct11111t

ralfa!ie de triomphes

&

de gloi re, ne trou;

vane plus de plaifirs

no~~eaux

clans une

co~r

barbare

&

dans un pays difgrac1e de la nature, fe Jetta clans

la devotion, peut-etre pour jetter quelque variete fu r

l'ennuyeufi: uniformice de

fa

vie. Le conquerant de

la Norwep-e

&

de \'Analeterre devint le courtifan des

moines;

I~

manie des p<lerinages , epidemique

ala.rs

,

s'empara de ce prince ; il alla

a

Rome;

&

fe

s fuJet

s

qui lui avoient fait un crime de fon feJOur en A_ngle–

tt:rre , lui pardonnerent un voyage Jong , d1fpend1eux ,

&

dont ii ne rapporta que des bulks.

II

repalfa en

Anglcterre,

&

y mourut entre les

, ?r~s

des pr,etres. en

1035.

II

efperoit, en comblant

1

egl1fe. de b1enfam.•-

expier tant d'injuftices ; Edmond depou11le de l:_i rno1-

tie de fes etats, fes deux enfans pri11es de l'autre moi–

tie, Ollaiis challe de fon patrimoine , Ulfon mort fous

Jes coups de poignard • tandis qu'on pouvoit le faire

perir fous le glaive des loix.

II

en avoit forme un

code qui fe

fentoit de )'ignorance de fon fiecle ; on

en peut juger par cet article : Si un homrne eft accufe , -

,, &

qu'aucun temoin ne ve,uille

d~pofer

co

ntre ~u

i

,

,, ii

fera condamne ou abfous par le Jugemenc

_de.Du:

u

!

,, en portant

le

fer chaud ,,. Le meurtre n'e

tott pu

nt

que d'une amende. Ayant lui-meme , clans un acces

d'yvrelfe, egorge un de fes domd1:iques , ii joua

le

Ly•.

curgue,

&

fe mettant devant fes officiers clans la po–

ll:ure d'un criminel , ii leur ordonna de pranoncer fur

fon fort. On fent que !es juges etoient plus embarraf–

fes que le coupable. Une )ache flatterie Jes _cira d'af.

faire : il la ha'ilfoit cependant ,

&

un couYt1fan ma\.

adroit ayant ofe

le

comparer au maitre de la nature ,

Canut ,

pour toute reponfe ardonna

a

la mer de fuf–

pendre fon reflux.

II

etoic petit, foiblt:

&

mal pro–

portionne; mais fon genie etoit va!1:e , fecond en ref–

fources'

&

fouvent maim: des evenemrns par des con–

jectures fages. L'art de conqufrir des etats,

&

celui

de Jes gouverner , lui ecoient egalement familiers. Son

courage etoit

a

l'epreuve des re'vers . fa modell:ie

a

l'e·

preuve des profperites.

Il

ne pardonnoit pas

a

frs en–

nemis, mais ii favoit

cont~nir

fon relfentiment ,

&

ii.:

fe venger qu'en paroilfant venger ou !es loix, ou la

nation.

Si-Can11t,

fatisfait des etats qu'il avoit

re~us

de fes aieux: , fut refte clans le Dancmarck , ii auroic

jull:ifie

le

nom de

grand

que fon !iecle lui donna; or .

n'auroit plus

a

Jui re racher que fon exceffive libera–

lite pour Jes monafteres.

II

ecoit impoflible que des

bienfaits fi multiplies ne folfent pas pris fur la mall<:

des impots : c'etoit engrailfer des religieux riches. de

la fub!iftance de l'homme pauvre

&

laborieux.

II

avouoit

lui-meme qu'il ne verfoit !es biens for l'eglife avec

tant de profufion, que pour expier fes crimes. Auffi

fes injuftices nr.: trouverent jamais de cenfeurs parmi

Jes rnoines. (

M.

DE SAcv. )

CANUT

III.

H oRDA (

Hifloire

de Danemarck

&

d'AH·

gleterre.

)

roi de Dan<;marck ,

&

dernier roi Danois

d'Angleterre.

II

etoit fils du precedenc; ii herita d'une

partie des etats de fon pere ; mais il n'herica

II

j

de

fon courage ni de fa fortune. H arald

a11

pied de lievre ,

fon frere , prince aaif

&

ambitieux , Jui difputa la

couronne d'Angleterre, verfa !'or

it

plcines mains clans

la Mercie, conquit !es cceurs pour conquerir plus

fU–

rement Jes etats ,

&

fut proclame.

Canul

a!fembloit des

confeils , donnoit des avis , en recevoit, n'rn executoit

aucun,

&

cependant fon frere foumettoit des provinces.

L'ambitieux H arald nt' fe feroit peut-Ctre pas borne au

royaume

d'

Angleterre ; mais la mart l'arrcta clans

Jc

cours