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164 _

CAN

&

en 160+ ,

le

connetable de Moncmorenci , gouve-r–

neur de Languedoc, fit vificer cous Jes endroics par

oii

le

canal

pou voic pa!fer.

D ans l'hiftoire de Langue oc (

Jome

//.

pag.

363 ,

51 0

&

516.) on crouve qu'aux ecacs de L angue<loc ,

ii

en avoic ete queftion plulieurs fois' ils en parlerent

clans leurs cahiers en 1614; le

23

fevrier 161 8 , Ber–

nard Aribul propofa de la part du roi , d'entrepren–

dre un

canal

depuis Toulou(e jufqu'a Narbonne, of–

frant de faire Jes avances nece!faires,

&

de ne rien

demander a la province que fon

travail ne flit fini.

L es ecacs de

Langu~doc

occupes de couce autre cho–

fe,

&

voyanc, fans dome, de grandes difficultes dans

ce projet, repondirent que .Sa M ajefte en uferoic felon

fon bon plailir; cecre propolicion n'eut pas d'aurre

fuite; mais je fois bien sur que

Ii

le

canal

eur ece

enerepris aux conditions que propofoit Arii;lul, ii n'au–

roit point ere fini; d'ailleurs on ne

connoi!fo1~

point

encore a!fez les eclufes ,

&

les autres parties de l'Ar–

chii;e¢ture hid·raul iqlJe, pour executer dans ce teins-la'

uni!

Ii

grande encreprik. On

y

revint' encore , en 1632 ,

fous le cardinal de Richelieu, mais cela n'eut pas plus

de fuite qu'auparavanc.

Pierre-Paul Riquet de Bonrepos, natif de )3olier,

foe

celui qui euc non-feulemeni., la hardielfe de former

ceHe eqtreprife, mais le courage de la foivre

&

le

bon.heur de

l'ell'.ecute~;

la fierce de Louis

XIV.

fe por–

toit n;uurellement

a

de grandes chofes' le zde du

grand Colbert

a

des chofos imporcantes ; avec de pa–

reils fecours, on pouvoit tout e(perer;

le

roi nomma

des commiffaires

a

ce fujet des l'annfr 1660 ( M. de

Baville,

Mi111oires de La11g11edoc.);

I'

Edie donne

a

Saint–

Germain-en-L~ye ,

au mois d'ocrobre 1666 donna la

premiere authenticite

a

ce projec,

&

ii fut confacre

par une medailk: on y voit Neptune qui frappe la

terni' ii en fort un bouillon d'eau qui

fe,

repand

a

droite

&

1i

gauche ; legende,

Maria ju11Cla ;

exergue,

Fojfa Agarnmna ad pQrtum Setium

1667. Le grand Cor–

neille celebra cette <lntrcprife la meme annee' par ces

vers

~

La

Garom1e

&

l'

Atax, dans leurs grottes profondes,

Soupiroie

nt de

tout tems pour vo1r 11nir leurs ondes,

Et faire

ain.fi

co1tler, par ttn beureux pe11cbant

,

Le~

trif

ors de

/'fmron aux rives du co11cba11t.

Mais

a

des

'lJlliUX

.fi do11x,

4

des jlammes .fi belles,

La 1

It1ture a11acbie

a

fas loix itmzelles ,

Po.ur

ob.ftacle i1Jvi11cible oppqfait fierement ,

Du m

onts

&

des rocben l'ajfreux encbai11e111mt.

France, ton grand rot parle ,

&

!es rocbers

fa

fendent;

L a terre owure

fan

fein , !es plus hauls 111011ts de(cendmt.

'1'0111 cede,

&

l'eau q11i fuit !es pef[ages ou•.:erts ,

Le fait

'Vair

1011.t·pui.J}allt

fur la terre

&

/es mers.

L'A tax vem dire

l'Aude:

ii

y

a un ecrivain qui a

fub(litue le Tarn

a

I'

tax , nc faifant pas attention

q ue

le

Tarn tombe ?ans la Garonne.

.

M. Riquet, occupe de ce foperbe projet, parcourut

.Jes environs de S. P apoul

&

de Caftelnaudari; ii avoit

pu rernarquer dans la montagne noire des vallons qui

conduifoirnc des eaux a !'orient

&

d'autres qui

les

porcoirnc

a

l'occident ' cela delignoir un point de par–

iace, une elevation de:

laq11ellc: parrent des eaux vas

le;

deux mers. On en connoic de femolables en Suilfe ,

en Daophine

&

ailleurs. II ne

ft:

fervoit .alors que de

fon fontainier nomrne

maure Pierre,

qui l'accompa–

gnoir dans fes recherches; ce maicre pierre ecoir fils

d'un nomme

Commas de Rroel.

M. Andreoffi, fils d'un Icalien, alors employe dans

Jes gabelles , avoit le .ta!t:nt

propr~

a

tec<:rnd~r

M. Ri–

quec, qui l'employa

uul_e~enr:

1ls reconnurcnt dans

)JI

montagne noire quels eco1ent les

vallo~s

par lcfquels

on pouvoit tourner pour ralfembkr les d1fferentes eaux

de la monracne en un meme endroit,

&

l'on s'en af–

fura d'aoprd

0

par k nivdler:ient

!

enfuice p_a_r l'e;cpe–

ricnce que M. R iquer fit a ks depens en fa1tant creu–

fer un cres-p tit

ca11a!

fur une longueur de plufieurs

Jieues, qui amena aux pierres de Nauroure des eaux

que la nature avoit jufqu'alors porcees dans !'Ocean,

&

d'autres, qui , de

lOUC

terns avoirnt ete

ddOS

Ja

M editerranee. On dit memt qu'il apper\:Ul une

fon–

taine fortant du rochcr qu'on uppe.lulC

d~ja

ks

pierrts

de Nauroure ,

&

dont Jes eaux alloienc vers ks deux

mers. C'dt-la qu'eft en effet

le

point

<le

partagc

&

le

fommet du

(Olla/,

ekve d'env1ron 600 pieds au-deffus

du niveau de la mer,

&

M. Riguet

con~uc

des-1'.lrs

le projet d'y batir une ville, dont

It

commerce s'e–

t~eroit

fur !'Ocean

&

for la Mediterranee.

Lorfqu'on eut montre au grand Colbert la poffibi–

lite d'amener des eaux en alfcz grande ahonrlance a

ce point le plus eleve de Nauroure, le roi en fit faire

le

devis par M._le chevalier de Cleville, comrnilfaire

general des fortifications du royaume' qui etoit alors

l'ingenieur le plus celebre '

&

l'on ordonna bient6t

!'execution du projet. Les etats de Languedoc allem–

bles

a

Carca!fone en 1666 , accordercnc une fomme de

Boo

mille ecus pour le commencement de ces travaux.

Le roi, la province

&

M . Riquet paierent

le

fur–

plus

a

differences reprifes; 11

COUta

I

7+80000 livres

de ce terns-la (Je mare d'argenc etant

a

29 liv. 7

(.)

ce qui fcroit atl:uelkment 30460000 liv. y compris–

le paiement des heritages fur lefquels i;!evoit

p~!fer

k

canal.

Le quart de cette fomme fut avance fucceffive–

menc par M . R iquct ,

&

acqu itee enfuite fur Jes re–

venus du

canal.

La province fouroit pres d'un tiers,

&

le roi pres de la moi[ie. Le premier contrat

fut

fait Jc: 13 Ocrobre 1666 , ii

y

en eut d'aucres

le

23

J anvier 1669 ,

&

le

2 Avril 1677. Le roi avoit erige –

Je

canal

&

fes dependances en pki n lief, avcc haute,

moyenne

&

ba!fe juftice, relevant

immediatement de

la couronne;

&

ce fief,

&

le droic de voicure qui y

fut anribue, ftirent crees comme un bien propre, non

domanial, non fujcc

a

rachat ,

&

qui devoit palfa in–

commmablement,

&

a

pcrpet\lite ,

a

).a

pofterite de

l'~cquereur.

Tels forent les ttrmes de

l'edic

&

arret

interpretatif du mois d'otl:obre 1666. Ce fief fuc acquis

a

l'enchere par M. Riquet le 14 mai 16.68 pour 200

mille liv. dans la partic: qui dt depuis Trebes jufqu'a

Touloufc,

&

le rcfte en 1669, pour 200 aucre mille

livres , a la charge d'entrerenir le

canal

a

p~rpernite.

Enfin

le

proces-veri;lal de vifite

&

de reception du

canal

fut

fait en 168 1

&

en 1684 , apres la tin des

travaux, par M. d'

Agu~lfeau,

imendant de Langue–

doc, affilte du P. Mourques, jffuite, qui faoic charge

par le roi de: l'infpc:foon du

canal.

Cc

proce~-vc:rbal

ell: imprime ; mais le celebre Riquec ecoit more

c:ri

1680 , vers la fin des cravaux , un peu avant que le

canal

file entierement navig blc:.

-

L a longueur totale du

canal

c:ft de 1227 16 roifc:s ,

deptiis fon_ embouchure dans l'etang de

1

hau, jufqu'a

l'eclufe de la Garonne

ii

Touloufe. C'c:ll: environ 6 1

lieues de poft , relies qu'on les compte dans prcfque ·

COUt

le

royaume, c'efl: a-dire, de 2000 coiles chacune,

On ne compte que 40

lieues dans k

pays, c:n ks

fuppofant de 3000 co1ft:s. Cette longueur des 12

2

7

1

6

toifes ell: ce qui rffulte des mefures qui ont _ece prif<;&

en 1769 pour

le

bornage du

canal,

lorfqu'on en a

dre!fe tes plans copographiques fur une echclle de crois

lignes pour coife. La largeur du

ca•zal

ell: prefque par–

tout de 60 pieds a la furface de l'eau'

&

de

32

pieds

dans le fond, la profondc:ur de

l'~au

e!t

au m9ins de

fix pieds, les barques en tirenc moins de cinq, quei–

qu'elles portent jufqu'a 200 milliers, ou cent tooneaux,

poids de mare.

Le long des bords du

canal

font deux bermes ou

chemins pour

le

tirage, l'un de neuf pieds , l'autrc de

fix. Mais les francs bords,

y

compris ce chemifl , ont

environ 36 pieds de chaque coce '

&

dependent du

canal ;

ils ferven t

a

depofer les terres qui provicnnent

du recreufrment du

canal.

Sur cetce longueur il

y

a 101 baffins ou fas d'e–

clufes , un pour communiquer de l'eca ng de Thau

il

la riviere d'Heraulc au-dc:lfus du motilin d'Agde; 74