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d'une grande garde, afin
~e
ne point fatiguer
l'a~mee
fa ns ra1fon.
ll
n'y a prelque pas de gucrrcs qut ne
fourni!fent des exemples de cc:s
fortes de
camps.
I1 n'en dl: p11s de memt: dans
le
fecond cas: du
choix des premiers
camps
dependent prefque
toujo~rs
Jes fucces d'une campagne. L es uns ont pour objet
l'entree du pays ennemi; quelquefois meme de l'ou–
vrir tout-d'un-coup : !es autrcs dc donner jalou!ie de
qudque cote, ou d'y contenir un corps ennemi, pen–
dant qu'on pfoctre de l'autre: ceux-ci de fe menre
a
portee d'anaquer l'armee ennemie , OU de la faire
reculer: ceux-li d<! faire le fage ou le blocus d'une
place.
ll
ne fuffit pas alors que les troupes aienc kurs
commodices, ii fam en meme terns qu'elles foient cam–
pees' fuivanc' des rnaximes parciculieres
a
chaque def–
frin qu'on peut avoir.
Q!,id que foic l'objet d'un
camp de ra.ffemblement,
on
commence par difpo!er le; quaniers de l'armec; on en–
voie aux troupes des ordres pour leur marche, au ren–
dez- vous general, ou aux rendez-vous parciculiers qui
Ont
ere
determines , obfervant q q'elles
y
arri vent toU–
tes le meme jour, fuivant qu'il fcra
n~ce!faire
OU pof–
fible. II faut q ue l'armee ait'
a
fa
fuice comes les cho-.
fes dont elle a befoin pour entrer en campagne, ou
du moins qu'elles foient placees de maniere
a
ne pou–
voir nullement retarder
fa
marche
&
fes operations.
Ccla fuppofe, nous aliens voir ce qu'il y a
a
obfcr–
ver dans un
camp de ra.ffemblement.
I.
En quelque pays que vous vous trouviez, con–
formez- vous aux maximes genfrales.
II. Evicez de precer
le
fianc
a
l'ennemi; prenez une
po!ition forte par elle-meme; appuyez vos ailes , af–
furez par des decachemens les devancs
&
les derri res
de vocre
camp.
lll.
Que l'etendue de votre
camp
foic proporcionnee
a
la force de vocre armee' de forte qu'elle ne s'y
trouve pas crop ferree ni crop i!tendue. Suivant le nom –
bre des bataillons
&
des efcadrons , alongez plus ou
moins
fa
ligne
&
les intervalles, pour remplir le rer–
rein ,
&
etre
a
portee de Ce qui devra COUvrir
\'OS ,
fiancs. Lor(que vocre
camp
ne fora pas a!fez etcndu ,
campez l'armee fur plu!ieurs lignes; obfc:rvant, tou–
tes les fois que vous
le:
p'ourrez , de lai!fer crois ou
quatre cens pas d'une ligne
a
l'autre.
IV.
Si vous etes en plai ne, campcz fuivant l'ordre
de bacaillc ;
&
Ci
votre
camp
ne peut etre a!fure , corn–
me ii
t:{l:
die
a
la maxtme II , faites des retranche–
rnens, afin que l'enncmi
nt:
puilf<: vous obliger de
combJttre quc vous n'en ayez k dc!fc:m , ou que les
circonfl:ances ne vous mettc:nt dans la necc:ffire d'tn•
venir
a
une action.
V. Si le pays eO: coupe,
&
que vous
n'y
puiliicz pas
camper regulierement' partagez votrc armee, mais fans
trop ecarter \es corps !es uns des aucres. Faitcs oc–
cuper les chemins , !es villages, charcaux , cenfes,
&
tout ce qui pourra lier le front de votre
camp,
&
fup–
pleer
a
fa
regularite.
VI.
Dans un pays de montagnes, campez !es trou–
pes fuivant l'aCiiccte des lieux; mais coujours de ma–
niere que les plus avancees pui!fent ' erre fouceoues
p romptement par !es aucres : gardez les defiles
&
cou–
tes !es gorges par ou l'cnm:mi pourroi't arriver; qu'au–
cune parcie de vocre
camp
ne foic foua1ife
a
des hau–
teurs d'ou ii pui!fe vous incommoder; occupez celles
d'ou vous puiffiez decouvrir fes mouvemens,
&
qui
cachent les votres. Le
camp
du roi de Pru!fe
a
Ros–
bac , en 1757, c!toit foumis
a
des hauteurs que nous
avions en avant du nacre ,
&
d'ou on auroit
force
ce prince de fe rctircr,
Ci
l'on eilt continue de le canon–
ner cornme on fit la veille de la batailk.
VIL
Que la cavalerie qui doit ag1r avec celerite
>
foit toCtiours campee clans la plaine ; mais s'il fe trouve
vis-a-vis l'une de vos aik s un bois , un village , ou
q uelqu'aucre endroit OLt l'ennemi ait-jette de l'infan–
terie , afin que protege de fon feu ii pui!fe rallier
fa
cavalerie, alors mettez
a
l'extremitc de cem: aile de
CA M
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l'infanterie" pour qu'el\e fqic
a
port& de fouteni r
a
f'!n tour la cavalerie. Cette difpo!icion a ete pratiquee
de tout tems,
&
\es exc:mples en font tres-communs
dans les memoires
&
hiftoires des guerrc:s.
VIII.
On campe ordinai remenc la cavalerie aux deux
ailes de l'armee ; queJq,1cfois- on frrr:ne lcs aiks par
une ou plu!ieurs brigades d'Infanterie. II arrive auffi
qu'on pone iome la cavaleric fur unc aile; une au–
tre fois on la c-ampe en feconde ligne. Cette derniere
difpo!ition s'obferve principalement clans un pays de
moncagne; alors on n'en place dans la premiere ligne
qu'aux endroics ou
el
le peut agir. Reglcz-vous toCi)ours
a
l'egard de ces difpo!itions differcntes ' rur
le
terrein ;
ne
le diftribuez
aux
troupes qu'aucant qu'il
leu'r
fera propre
&
avancageux ,
foit par
fa
natqre , foit
par la difpo!ition de l'ennemi qlle vous aurez en tC!e.
Un champ de bataille, quelque boo
&
quelqu'avan–
tageux qu'il foit, perd tout le mfrite de la !icuacion •
fi chaque arme n'eft en
fa
place; c'efl:-a-dire, poftee
dans le terrein qui lui convienc; ii faut toujours qu'une
arme puilfe ecre foutenue par
l'autre.
. IX . Ne campez j amais fur le bord d'une riviere ou
i:l'un rui!feau, que vous ne laiffiez encre l'une ou l'au–
trc_
&
le camp, un efpace fuffifa nt pour.ranger l'ar–
mee en bataille'
&
pour que vous ne puiffiez fare in–
commode du feu de l'ennemi qui fe trouveroit campe
for l'autre bord.
.
X . S'i( ne faut pas, fuivant la maxime precedente ,
que votre
camp
foic pres du bord d'une rivicre ou
d'un ru1lfeau ,
lorfquc l'ennemi ell: fur l'amre bord,
vous devcz encore bien mains vous en eloigm:r , cel–
lcme~t
que vous ne voyez pas ce qui s'y pa!fe. La
bataille d'Hochfl:cc fut perdue en 1704 ,
&
nous
fU–
mes furpris au
camp
de Bur5uffien en 1761, en avant
de Ca!fel , parce que les generaux manquerent d'ob–
forver cette maxirne.
XL
En q uelque pays q ue vous campiez, ayez foin
'de reconnoitre les chemins , k s rivit:r s , ruilli:aux
>
gues , k s chareaux , k s bois ,
&
autres endroics qui
foront aux en virons ,
&
faices les occuper felon qu'ils
feront
plus ou moins
imporcans , par leur fitua–
tion, par rapport
a
VOUS OU a VOtre ennemi.
X ll. Le front
&
!es ailcs de vocre
Cflmp
etant bien
connus , bien
ft:rmes
&
bien couverts, que ks derrie–
res en
foien t
libres ; qu'il y aic
plu!ieurs chemins
ouvens aux vivres ; eri un mot quc:
)es. communi–
cacion' en foicnt bit>n etablies.
XIII.
Si vous eces oblige dc prendre votre quarcier
·gen ral a la cfo: de vocre armee , qu'il foit couverc
par un corps de troupes
&
q_uelques brigades d'ar–
tilkri -.
XIV.
Oblervez effentiellc:ment de vous camper de '
maniere quc: les mouvemens que pourroic faire l'enne–
hii par
fa
droite ou par
fa
gauche ,. ne vous obligent
point
a
quitter votre po!ition ; mais qu'au concra1re,
par qudque mouvemenc femblable de vocre part , if
foic force d'en faire un confiderable.
&
de vous aban–
don ner le pays.
'f(V.
Enfin , ciuoique vous
foyez fur l'offen!ive,
prenez comes fortes de precautions pour la furcte de
vocre
camp
,
oLr k voifinage de.l'ennemi peuc
a
tout
moment engager quc:lqu'affaire; foyez. en tout vigilant
&
ex;..:l:, afin que vocre ennemi n'imagine pas quc: vous
le meprifrz '
&
q u'il n'en devienne plus audacieux
&
pl us entreprenanr.
D ans la-
guerr~
defenlive comme clans l'offi:nlive •
ks
camps de ra.ffemblement
ionc loin ou. pres de l'en–
nemi.
L es premiers n•ayant rien de different de cenx qu'o,n
prend en pareil cas lorfqu'il s'agit d'unc guarc
~-~fen!ive , on fe tlifpentera de repEtc:r 1ci ce qLtl en a
~eJa
ete die au commencement de l'arricle_precedcnr. A3ou–
tez ccpendant qu'il efl: e!fentiel de prendn:. ccs
campi
~c
bonnc h ure d'aljtanc qu'ils one quclqucfo1s pour ob3et
de manger un pays avant quc
J'en~eni~ n'~ncre
en cam–
pagne, afin de le lui rendre pl us d1ffic1le a travcrfer,
&