-CAL
dans· une lalete fi de"outante , qu'on en fit des· repro–
ches
a
fa
fomm~
qui
0
,
pour fe ju!lifia ' repondit qu'i l
n'avoit jamais eu qu'une feule chemife. II ne tira que
deux pieces d'or par jour du trefor plrblic pour l'en–
tretien de
fa
maifon,
&
)'on ne trouva dans
fa
garde–
rob.: qu'une ve!l:e groffiere qu'il porroit quand ii mon–
toit
a
cheval. Cet amour de la pauvrete , ces rnreurs
au!l:eres, faifoient la cenfure de fes derniers predtcef–
fcurs qui avoient
deg,foer~
de la fimplicice des premiers
terns de l'inamifme.
En confequence de l'ordre de .fucceffion
regle
~ar
Soliman, Ydid, fils comme
lu1 d'Abdalmalec, fu_t
eleve au califat. Des qu'il fut parvenu au crone, 11
de!l:itua cous les gouvaneurs des provinces,
&
ce chan–
g;ement excita de nouveaux crouble1 qui forent erouf–
fes dans le
fang des rebelles. Ce fut fou
fon regne
que les Mufulmans fire
nt uneinvafion dans
la Gau–
le Narbonnoife , ot1
ils
fire.ntquelques conqucces que
Jes Fran\:ois commandcs par le comte Eude,. Jes for–
~a
d'abandonner. Ce
calife
n'e!l: connt1 que par frs de–
bauches,
&
fur·tout par fon amour effrene pour !es
femm~s.
ll
fut f1 vivement touchc de la more d'une
de fes concubines, qu'il ne voulut pas permecrre de
l'enterrer; ce ne foe qu'au bout de quinze jours que
fes domefiiq ues vainquirent
fa
refi!l:ance, parce que
l'infeel:ion de ce cadavre eroit devenue infupportable.
~and
ii n'em plus ce degoucant i'peCl:acle
a
contem–
pler, fa douleur devint plus amere,
&
pour l'adou–
cir, ii la faifoit qudquefois exhumer.
ll
ne lui fur–
vecut pas long-rems '
&
ii ordonna qu'on l'inhumat
avec die. L a famille des Ommiades eut encore cinq
califes
qui font plus connus par leurs generaux q uc::
par leurs propres actions. Le regne d'Heshan n'efl: me–
morable que par la dffaite des Mofulmans
a
Toms ,
oli
ils perdirent trois ccns foixantc
&
quinze mille
hommes: pertc:: qui femble exagcree. Cette viCtoire rem.
porcee par Charles M arrd, delivra !'Europe de l'ef–
clavagc done elle etoit menacee. Valid qui lui fuccede
ell: abhorre par !es cruautes : la rebdlion eclate dans
pluficurs provinces ,
&
ii perd
le
tronc
&
la vie. 11
ccoit impie; debauche
&
gourmand : fa paffion pour
le vin le rendit plus odieux a fe fujecs , que
fa
cruau–
te
&
fes autres vices. Sa mort fut
le premier coup
porte a la famille des Ommiades. Ydid, troifieme du
nom, prend !es renes de !'empire, que fes mains crop
foibles ne peuvent gouverner. Des fujets remuans, fous
prcte.~te
de venger fon predecdfeur, fouffient par-tout
l'efprit de revolte,
&
c'eft en cpuifan.t le trffor pu·
blic qu'il en arrete les ravages. II meurt de la pe!te •
a.
Damas, apres un regne de pres de fix mois. Ibra–
him,
fo~
frere , qui monta fur le trone , fut un prin–
ce fans vice
&
fans vertu. Mervan prince de fon fang ,
arracha le fceptre de fcs debiles mains ,
&
place fur
le crone par
la
viCl:oirt:, ii montra que ' s'il avoit ete
heureux a vaincre , ii n'etoit pas moins habilc:
a
gou–
v~rner,
mais un empire qui n'efr point foutenu par la
101 , _n'dl:. qu'un rofeau que fait plier l'orage. L 'c::fprit
de rebellion ft rr.1entoit
clans !es prov-inces : Mervan
n'eut que des fujets
a
punir. La molle complaifdnce
?e
~es predeccf!~urs
qui en avoient
ere
la viCl:ime, lui
infp1ra une polmque barbare,
&
ii cruc que
fa
puif–
fance ne pouvoit etre cimencee que· par
le
fang. La
feverire de fes vengeances mulciplie les rebelles ; les
peuples commencent
a
rougir d'etre pro!l:ernes devant
un maitre fanguinaire, candis. quc:
la fam1lle de leur
~rophctc
gemit clans l'oppreffion. Les AbbaHides, plus
riches que les Al ides , reunilli:nt les va:ux de l'empi·
re; la Syric: , !'Arabie, l'Egypte , la Mffopocamie
&
toutes les provinces mtridionalcs proclament Abbas ,
devenu le chef de cctte famille
infortun~e.
L'aCl:if Mer–
van s'emprelfe d'etouffer le feu de la revolte : ii
ft:
li–
vre un cc:imbat fur !cs bords de
l'Euphrate; oli les
de
ux pams donnant egalemcnt des preuves de cet achar–
n~
me.nt9u'infp!re le
fanatifme , tiennent long.rems la
v1tl:o1re tncertatne. M ervan emporte hors des rangs par
fon cheval fougueux , ne peut plus diriger ks mou-
'fome
II!
-
·
C A L
123
vemens de fon
arm•e, qui fut taillee en pieces ; ii
s'cnfoit
a
Damas, dont on lui refufa
l'encree ; ii va
chercher un afyle en Egypre,
&
ii
y
trouve la mort.
Ainfi finit la
puilf~nce
des Ommiades , maitres fan–
guinaires, moins par penchant que par la neccffitc de
gou verner avec un fceprre de fer un peuple in?ocile
&
teroce.
La famille de Mahomet recablie fur le tror.e donne
fgalement des fcenes de carnage. Les O mmiades font
frappes d'anachernes ,
& •
foi1'anre mille periffent par
le glaive clans l'etendue de !'empire. Abderamene , re–
fte infortune de cette famille ,
le
derobe au ma!facre,
&
palfe en Efpagne ,
Oll
ii forme un etat independant.
Les Abballides delivres des ennemis de leur maifon ,
retablilfent la memoire cl'AIi ,
&
pourfuivent avec
fu–
reur Jes defcendans. Polfelfeurs paifibles du trone, ils
y font a!feoir les fciences
&
les arts avec eux : la lit–
terature Grecque
&
Romaine devient familiere
a
un
peuple groffier , qui s'etonne de la barbarie de fes an–
cetres. On ouvre des ecoles de philofophie,
OU
la rai–
fon triomphe des prfj uges populaires; l'a!l:ronomie
y
decouvre !es mouvemens de ces globes
flottans dans
l'immenfite ; mais clans
fa
nai!fance , on abufe de
fa
foible!fe pour la defigurer ,
&
elle n'e!l: encore que
l'art impofi:eur qui fed uit la credulite avide de devoi–
ler l'avenir. La medecine
a
peine fortie de l'enfance,
parv.int
fubicement
a
fon age de maturite ; mais fes
traits furenc alteres par des fympachies my!l:ericufes
qui firent la repu tation des charlatans
&
des impofteurs.
D es viIles nouvelles s'eleverent,
Oll
l'architeCl:ure
fit
briller frs premiers effais; la chymie qui penetre clans
cous
1
!es fecrets de la nature , developpa fes
riche!fes
dont on abufa pour
fc
livrer a
la decouverte chime–
rique de la pierrc philofophale. Ainfi, tandis que les
fciences
&
!es arts font exiles de !'Europe par ks
Gohcs
&
k s Vandales, la cour de Bagdat leur ferr d'a.–
fyle ,
Oll
Mahadi
&
Aaron R afchid appellent
&
re-
. compehfent tous ceux qui fe dirlinguent par
Ii:
ge–
nie. II ell: vrai que les lemes
a
kur renai!fance
je~te~
rent plutot quelques ecincelles qu'une veritable lumie–
rt:; mais elles foffiren t pour nous remeure ou nous
guider clans nos romes.
Le: gout des Abballides pour Jes arts n'affoiblit pointl
lcur ardeur pour la guerre : tout, jufqu'a leurs feces,
fervoit 3
entretei~ir
!es inclinations belliqueufes de la
nation
:
c'ecoit des jouces ou des combats d'animaux ,
oli chacun pouvoit exercer fon adrelfe
&
fon courage.
L'empirc en devenant plus eclaire , devint plus re–
domable ; I'Atlas
&
l'lmmaiis , le T age
&
I'Indus
eroient fous le meme fceptre,
&
deux mille lieues d'e–
tendue formoient le domaine d'un fcu l maicre. D ix–
huit princes Abballides regnerent fucceffivement avec
aucant de: gloire pour eux que pour la felicite de leurs
peuples qui reuni!foient !curs voix pour benir leur re–
gne. U n empire auffi etendu devoit s'ecrouler fous fon
propre poids; ii ell: un certain periode de grandeur
OU
un etat n'efr pas plurot parvenu, qu'il fait des pas
vers fa ruine ; plus ii prend d'accroilfemens , plus le
pouvoir arbitraire fe deborde for
la liberte nacurelle
des peuples. L e fpeCl:acle de tant de nations profl:er–
nee~
infpire l'audace de tout
of~r
&
de tout enfreindre;
le defpote iv re de fon ,pouvoir, s'endort clans une faulfc:
fecu~ite;
le bandeau de l'illulion ne lui lailfe point apper–
cevo1r qu'il ne faut qu'un chef
a
des ptuples mecontens
pour ecre rebelles. Les derniers Abballides envoyerenc
dans
l~s
provinces tloignees des gouverneurs armes du
pouvo1r, qui ·s'en rendirent les fouverains : la facil ite de
fe
rendre independans
leur l!n fit nairre
l'ambirion.
D ans
~~e
monarchic hereditaire , ii ne faut qu'un h_orn–
me
me~1ocre
pour decruire l'ouvrage de vin
gt heros.A_pres le regne de Vacek , le trone ne fut plus.oc–
cupe que par des hommes incapables d'en .
foute~1r
le
po1ds; fon fuccelfeur, abruti clans !es plus !ales debau–
ches , expire fous les coups de fon fils qui femble le
punir d'avoir donne la vie
a
un monftre fi denature.
Ce parricide met rout !'empire en confufion : les gou=
g~