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II8

CA L

l'hurneur d'A Ii rop librc

&

crop cnjouee pour en im–

pofer

a

un~

fcel:e nailiantc , coOjours plus frappec d'un

exrtri~ur

au!l:ere quc de l'eclat des talens: its repre–

fcmerenr que le droit de commander

a

une nation bcl–

liqueufe n'etoit point un privilege de la nailfanC"c ,

d'autanr plus que Jes enfans des heros etoient rarc:–

ment le heritiers de leurs talens,

&

que c'etoit amc

b raves guerricrs. formes

a

l'ecok du rophete'

a

dC:–

figner un fuccdfeur qui fut digne de lui

&

d'eux ,

p our !es conduire

a

la viCl:oire. L 'un etoic refpeClc du

people par une fagelfe foutenue, par des mceurs pu–

res •

&

fur- tout par fon attachernent fanatique

a

la

dotlrinne nouvelle. L'autre, aum grand enchou!iafte ,

avoit le ca:ur des foldats temoins de fes :1Clions he–

ro'iques ,

&

de fon courage pone jufqu'a la ferocit€.

L a milice s'affemQle tUmulcuairement ; la multitude

confondue avec elle demande un fuccelfeur ,

&

Abu–

Bc:ker ell: procl<1me

I

Omar • ne pouvaot s'oppofer a

cc choix , fe fait un merite de fan

ob~ilfance;

ii dl:

le premier

a

le reconnoitre ' ii fe pro!l:erne

a

fcs ge–

llOUX ,

&

le ccint de

l'~pee

du prophece. Ce facrlficl!

rie lui cotica pas bcaucoup ; ii

prevo~oit

que le nou–

veau

califc,

plus epuifc encore de fatigues

&

d'aufie-

. rrres que d'annees' lailreroit bient6t

le

trune vuide.

A li fut le feu l qui ne voulut pas le rccoonoltre;

O mar furieux in,·c!lit

fa

maifon

a

la tcte d'une troupe

d'affaffins ; c'etoit tolijours

le

fabre

a

la main 9u'il

aimoit

ii

terminer !cs differtnds : Ali auffi brJve que

Jui, mais d'un courage plus cclairc , conftnt

a

recon–

f!Oirrc

le

calife,

Abu Beker accepta cctte <lignite , mains par ambi.

t ion, q ue pour affurer

le

triomphe de la religion ,

done ks intfrcts rcmi. en d':ll1tres mains h1i paroi('–

foirnc en danger. HLlmble dans fon elevation, ii ne

voulut fe rendre r commandable quc par fan refpdl

p our la memo1re du prophcte ,

&

quand ii moncoit en

chaire , ii ne

fo

playoit jamais daos le plus haut de–

grc! , pour faire

u~ ~veu

public d'i

.r~n

inferio:ice. So_n

temperament affo1bh par les auftcmes , fan vifage de–

charne par des jdlnts outres,

fa

phy!ionomie trifle rc–

doubloicnt la venfration pour lui • parce qu'on les

regardoit comme

au~ant

de temoignages ?e, la. fain–

tete de frs mceurs; etranger fur la tern:, ti eton fans

atrnchement pour tout cc qui allume la cupidite: fo–

b re

&

frugal, les mets lcs plus communs lui paroif–

foient une nourriturc trap fcnfuclk: ii ecoit

Ii

de!in–

terelTc , qu'a

fa

more on nc lui trouva que trois dra–

chmes clans fon trHor ;

le

rtfte de fes dfcts fut eva–

lue

ii

cinq, qu'il ordonna de diftribuer aux indigens,

Ces vertus

privee~

fembloiem mieux convcnir

a

un chef

de dcrvichcs, qll'au conduckur d'un ptuple guerrier;

mais il avoit !es mceurs Clu moment,

&

avec des in.

clinations plus 'relevees ' ii eut peut-ctre ren1• rfe

!'e–

difice qu'il afihmit; quoiqu'il tftt du courage

&

de

la capacite pour la guerre • ii en lailfa

le

loin

a

fes

en 'r.iux;

&

tandis que ledentaire dans Medine, ii

rHidoit

a

la police c1v1le

&

religieufe, les licmenans

foumcrtoicnt quelques contrees de I'Arabie que leur

obfcuriu! avoit d, robl:cs

a

!'ambition de M ahomet.

Les Mufulmans n'ayant plus rien

ii

conqucrir dans

lcur pays, ils portertnt Jeurs armes clans la Paldline

qui fur sontrainte de palfer fous leur domination. H e.

raclius cache d'oppoler une digue

a

cc: torrtnt pret

a

fc debord r fur les plus belles pr v·nces de Ion em–

pire : ii kve une armee nombreule , qu'une difcipltne

c:xatlc frmbloit r ndre invincible ; ks Romains enga-

ent une action meurtriere ,

&

quand its .:roient n'a–

voir affaire qu'a une multitude confufe

&

fans or.

dre , ils font urpris d'avoir

a

comb ttre des nimaux

feroces qu'un inllintl brutal precipite dans ks perils ,

eoale:n<"nt indifferens • donner au a recevoir la mart ;

l;;1r "tonnement glace kur courage: ils fe precipitent

d•n~

l'Euphrare qui Jes engloutic fous fes eaux ,

&

la

Syric tombe au pouvoir d ces

f

n3tiques qui en

·mt

le

f1coe de kur do inJtion. c for :Unfi qu' bu-

d:er ,

fo.;:s

en offer I c ir:im ,

it.:ero men

CAL

dans le choiic d fes gfofraux , rccula Jes limit

!

de

fon empire par la conqucie de la yrie

&

de

l:i

Pa–

ldline ; ii lui cut fans doute doone de plus grands

accroi.lfemens •

Ii

la more ne l'eilt cnkve apres un rc–

gne de deux ans

&

quclques mois.

Omar , defigne fon fuccelfcur , t 'moigna d'abord

&\"Oir de )a repugnance pour une dignite que fan am–

bition devoroit en fecret;

ii

parut ne fc rendre qu'aux

va:ux unanimes de l'armee qui

le

proclame empereur

ou commandant des fidelcs, titre qu'il prit

&

qu'il

cranfmit

a

fes fuccelfeurs. Des qu'il cut le front ceint

du diademe. ii fe fi t une grande metamorphofe dans

fes mceurs.

J

ufqu'alors ii n'avoit refpire que Jes com.

bats

&

le fang : fon caratlere fcroce s'adoucit,

&

au

lieu de s'armcr de l'epee, ii

re

confacra tout entier

aux fonCl:ions pacifiques de l'autel

1

mais toOjours ani–

me de l'efprit de Mahomet, ii fe fen c egalemcnt em·

brafe de !'ambition des conquctes. Dans ce liecle de

guerre, il s'etoit forme des capicaines qui avoi nt fub.

!l:itue une difcipline regolicre aux mouvemens tumu l–

tueux d'une milice qui jufqu'alors n'avoit cu que du

courage. Omar met

a

la tecc de

re~

arrnccs des gcne–

raux qui aimoient la guerrc

&

qui favoient la faire,

&

done les projets bien concertes alfuroient le fucces•

Ce fut contrc !es Perfes que les M•ifulmans routne–

rent !curs armes. Its s'avancent vers l'Euphrare pour

dcloger l'ennemi des pofies qu'il occupoit. Arrive de.

vant Caddie , ville !icuee

a

l'ex rremite des dffms de

l'Irax, ils

y

livrenc une batail!e memorable all trentc:

millc Perfans re!l:ent fu r la place. Cettc: bataille que

les Mufolmans comparcnt

a

celle d'Arbelle, fut vi.

vernenc difput. e

:

la capitale

&

la pluparc des pro–

vinces de l'erfe fubtrent la loi du vainqueur. L 'Al–

coran fut place fu r l'amel oi\ bruloit le feu facre des

mages; k s fortaelfcs furent demolies : lrs mreurs an–

tiques elfoyercnt une revolution rapide '

&

des bar–

bares ditlcrent des loix fur le trone des domma cur'

de !'Alie.

Une autre armee de Mofulmans at1aque Jes Re–

mains jufque dans le centre de leur empire. Kaleb ,

grand capitaine

&

Mufolrnan fanatique , les rencon.

tre entre Tripoli

&

H arran , ii anime fes foldats en

leur difant: ,, Ne redoutez rien, le Paradis cfi fous

,, l'ombre de vos epees,, I Its engagent une aC\:ion

&

its font vainqueurs

1

le butin fu t immenfe , chaque fot.

dat n'cut plus de mifere

a

craindre pour le rcne de

fa

vie. Cc fut-Iii qu'on vie eclater ce zt:lc fonatique,

qui foifoic connoicre que l'efpric de . Mahomet refi–

doit encore au milieu d'eux. On fut quc plu!ieurs

foldats avoient tranfgrc!Te la defenfc: de boire du vin;

on

pronon~a

une peine de quatre-vingts coups de ba–

ton conrre les prevaricatcurs : le general , q .ii nc pou–

voit executer fon arret, parce qu'il ne connoilfoit pas

Jes coupablcs , k s invita

a

faire un aveu de lcur fa u–

re : ccs fanatiques , affures d'etre punis forent !curs

propres

~ccufatcurs

,

&

fe fo11mircnt fans murmurer

a

un chatiment qui expioic kur faute. Emefe

&

plu–

fieurs aucres villes confiderablcs ne previnrcnl leur rui–

ne que par une prompte fourn iffion : !es une! furcnc

livrees par des tra!tres , d'autrcs payerenr des femmes

auffi ronfiderablcs

CJUC

Ii

elks cuffcnt

ite

abandon–

n 'cs

a

!'avarice crut:lle du foldat, apres un alfaur. Le

nOU\' I empire ' elcve fur !es

d~bris

de ceux des Pcr–

fes

&

des Romains , pr noit chaque jour de nouveax

ccroilfcmens. Mais tant de victoires ne

font

point

connoitre

le

calife

qui ne triomphoit quc par fes lieu.

tenans. C'c!l: daas les details de

fa

vie privee qu'il faut

defcc:-ndre, pour dcvelopper Ion carafo:re. Sa tempe–

rance

fut

un jeune fevcre

&

pcrpetucl; ii ne fe nour–

rilfoic que de pain d'orge '

0

1) mclcit un cu de fcl'

&

(o\;

enc ii le privon de cct alf.i1fonncment, our

ne pas trop accorder

a

fcs fens. L cl pauvrcs

&

les

rands etoicat admis indiftin,_ ement

a

fa table , qui

ecoit une fcole de frugaltt' , don le rigidcs

Sparri~tes :rnroienc admire la !implicit·; mai; il 'roit gloricux

de m n er

n pontifc r i. cs habit. e101ent

{

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