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.

172

A F F

manceuvres , afin de les obliger de

ééder.

On

affale

de

meme ,

&

pour les memes raifons les caliornes '

&c.

&

généralmient cou t ce q ui eíl: retenu par

le

frotte.

ment qu'il a

a

vai nc re.

O n dit d'un matelot q ui , au lieu de pefer fur

~ne

m anceuvre

av.ec

les feules mains pour

l'affaler ,

la fa1lit

&

fe lailfe

d

efcendre avec elle , qu'il

s'nff.:le

avec cette

manceuvre ,

&

par extenlion; on di t auffi qu'il

s'affale

le long d' une. manceu vre ,

lorfqu'il

fe

laifft: glilfer

le

lon a d' une manceuv re fixe.

A

FF AL ER

(

s' ) , v. a.

(

terme de Marine.

)

c'eít s' ap–

p rocher trop d'une cóte , clon t on court ri fque de ' ne

pouvoir enfu ite

~'éloigner.

Ce vai lfeau va

s'affale~,

.s'.i l

continue

a

counr encore quelq ue tems comme 11 ta1t.

J'avois bien prév u que ce vailfeau alloit etre

affalé.

E tre

affalé ,

eíl: une fi t uation dangereufe ou tout au

moins fort inquiét"ante ,

&

q ue confequ émment il fa ut

avoir

le

plus g rand foi n de j uger

&

de prévenir. On

p cut donner comme une regle généralt: de ne jamais

s'approcher d' une cóte s' il n'y a de l' utilité

a

le faire,

~

enc ore doi t-oir cómbiner l'avanrage fur le tems

&

for les

rifq t1~s.

La f9rce du venr , ou celle des co u–

r ahs ou nieme le ,cafme, font

c>.jfaler

un vai!Teau mal–

gré lu i : alors on doit avoir recours

a

ce que l'expé-

. r ience

&

les connoilfances doivent avoir appris ;

&

employer

les mance uvres qu'elles diél:ent pom fe

ti–

rer de cene pofi tion. L es ancres font une reffource,

fur -

tout

q uand ce n'eít point un coup de vent qui

ch arge ainfi en córe: en mouillant on peut attendre

. que

le

terns change

&

permette de s'éloig ner. C'eíl:–

Ia

cependant le dernier moyeh

a

employer;

&

on n'en

d oit fa ite u fage q u'au cas . feulement ou coute autre

manceuvre feroi t inurile,

&

qu'en reíl:ant fous voile

on s'approc heroit toujours de la cót;;: car mouiller,

·n'apporte point un changement réel

a

la fitu ation du

vaiffeau.

Il

fernble

qu'étre affalé

s'emploie . plus p articuliére–

ment pour défigner que c'eíl:

le vent q ui charge en

cóte : lorfq ue le vaiffeau y t-íl: porté par les courans

ou par le calme, on emploie plus ordinairement d'au–

tres termes : on dit erre

p~rté

a

-t~rre

; etre jetté ; ecre

-<lrolfé ; termes tous,

a

la vérité , fynony rnes.

D es vailfeaux

affalés

onc q uelquefois été forcés de

fe jetter

a

la .cóte , choi fi lT.1nt un end roie commode ,

d'ot1 l'équipage p út gagner la terre. On fen t bien qu'un

p artí pareil ne peut erre autorifé que par l'im poffibi–

lité totale de fe relever ,

&

la certicude de périr corps

&

biens ,

fi

l'on s'éc hoU"Oit dans tout aurre iníl: ant.

(

M .

leChc_valier

D E L A

Cou o RAY"E.)

*

A FFAME' ,

ÉE ,

adj.

&

part. paffif;

(

Gramm.)

preffé par la faim.

U11

lottp affami.

Prov.

ventre affamé

n'e

point.d'oreil(es;

c'eíl: -a --d ire , celui que la fa 1m preffe

n'écoure g uerc ce qu'on lui di e : l'é loq uence a peu de

force pour appaifer les murmures d' un peuple qui fo uf–

fre de la fa mine.

*

A FI'AME R , v. a. , faire fouffrir la. faim , en

ó tant ou coupant les vivres. On

affame

une prov ince

p ar

1

l'exportation des bleds ; on

affame

une ar;née en luí

coupant ·les v_1vres.

·

A FFECTATION ,

f.

f..(

Be/les- L ettres. )

man iere

trop étudiée , trop recherchée de s'exprimer.

L "ajfeDation

eíl: dans la penfée , dans

l'e:xpreffi on

d ans

Je

chorx des moes , des tours , ou des imagcs.

~and

on a l'idée de

1'affeélatio11

dans la con tenance,

dans la dérnarcne , dans la parure , on a l' idée de

l'af –

Fe&lation

dans le fiy le.

L 'affeélation

eíl: quelq uefois jufq ues daos le foin trop

marqué d'etre naturel , dans la familiarité , dans la

négligence1

L 'a.f!ettation

de Pline , de Voiture , de Balzac , de

-le Mame , de Fontencl le , de la Mottc:, de M arivat1x

·n'eíl: pas la meme.

,

'

Voiturc , en parlant d'une expreffion rec herchée de

Pl ine

le

jcu ne , ,, ne m'avouerez - vous pas

dit _il

,, que cda eíl: d' un petit efprie, de refufe; un

rno~

,, qui

fe

p ré!Cnte ,

&

q ui cfi

le mcilleu r , pour en

AFF

,; aller cherchcr

1

avec foin , un moins bon,

&

plus

,, éloigné

?

.

Cette critique femble annoncer l'homme du monde

le

plus naturel dans

(a

fal'on de penfer

&

d'écrire.

C'cíl: pourtant ce meme Voiture q ui, écrivant

a

ma–

dernoiíel\e P aulct, qu'il s'eít embarqué fur un navire

chargé de fuere, lui <lit que s'il viene

a

bon pore il

arrivera

confit ,

&

que fi d'aventure il .fait naufrage,

il aura du moins la confolation de

mou ri~

en ea1 douce.

L

maréchai de Vivonne difoie

a

fon cheval1, au paf–

fage d u R hin ,

J ean le Blanc,

ne fo uffrez pas qu' un

général des G aleres foi t noyé dans l'eau douce; mais

ceci ef\: de meilleur goü t.

C'eíl: ce meme Voiture qui écrit

a

une femme,

jt

crois que vous favez la fource du Nil ;

é:f

ce/le d'ou vous

tirez toutes

les chofes que vous dites

,

tfl

beaucoup plus

cachée

&

pl11s inconnue.

C'eíl: Jui qui die

d~

Balzac,

il a i11vent! tm potage que

j'

ejlime plus que le panegJ•rique de Pline

,

&

que la plus

longue harangue d'Ifocrate.

,

C'eíl: lui qui, fél icitane Godeau des

jleurs

qui naif–

fr nt dans fon efprit, luí dit qu' il en a re\:u un

bou–

quet fur des b11rds ou il ne croít-pas

tm

brin d'herbe.

Et

il aj oute :

l'Afrique ne m'a rien fait voir de plus nou–

vea11 que vos ou·vragcs

:

en

les lifant

a

l'ombre de fes pal–

mes

,

je vous les ai touies fouhaitées

;

&

en méme tems que

je me confidérois avoir été plus avant qu'Hercule

,

j e me

fuis v11 bien loi11 derriere vous.

C'eíl: c:e meme Voit ure qui écrivoit

a

Coíl:ard, qu'il

vouloie s'abítenir de

r~cevoir

de fes lettrc:s ,

a

caufe

qu'on .étoit en careme ,

&

que, pour un tems de pé–

nicence ,

c'étoient de trop grands feftins. Pour vo11s, vous

pouvez Jtms f crupule recevoir ce quej e vous envoye

,

ajou–

eoit - il,

a

peine ai -j e de quoi v ous / aire unr.

légere cola–

tion

. ... .

'Je ne v ous fervirai que des /Egumes;

&

dans le

meme fens fi¡;uré ,

VOllS faltes des f a1tceS avec

fejquel/e¡·

on mangeroit des cailloux.

Commene

le

meme homme qui, dans fop íl:yle, em–

ploie des tours

li

recherchés , des jeux de mots fi ém- -

d iés , des rapports

fi

fi ng uliers

&

li

faux encre les

idées , en un mot une pl-aifanterie fi peu nacurelk

&

fi

froide , commene peut-il ·erre bleifé de

1'11ffeBa tion

de Pl ine le jcune , mille fois moins affc:él:é que lui

?

en voici la raifo n.

L '

ajfeélation

de Voiture n'étoit pas celle qu'il

ro–

p rochoit

a

Pline.

JI

ne voyoie dans celui-ci que la

recherche de

l'expreffi on , fans meme

erre

b\elfé du

tour

antithétiqu~

&

artifi ciellement compaffé que Pli–

ne avoi t dans fo n

éloqu~nce.

M ais fi

!'line avoit

Ju

Voiture, il et'.1 e éeé bleffé de mcme d u rappoté forcé

des idées

&

des images q u'il emploie ,

&

fur-tout de

la peine qu'i l

te

don ne , pour

traieer

fa rniliértmene

les g rands fuj ets ,

&

plaifamment les chofes les plus

g rav.:s.

Balzac, dont

l'ajfeélation

eíl: encere d'une autre for–

te , car elle conliil:c:: Clans

la recherche d'u n fiyle pé–

riodique

&

fo utenu avec dignité , o u , comme il l'a

di e de lui -meme , dans

une gravité tend11e

&

compofée,

ou , comme Boileau en a j ugé ,

a

ne f avoir dire

jim–

.plement les chofes, ni defcendre de fa ha111eur;

Balzac ne

lailfc:: pas

de

do nner au!Ii quelquefoi s dans le fau x bel

efprie de Voi ture.

Il

écrie

a

Un homme affi igé ,

'1.'0/ Yt

éfoq11ence l"tlld VO-,

tre

douleur vramunt co11tagie11ft

,

&

quelle glace

,

je 11e

.d.is

pas de L orraine

,

mais de N orvege

&

de

lvJ~fcovie

,

.ne f

o11droit

a

la chalmr de

'UOS be/les larmés

?

Ce n'eíl:

poin t-la

Je

la froide pl aifanterie comme dans Voitu–

.re , rnáis un ierieux du plus mau vais gout.

L orfq ue Balzac veut erre plaifane, il eíl: encere plus

forcé q ue Voíture. Il écrit

a

madame de R ambouillec

.qui lu i a envoyé des gants,, quolq ue la g rek

&

la

,, gelée aien e vendangé nos vig nes au mois de mai ;·

,, quoiq ue ks bleds n aiene pas tenu ce qu' i\s pro-

mettoiene ,

&

que la · bel le efpérance des moiffo ns

,, fe trouve fau-lfe dans Ja récolte ; quoique les ave–

" nues de l'épargne fe foient r.endues exeremement dif: