ACC
celfairement fuppo
frr. C'ell:-la aum l'idée que L ocke
en donne dans Ion
E.ff•i fur /'entmdemenl brm:ain , liv.
JI.
ebap.
23. Avec quelque foi n, dit-i l, que nous faffions
l'andlyft: de l'idée que nous avons de la fubll:ance ,
nous dcvons toC1jours reconnoirre que nous n'cn avons
point d'aurre q ue celle de je ne fais qud fujer incon –
nu, que nous fuppofons étre le foucien des qualirés
qui font capables d'cxciter en nous des idées limples;
qualités qu'on nomme communémen t des
a<cidms.
Le
pere Buffier, un des métaphylicicns qui a le plus lim–
plilié les idées abll:raires,
&
qui me p arolt avoir pour
l'ordinaire répandu le plus d.: jour fur ces oQjets ob–
fcurs' eíl: dans les mrmes idées a cet égard que les
philofophes que nous venons de citer: il prend au!Ii
Je
mot
nuidenl
dans ce fens général , peuc-étre méme
lui donne-t -il plus d'érendue encore,
'J'raité des premie–
res vérités, pAr/.
Il.
chap.
2 1 ,
§.
3
3+ J e cherche ici ,
dit-il , quelles idées l'efprit humai n peut fe former na–
tu rellement fou s ces te rmes
fi1bjlance
&
a<cidmt.
A pres
y
avoir penfé ,
je
n'ai pu rien concevoir par fub(la n–
ce ' linon ce qui répond
a
l'idée d'etre ' que je dé–
pouil le de touces modificarions ou manieres d'etre , pour
le
confidérer feulement en tant que fufceprible de ces
mod illcarions ou manieres d'etre. La fub(tan ce done ,
confidérée précifémenr en tant que fubíl:ance , n'eíl: qu'
une idée abll:raite; car il n'exifte point naturellement
&
réellement de fubll:ance qui ne foi r que fubll:ance ,
fans etre revetl)e d.: fes mod ificarions'
lefquell~s,
fu i–
vant les idées CU1t: nous en
pouvo_n~
narnrellement avoir,
ne font que ld'fubt1ance conlideree par fes divers en–
droits. C'ell: ce qui s'appell_c
ta~tót
des q ualités, tan–
tót des modes ou des mod1ficat1ons, rantór des attri–
bu ts ou adjoints, tantót des circoníl:ances ou
auidms
de la chofe.
,
D ans ce premier ftns du mot
acaident,
oppofé
a
celui de lubll:anc.:, il parolr que nous ne connoi lfons
d ans chaque choCe que les
a«idms
;
&
que l'idéc de
Ja fubll:a nce, n'ell dans
le fond que
la
limpie idée
abíl:raire de l'exiíl:ence: Jous ce point de vue il fau t
prendre garde de ne pas confondre la fubll:ance avec
l'dience; car dans l'idée de l'elfence réelle d'une cho–
fr,
entre nécelfairemc::nt celle des anributs , modifica–
tions ,"manieres d'étre,
&
' cd le de tous les
nccidem
ef-
'
fcnt iels de cette chofe ; au
lieu que daos l'idée de
fub ltance relle que nous la confidérons
ici , par op–
po!ition aux
accídens ,
nous ne pouvons rien diíl:inguer
que la feule idée d'exiíl:ence, puifque nous en fépa–
rons celle <le toute efpece de modification. Une aurre
attenrion qu'il faur avoir en rraitant de
la fubll:ance
&
des
accidens ,
conlill:e a
fe
fouve nir q ue ce fon t ici
des
idées abltraites , qu i n'ont · point hors de nous
d'objer réel
co~refpond ant,
&
exill:ant a p art, comme
exill:ent
a
part dans l'écriture ou le difcours les mocs
ttuidmt
&
fubíl:ance. En elfer, nulle fubíl:ance n'exiíl:e
q u'dle n'exill:e d' une certaine maniere, avec telle mo–
d ificacion , qualiré , amibut, relation .
ulle maniere
d'etre, nul attribur , nul
auidenl
ne peut exiíl:c:r fans
u ne fobllance dont il
ell:
l'accident
,
la modification.
Les
nccidms
ou les modilicarions ne font done rfrlle–
dnenc que la fubllance elle-méme mod ifiée;
&
la fob–
íl:ance n'eíl: recllement que l'erre méme modifié de relle
ou telle maniere. L a fubll:ance ne peut done pas exi–
fter fans les
accidms ,
ni les
occidms
fans la fubíl:ance.
J e ne nie pas cependant qu'une fubllancc ne pu ilfe
exiíl:er dans un lieu_, fan
que j'en
apper~oive
les
ac–
cidms.
Si la lumierc eíl: un érre répandu p:lr tout dans
l'efpace , mais done l'effet lumineux ne
le
fai t apper–
ce,·oir qu'auranr que cet erre
re~oit
un ébranlement
qui parvierit jufqu'ii mes yeux , cette lumiere exill:era
autour de moi fans que j'en
apper~oivc
les
accidens ,
auffi
long-tems qu'ils n' agironr pas fur mes yeux ; mais
l.i fubll: :ince de cene lumiere n'c:xiíl:era pas fans les
i1c–
citb:s.
La forme de fes parcies ,
leur polirion refpe-
c ive, fub!ilte avec la fublbnce, quoique j
ne l'ap–
per~oive
p:is; car li une fubíl:ance exill:oir q uclque
part faos
i
s propres
...-idtll.J,
mais
vec ceux d'uoe·
ACC
autre, elle ne fero ir plus telle fübll:a nce que l'on an–
non~oir
d'abord , ñiais elle feroit la fubllln e <lont elle
auroit les
nuidm.J ,
pu ifq ue les
accidens
ne fonr que la
fubllan~e modili~e,
c'ell:. a dire , un érre qui exill:e de
tdle maniere. Un cercle ne prnt pas ex iller cercle
&
av~ir
les
nuidr;rs
d'un triangle ; car
fi
l'efpece renfer·
mee dans la circonférence a les
aaidnts
d'un triangle
c'ell: un trian@.:
&
non pas un cercle. Si ce qui
exill:~
en tel lieu a
les
nccidens
d' une pierre, ce n'eíl: pas de
l'or ,
c'~ll.
une pierrc, Mais, dira-t-on, In
route-puif–
fancc divine nt peur-ellc pas fnire que de l'or r:xiíl:e
avec les
nccidell.J
d'une pierre, enforte que les
accidms
de l'or
&
la fubílance de la pierre foienr anéantis,
&
qu'il n'exi!te plus dans ce lieu que la lubítance de )'or
~
les
o«idens
de _ la picrre
?
J e me garderai bien de
d1re , la touce-pu11Tancc peut ou ne peur pas faire une
rel~e
tranfmutarion; m:iis je dirai tolr]ours.
1
º .
11 n'y a
po1n r
d'a<cidens
la
Qu
rien n'exilte.
2
º .
Rien n'exiíl:e
la ou il n y a aucune maniere d'étre , aucun
accidmt.
3
º.
L es
a((idens
qu i ex i!tent ne fonr que la íubll:ance
meme modifiée. 4
º .
Ce qui conll:itue
l'elTencc d'u ne
fubll:ance, c'eíl: la man iere d't!trc, ou la r( un ion de
fes
accidms.
5•.
Ce font les
accidens
feu ls d'une fub–
íl:ance qui pour moi conll:icuent un ccl
etrc:,
&
non·
u n
~ucrc.
L d ou il n'y a que les
nccidms
d'une pier–
re, 11 n
y
a pour moi q u'une pierre,
lle
il tíl: impof–
fi ble yue j'y
con~oivc
autre chofe q u' une pierre, en–
forte que li la ou exiíl:oit un morceau d'or, c'cíl:
a–
d ire, un erre dont les
a«idens
font ceux de l'or, on
fait
exirt~_r
les
ncúdens
d 'une p ierre , cer étre n'eíl: plus
pou r mo1 de l'or, c'ell: une pierre. J e terminer:u ces
réflcxions par la penfée du pere Buffier: la modi fica–
rion de la íubll:ancc: n'érant que la fu bllance méme
modifiée , demander li la modification peut le trouvc:r
fans la fubctance , c'eíl: deman<ler
li
la modification
peut erre lans la ¡nodificarion , fi
la fubft nct peur fe
trouver fan s la fubll:an ce.
Chnp.
2 1
de lo 11. portie ,
§.
338.
•
2
°.
Pour
r~pandre
pl us de jour fur cene matiere ,
11
faur conliderer q ue
le
terme
accident
fe prend fou–
v~ nt
dans un fens plus rcll:rcint , p ur déligner les at–
t nbuts non eff'enriels d'une chofe; c'dl:-a-dire, ces qua–
lir<s , attriburs , motlificarions , manieres d'érre , fa ns
lefqu clles une chofe: rell:e ·la meme pour . le fond . Le
mouvement dans une boule d'or, pcur continue·r, cef–
fer , fe ralentir, s'accélércr, changer de dircé\-ion , fans
que pour cela cene boule celfc d'étre une telle boule
d'or. Du papicr pcut erre bleu , blanc , roage ou noir
fans cdfcr d etre du papier. On peut nommer ce; ma–
nieres d'étre
modijieations aceidentelles.
U ne chofe peut
exiíl:er fans telle ou telle moJificarion de ceue efpece,
la rccevoir ou la perdre fans cdfer d'erre
la meme
fubll:ance.
Si au contraire la modification
a
laquclle je penfc
fai t parrie de: ce qui eíl: dfentiel
a
la chofe' cc:lle-ci
ne peur pas exill:er fans cet
accídenl,
parce qu'alors il
eíl: un
auidmt
elfenriel. ·
On auroir moins d ifpuré fur les
accidtnJ,
fi
l'on
avoit bien dill:ing ué daos cous les cas ces deux genrea
de modilications. J e do ute au moins que l'on eút ja–
mais agité de part
&
d'aurre avec vivacité cene q ue–
ftion; la fubíl:ance pcuc clic exiíl:cr ían
fes mod1fica–
rions , ou les modilications fa ns la fubll:ancc ? L a ré–
ponfc eúr été aifée. S'agir-il des modilicarions clfen–
rielles, des
accitkm
en
g~néral?
nulle fubftance n'oíl:
poffible fans eux,
a
moins que vous n'admet iez 12
poffibiliré de l'ex ill:encc , la ou vous ne fuppofez au–
cune maniere d'etre. S'agit-il des modifications acci–
dent~lles
ou non e!fenrielles
?
une
fubftance peut en
etre dépouilléc fans celfcr d'étre la mémc. Ren1arqucz
cependant q ue cette aff'i:rtion n' ft pas vrJic abíolu–
mcnt.
On
peut óter
a
une fubftancc un anribut non
ff'cnticl , une modifi cation accidenrelle fans la détrui–
re ; mais vom ne pouvcz détru1re un de ces
auitkn1
fans
le
remplacer par un auue. On peut bien concc–
v ir une fubll: ance dont on ne conlidere que l'clfence ,