DE LA FLORIDE
PART.11.
L1v.II.l)I
fui
vis de pluúeurs Efpagnols
&
de plufieurs
I
ndiens, qui faifoient emiron mi lle
perfonnes.
Les Pretres avec les Religieux alloient devant,
&
chantoient les
Litanies,
&
les foldats leurs répondo1ent.
Ils
s
'avancerent
en
cet ord1 e Yers
la croix, ou des qu'ils furent arrivez ils
fe
mirent
a
genoux,
&
a
pres guel.
ques oraifons ils adoferent avec beaucoup de zele
&
d'humilité; les E.ccle–
úaftiques premierement, puis Soto,
le
Cacique
&
le
rdk
de
Ja
troupe.
De
l'autre coté du fleuve, il y avoit environ quinze ou vingt rnille per–
fonnes de tout age
&
de tout fexe.
lis levoient
les mains
&
les yeux au
ciel ,
&
montroient par leurs poftures qu'ils prioient Dicu d'accor<ler aux
Chrétiens la grace qu'ils défiroienr.
On
entendo1t auifi parmi eux des cris ,
comme de gens, qui pleuroient pour fléchir le Cíe!,
&
en obtenir ce qu'ils
demandoient
:
de forte que les Elpagnols eurent beaucoup de JºYe de voir
leur Createur reconnu,
&
fa
croix adorée dans des pays ou le Chriftianif–
me étoit auparavant inconnu.
Enfuite les Eccleíiaftiques entonnerent le
Te
Deum
,
&
les Efpagnols avec les Indiens s'en retournerent au village ,
dans
le meme ordre qu'ils étoient venus: cela dura en tout quatre grandes heures.
Cependant
.., órre Seigneur voulut montrer aux fujets du Cacique Cafquin,
qu'il écoute les pricres de fes ferviteurs.
Vers le milieu de la uuit fuívante il
commen~a
a
pleuvoir.
Les um dafent que la pluye dur.1 trois jours cntiers,
&
les autres
fix :
fi
bien que les hab.tans de
la
Provincc réjou"is
de
la faveur
que Dieu leur accordo1t par le moyen des Chrétiens, vinrent ayee le Caci ..
que en rcndre graces au Général.
Ils
l
'aífurerent de leurs fervices,
&
lui pro–
teíl:erent qu'ils tenoient
a
honneur de dépendre abfolument de luí.
Soto leur
répondit qu'il
étoit
fort
aife de voir des marques de leurs bon. f::ntimens;
mais
qu'ils n'avoient obligarion qu'a Dieu le Createur du
C1el
&
de la Tcrre,
&
que
c'étoit lui qu'ils devoieot remercicr.
A
pres cela, comme les troupes avoicnt
dé
ja
fejourné ncuf ou djx 1ours dans les villages,
el
es
en partirent pour conti–
nuer leur découverte.
Cafguin íupplia
le
G cnéral de lui permettre d'aller avec
lui, de mener des gens de gucrre
&
d~
fcrvice, les uns pour cfcorter 1'Armée,
&
les autres pour porter des vivrei, a caufe qu'il falloit traverfer par des cn–
droits ou l'on ne trouvoit aucune habitat ion .
Le
Général coníentit
a
ce que
voulut Cafquin, qui commanda auffi·tot
aux
plus
bl"'
ves
de
fes
fujcts de
fe
tenir
préts
pour accompagner les Chrétiens jufqucs dans la Province de Ca·
paha, dont le Cacique
&
la
Capitale portoient
le
nom.
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VI.
11111rche des troupes
1
1.:ers
Capaba.
L
E s Scigneurs de Cafquin
&
de Capaha avoient de rout temps
eu
guerre
enfemble;
&
c'efi pourquoi les C1ciques qui gouvernoient ces Provinccs
a
l'arrivée
des Efpagno!s
étoient
brou"illez. Comm.e celui '1e Capaba étoit le plus
.
.
puif·