D E L A F
L
O R I D E.
Liv.
IV.
CHAPITRE
VII.
Générojité de la Dame de Cofaciqui.
L
Es
Efpagnols féjournerent quinze jours dans la Capitale de
Chova~a,
fi.
tuée entre un bourg
&.
une perite riv1ere
fort
rapide; ils
y
furcnt tres-bien
~·e<su~,
parce que la Province ·dépendoit de la Dame de Cofaciq,ui.
Enfi.~itc
ils decampercnt , marcherent le premier jour par des tenes femees ' · les crnq
autrcs par des montagnes inhabitées ,
&
de vingt lieues de ti avede.
Elles
étoient pleines
de
cheínes, de meuriers, de bons pafim ages,
&
de petits ruif
..
feaux qui couloiem parmi des vallées tres· fraífches
&
tre
ag1 cables.
Pour revenir
a
la Dame de Cofaciqui, elle ne fut pas contente d'avoir
fait
conduire les Eípagnols jufques
a
Chovala, elle commanda encore aux
h~ b1tans
de cene Province de leur fournir autant de vivres qu'1ls en voudroient,
&
me·
me de leur donner
des
lndiens pour les fervir durant les vingt lieues de
moi:·
tagne qu'ils dcvoienr paífer, avant que d'arriver
a
Guachouté.
Elle eut fom
auíli, afin que tout allafi: mieux, que les lndiens de fervice fuffe nt commandez
par quatre des principaux du pa"is,
&
fit aardcr cet ordre
tandis que les Ef–
pagnols marche1ent für {es terres.
l\lfais
v~ici
comment elle íe gouverna
a
leur
éga1
d ,
101
s qu'1ls fortirent des contrées de fon
b éºiífm .ce.
Elle ordonna aux
quatre Commandans 1ndiens , gue des qu'ils an i eroient au
pays
de Guachoulé
qui _confine
a
fes Provinces, ils rriílent les
de'
ans;
&
qu'en qualité de fes
Am–
baíladeurs, 1ls allaífent prier le Cacique de iccevoir favorablement
les Efpa–
gnols dans fon Etat;
qu'en cas de refus, ils lui declaraíTent la gucrre,
&
le
mena<5aílent de mettre tout
a
teu
&
a
fang dans
fa
contrée. Le General ne
f~ut
nen de cet ordre, qu'aprcs que l'on cut paífé les montagnes:
alors com–
me les quat1 e lndiens lui eurem demandé perrniílion de s'avancer, ils lui de–
couvrirent les chafes dont on les avoit chargez.
os gens furpris de cette gé–
néreufe conduite, demeurerent dans le fent1ment ou ils étoient., que la Dame
de Cofaciqui defiroit
ardemmem.deles fervir. En effet , lorfque dans
fa
Province elle les oblig
eoit avec le plus oe chaleur, elle les prioit tou jours de luí
pardonncr,
fi
elle ne leur rendoit pas tous les bons ofices qu'elle fouhaitoit. Les
Efpagnols pour la perfuader du contraire, luí fa1foicnt complimcnt fur
la
ma·niere dont elle agiífoit. Cette Dame étoit non feulement liberale envers
r.osgens, mais encare en ers frs fujecs qu'elle combloit de fes graces.
El Je
mé–ntoit auíli de commander a des Royaumes entiers,
&
pour erre une
Princdfe
accomplie, il ne lui manquoit: que
d'etre
éclaiH.e
des lumieres
de
la
foí.
p
1.
CH
A·