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D E

L

A

F L O R l D E.

Liv.

IV.

habilleméns

de peaux , dont plufieurs étoient de martres

qui

fentoient

fort

bon.

lls marc 10ient en ordre, vingt de front a chaque 1ang, a\ ec de grandes plurnes

de diver fes couleurs fur la tete, ce gui étoir agreable a ' ' oir.

Voila cornrnent les fujets de Coc;a re<5urent les Efpagnols,

&

leur témo'i–

gnerent l'eílime qu'ils avoient pour eux.

Enfüit~

les

un~

&

les atares vinrent

_a

la Capitale,

&

on logea Soto dans une des ma1fons du Cacique, faite com–

me celle des autres Seigneurs de la Floride.

La ville de Coc;a

dt

fur Je bord

d'un fleuve, compofée de cinq cens maifons, dont

le

Cacique en fi.t abandon ner

la moitié pour loger commodement les troupes.

Elles íljoumerent enviro n

deux jours dans ce lieu, ou elles rec;G.rent de Coc;a

&

de fes vaífeaux tomes les

marques d'une grande amitié.

C H

A

P

I

T

R

E

IV.

Honéteté du Cacique Cofa,

&

départ des troupes.

U

N

jour apres que Coc;a eut diné avec Soto,

&

fe

fllt entretenu de la

conquete du pays,

&

de la maniere de le peupler, il íe leva,

&

lui

fit

Ja

reverence; fe tournant un peu vers les Officiers qui étoient prefens.

Pu1s il

luí dit qu'a la confideration des bonrez que les Eípagnols lui avoient témoi–

gnées, il le fupplioit que s'il cherchoit a s'établir dans le Pays, il preferat la

Province de Co'ia aux autres; gu'il n'avoit vu de cette contrée que les endroits

les moins feniles; mais que s'il lui plaifoit de l'envoyer viíirer enrieremcnt; il

trouveroit que la terre en éto;t

tres·

bonne,

&

le fejour trcs-agreable; qu'il

choifiruit la partie la meilkure,

&

la plus belle ; qu'il Ja peupleroit,

&

fcroit

batir

des bourgs avec une

v1lle

ou il tiendroit

fa

cour; qu'au rnoins s'il lui J"e•

fufoit cette grace il le conjuroit, puiíque gue l'hi\·er approchoü, de le paífcr

avcc luí; que durant ce remF s il s'míhuiroit a lo1fir de tour,

&

fe1 o it fervi

:wec beaucoup d'afteétion.

Le Général

1

emercia le Cacique de tant d'an itié,

&

Jui répondit qu'il ne pouvoit s'habimer au pays, qu'il ne

f

G.t au

:tra\•ant

af–

furé de quelque port ou puífent aborder les Navires d'Efpagne, avec les cha–

fes neceífaires

a

un érablifiement; que lms qu'il verroit le ternps f:wornble a

une habitarion, il recevroit de grand ca:ur fon o:ffre,

&

qu'il n'en perdroít

point le fou venir; que cependant il

le

prioit de lui conferver toujours cette

bonne volonr é ,

&

que bicn-t o t il rct ourncroit dans

fa

Province, ou il luí

e

bci–

roit

fan~

re erve. Le Cacique rejou'i de cctte répon e, dit a Soto qu 'i]

prrn

·Ít

fes paro les pour des gages de

fa

rromeffe'

&

qu'il s·en fouvicndroit juíqu 'a ce

qu'il l'eút acc n plie.

Co<5a avoit alors vingr-fix u vingt-fe,.n ans:

jJ

ét oit

bien fait de

fa

perfonne, fpirituel, doux, fage,

fi

honnéte, qu'o n l'eut cn1

élevé parmi le monde poli

&

intelligent.

Les Efpagnols e rafrakhircnt dix

ou douze jours dans la Capitale de Ja Provincc ,

&

conti nuerent leur v

yage

vers la mer ; car

des

qu'ils partirent de Chavala, ils tirerent droit a la cóte,

from.

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Q..

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