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sou

bie"n tendu:

jipes in laxa p elle non natet.

On fait qtle

Panl Emile ayant réplldié fa femme, <;lui étoit en con–

fid: ration pour fa vertu ,

&

par-

la

s'etant expofé aux

reproches

pe

{es amis, fe contenta de leur répondre

en lem montrant le pié: vous voyez , dit-iI,

cefou–

lier,

il efr bien fait

&

me chauífe jufre, vous ne favez

point 011 il me bleíI'e.

Si ce n'étoit pas une prenve feníible de l'irrégula–

rité de la conduite de {a femme, c'étoit au-moins

une marque certaine que tout le pié étoit couvert du

foulier.

La forme, an volume pres , en étoit éga!e

pour les fem mes commc pour les hommes. Que votre

pié , d;t Ovide ,

a

une femme qu'il aime, ne nage

point dans

unfonlter

trop large.

N e vaglls in lax a pes tibi pelle na!et.

La pointe du

JouLier

étoit recourbée; c'efr de-lá

que Cicéron , dans fon traité de la nature des dieux,

a"pri~

l'idée de la chauífure de Junon:

,alceolis re-

~~~

.

Il Yavoit une forte de

!ouliers

appellés

perones

que

les íimples magiíhats pouvoientporter,

&

dont il efr

parlé dans Feítus. Juvenal nous en a donné le. def–

cription dans fa quatorzieme {atyre. C'étoient de

grosfollliers

faits expres rour réfifrer

~ux

boues, a:lx

neiges ,

&

dont les payíans fe fervOlent en trava11-

lant·a la terreo Ce {ont, fans doute, les memes dont

Ulpien emend parler dans la loí. 3.

§.

ff.

de ojJic.

prcef. virgiL. calceatum

,

dit-il ,

debere prcefeélum vigi–

Lum 'Coerrare.

Les gardes prépo{és

a

veiller pendant la

nuit aux incendies , avoient befoin de pareilsfolllierl5,

pour réfifrer aux plllies, amt neiges,

&

autres_injures

du tems.

Avant de parler de la couleur

&

des ornemens que

les <!nciens mettóient

a

leurs

fouLurs,

il en a-P.ropos

de faire mention ¿'une auj:re forte

defouliers

qlli étoit

en ufage chez 'ellx,

&

que les Romains appelloient

folea? ,

&

qui revient aífez

a

hotre fandale. Elle con–

fifroit dans une fimple piece de bois ou de cllir que

1'0n pla<;oit fous le pié,

&

que 1'on attachoit par des

handelettes de toile ou d'étoffe, palTées

&

repaífées

fur le pié,

&

entre les doigts du pié,

&

autour de

la jambe: il nous en rcfre pluíieurs exemples dans les

anciens monumens de peinture

&

de fculpture, que

les

cuueux ont confervés. C'efr par rapport

a

ces

liens que Virgile

&

Ovicie ont appellé les fandales

vincula.

Ce dernier a dit dans {es métamorphofes.

Vincla duó p cdibus demlll'l{;

Et Virgile , dans .le huitieme lívl'e de l'Enéide.

Et tyrrena pedilm circUmdat vinculit planlÍs.

\

On appelloit encore cette chauífure

crepida

&

crepi-

dula ,

a

caufe du bruit que l'on faifoit en marchant.

Cette fandale étoit plus particulierement la chauf–

ture des femOJes. Cicéron

re~rochant

a

Verres fa mol–

leífe

&

fes manieres efféminees, l'accu{e d'avoir paru

en public ,en qualité de

prheur ,

avec des fandales,

uñ mantean de potlrpre ,

&

une tuniqlle defeendant

jufqn'allx talons :

JletitJoletltlls prauor p'OpuLl roman;,

cum palLío purpureo, tllni'Cague latt!ri.

Ce n'eíl: pas que

les hommes ne fe ferviírent qllelquefois de la fan–

¿ ale, particulierement lorfqu'ils aHoient

a

qllelque

fefrin. Quant

auxfouLiers

dont les foldats fe {ervoient

él

la guerre, ·on les appelloit

catigte militum.

Comrne

cétte chauifure lem étoit particllliere, on les nom–

mOlt {otlvent

caligati,au

lien de

milites;

ainíi Seneqne,

de bmeJ. cap. xvj.

en parlant de Marius, dir:

ti

caligi~

ne

ad confulatum

perven.it

.

Il y avoit encore deux autres chauifures en ufa–

ge , mais dont on ne {e fervoit que fuI' le théatre;

c'étoient le

brodequin

&

le

cotllllme. Voye{

chacun

d~

ces mots

a

leur

article~

Qllel'1ues-uns

~ro~ent

que

iesfoulim

des

hom.mes

$OU

étoi"ent flOirs, fur le fondement de

ce

v~rs

d'Horace

~

Nigris medium impedit crus pellibus.

Ils

le croieht encore fur ces vers de la feptieme

fatyre de Juvenal, ou parlant d'un certain Quintilien;

ii dit qu'il étoit beau, bien fait de fa perfonne , vail':'

lant, fage

&

tres-noble; car le croiifaRt qu'il

por~

toit fur

fesfouliers

de peau noire, en étoit une

preuve~

Felix

, (/

fapims

,

&

nobilis,

&

gel'1:erofus ,

Appojitam nigra? lunam fllbte!xlt alurte.

,

Le tenne

aluta

fignifie une pe'au déliée fuI' laqueUe

on pouvoit pcindre le croiífant , ou la lUl1e en fon

entier, comme il efr dit dans les vers de Juvenal

qn'on vient de li re , auxqucls il faut ajouter cet en–

droit de

l'¿pigramme

29

du

¡l.liv.

de Marcial.

Non extrema fidet LimatA lingllla plantd ,

Ca.:cina non lcefllm czn'gie aZuta pedem.

On rapporte pluíieurs raifons de I'ufage de {aire

peindre une lune ou ün croiífant fur les

fouLiers

.des

fénateurs ,

&

des perfonnes d'une ancienne famille.

C'efr une des queftions ue Plutarque propofe fur

les ufages des Romains,

qllifl.

86'. On a depuis ima–

giné pluíieurs autres raifons de cet ufage qu'il ferojt

inutile de rapporter. On ne {ait pas meme fi ron

peignoit la lune dans fon plein , ou íi ce n'é(oit que

ion croiífant, ni en quel endroit

dllfolllier

elle étoit

placée.

Il efr encore difficile de découvrir la forme

&

l'u–

(age des

fouliers

que les,Romains appelloient

mullei.

Fefrus veut qu'on les ait ainíi nommés, de l'ancien

mot

muLLare

,

qui fignifioit

unir

difFérent(:!s parties

d'une étoffe ou de quelqu'autre matiere, par une

wuture fine

&

délicate , ce qui convient

a

la bro–

J erie des

f Ollliers.

M. Dallet prétend que les

fOllLiers

de!) fils des fénateurs, avoient auffi u,ne lune, mais

différente .qui leur avoit donné le titre de

mi!llei

calcei.

Mais iI paroit que ces mots de T ertullien dans

ron traité

de palLio ;

nous donnent une idée plus claire

du

foulier

appellé

mlllüus

,

Impuro,

dit-il,

cmri pu–

rum aut mulleolum induie caLceum.

Les

fouLiers

qui étoient íimples

&

fans ornement;

étoient appellés

puri;

&

ceux qui étoient ornés par

une lune, ou par quelque broderie , étoient difrin-

gués par l'épithete de

mul~ei.

.

L esjóllüers

des femmes étoient blancs pOltr l'ordí–

naire. Les

Jouliers

des fénateurs étoient de peau noi–

re ,

&

quelquefois blanche, mais les

m~gillrats

cu–

rules les portoient de couleUT rouge.

Pendant un tems, une honnete femme chez les

Romains n'ofoit porter du rDuge aux

fouliers

:

cette

couleur étoit affeélée aux courtifannes. Cette mode

ne dura guere, {oit que le caprice la reglat, foit que

dans queIques femmes,la vertu ait étéalfezhardiepour

s'affranchir de la t)'rannie d'un lIfage qui contrai–

gnoit le pOll!. Celles qui fe piquoient le plus de

régularite, porterent implll.1ément de,s

fouliers

rou–

ges , long-tems meme avant le regne d'Aurelien qlli

leur en permit l'ufage,

&

1'ota en meme tems ame

omrnes,

calceos muLLeos, rubros virís omnibus -tulit ,

mlllieribus reLiquie.

L'ordonnance de ce prince

fili:

d'autant plus gracieufe pOll1" les dames, que lui

&

fes {uccefi"elll-s fe réferverent cette couleur,

a

l'exem–

ple des anciens rois d'Italie, au rapport de Dion.

Elle régna dans le bas Empire ,

&

paifa des empe–

reurs d'Occident

a

la perionne des papes·qui ache–

verent d'effacer les traces de {a premiere deíl:ination.

Les empereurs chargerent leurs

foutiers

de plu-'

íieurs ornemens. IIs

y

firent broaer la figure d'uneai–

gle enrichie de perles & de,diamans,

~quilis

ex La ...

pillis

{,>

margaritis.

n

y.

a heu de crOlre que cette

décoratjon paífa jufqu'aux

fouliers

.des dames,

0\1

du-moins jufqu'a ceux

de~

impératw;es.

/