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)0

ACA

le nOlll

¿1Auulémie ,

&

qui a pour objet des ma':

ricres qui demandent de l' tude

&

de l'application.

Mais

les

Sciences

&

le bel efprit font le partage de

l'Académicien,

&

les exercices du corps occupent

j'Académifie. L'un travaille

&

compoíc des ouvrages

pour l'avancement

&

la perfeaion de la littérature ;

l'alltre acquiertdes talens pnrement perfonne!s.

/. ACADÉMICIENS,

1:

m. pI. fcae de Philofophes

\ qui fuivoient la dofuine de

Socrate

&

de Platon,

·'luant

a

I'incertitude de nos connoiífances

~

a

I'in–

compréheniibilité du vrai.

Académicim

pris en ce fens

l'evient

a

peu pres a ce que l'on appelle

Platollicien,

n 'y ayant d'autre différence entr'eux que le tems

011

ilsont commencé. Celuc des anciens qui embra{[oient

le fyfieme de Platon étoient appellés

Academici,

Aca–

clémiciens; au lieuquc ceux qui ont fuivi les memes

opinions depuis le rétablj{[ement des Lettres, ont

pris le nom de

Platoniciens.

On peut dire que Socrate

&

Platon qui Ol1t jetté

les premiers fondemens de l'Académie, n'ont pas été

a

beaucollp pres

fi

loin que ceux qui leur ont fuccé–

dé , je veux dire ArcéíiJas, Carnéade, Clitomaque,

&

Philon. Socrate, il eí!: vrai, fit profeffion de ne

ricn favoir: mais fon doute ne tomboit que fur la

Phyiique, qu'il avoit d'abord cultivée diligemment,

&

qll'il reconnut enfin furpa{[er la portée de I'efprit

humain. Si quelquefois il parloit le langage des Scep–

tiques, c'étoit par irorue ou par modcí!:ie, pour ra–

battre la vanité des Sophií!:es qui fe vantoient fotte–

ment de ne r.ien ignorer,

&

d'etre tOlljOurS prets

a

dilcourir furtolltes fortes de matieres.

Platon, pere

&

i.nilituteur de I'Académie, iní!:mit

par Socrate dans l'art de douter,

&

s'avoiiant fon

[eaateur, s'en tint a fa maniere de traiter les matie–

res,

&

entreprit de combattre tOllS les Philofophes

'lui I'avoient précédé. Mais en recommandant a fes

dllciples de

fe

défier

&

de douter de tout, il avoit

moins en ví'te de les laj{[er flotans

&

fufpendus en–

tre la vérité

&

l'erreur, que de les mettre en garde

contre ces décifions téméraires

&

précipitées , pour

lefquelles on a tant de penchant dans la jeuneíre,

&

de les faire parvenir a une difpofition d'efprit qui

leur fit prendre des mefllres contre ces ftrrprlles de

l'erreur, en examinant tout, libres de tout préjugé.

Arcéfuas entreprit dc réformer l'ancienne Acadé–

míe ,

&

de former la nouvelle. On dit qll'il imita Pyr–

rhon,

&

qll'il converfa avec Timon; deforte que

ayant enrichi

l'ép0'lue,

c'eí!:-a-dire, I'art de douter de

Pyrrhon,de I'élégante érudition de Platon;

&

l'ayant

arméede la dialeaique de Diodore,Arifton le compa–

roit

a

la chirnere ,

&

lui appliquoit plaif.1mment les

vers ou Homere dit qu'elle étoit lion pardevant, dra–

~on

par-derriere,

&

chevre par le milieu. Ainfi Arcéfi–

las étoit, felon lui, Platon par-devant, Pyrrhon par–

derriere ,

&

Diodore par le miliell. C'eí!: pOllrquoi

quelques-uns le rangent au nombre des Sceptiques ,

&

Sextus Empiricus fOlttient qu'il y a f0l1 peu de

différence entre fa feae, qui eí!: la Sccptique,& celle

{\'Arcéfilas, qui eft celle de la nouvelle Académie.

Voye{

les SCEPTICIENS.

En effet

il

enfcignoi.t qlle nous ne favons pas me–

me

fi

nous ne favons rien; que la natme ne nous a

donné aucune regle de vérité ; que lesfens

&

l'enten–

dcment hllmain ne pcuvent rien comprendre de vrai ;

que dans toutes les chofes il fe trouve des raifons

()ppofées d'une force égale : en un mot que rout efi

enveloppéde ténebres ,

&

que par conféc¡uent il faut

tOlljOurS fuf¡Jendre fon confenrement. Sa dofuine ne

fut pas fort gOlltée , parce c¡u'il fembloit vouJoir

éteindre toute la lllmiere de la Science. jetter des té–

nebres dans I'efprit,

&

renverfer les fondemens ele

la

Ph.ilofophie. Lac)'de fut le feul qui défenclitla doc–

trine d'Arcéfilas:

1I

la tran(mit

a

Evandre, qui fut

ion difeiple avee b aueoup d'autres. Evandre la

lit

ACA

paífer

a

Hégehme , & Hégefime a Carnéade:

Carnéade ne ftúvoit pas pourtant en toutes cho–

fes la dofuine d'A'tcéftlas, <J.uoiqu'il en retlnt le

,gros

&

le fommaire. Cela le fit pa{[er pour auteur

el'une nouvelle Académie, qui fut nommée la troi–

fieme. Sans jamais découvrir fon fentiment, il com–

battoit avec beaucoup d'efprit

&

cl'éloquence toutes

les opinions qu'on lui propofoit; cal' il avoit ap–

porté a I'étude de la Philofophie une force d'efprit

admirable, lme mémoire ¡¡dele, une grande faci–

lité de parler,

&

un long ufage de la Dialeaique.

Ce fut lui qui fit le premier connoltre a Rome le

pouvoir de l'éloc¡uence

&

le mérire'cle la Philofophie ;

&

cetre floriíl'ante jcuneffe qui méditoit des lors l'Em–

pire de l'Univers , attiree par la nouveauté

&

I'ex–

cellence de cette noble fcience, dont Carnéade fai–

foit profeffion, lefuivoit avec tant d'empre{[ement,

que Caton, homme d'ailleurs el'un excellent juge–

ment, mais rude, un peu fauvage,

&

manquant de

cette polite{[e que donnent les Lettres , eut pOlrr fuf–

pea ce nouveau genre d'émdition, avec leque! on

perfuadoit tout ce Cjll'on vouloit. Caton fut d'avis

dans le Senat qu'on accordat

a

Carnéade,

&

aux D é–

putés qui I'accompagnoient, ce qu'ils demandoient,

&

(lu'on les renvoyat promptement

&

avec honnenr.

Avec nne éloquence auil'i féduifante

il

renverfoit

tout ce (ju'il avoit entrepris de combattre, confon–

doit la rallon par la raifon meme,

&

demeuroit in.

vincible dans les opinions qu'il fofltenoit. Les Stol–

ciens, gens contenoeux

&

fubtils dans la difpute,

avec qtú Carnéade

&

Arcéftlas avoient de fréqtlen–

tes contefiations , avoient peine

a

fe débarraírer des

piéges qu'illeur tendoir. Auffi difoient-ils, pOIlT di–

minuer fa réputation, qu'il n'apportoit rien contre

eux dont il fí'¡t I'inventeur, & qtl'il avoit pris

fes

ob–

jeaions dans les Livres du Stolcien Chryfippe. Car–

néade, cet homme

a

qtli Ciceron accorde I'art de

tout réfuter, n'en ufoit point dans cetre occafion qui

fembloit fi fort intéreífer fon amour propre: il con–

venoit modefiement que, fans le! fecours de Chry–

fippe, il n'auroit rien fait,

&

qu'il combattoit Chry–

fippe par les propres armes de Chryfippe.

Les

correai.fs

que Carnéade apporta

a

la dofuine

d'ArcéíiJas font tres-Iégers. II eí!: aifé de concilier ce

qtlC difoit Arcéftlas, qu'il ne fe trouve aucune vérité

dans les chofes, avec ce que difoit Carnéade, qu'il

ne nioit point qu'il n'y eut quelque vérité dans les

chofes, mais que nous n'avons aucune regle pour les

difcerner. Car

il

y a deux fortes de vérite; I'une

que I'on appelle

véritt

d'exijlence:

l'autre que l'on ap–

pelle

vérid

de jugement.

01' il eí!: clair (Iue ces deux

propofitions d'Arcéftlas

&

de Carnéade regardent la

vérité de jugement: mais la vérité de jugement eíl:

du nombre des chofes re!atives qui doivent etre con–

fidérées comme ayant rapport a notre efprit; donc

quand Arcéfúas a dit qu'il n'y a rien de vrai dans les

chofes, il a voulu dire qtl'il n'y a rien dans les cho–

fes c¡ue I'efprit humain puiífe connoitre avec certÍ–

tude;

&

c'eí!: cela meme que Carneade foutenoit.

Arcéftlas difoit qtle rien ne pouvoit etre compris;

&

que routes chofes étoient obfcures. Carnéade con–

venoit que rien ne pouvoit etre compris: mais il ne

convenoit pas pour cela que toutes chofes nlírent

obfcures, parce que les chofes probables auxquelles

il vouloit que l'hol11me s'attachilt, n'étoient pas obf–

cures , felon lui. Mais encore c¡n'il fe trouye en cela

c¡uelque différence d'expreffion, il ne s'y trouve au–

cune différcnce en effet; car Arcéfilas ne foíhenoit

que les chofes font obfcllTes, qu'autant qu'elles ne

peuvent etre comprifes: mais il ne les dépouilloit

pas de tome vraiífemblance ou de toute probabilité ;

c'étoit-Ia le fentiment de Carnéade; car qtl3nd

il

cli–

foit que les chofes n'étoient pas a{[ez obfcmes pour

qu'onnepilrpas di(cernercelles quidoivent

etrepréfé~

L