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,si

E P

0

fe propo(e'

OU

de peindre

a

!'imagination ;

OU

d'eclai:

rer.

le jugement, ou de toucher

le

cceur.

·

Les

ipitbctes

pittorefques prifes des chafes fenfibles,

font iadifpenf?.bles lorfque l'orateur ou

le

pofac vcut

Jleindrn

a

!'aide du difcours. Elles fervent

OU

a

expri–

.rner diverfes petites circonftances qui font partie du

tableau , OU

a

epargner des defcriptions prolixes qui

i-endroient le difcours languiffant1 S'agiE-il, non de pein–

<.lre, mais de donner-

a

u11e pe11fee un tour plus fort,

plus

11ouveau , plus concis ou plus na"if, c'ell: encore

~

!'aide des

ipitbetcs

qu'on

y

parviendra plus aifemenE.

Enfio

H

!'on fe propofe de toucher fan cceur, quel

qui; fa1t le genre 'de la paffion, rian de plus efficace

qµe des

epithetes

bien choifiCJs pour exciter

le

fontiment.

Mais autant qu'elle

fervent d'alfaifonnement clans

taus !es 8:enres de l'energie efl:hetiquc pou_r do_nner plus

<le

force

a

la penrcle, autnnt font-el les mfip1des lorf–

qu'elles n'onc pas ce but. Rien n'efl: plus defagreable

qu'un ftyle rempli

d'epithetes

foibles, vagues ou oifeu.

fes

l

memi;: lorfqu'elles ne

fonr

pas oilives' le ftyle ne

hilfo pas d'etre mauvais,

Ii

ces

~pithetes exprimentde~

idees accelfoires , qui ne font ricn au but principal,

&

qui ne fervent qu'a etaler l'efprit du

po~re

>

&

la

.lingularite bifarre de fan imagination.

Comme la poefie en'general par

le

plus

~ux

fens qu1:

!'eloquence, le poiite fait aulli un plus frequent ufage

cles

ipitheles

que l'orateur; mais

ctit~e

confideration

m6-

me doit le rendre plus referve

a

ne Jes pas prod1guer

fans neceffite.

II

ne doit pas fe permettre <le les em–

ployer a remplir le vers. L a longueur des vers A lexan–

drins ell: !reS-J:'TOpre

a

Pentralner dans cet ufage vi–

cieux ;

&

ii ne feroit que trop aife d'en citer plufieurs

!l!xemples , leur grand nombre nous difpenfe d'en rap–

porter ici. (

Cet article

eft

tire

de

la <,{hEorie gi11fra!e des

lJeaux./Jrts de

M.

SuLZ1·

R. )

EPISYNAPHE, f. f. (

Mvjique

des

llnc. )

c'ell:, au

:fapport de Bacchius, la conjonCl:jon des trois tetracor.

des confecmifs , comme fon t Jes terracordes

hypaton ,

~efon

&

fynnbmenon. royez

SYS'j"EJ\1E , TiTRACORDES,

IJittiomzaire raifa1111.e

des Sciences,

&c.

&

Supplement.

(

S)

§

EP.LOYE' ,

EE , (

lenne de

Blnfon.

)

Yoy.

dans le

j)iaionnaire "aifonne des Scienus,

&c. la

pl. XVIII do

Blafan.

Grand Boutdllcr

~

echanfon, .!\ndre de Giron–

tle de Monclara.

§

E POPEE, (

Poijie.

)

C'efl le reoie pompeux d'un

evenernent

Oll

d'une aCtion rnemorable , aCCOmpagne

de tableal!x cin:onll:ancies des principaux perfonnages,

&

des chafes Jes plus interdfantes.

Pour bien connolcre l'origine & , la nature du poe.

m e

epique

&

fan veritable caraCtere' ii n'y

a

qu'a faire

attention

ii

ce qui

fe

palfe en nous-memes

a

la lecture

cl'un evenemcnt memorable. L'homme ell naturelle–

ment pone

a

s'occuper ·des grandes

a

ventures; ii s'y

arrete avec plaifir' ii cache de

fo

reprffcntcr aum vi–

vement,

&

avee autant de priicifion qo'il eft: · poffi.

b le, ce que ces faits ant d'interdfant. Si !'action

a

beaucoi1p d'etendt1e '

(j

@lie

renfrrme des evenemeas

compliques, nous cherchons

a

debrouiller cc qu'il

y

a

d'elfenciel, a le meetre en ordre clans notre efprit,

afin

de:

po11voir envifager l'enfemble d'un coup-d'reil,

Nous ne nous b.ornons pas au recit de l'hill:orien,

nous

y

ajoutons k s circonftances que nous voudrions

y

trouver,

&

notro imagination donne aux perfonna.

ges

&

aux chofes, une forme

&

un co.loris, Nous

11om

effor~ons

d'approchel' Jes h6ros de pres , pour

voir leur attimde, leurs gell:es, les traits de leur vi–

fage ,

entendFe le \on de le1,1r voix ,

&

comprendro

kurs difcours. S'ils fe taitent, nous voulons au mains

cleviner leuFs penfees fur leur phyfionomie

l

fauvenc

nous nous mtrtons a leur place , pour mieux: fentir

les mouvemens de lt;ur ame'

&

l'impre!Iioa que Jes

objets font

{ur

eux, Ain!i,

a

mefure que l'aClion avan–

ce, neus eprouvons fucceffivement tOUtes Jes paffions ,

toutes Jes agitations qui nailfent des divers incidens ;

nous nous oublions efl quelque

fa~on

no11s-memes ,

&

ne. fommes plus occui:ies

que de cc

q,ue nous croyons

:vo1r

~

enrendre!

EPO

Telle

di: la

fituation de tout homme fenubie

aum

fouvent qu'il fe rappclle un evenemenc

mernorabl~

qu'il

a

vu lui-meme , ou qu'il a ou'i raconcer,

&

done il

defire

de renou"eller encore !es aore1bles impreffions.

De.la

vient

Ii=

plaiur qu'il trouvc

0

3 raconter aux au.

· cres

ce qui l'a

frappe. Son ton s'anime , fes expref.

fions

preone.nt

l'_empre~nte

du frntiment.; ce n'ell pas

un fimple h1!lonen qui rapporte tout un11nent les faits·

ii vem peindre les chafes telles qu'il a fouhaite

de

le;

voir ,

&

les exprimer; comme ii a defire de Jes ouir.

C'eft: de ce penchant nature!

a

raconter des evene.

mens memurables avec les additions, Jes portraits

&

l'ordre particulier que

le

feu de !'imagination fuppler,

qu'il

faur

deriver l'origine de

l'ipopee.

Un homme elo–

quent

&

fenfible

a

un certain degre , compoferoit

fans

y

penfer, un roman poecique,

ea

fe

propofan~

fimpleinent de faire un recit. T els etoient probablc–

ment les premiers poemes epiques des aociens Bardes.

L'art

n'y entroit encore pour rim

:

lorfqu'enfuice

la

reflexion

&

l'art font venus au focours de la !imple

nature, la narration a pris un ton plus graciel!x, une

harmonie plus agreable. L'enfemble

a

ete mieux or.

d6nne; Jes parties ont

re~u

une ju!l'.e proportion cn–

tr'elles

&

avec le tout ; l'ol!vrage eotier a eu une beJ.

le forme ,

&

le ban gout eclaire par l'ernde

y

a

ajoute tom

ce

qui pou"oit

y

repandre pills d'agre–

ment; ainfi,

l'epopie,

production de l'art, a fucccde

au recit nature! , comme les

edific~s

fomptlleux auic

abris que la nature offroit

a

l'homme dans les pre–

miers aoes. Au fimple neceffaire,

&

a

ce que

le

fen–

timent feu l d1ctoit , s'eft joint ce qu'une meditation

reflechie'

&

un gout perfeftionne a pu in venter pour

embellir l'ouvrage. Ainfi, quiconque entreprendroit de

donner une theorie exaCl:e de

I'

art epique ' devroit,

comme clans la thforie de l'architeCl:L1re , rcmonter d'a.

bord jllfqu'a ce qui a du prece_der. tout art; recher–

cher ce qui

n'~ll

que nature!

&

1nd1fpenfable,

&

paf–

fer enfuite a ce que !'art a ajoute pour perfectionner

Jes premiers elfais.

Mais Jes critiques n'ont pas foivi cette methode.

Ariftote, l'un des plus anciens d'entr'eux, frappe de

la beame des poemes epiques d'Homere , les etablit

pour modeles , fans rechercher ce qu'il

y

avoit de na–

ture!

&

d'indifpenfable,

&

le diftinguer du !implement

acrcelfoire. Les critiques qui l'ont fuivi, ant tenu

la

meme rome : ils

fo

font efforces d'etablir des regles

pour fixer k s qualites de

1'8popie,

jufque dans le rnoin–

dre detail ; mais ils ont rarement remonte jufqu'au

premier principe. De-la vient qlle cettt! partic de la

poetique ell: , comme rant d'aurres, furchargee de re.

gks

&

de preceptes, dont un bon nombre ell, ou

purement arbitraire , OU meme faux.

Nous nous propofons de fuivre les traces de la na.

turn

pour decouvrir ce qui conll:itue l'elfenriel de

l'ipo–

pie.

Si nous rc!uffiffons

a

deviner l'origine

&

le cara–

clere des premiers chants epiques , de ces ebauches

au–

tofcbedinfmatiques,

c'ell: ain!i qu'Arill:ote nomme Jes pre.

miers eJlais d'un genie fans culture , ii fera aile d'en

inf6rer ce que la reflexion

&

le

gout ant contribue

a

l'embellilfement fucceffif de ces groffieres productions.

Nous avons deja dit qi<le le premier germe de

l'po–

pee

fo

trouve clans le penchant nature! que nous avons

de

racqnter aux autres,

&

de nous rappeller

vil'~rmnt

a

nous-mem~S

Jes faits interelfans qui nous Ont frap•

pes. Des hommes qui ant concouru enfemble

a

quel.

que expedition, ne peuvent guere fe rencontrer fans

en parkr: chacun rac9nte la partie de l'evenement

a

laquelle ii a pris la plus grande part, ou qui l'a plus

touche. C'ell par le meme principe de plaifir que chei:

Jes nations groffieres on inftituoit des fetes publiques

en commemoration des evenemens

remarquables .

&

fur-tout des exploits auxquels elle avoit eu part.

Dans ces fetes folemnelles Jes efprits font dejii na:

turell~ment

6chauffes,

&

fufceptibles des frntimens

I:s

plus vifs. Ceux qui ont

particip~

a

l'aCl:ion qu'on

~e!ebre ,

,s'avancent

llll

milie11 de l'alfernblee;

Ile

plems