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E L
J
I
.
·
·r
,
.
·loufe vigilance rle Marie
fa
freur.
a
rettnt Jll_1qu au
dernier jour de fon
regnc. Les n gueurs outrec:s
de
Marie
&
fon
intolerance coujours prete
a
porrer des
arre[S de mort.
a
profcrire)
a
envoyer lt;s Proten:ans
fur J'frhaffaud , avoient depuis
long-terns ulcere l'a-
1rne cor:npatilTante d'
Elizabeth,
qui attribuant pa.r er–
reur
le
fanatiline de Marie aux dogmes du catholi–
cifme, avoit abjure en fecret la religion dominante,
.&
embralfe ks dogmes du protefl:ancifme
:
mais
la
crainte d'irrircr la devotion de
fa
fco:ur, lui avoit fait
diffimuler
fcs
verirables fentimer.s;
&
elle eroit ref\ee
catholique en apparence , jufques
a
ce que raffuree
·par la mort de Marie, elle leva le mafque, en mon–
tant fur le rr6ne,
le
17
Novembre
1558,
&
fe de–
·clara
h~nternent orot~nante
deci<lee. Les premier ,fains
-qui l'occupercnr', furrnt
tres-embarraffans, par Jes
grandes d1fticultes qu'elk
em
a
furmonter. Elle avoit
en meme terns
a
prendre des mefures contre . H enn
.JI ,
roi de France, qui avoit
fa
it declarer roi d'An–
gleterre
le
dauphin
fon
fils
,
en vertu du mariage
-<JU'il avoit con[raEte avec Marie Stuart,
r~ine
d'E –
colle ;
&
a
ecarter k s pre[entions de Philippe
II,
roi d' Efpagne , qui paroiffoit determine
a
fotiteoir
frs droits , en qualite d'epollx de Marie , dcrniere
reinc de la Grande-Bretagne. Mais l'objet le plus im–
portant ecoit de commencer par affermir
fa
puiffance;
&
dans cecte vue el
le
fe
rendir
a
Londres, ou en fe fai–
.fant couronner folemnellement par l'archevcque d'Yorck,
elle promit de defendre la religion catholique,
&
de
conferver !es privikaes des eglifes; ferment que !es cir–
con!tances la
forcere~t
de prononcer, comme le ce!ebre
-Gu(tave.Vafa promettoit,
a-
peu. pres dans le mem_e
tems , devant les €tats de Suede , de refpeCl:er !es pn–
:vileges abulifs des eveques qui bldfoient
l'autome
-royale ,
&
qu'il
fe
propofoit d'aneantir auffi-tot que le
<ems , l'occafion,
&
fur-rout fes fujets plus doci(es ,
pourroient
le
lui permettre. ·
Elizabeth
penfant comme Vafa, fe
conduifit avec
amant de dillimulation ,
&
fe
prornit en fecret de violer
fo-;
ferm'ens auffi-tot que les circonll:arices hJi lai!kroient
1.1
liberrc d'operer
!es
arands changemens qu'elle fe propo–
foit de faire dans
to~tes
ks
parties de l'adminifrration.
Cependant, Pj1ilippe
II,
arnbicieux de n!t1nir le fcep–
t re Ana lois
a
la couronne .d'Efpagne ,
fit demander
la mai; d'
Elizabeth
par le comte de Feria , fon am–
h affadeur
a
Londres. Cette propofition etoit odieufe
a
la reine , foit par la ha:ne infurmon table qu'elle avoit
pour Philippe, foir
a
caule de la differenct: de rel igion
qui rendoit cette. union incompatible : mais
fa
litua–
tion ne lui permectoit point de devoiler fes fen ti mens:
l'ami tie de Philippe , rtoir alors pour elle d'autant plus
importance , qu'dle ne pouvoit en attendre la re!titution
de Calais , que uu zde
&
ue
la
fermete que montre–
roient
les
plenipotentiaires Efpagnols dans le congrcs
de Cbateau.Cambrelis:
tile
diffimula, donna une reponfo
vag ue , prctexce des fcrupu les fur
!es
liens de parence
qu 'il y al'oit entr'eux; elk montra de.s craintes fur
Jes
difficultes que feroit la cour de Rome, qui ne
confrntiroit jamais que le roi d'Efpagne epoufat fuc–
ceffivemcnt Jes deux fo:urs. L es vrais motifs de ces
detours n'echapperent point
a
Philippe, qui , offenfc
du refus , abandonna \es
interers de l'r\ngleterre ,
&
fit
fa
paix avec la France , fans
infifl:er, comme ii
J'avoit fair jufqu'alors , fur la reflitution de Calais
&
de Guines.
Eliza6eth
peu fenfible
a
cette marque de
-refTcntiment, ne tarda point auffi
a
faire avec la France
une paix avantageule. D ans
le
traite que fes minifl:res
conclurent avec ceux
de
Henri
II,
ii fot flipule que
pendant huit annees Calais re!l:croit aux
Fran~ois
qui
rcmt trroient alors cette place
a
l'A nglererrc,
a
moins
q ue pour en conferver la pofTc:ffion , la France n'aimat
mieux payer la fom me de cinq ccns mille ecus : traite
qui violt
trois ans nprcs ·par
l'entr_epri~c
?es Anglois
fu r le Hav re-de-Grace , affura pour Jama1s a la France
la pom:ffion
ce
Calais.
R a!furee Cantre Jes prnjets des puilfanccs etrangeres,
ELI
'Elizabeth
fe livra tome entiere aGx foins du
gouv~rr.· .
ment,
&
fur-tout aux moyens d'achever
&
de rend
c
l1:11ble l'etabliffement de la reformation.
A
fin que rien
ne s'upposar
a
cette grande innovation , die
crut
qu.:
Jes plus
foges
mefur~s
qu'ellc ei\t
a
prc:ndrc
corm~
l'Ecoffe, gouvernee par lc:s princes de Guife fous le ·
norn de la regente
leur fceur) ctoient d'alllllner , eo
accordan t
fa
protection aux Procc(tans Ecoffois,
le
feu
de la difcorde , qui divifont entr'eux !es habitans
de
ce royaume ",. Jes ri1ettroit dans l'i mpuiffancc: de: s'op–
pofer
a
!'execution du plan de la reformation. L a nou–
velle dotl:rine
fit
des progres aulli rapides en Angle–
terre qu'cn ·Ecoffe. Dans ce dcrnier royaume • la
R~gente s'oppofa au changement qui s'operoir: rnais mal–
gre le fccours d'un corps de troupes
Fran~oifcs
que
!es pJinces de Guife
lui fournirent ,
la reformation
s'etablit par Jes
foins
d'
Elizabeth
,
qui s'en ecant
declaree proteClrice , fomint par fes armes
In
caGlt des
Proteflans. M ais , tandis que p;,r Jes confeils d'unc:
aclroite
&
prevoyantc: politique , ellc faifoit
tourner
contre
l'ecoffe meme l"orage qui cue pu s'y preparer
conm:
fa
f".lrete , ii s'en formoit de plus confiderables
&
de plus dangereux
en
France ,
tfl
Efpagne,
~ Ro
me ,
c!n Irlande ,
&
j ufques dans le
fein
de l'Angle–
tcrre meme. M arie Stuart, qui avoit epoufe le Dau–
phin
Fran~ois
II,
avoit arbore !es armes d'Angletcrre ,
annon~ant
par cettc dcmarche le deffcin
OU
elle etoit
de
r~monter
fur. le trooe de (es peres.
Irricfr comre
fa
rivak ,
Elizabeth
fe ligue fecrecemenr avec ks P rote–
fi ans de France , comme elk s'eroic
liguec: avec
ks.
Prote!tans d' Ecoffe,
&
par cette prudence confeJC:ra–
rion , elle mit M arie
&
fon epoux hors d'etat de Jui
nuire. Ce n'etoit point affez d'avoir pris des mefures
contre
l'Ecoffe
&
la France , ii re(toit encore
a
ft:
de–
fendre contre un n:doutable ennemi , contrc Philippe
II,
qui, moins formidable encore par fes
forces_
de
terre
&
de
mer, qu'il n'etoit dangereux par. ks mfi–
dieufes reffources de
fa
politique , ne pouvo1c pardon –
ner
a
la
reine d'Analeterre le refus qu'elle avoir faic
de frs propofitions. Plein de l'ambitieux projet d'oc–
ruper feul un trone qu'on n'avoit pas voulu parrager
avec" lui
ii n'attendoit qu'une reponfe favorable de
la cour de Rome, perfuade qu'aufii.rot q_u'il
l'auro!t
obrenue , rous Jes catholiques
s'empre!fero1enr.d~
fe de–
clarer en fa faveur,
&
l'lrlande fur-tout , qui v1olern–
ment agitee par l'e(prit de fanacifme
&
de
re.bdl~on,
refufoi t obfl:inemen t de reconnoit:l'e la fouverainete de
la rcine d'A nglcterre.
.
. ,
Au milieu de tant de dangers,
E!tza.be1b
inebranl.a·
ble
&
fuperieure aux complor.s
&
aux
ligues des pu1f–
fances ennemies
&
des fatl:ions intcricures , cut recours
a
un moyen qni' pour ecre de la .plus facile execu–
tion
&
du fucces le plus infaillible , n'en
e!1:
pas P.our
eela plus fouvent adopce par la pll\part des
fouvu~10s:
ce moyen
for
de fe concilier la cunfiance des Cl[oyens
par
fa
douceur,
fa
bienfaifance ,
&
principalcment par
fo n attention
a
fupprimer d'ancicns irnpots .
&
a
ne pas
permetcre qu'on en erabl
it
de nonveaux.
A
fin de foll –
tcnir ce rare defintereffement, el le
(c
r~rr:iocha toU[~S
!es depenfes fuperflues;
&
porta !'economic tout auffi
.loin que la decence
&
la <lignite de fon
rang pou–
voient
le Jui perrnettre. A cette moderation
Ii
rare.~
fi difference de la pompc fafl ucufc:
&
de la
p~od1gahte
de fes predeceffcurs, ellc: joignit u11 zde
~Cl:1f
&
fo1~cenu pour la ju(tice ' publia d'utiks reglemrns ' m1t
en viouem !es ancicnnes ordonnances, abolit
Jes
abus
.qui
s~toient
introduits
&
ne neoliaea rien de ce qu'cllc
crut propre
a
aIT"urer
I~
bien
publ~ ,
&
a
lui concilicr
le refpeCl:,
l'efl:ime
&
l
'atrncl:i.e.rncntde
~es
peupks.
Cependant la regenre d'Ecolle , fecondee pa.r la Fran–
ce, prdfoic avec viyacite ks Protc!tans, q ur,
pou~fe
foutenir, n'avoient eu j ufqu'alors que !es fecour>
trtS·
foibles
qu'Elizabetb
kur fourn iffoir en fecret. Ltur
fi.
tuation devint
fi
violence que la
reine d'Angleterre
penfa qu'il "toit de
fa
gloire de defendre
l~autcm(nt
la
caufe qu'elle avoit embr free ,
&
de fouremr par la fodr-
cc:
es