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744

E L

J

I

.

·

·r

,

.

·loufe vigilance rle Marie

fa

freur.

a

rettnt Jll_1qu au

dernier jour de fon

regnc. Les n gueurs outrec:s

de

Marie

&

fon

intolerance coujours prete

a

porrer des

arre[S de mort.

a

profcrire)

a

envoyer lt;s Proten:ans

fur J'frhaffaud , avoient depuis

long-terns ulcere l'a-

1rne cor:npatilTante d'

Elizabeth,

qui attribuant pa.r er–

reur

le

fanatiline de Marie aux dogmes du catholi–

cifme, avoit abjure en fecret la religion dominante,

.&

embralfe ks dogmes du protefl:ancifme

:

mais

la

crainte d'irrircr la devotion de

fa

fco:ur, lui avoit fait

diffimuler

fcs

verirables fentimer.s;

&

elle eroit ref\ee

catholique en apparence , jufques

a

ce que raffuree

·par la mort de Marie, elle leva le mafque, en mon–

tant fur le rr6ne,

le

17

Novembre

1558,

&

fe de–

·clara

h~nternent orot~nante

deci<lee. Les premier ,fains

-qui l'occupercnr', furrnt

tres-embarraffans, par Jes

grandes d1fticultes qu'elk

em

a

furmonter. Elle avoit

en meme terns

a

prendre des mefures contre . H enn

.JI ,

roi de France, qui avoit

fa

it declarer roi d'An–

gleterre

le

dauphin

fon

fils

,

en vertu du mariage

-<JU'il avoit con[raEte avec Marie Stuart,

r~ine

d'E –

colle ;

&

a

ecarter k s pre[entions de Philippe

II,

roi d' Efpagne , qui paroiffoit determine

a

fotiteoir

frs droits , en qualite d'epollx de Marie , dcrniere

reinc de la Grande-Bretagne. Mais l'objet le plus im–

portant ecoit de commencer par affermir

fa

puiffance;

&

dans cecte vue el

le

fe

rendir

a

Londres, ou en fe fai–

.fant couronner folemnellement par l'archevcque d'Yorck,

elle promit de defendre la religion catholique,

&

de

conferver !es privikaes des eglifes; ferment que !es cir–

con!tances la

forcere~t

de prononcer, comme le ce!ebre

-Gu(tave.Vafa promettoit,

a-

peu. pres dans le mem_e

tems , devant les €tats de Suede , de refpeCl:er !es pn–

:vileges abulifs des eveques qui bldfoient

l'autome

-royale ,

&

qu'il

fe

propofoit d'aneantir auffi-tot que le

<ems , l'occafion,

&

fur-rout fes fujets plus doci(es ,

pourroient

le

lui permettre. ·

Elizabeth

penfant comme Vafa, fe

conduifit avec

amant de dillimulation ,

&

fe

prornit en fecret de violer

fo-;

ferm'ens auffi-tot que les circonll:arices hJi lai!kroient

1.1

liberrc d'operer

!es

arands changemens qu'elle fe propo–

foit de faire dans

to~tes

ks

parties de l'adminifrration.

Cependant, Pj1ilippe

II,

arnbicieux de n!t1nir le fcep–

t re Ana lois

a

la couronne .d'Efpagne ,

fit demander

la mai; d'

Elizabeth

par le comte de Feria , fon am–

h affadeur

a

Londres. Cette propofition etoit odieufe

a

la reine , foit par la ha:ne infurmon table qu'elle avoit

pour Philippe, foir

a

caule de la differenct: de rel igion

qui rendoit cette. union incompatible : mais

fa

litua–

tion ne lui permectoit point de devoiler fes fen ti mens:

l'ami tie de Philippe , rtoir alors pour elle d'autant plus

importance , qu'dle ne pouvoit en attendre la re!titution

de Calais , que uu zde

&

ue

la

fermete que montre–

roient

les

plenipotentiaires Efpagnols dans le congrcs

de Cbateau.Cambrelis:

tile

diffimula, donna une reponfo

vag ue , prctexce des fcrupu les fur

!es

liens de parence

qu 'il y al'oit entr'eux; elk montra de.s craintes fur

Jes

difficultes que feroit la cour de Rome, qui ne

confrntiroit jamais que le roi d'Efpagne epoufat fuc–

ceffivemcnt Jes deux fo:urs. L es vrais motifs de ces

detours n'echapperent point

a

Philippe, qui , offenfc

du refus , abandonna \es

interers de l'r\ngleterre ,

&

fit

fa

paix avec la France , fans

infifl:er, comme ii

J'avoit fair jufqu'alors , fur la reflitution de Calais

&

de Guines.

Eliza6eth

peu fenfible

a

cette marque de

-refTcntiment, ne tarda point auffi

a

faire avec la France

une paix avantageule. D ans

le

traite que fes minifl:res

conclurent avec ceux

de

Henri

II,

ii fot flipule que

pendant huit annees Calais re!l:croit aux

Fran~ois

qui

rcmt trroient alors cette place

a

l'A nglererrc,

a

moins

q ue pour en conferver la pofTc:ffion , la France n'aimat

mieux payer la fom me de cinq ccns mille ecus : traite

qui violt

trois ans nprcs ·par

l'entr_epri~c

?es Anglois

fu r le Hav re-de-Grace , affura pour Jama1s a la France

la pom:ffion

ce

Calais.

R a!furee Cantre Jes prnjets des puilfanccs etrangeres,

ELI

'Elizabeth

fe livra tome entiere aGx foins du

gouv~rr.· .

ment,

&

fur-tout aux moyens d'achever

&

de rend

c

l1:11ble l'etabliffement de la reformation.

A

fin que rien

ne s'upposar

a

cette grande innovation , die

crut

qu.:

Jes plus

foges

mefur~s

qu'ellc ei\t

a

prc:ndrc

corm~

l'Ecoffe, gouvernee par lc:s princes de Guife fous le ·

norn de la regente

leur fceur) ctoient d'alllllner , eo

accordan t

fa

protection aux Procc(tans Ecoffois,

le

feu

de la difcorde , qui divifont entr'eux !es habitans

de

ce royaume ",. Jes ri1ettroit dans l'i mpuiffancc: de: s'op–

pofer

a

!'execution du plan de la reformation. L a nou–

velle dotl:rine

fit

des progres aulli rapides en Angle–

terre qu'cn ·Ecoffe. Dans ce dcrnier royaume • la

R~gente s'oppofa au changement qui s'operoir: rnais mal–

gre le fccours d'un corps de troupes

Fran~oifcs

que

!es pJinces de Guife

lui fournirent ,

la reformation

s'etablit par Jes

foins

d'

Elizabeth

,

qui s'en ecant

declaree proteClrice , fomint par fes armes

In

caGlt des

Proteflans. M ais , tandis que p;,r Jes confeils d'unc:

aclroite

&

prevoyantc: politique , ellc faifoit

tourner

contre

l'ecoffe meme l"orage qui cue pu s'y preparer

conm:

fa

f".lrete , ii s'en formoit de plus confiderables

&

de plus dangereux

en

France ,

tfl

Efpagne,

~ Ro­

me ,

c!n Irlande ,

&

j ufques dans le

fein

de l'Angle–

tcrre meme. M arie Stuart, qui avoit epoufe le Dau–

phin

Fran~ois

II,

avoit arbore !es armes d'Angletcrre ,

annon~ant

par cettc dcmarche le deffcin

OU

elle etoit

de

r~monter

fur. le trooe de (es peres.

Irricfr comre

fa

rivak ,

Elizabeth

fe ligue fecrecemenr avec ks P rote–

fi ans de France , comme elk s'eroic

liguec: avec

ks.

Prote!tans d' Ecoffe,

&

par cette prudence confeJC:ra–

rion , elle mit M arie

&

fon epoux hors d'etat de Jui

nuire. Ce n'etoit point affez d'avoir pris des mefures

contre

l'Ecoffe

&

la France , ii re(toit encore

a

ft:

de–

fendre contre un n:doutable ennemi , contrc Philippe

II,

qui, moins formidable encore par fes

forces_

de

terre

&

de

mer, qu'il n'etoit dangereux par. ks mfi–

dieufes reffources de

fa

politique , ne pouvo1c pardon –

ner

a

la

reine d'Analeterre le refus qu'elle avoir faic

de frs propofitions. Plein de l'ambitieux projet d'oc–

ruper feul un trone qu'on n'avoit pas voulu parrager

avec" lui

ii n'attendoit qu'une reponfe favorable de

la cour de Rome, perfuade qu'aufii.rot q_u'il

l'auro!t

obrenue , rous Jes catholiques

s'empre!fero1enr.d~

fe de–

clarer en fa faveur,

&

l'lrlande fur-tout , qui v1olern–

ment agitee par l'e(prit de fanacifme

&

de

re.bdl~on,

refufoi t obfl:inemen t de reconnoit:l'e la fouverainete de

la rcine d'A nglcterre.

.

. ,

Au milieu de tant de dangers,

E!tza.be1b

inebranl.a·

ble

&

fuperieure aux complor.s

&

aux

ligues des pu1f–

fances ennemies

&

des fatl:ions intcricures , cut recours

a

un moyen qni' pour ecre de la .plus facile execu–

tion

&

du fucces le plus infaillible , n'en

e!1:

pas P.our

eela plus fouvent adopce par la pll\part des

fouvu~10s:

ce moyen

for

de fe concilier la cunfiance des Cl[oyens

par

fa

douceur,

fa

bienfaifance ,

&

principalcment par

fo n attention

a

fupprimer d'ancicns irnpots .

&

a

ne pas

permetcre qu'on en erabl

it

de nonveaux.

A

fin de foll –

tcnir ce rare defintereffement, el le

(c

r~rr:iocha toU[~S

!es depenfes fuperflues;

&

porta !'economic tout auffi

.loin que la decence

&

la <lignite de fon

rang pou–

voient

le Jui perrnettre. A cette moderation

Ii

rare.~

fi difference de la pompc fafl ucufc:

&

de la

p~od1gahte

de fes predeceffcurs, ellc: joignit u11 zde

~Cl:1f

&

fo1~cenu pour la ju(tice ' publia d'utiks reglemrns ' m1t

en viouem !es ancicnnes ordonnances, abolit

Jes

abus

.qui

s~toient

introduits

&

ne neoliaea rien de ce qu'cllc

crut propre

a

aIT"urer

I~

bien

publ~ ,

&

a

lui concilicr

le refpeCl:,

l'efl:ime

&

l

'atrncl:i.e.rncnt

de

~es

peupks.

Cependant la regenre d'Ecolle , fecondee pa.r la Fran–

ce, prdfoic avec viyacite ks Protc!tans, q ur,

pou~fe

foutenir, n'avoient eu j ufqu'alors que !es fecour>

trtS·

foibles

qu'Elizabetb

kur fourn iffoir en fecret. Ltur

fi.

tuation devint

fi

violence que la

reine d'Angleterre

penfa qu'il "toit de

fa

gloire de defendre

l~autcm(nt

la

caufe qu'elle avoit embr free ,

&

de fouremr par la fodr-

cc:

es