CLO
d3nS ce projet fans Theodoric qui ne vouloit pas
l'a~
voir pour voi!in. L a foum iffion des villes A rmori–
ques,
c'ell:~a-dire
, de la Breragne, -fuivit ]'expedition
de la Bourgogne : ii ne fut plus permis aux Bretons
d'avoir des rois pour Jes gouvernel', mais feukment
des dues; ain!i rous Jes peuples erablis dans Jes Gau–
les, etoient ou fujers , ou rribmaires de norre monar–
chie. Les V i!igorhs fculs avoient conferve leur fode–
pendance. Alaric ayant j uge
a
propos de priver un
eveque de fon fiege,
Clovis
affeCta .un faint zele ,
&
f~ignit
de croire qu'il ne pouvoit fe difpenfer de pren–
dre la defenfe de l'eveque depolfede. Alaric craignoic
d'enrrer en lice ..avec cc monarque : fes fujers abatar–
dis par le calme d'une longue paix , ·n'etoient pas en
erat de fe mcfurer avec Jes
·Fran~ois
:
ii cut recours
a
la negociarion ; mais ii eprouva qu'un prince arme
par la politique, ell: implacable.
Clovis
l'accufa d'a–
voir voulu l'alfaffiner: ii eroit bien plus capable de
lui fuppofer ce crime, qu'Alaric ne l'eroit de
le
com–
rnetrre. Rien ne put calmer ]'indignation
feinte ou
veritable du monarque
Fran~ois.
Theodoric, qui re–
gnoit avec tant de gloire en Italic ,
&
dont le
roi
des Vi!igoths avoit epoufe la fille, lui ecrivit ks lct–
tres Jes plus prelfantes, qui toutes forenr infructueu–
fes. Les
Fran~ois
en pan ant pour cetre expedition ,
Ii.rent un va:u qui eroit ordinaire aux Canes, l'une
des principales tiges de !cur narion ; c'etoit de ne fe
couper !es cheveux
&
la barbe que fur !es depouil–
les fanglantes des Vi!igorhs.
Clovis
qui ne lailfoit echap–
per aucunc occa!ion de
fe
rendre agreablc aux ortho–
doxes, fit vc:eu de. batir une eglife daos Paris , fous
)'invocation de S. Pierre
&
de S. P aul. On publia les
plus exprelfes dffenfes de cornmettre aucunes violen–
ces cootre Jes perfonries devouees au culte des aurels:
on n'a. point d'cxe1n ple de la difcipiioe qui fut exer–
cee dans cetre guerre ;
Clovis
rua de fa propre main
un foldat pour avoir pris un peu de £:oin
fur
terre
cnnemie. Les orchodoxes incerelfes aux profperites de
fes armes' erigerent
~!1
miracle tou,s !es
~v§necf>i:ns
de
cerre campagne : une ·biche ,
fans doure effrnyee par
le bruit de la multitude, traverfe la V ienne
a
l'inftant
que
l'arm~e
fc
preparoit
a
palfer cecte riyiere.; c'croit
une biche, cnvoyec pa.r le ciel- pour leur indiquer un
g ue : !'air paroi!foic "enflamme pu core de l'eglife de
Saint-Hilaire d<:; poitiers; c'eroit une marque de
la
.Prote(tion
d~
faint qui avoit conjure
I~
ruine pes Vi–
figorhs , parce qu'ils
1
icqie11~_ :Ariens. Cepengan~
Clovis
.avan~it ~oujours
,
prec~de
par le bruit de
~~s
mira–
cles qui probablemc::nt nc forent pas !es feuls. Ala–
ric ne fe diffimuloit point fon in(eriorite devant des
troupes continuellement
exerc~es
&,
agu.,rsi~s
.,pa,r une
infi nite de combats
&
de viCtoires.
IJ
e(lt bieA voulu
tirer la guerre en longueur : ii. faifqit une retraite vers
I'Auvergne; mais ayant etc force de s'arretcr .d@.'n s !es
pla1nes de Vouille , fon armee fut, tailles
rn
pje~e,
&
lui-meme pe"rit de la main de
Clovis ,
apres avojr fai r
la plus belle defen re. L a_ foum iffion de l'Aleigeois- ,
du R ouergue, du Querc1" ge I'Auvergne , du Poi–
cou , de la Saintonge
&
d u Bourddois , fut
le fru it
de cerre viCl:oire; ii ne refl:a plus aux V ifigoths de
leur domination, en
c\~ya
d<"s Pyrenees , que
la
ville
&
le territoire de N arl?onne, ou ils procla01erenc Ge–
faljc_, fits du feu roi.
Clovis
dans rout le
cour~
qe fon
regne, qui ne foe qu'un enqh11lJ11·menc de guerres ,
n'eprouva qu' une feule
defair~ ;
&
ce fop l bba , ge–
neral de Theodoric, qui euc la gloirc de la lui faire
elfuyer.
,
1
-
Clovis
re~ut
a
Tour~.
t;les
amba0:adeurs de l'empe–
reur d'Orienc
!
ils
ve1rni~nt
le felicicer de la pare de
leur
m~ltre,
fur la gloire de fon regne. Anal}afe
lui
e~voyo~t
les ornemens cje
patr~~e.,
&
des
"Jectres qui
l'mv1to1ent
a
en prend re le titre; on Jui donna des–
l?rs les noms pompeu;ii: de
confql
&
d'auglffte.
C'efl:
a111fi que Jes empereurs , trop foibles pour dominer
dans Jes Gaules , ne negligeoient rien pour y confer–
\ler un refte de refpect pour Jeur dignire, en
y
faj.
CL 0
447
(ant revi<Jre les memes titres qu'avoient portes ceux
qui les avoient gouvernes clans
le rems de fon plus
grand erat.
Jufqu'ici
Gfovis
a figure en prince auquel on ne. peut
reprocher qu'un execs d'ambicion. M aintenanr
11
va
paroirre en allie barbare
&
fans foi, en parent dena–
ture. Les
Fran~ois
eroient encore
divi~es
en plulieurs
cribus :
Clovis
ecoic bien le genfral Commun de toute
la nation; mais ii n'eroir pas !'uniq ue roi. Rc::gna–
caire regnoit dans
le
Cambre!is ; Sigebert dans Cologne;
Riguiomer, dans le Mans ; Cararic , dans une pan ic
de la Flandre: plu!ieurs aurrc::s parens de
Clovis
polTl!–
doient, en pleine fouverainere, d'aucres erats moins con–
fiderables.
Clovis
avoic vecu
jufqu'alors clans
la pl us
grande intimire avec rous ces princes ; ii en avoit tire
de pui lTans fecours; la refolution fut formee dt: Jes
fa–
crifier
a
la grandeur de fes fils, II engagea le fils de Si–
gebert
a
l'alTaffiner'
.&
le fit aCfaffiner Ju i/.meme lorf–
qu'il eut confomrne
cet
horrible parricide. Devenu mai–
tre, par trahifon, de la perfon ne de Cararic ,
ii
l'obli–
gea de fc faire' precre Jui
&
fon fils ,
&
ks fit auffi-toc
malTacrer , fur le fouVion q u'ils mediro1ent une ven·–
geance. 11 ,e'ncra enfuice dans le royaume de Cambrai ,
oi\
Regnacaire lui fut livre , pieds
&
poings lies , par
des tralcres qu'il avoit corrompus.
,, As-tu fait ce
tort
a
ta
race , d ir-il en apofl:rophanc ce prince, de
te lailfer ain!i lier comme un efclave ,
&
nc devois–
tu pas prevenir cecce honte par une mort honorable,,
?
JI
n'avoic pas fini ces mors qu'il lui ouvrir
le
crane
d'un coup de hache. ,, E t toi , ajouta-t-il en fe•tour–
nant vers Riquier, frere de ce prince ,
li
cu
avois de–
fendu ton frere on ne l'auroir pas
Ire
de cem: forre ,,.
II
lui fcndit egalement la rete. Rigu iomcr
&
tous les
autres princes qui avoient quelques prcrenrions au
ti·
tre de roi, perirent par ces laches moyens. Voila qu'd·
Jes fo renr !es principales actions de
Clovis
,
premier roi
chrerien : la religion s'honoreroir phis d'avoir fait
fa
conquete s'il fe fut montre moins feroce
moins bar–
bare ,
&
l'on auroir plus de foi aux miracles dont Jes
hiftoriens one cru devoir embellir fon hiltoire. On a de–
mande la raifon pourquoi ce prince commit plus de
crimes apres
fa
conver!ion q u'auparavant ? Si
l'o~
fai r
attention q u'ils eroient moins un effet de fo n caracre–
re que de
fa
poliriq ue, on pourroit croire q ue cette
raifon vienc de- ce qu'il n'avoit point encore ks me–
mes motifs. Peut-erre cependant la rd1gion mal-entcn–
d ue
y
euc-elle quelque p"art : le chriftianifmc annonce
un dieu qui
pun i~;
mais un dii::u q ui pardonne. Un
feul mot d'un de fes m;niftres fuffir pour effaci::r
les
fou illures de la vie la plus longue
&
la pl us criminel–
le, mais feulemc::nt
a
ceux qui font couches d'un !in–
c:ere repentir. L'idolatrie n'offroit pas cecre confolation •
un pa"ien pouvoic trembler dans
fa vieillelfe, dans la
crainte d'etre puni pour des crimes commis dans fon
enfance,
(:lovis
mouru t l'an
511 ,
age de quarante-crnq
ans , dont
ii
avoit regne rrente : il Jal fl:oit fix enfans.,
deux de
fa
premiere femme , Thierri, qui fur roi d'Au–
ftra!ie;
&
Thc:udichilde q ui foe mariee au roi de Vof·
nes , nation Saxonne, qu i fu5fifl:oit alors
&
qui ne
fub!ifte plus. De: ceux que lui donna Cl"Otilde,
fa
fo .
conde femme , quarre Jui fur\<ecurc:nt, Clodomir , Chil–
debert, Clotaire ,
&
Clotilde. Son corps fu t porte
d~ns
la nouvelle eglife qu'il avoit fair batir pour accomplir
le vceu q u'il fit en parranc pou r la g uerre con tre Jes
V ifigor!is. On lui doit plufleurs fondatioos pieutes : ii
Jes fit pour diminuer l'horreur que
la pofterire pou–
voit conc,cvoir de fes crimes. (
M
-
y. )
CLov1s
II ,
douzieme roi de F rance , fils
&
fuccef–
fem de D agobert
I.
/luyerz
S1GEilER
T
11. (
Hiji. deFran-
ce. ) S11pptime11t.
.
CLov1s
III
fei2ieme rol de France, fils
&
focct:f–
feu.r de
Thier~i
Il ,
occupa le::
crone depu is l'an. 6:;1 r
jufqu'en
695,
qui fut l'epoque de fa more. l' epin ne
J'y
pla~a
que parce qu'il voyoic
en~
re du
' anJ e r a
s'y placer Jui-meme ; mais ii ne
lu1 la!lTa q ue l'o m.
bre de la royaute'
d~nt
ii
fe r.! erv.. routes les p re·