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ASS

tres de rémiffiol'l ';

ar/.

2

&

4

du

tit.

16

de l'ordon,

crimin.

Nos loix le pun ilTent du fupplice de la roue,

a

moi ns que

fe

coupable

ne foit une fe m111e; prefque

par-tour . la peine atta chée

a

ce crime, eft la perte

de la vie.

Nous examinerons ailleurs quels peuvent étre les

fondemens k s elfets

&

!'uti licé du foppli ce de la roue.

On

dero~nde

a

ce momcnt

fi

dans

Je

fyíleme de la

foppreffi on des peines capi tales ' il ne feroit pas

a.

propos de les lailTer au moins fubfifter pour

I'

aj[af

jinat

?

Ce ux qui font de ce fentiment

Ít:

fondent fur l'ac–

cord prefque un anime des peuples: ils obfrrvent que

chez les Juifs , les Egyptiens, les Grecs

&

les Ro–

mai ns, l'alTaffi n étoit puni de mort; ils s'au corifent

de ce que Je mérne ufage fubfi íl:e parmi

les nations

modernes policées. Ils ajoutent qu'elfeél:ivement, il pa–

roit ju!k de priver de Ja vie celui qui l'a otée

¡¡

fon frmblable; qu'en attentant aux jours des autres,

l'alfaffin renonce

a

tout droit fur les fiens; que d'ail–

leu rs

I'

affa./Jinat

étant l'un des plus grands cri1nes qui

tro ublent l'ordre de Ja fociété , il eft convenable de

le punir par la plus févere des peines (onnues.

L es réponfes ne fon t peut-etre pas moins faciles

que fatisfaifan tes,

Et d'abord , il ne fau t pas croire que cet accord

des peuples foit auffi unan ime qu'on le fuppofe:

&

qu and il

1

le feroit , il ne

feroi t pas

tout-a-fait capa–

ble de perfuader !'ami de !'humanicé , qui veut trou–

ver en tollt , non des exernples , mais ces grandes

maximes de la raifon

&

de Ja juftlce, fans quoi le

refte n'•O: ri'en.

L orfqu'Homere nous repréfente fur le bouclier d'

A–

ch ille , deux citoyens q ui cornpofent au fujc t d'un

affajfinat,

n'eft-ce pas nous apprendre que

l'alfaffi11

n'étoit pas toujours puni de more chezr les Grecs? Les

loix arhéniennes de Meurfius en olfrent d'aurres prw–

ves.

11

établit fqr des autorités fa ns nombre que J'on

fe contentoit de bannir les affaffins, du mil ieu de la

fociété ; on

leur refofoit

l'entrée

des

temp1cs , des

bains publ ics , des alfemblées , des maifons parcicu–

lieres ; il étoi t défendu

de

communiquer avec eux ,

de

ieu r donner de

l'eau

&

du feu; on confifq uoit

méme cous. leurs biens ; mais on refpeéloit leur vie.

L a, fociété leur refofoit tout ce qui écojt en fon pou–

voir ; elle cut craint d'entreprendre fur

les

droits de

l' E.tre fupréme en tranchant les jours qu'il leur avoic

don nés,

'' •

On ne p ttnilfoit

l'ajfa.Jli11at

ohciz

les<

Germains , qu'en

dépoui llant l'alfaílin d'une partie

ele

fon bien en

fa_

veur des parrns du défont :

fzlitur enim bo111icidi11m ,

die

T acice ,

arto' ar111e111orum ac pecoru111> 1111111ero

,

recípit que

fat isfaflionem zmiverfa domus.

L 'Hijloire générale des VO)'ages

nous parle de plufiems

pe upks, qui

ne

pui !fent

l'affa.Jli11at,

qu'en abandon–

nant Je

m~urcrier

a

la fam1lle .du défon t ;

&

le lui

Jiv rant pour s

1

en

fervir

comme d'un cfclave

&

d'une

bece de fornmci.

D'aulres n<i •le condamnent , comme les Gerpuains,

q u'a des amendes pécu niaires.

Nos

a·ieu~

ti'en ufoient pas amremenr : rien n'eíl:

fi

conn u que

les

c.ompoútions ordonnées par les loix des

Saliens , des Bourgu ignons, des Ripuaires,

0\1

la vie

d'un Franc;,, e

taxée.

a

200

fols, celle d'un Romain

a

100 '

ainf~

des autres.

.Peut-écre ces compofitions qui nous paroiffent ritli–

cules parce qu'elles diffürent de nos ufages, n'étoient–

clles pas défavouées par Ja juftice

&

par Ja raifon

?

Q_ui ne fait en elfet que l'alfaffiné ne fe leve pas du

tombeau , loxfque l'alfaffin y defcend? Pourquoi done

l'y précipiter? A quel propos enlever un focond fuje t

a

la fooiété? Eft-ce pour la confoler du premicr•que

Je

me urtr.e

Ju:

a ravi

?

Ce

fon t deux hommes q\1"elle

pcr_d

í\U

liell •d'un. Pou imporre que ce foit le glaive

de Ja loi, ou

lc .poignard de l'alfailin , qui les

luí

:A

s

s

óte. L'effet eíl: le meme pour elle. Elle eíl: privée de

deux

hornmes ,

&

Ja fümi·lle clu défunt n'en retire

aucun

avant:i.ge.

Car apres tout , quelles loix , en Ji–

vranr un alfaffi n

a

la morr, pourront ramener

¡¡

une

ép.oufe

~

a

d,es enfans , le pere

&_

l'époux que le

cri me a egorge ; la mort du meurmer n'aura jamais

cet elfet. lis n'en pleu reront pas rnoins l'objet de leur

affeaion ; ils n'en regretter'ont pas moins les frcours

qu'ils recevoient de Jui. Nos peines capitales ne leur

rendront rien en retour. Les compofitions au moins

fa.voien t les dédornmager en panie. Depuis que l'or

l)l

)'argent font devrnus

le

figne J 'échange de tous

les biens, il eíl: certai n que cet or

&

cet argent peu–

vent rendre

a

des eofans

&

a

une époufe les fecours

q u'ils recevoient. du rravail d'un pere.

&-

d'u n époux.

Voila ce que l'or eft tres- capable

de

repréfenter; voi.

la

c·e

que

le

fang de l'alfaíli n ne repréfentera jamais,

A

D ie u ne plaife pourtant que nous prétrndions

inviter la génération aél:uelle

a

ranimer la jurifpru.

dence des compofitions,

&

a

publier une taxe pour

la

jambe,

le

bras, l'reil , la vie · d'un citoyen.

11

y

avoit

a

cela des inconvéniens terribles: d'ailleurs nos

dommages

&

intéréts remplacent

a

quelques égards

ce

que les compofitions avoient d'avantageux. Tout

ce que nous voulons montrer ici eíl: que cettt; jurif.

prudence des compofitions ,

toute imparfaíte qu'ellc

pouvoit étre, approchoit pellt-ctre encore plus du

vé.

ritab!e bm des chatimens, que nos peines . capitales.

R ien ne dérermine néceifai rement

a

lailfer fubfifter

ce!.

les- ci ' pas meme pour

l'a.ffe./JinaJ.

D ire que le meurtrier , en affaffinant fon fernbla–

ble, renonce

a

tous les droits qu'il peut avoir fur

fa

propre

vie,

c'eft

ne

rien dire du tout.

Premierement, il

dl:

fau x qu'il y renonce , foit

explicitement ,

foit

implicirement. Cela eft

fi

vrai,

que pour établir cette renonciarion prétendue , il eft

nécelfaire que vous faffiez un raifonn ement qui porte

tom fur

des

fuppoficions . Or, il n'eft pas befoin de

rien fuppofer dans les chofes qui ont la vérité pour

bafe.

.

Secondement, perfonne n'a droit fur

fa

propre vie ,

conféquemment l'.alfaffin ne peut renoncer

il

ce droit;

nul ne fauroi t céder , ni tranfmettre ce qu'il n'a pas ;

s'il le cédoit , il

.ne

céderoit ríen .

Troifiémement, q uand il pourroit y renoncer, re- ·

íl:eroi t

a

favoir '

l'intéret de

la

fociété demande

qu'elle profite de cette renonciation,

&

qu'elle ore

~

l'alfaffin , une vie qu'il femb le lui abandonner.

11 dt

des jurifconfulres bien refpeél:ables , qui ne le pen-

frnt pas.

·

Ajoutons pour terminer cet article, qu'en dérobant

)'a!faílin a la peine de mort, nous

ne

prétendons pas

le fou!lralre au fupplice. Qu'on ne s'y

trompe pas ,

la mor-e n'en

e!l:

pas un ;

&

c'eíl: précifément pom

le

livrer

a

la peine ,

a

la douleu r,

¡¡

l'infamie ,

a

un

travai l du r

&

mile

.a

Ja fociété , que nous voodribns

l'arracher a la mort. Un pendu, un roué ne font bons

a

rien. I1 feroi t pourtant

a

defirer que les foulfra nces

&

les tourmens de ceux qui ont nu i

a

la fociété ,

folfent bons

a

quelq ue chofe. C'c íl: la feule maniere

de dédommager cene fociété, done ils ont troublé l'or–

dre ,

&

trahi les intététs . Or, voila ce qu'on ne peut

faire qu'en les lailfan t vivre. Leur fo pplice devenu

urile , ne fera méme q ue plus grand ; l'impreffion

journaliere qu'il fera fur

le>

ames , n'e-n acquerra que

plus de force;

&

les elfets qui en réfulteront ne fe–

ron t que plus f-Ors

&

plus durables.

Mais quels doivent erre ces chatimens

?

C'eíl: ce

qui mérite d'etre dévcloppé

a

l'article PE

1N'ES

C~P I·

TALES:

di fcuffio n bien importante, puifqu'd le dev1ent

tout

a

la

fois Ja caufe de l'humanité

&

de la

19·

ciété. (

A/J.

)

ASSELMAN , (

Hifl. Litt.

)

théologien modéré ,

naqoit

a

Soeft en Weíl:phalie.

JI

a mis au jour

u~

traité

De fere11áis b-ereticis,

11011

ariferendis

,

t1rre qui

tie nt un peu du jeu de mots; mais l'ouvrage part

d'u n efprit raifonnable.