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ANG

d'aujourd'hu~.

II ne paroit pas que l'on d.olve attri–

bucr ce cbangement

a

la conquete des Normands, car

dans l'efpace de cent ans qui fuivirent cette conque–

te, on ne voit qu'un tres-petit nombre de rnoes Fran–

~is

paíler dans

-1'.Anglois.

Dans la transformatioo fuc–

cdlive

&

graduée d'une langue en une autre, on no

peut l>as raifonnablemeot exiger que l'on marque pré–

cifémen~

un point ou les Anglois oot ceJfé de parler

Saxon

&

commencé

a

parler

Anglois.

Ce point n'exi–

fie pas.

Robert de Gloceíl:er, qui fioritToit dans le

XI

r

íiecle, femble avoir parlé un

laogage mitoyen qui

n'étoi t propremerit ni Saxon ni

/111glois.

Mais

k

lan–

gage de Jean Mandeville, ou comme ij fe nomme

lui-meme, Jobn Maunde-ville •

efl:

plus

Anglois

que

Saxon. .

ll

écrivoit dans le x

1

v°. liecle. Mais

le

pre–

mier que l'on puifü: dire avoir écrit en

Anglois,

c'eíl:

Jean Gower , auquel fuccéda Chaucer , fon difciple.

Gower

di:

le pere de: la poélie angloife. Cbaucer ne

mérit'e ni tous les éloges, ni touc

lt:

'blame qu'il

a

r~~us.

Dryden, qui coafond le génie avec lá limpie

érudition,

&

qui par une énange préíomption a par–

de

ce qu 'il n'avoit pas affrz examiné, ami bue

a

Chaucer la gloire d'avoir erouvé le prernier

le

riehmc:

./fnglois.,

ou la profodie de

fa

langue, d'avoir le pre–

rr.ier fait ufage des rimes aifées

&

naturdles, d'av oir

perfeél:ionné

l'

/lnglois

en l'enrichill'ant

a

propos d'un

grand nombre de moes empruntés des langues les plus

polies du continent. Skinner le blame au contraire ,

de la maniere la plus dure, d'avoir corrompu

fa

lan–

gue maternelle par l'alliage d'un grand nombre de

mots étrangers.

~e

ce foic

a

eort ou avec raifon, il

dt

fur qu'encore aujourd'hui tous les

écrivain

s An–

glois plus occupés des chofes que de la faY.on de les

rendre, tiennent peu de. compte de la perfeél:ion du

langage ,

&

n'envifagtnt les mots que relacivement

au befoin qu'ils en ont pour exprimer leur penlee ,

&

non relativement

a

l'effe t que leur arrangement

&

leurs rapports peuvent produ\re. Tout terme, foit La–

tin, foic

Fran~ois,

foit Italien, qui paroit

a

l'Anglois

le pfus propre

a

rendre fon idée' eít acquis

a

fa

lan–

gue qui l'admet fur le champ, fans meme

fe

foucier

de

le

fléchir par des terminaifons analogues. Tel

di:

le génie de cene langue ; elle admet aiférnent toutes

ks formes des autres,

&

fe plie avec une Gondefcen–

dance exceffive. au caraél:ere, aux befoins, aux c:apri·

ces de chaque écrivain.' Revenons

a

Gower: fes 'reu–

vres offrent cette cadence harmon ieufe; ces rimes ai–

lees dont on attribue gratuitemenr l'invention

a

Chau–

cer : on

y

trouve ces mots étrangers , ces mots la–

tins , ces mots

fran~ois

, bon ou mauvais affemblage

done un rend Chaucer refponfable. Celui-ci peut bien

avoir introduit quelques innovations dans

fa

langue ,

comme on avoic fait avant lui, fur-tout dans l'en–

fance de la poéúe angloife. Mais les reuvres de Go–

wer

&

de Lydgade pro uvent inconteítablement que la

d iébon . de Chaucer fut en général fernblable

a

celle

de fes coneemporains, qu'il la perfeétionna feulement

par

fa

poélie , par le choix

&

la difpofition du me–

tre

&

des ri01es, en quoi il femble avoir été auffi heu–

reux que judicieux.

Fontefcue, qui écrivoit fo':1s le regne de Henri

VI,

&

qui a compoíé la plupart de fes ouvrages apres

l'an

147 [ '

daos la retraite' fort

a

montrer quel étoi t

l'état de la langm: angloife

a

la fin du quinzieme fie–

cle. Au temps de Thomas More, la langue étoit

prefque formée. Skt:lton, poCte laurfat de Henri

VI II,

fioriífoit dans le méme eemps. Mais l'aueeur le plus

pur

&

le plus cékbn:

de

ce regne , fot le cornee de

Surry. La diél:ion de Barclay qui écrivoit vers le mi-·

lieu ·du

xv

1.

fiecle, n'a prefque plus rien d'antiqm:,

fi ce n'eíl: l'ortographe , reíte d" l'ancienne barbarie

qui fe remarque auffi dans les écries du Doél:eur Wi l–

fon, en

1553 ,

auteur aulfi renommé par l'élégance de

fon

llyle que par l'étendüe de fo n favoir.

Nous ,·oila infonfibkment parvenus au temps de la

A N G

407

reine EJiíabeth , époque ou l'on fixe la formation en–

tim: de la lan gue Angloife.

11

'feroit peue-étre

a

pro- ..

pos de montrc:r ks différens change.mens qu'elle a el:.

fuyés

&

fa

métamorphofe, par des exemplc:s tirés des

ouvrages qui ont été compot'és dans les différenres

révolmions ; ces longues ci tations angloifes n'entrenc

point dans notre plan;

&

l'on peut contulter la-def–

fus le grand Diélionnaire Anglois de M. J ohnfon en

2

vol.

in-folio. On

y

trou vera des échantillons de

l~

langue Angloife daos

les divers périodc:s depuis Al–

fred

le

grand jufqu'au temps de

la rtine Elifabeih.

Ce Diél:ionnaire

di:

fans comredit le plus régulicr, le

plus complct, le plus favant, que not1s ayons en

An–

glois.

L'auteur qui dans plufic:urs autres ouvrage

,

s'eít montré philofophe profood ,

lirtérateur folide ,

frrivain poli

&

correét, foutien t

Cl!S

trois caraél:eres

daos fon diél:ionnaire. C'dl

le

fruit d'une lcél:un: im–

menfe. Les exemplrs

y

font abondans ; mais

ils

n'y

font pas acct1:nulés

fan~

deJfein : ils préfentent des li–

gnifications variées ou du moins des nuances du mé–

me fens. Jci

le mot

efl:

appliqué aux perfonnes,

&

la aux chofes. Un paffage le monere pris en bonne

part, un autre en mauvaife, un troifieme en uo fens

indifférent. Celui-ci tiré d'un auteur ancieo, coníl:ate

l'auehenticité du mot, celui-la tiré d'un rnoderne

en.

prouve l'élégance. U ne autoricé douteufe eít confir–

mée par une plus forte; une phrafe ambigue eíl: éclai r–

e>ie pár un palfage clair

&

détt:rmi:ié;

,,k

terme pa–

roit dans divers régimes,

&

avec des alfoCiations dif–

fércntes,

&

chaque alfoc iation conerib1,1e on quelque

chofe

a

fi.xer

&

a

perfeél:ionner la langue. Ce

d

ifrion–

naire , par l'abondance

&

le clioix des citaeions, for–

me un recueil agréable des plus beaux morcc:aux des

auteurs en vers

&

en profe.

La diíl:inél:ion la plus importante dans les mots

d'une langue, .c'eíl: celle de l'antiquité,

&

de la nou-"

veauté. Nous avons déja vu que

l'Anglois

s'eít formé

fuccdlivement , qu'il n'a été ni plus exempc de ca.

price' ni moins fujet

a

l'altération que ks autres lan–

gues. La variation

inévitable des

langues vient des

progres du commercc, de la culture des efprits, de

l'invention des nouveaux ares , du mélange des idio.

mes

étrangers ,

&

'fur.tout des vices des 1traduél:ior.s.

Les langues vivantes ne fe fixent point. L'élixir qui

promet l'immortalité aux hommes n'eíl: pas plus une

chimerc que le diél:ionnaire qui préeend affurer l'im-.

murabilité ou rnéme la perfeél:ion

a

leur langue. Dans

ce flux continuel de mots qui

fa ns raiJbn

tombenc

daos l'oubli, ou fans néceffité acquieren,t l'exiíl:ence,

le lexicographc doit également fe garantir de préven–

tion pour l'antiquité ,

&

d'affeél:ation de néologifme.

ll .

convient de rappeller

a

la vie dc:s rermes qui n'ont .

d'aurre défaut que d'avoir vieilli,

&

d'etre circonfpeét,

a

recevoir ceux qu'u oe aucorité fuffifante n'a pas en–

core coaíacrés. M. J ohnfon

fe montre judicieux cri–

tique

&

excellrnt gramrnairien

a

cous ces égards,

&1

s'it paroic un peu trop attaché

a

l'antiquité, aux Hoo–

ker, aux Bacon , aux Rawlegh , aux Spenctr, aux

Sidney, aux Shakefpear

1

il ne néglige pourtaot pas ·

les Tilloefon, les Locke , les Clarendon, les New- ,

ton, les Burnet, les Temple, les Swift, les Dryden,

J~s

Addifon, les

Pope,

&c. &c.

Il

fixe l'orthographe

&

la prononciation avec de grands égards

a

la déri- .

vation ,

a

la grammaire

&

a

l'ufage. Ce Diétionnaire

c:ít touc

Anglois.

Mais les

Fran~ois

amateurs de cene

langue , qui defirent de l':ipprendre ou de s'y perfe–

élionner, doiven t fe ferv ir du

Diftio11naire Franrois.

./111-

gloís

&

Anglois Franfois,

exrraic des meilleurs autcurs

daos les deux langues en deux .vol. in.

.¡.º.

qui vient de

paroitre en H ollande. C'eíl: le meilleur que nous ayons..

ANGLOISE,

f.

f. (

Mu.fique.

)

On donnc le nom

d'/Jngloife,

aux airs de conrredanfes AnO'loifes,

&

aux

coneredanfes meme. On fait

les

./lngloije':

en toutcs for–

tes de

~efures:

le

mouvement en

ell:

vif;

&

quand

il n'y a que

le

mot

Angloife

a

la tete d'une piece , il

d\:

tOÚJOUrs

prej/o (F. D. C. )