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~

óe l!értalnes faifons qu'cn d'autres, ils ne l'ou·:

voicnr conterver la chair qu'en la boocan ant: car les

nation& difperfées au centre du conrinent, n'avoient

pas la moindre connaiífance du fel; mais prefque tau.

tes celles qui habiraient cians la zone rarride,

&

me–

me fur lts extrémités des zones rcrnpérées ven l'équa–

teur, faifoienr un grand ufage du paivre-pi ment

(cap–

.fcum a111111um),

ou d'autres herbes auffi brulantes;

&

c'dl: la nature qui leur avait enfeigné taut cela. Il

faut dire ici que les médecins de I'Europe anr éré

&

font encare pour la

phi~t

dans l'erreur au fujet des

épiceries :

ÍO).IS

les .climats ardens , leur grand

&

can–

t inuel ufage _eíl: néceífaire paur aider la digefüan,

&

rendre aux vifceres

la chaleur q u'ils perdcnt par une

tranfpiration trap aband ante. Auffi les voyageurs naus

apprennent-ils que ces fauvages de la Guiane, qui ré–

pandent tant de poiv re dans leurs mets, qu'ils empar–

tent la peau de · la langue

a

ceux qui n'y font pas

accautumés, jauiífent conftamrnent d'une fanté plus fer–

me que

d'autr~s

peuples de ce: p ays, cornrne les Aca–

quas

&

les Maroux, qui ne peuvenr fe procurer tou–

jours une quantité fuffifante de piment. En Europe

meme on voit déja de q uelle néceffité cette épice eíl:

.iux Epíagnols , qui en ferncnt des chnmps enriers ,

comme naus femans le feigle : enfin, on fait qu'a me–

fure que la chaleur du climat augmente , on a rrau–

iré par toute !'Afie

~

l'Afrique que la confommation

éles épiceries augmentait en raifon direék de cette cha–

leur.

P armi les peuples chaífeurs du nauveau monde, on

Q

décauvert di ffércntes campafitians que nous fommes

dans l'ufage d'appeller des· poudres nutritives ou des

alimens condcnfés, qu'an réduit taut expres en un pe–

tit volume pour pouvoir les

traníporter aifémenr,

lorfqu'i l s'agit de fai re quelque courfe dans des fol i–

tudes

ó~I

la

terre ,

fouvent couverte de neige

a

la

h auteur de denx ou trois pieds, n'olfre aucnne re!fout–

ce, hormis celle du gibier qui eíl:

incertaine; parce

que beaucaup d'animaux

fe

tiennent alors dans leurs

g ires , qui font quelquefois en des lieux tres-éloignés

d e ceux ou an les cherche. Au reíl:e on voit par les

relatiam'

&

meme par quelques pa!fagcs de l'hi!loi–

re, que la p!U parc des nations errantes de notre con–

t inent ont eu ou ont e_ncore des pratiques femblables:

les fauvages de

la grande Brctagne campofoiont · une

d e ces p ares avec le karemyle, qu'on

foup~onne

etre

les tobercu les du magjon , que lc:s gens de la cam–

pagne appdlenr

vefce

Jauvag~-,

quaique ce foi_t un

la–

thyrus

:

en avalant une boulette de cette drogue, les

Brctons pouvaient

fe

pa!fer de tout autre aliment pen–

d ant un jour ( D ion,

i11 Sro11r.

).

II en eíl: 3-peu-pr 's de

meme de la poudre verte, daht fe fervenc les fa nva–

oe:s répandus le long du ·fleove Jufquehanna , qui fe

~tte

dans la baie de Chefapeac : il fuffi ra de dire ic i

qu<! cette maticre eíl: cornpofée de ma'is

torrefié qui

en fait

le

fondement, de racines d'angeliquc

&

de fel.

M ais on peut

foup~anner

-q u'avant que ces barbares

n'euífent qudque communicatian avec ks calonies

d 'Europe, ils n'employoíent point de fd qui -ne fau–

roit cantribuer beaucoup

a

augmem

les - particules

ialimentaires.

Quant

a

la méthode de fe procurer du .

foil,

elle

étoit la rneme dans toute

l'ét~ndue

du nauveau mon–

de , depuis la Patagonie jufqu

1

au Groenland: on frot–

toit des morceaux de bais

tres-dur cancre d'autres

morcca lllc tres-fecs avec tant de force

&

fi

long-tems

qu'ils étinccloient ou s'enflammoient.

II eíl: vrai que

chez de cerraines peuplades au nord de la Californie ,

on ihféroit une efpece de pivot dan¡ Je

trou d'u ne

planche

fort

épai!fe,

&

par

le

frottement circulaire

on obtcnoit le mérne elfct que celui dant on vient de

parler ( Muller ,

Reife und e11tdeck : von Jen R rtjfen

,

10111.

J.

)

Il - paroit bien que c'eíl: le feul

iníl:inét, ou

s"i l di: permis de le dire , l'i nduíl:rie innée de l'ham–

me qu i lui a montré cette pratique ; de forte que,

fgi\<ant

nau~,

il faut ranger p armi les fables ee que

.. .

'

1Qll!_C

[!

-- -

-

-- -

.AME

331

quelques relation! rappa¿tent des habit3ns des Maria.:

ne~ ,

des Philippines, de Los Jordenas

&

des Ami·

couanes , qui ignaraieot ,

a

ce q u'on prérend , Je fe.

(lret de faire du fou. Et

fi

l'an trauve de tels

faits

cJ ans des géographes de l'antiquité , comme Mela, au

fojet de certains peuples de l'Afriq ue , il eíl: n'éceífairo

d'avertir que Mela avait pui fé dans les mémoires d'E.u–

doxe, que Straban nous dépei nt Eomme nn impoíl:eur •

qui, pau\' faire accroire qu'il avoit daublé le cap de

Banne-Efpérance, fe

permettoit de mentir fans fin.

On voit, par l'hiflaire de la Chine,

&

fur-tout par

l'ufage encare aujourd'hui fubfiíl:ant chez

les Kamí–

chatkadales , les Sibériens & meme chez

les payfans

de la Ruffie, que la méthode de faire prendre feu au

bois par le frottement ' a du etre générale dans notre

continent avant la connoilfance de l'acier

&

des

PY·

rites: la chaleur que l'homme fauvage a fentie dans

fes mains , larfqu'il les frottoit , lu i a enfeigné tout cela.

Comrne il

y

avoit en

4merique

un tres-gran:! nom–

bre de petites natians , dont les unes étoient plangée¡¡

plus avan t que les autres dans la barbarie,

&

dans

l'oubli de taut ce qui coníl:i tue l'animal raifonnable,

il eíl: tres-diffici le de bien diíl:inguer les coutumes ado–

ptées feulement par quelques tribus particulicres, d'a•

vec les ufages généraleh1ent fuivis.

ll

y

a des voya·

geurs qui ont cru que taus les fauv ages du nouveau

monde n'avoient pas la maindre idée de l'incelle

1

au

moins dans la ligne callatérale,

&

que les freres

y

cípoufoient fans ceífe les fceurs, ou \es cannoiífaient

fans les épaufer : ce qui a fait penfcr

a

plu!ieurs per–

fonnes , q ue les facultés ph yfiqÜes

&

morales onr du

s'a-ltérer dans cc:s fauvages- la; parce que l'on fuppafe

qu'i l en eft des hammes camme des animaux dame–

füques , dant quelques-uns

fe

rabougri!fent par les ac–

couplemena inceltueux : ce qui a indiqué , ainfi qu'o11

fait , la ntceffité de meler au de croifer les raccs pour

en maintenir la vigm;ur

&.

en perpétuer la beauté. II

coníl:e par des eJQpériences faitc:s depuis peu Íllr une

frule efpece , que la dégénération e!l:

plu~

grande

&

plus prornpte par une: foite d'accauplemens dans . la

ligne collatérale que dans

la

ligne defC<'.ndante;

&

c'e!l:-la un réfultat auquel on ne fe fc:-roit a!furément

paint attendu. Mais en fuivant les

lettres éáifianw

.&

les relations des PP. Lafiteau

&

Gumilla

(

Mreurs des

Jawvages

&

hijloire de l'Oré11oque.),

il e!l: cerrain qu'il

exi!loit en

Amérique

plufieurs tribus

Oll

l'an ne can–

traétoit pas meme de mariage dans

le

troií1eme dégré

d~

pare;ité; de:

forte q1:1!011

ne faurait dire que les

conjonétians que nous appellans

illicitu,

au ce qui eft

la méme chofe

incefl11eufes ,

y

ónt été généralement

Cl1

vag ue, comme elles l'étoient fans doute chez, les Ca–

ra'ibes & chez beaucoup d'autres. Garcilalfo rapparte

auffi

(

hijldire des Incas.

)

que les grands caciques ou

· les ernperc:urs du Pérol} épaufoient par une polyga–

mie finguliere , le urs fceurs

&

kurs coufines-germaines .

a

la fois; il ojoute

a

la vérité,

pag.

68'

tom.

JI,

q~e

cet ufage m: s'étendoit point j ufqu'au peu ple; ma1s

c'eíl:-la ·un fait qui nous femble p refque irnpoffible

a

éclair~ir;

i;ar

en

fi n, il ne faut paí11t préter une foi

aveugle

-a

tout ce qu'on lit daos G arcila!fo; tauchant

la législatian des Péruviens: i l convient d'ailleurs que

chez les peuplades de ce pays o'L1

l'autorité du grand

cac iqYe ou de l'empereur éroit mal affermie,. comme

chez les Antis ,

le mariage étoit inconnu:

q11a11d

la na–

ture le11r infpiroit des defirs , le.jJazard leur donnoit tme

Jemme

,

i/s pmioimt celleJ qu'ils rencontroient

;

lezirs filies ,

leurs famrs, leurs meres lettl' étoient indifférentes; cependanl

us dernieres étoient plus exceptées. Dans un autre canton ,

ajaute-t-il,

les meres gardoimt leurs jill;s

.'l.Vtr 1111

Join ex–

trémt;

&

quand elles les marioient

,

elles les déjloroimt en

public de leurs propres mai11s , pour montre1· tpi'elles

les

a·vvimt bien gardées. tom.

1,

pag.

14.

Ce dernier ufage ,

s'il étoit bien vrai , pourroit paraitre encare plus écon–

nant que l'incefte , qui a

du

erre effeétivement

plu~

en

vague chez les petites hordes , campofée¡

feu~ement

de

cent~!r~nte p~.rfoQncs,

&

telk$ qu'on en

vo1~ ~~c~r~

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t

!!.