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334

'AME

tics

a

de grandes broches de bo:s ' ou bouillies dans

des ma:rabouts.

On fe perfuadera fans peine que quelques voyageurs

.ent exagéré

le

nombre des pcuplades . anthropoph,a–

ges ; mais il eft fUr qu'on en a trouve au fud,

ª?

11ord & entre les tropiques. L es Atac-Apas

d~

la Lom:

fiane qui, en

1719,

mangcrent un

Fran~o1s

nomm_e

Charlevill~,

habitent

a

plus de huit ccns licues du d1-

ftriét des Cara'ibes, cabanés entre les rivcs de l'Efüt·

c¡uébo

&

di: l'Orénoquc ;

&

de-la il faut encore

faj.

re un immenfe trajet dans le continent , pour arriver

chez les Encavellados ou les Chevelus, qui rótilI'ent

auffi. leurfo prifonniers,; de forte que cette barbarie eft

cwmmune

a

des nations qui ne peuvent·avoir emprun–

té leur.s mceurs les uni:s des autres, n\. s'ttre corrom–

pues jufqu'a ce point par la force de l'exemple.

D ans cette immenfe quantité de détails que nous

fournilfent les relations touchant les ufages religieux

<les Américains, il s'eft gliífé des faufihés dont .quel–

ques-unes font déja parfaitement connues,

&

dont on

connoitra les autres'

a

mefure que les voyageurs de–

viendront ·plus

~cfürés

que l'ont été

la

phipart de

ceux qui ont parlé' jufqu'a préfent' des diffé rentes

parcies du nou veau monde: des .moines,

&

des hom–

mes qui ne métitoient pas

)I!

titre de philofophe, en

t¡uelquc fens qu'on puiJJe entendre ce mot , fe fon t

pcrmis d'écrire des chofes

q.ue

les perfonnes raifonna-

11ables

fe,

font repenties d'avoir lues. Nous n'exp lique–

rons ici qu'un fait qui foffira pour faice juger de beau–

coup d'au11:es. On a a!furé que ph1fii:urs fau vages des

provinces méridionales adproient une citrouille : or,

voiqi ce que c'eft que cette adoration. Tout cemme

les-. préteodus forciers de la Laponit fe fervoient jadis

d'un tambour qu'ils battoient pour chaffer le. démon ,

lorfqu'ils

le

croyoient logé dans le corps d'un hom–

me malade, qu'ils

n':woien~

pu guérir avec leurs dro–

gues ordinai es ; ainfi quelques jonglcurs de l'

Amérique

emploient une courge dont ils tirent la pulpe,

&

qu'

ils rempli!fcnt enfµite de cailloux, de forte que quand

ils la fecouent , il e.n réfulte un bruit qu'on entend

ele tres-loin daos la nuit.

11

eíl: done a!fez narnrel que

les fauvages qui ne font poiot initiés daos la jongle–

.rie, aient peur de cet inftrument : auffi n'ofcnt-Üs

le

toucher, ni en approchcr;

&

voila

a

q uoi fu · réduic

l'adoracion di:

la citrouille. C'cft bie11 en vain . qu'on

a i.nterrogé ces barbares toucihant des pratiq.ues

fi

grof.

fiereS' ,

&

touchant beaucoup- d'autre$ qui font enco–

re infiniment plus fuperftitieufes; la pauvreté de lcur

langue' dont

le

dié1:ionnaire pourroit etre écrit en une

page , les empeche de s'expliquer. On fpit que les

Péruv iens

méfl?eS,

qooique réunis en une efpece de

fociété politique, n'avoient pas encore inventé des ter–

mes pour exprimer les erres métaphyfiques , ni les

qualités morales qui doivent le plus diftinguer l'hom–

me de la béte , comme la juftice, la

gra~itude

,

la

miféricorde. Ces qualités étoient au nombre des cho.

fes qui n'avoient point de nom : la vertu elle-meme

n'avo it poin t de nom da ns ce. pays , .fur Jeque! on a

d ébité cant d'exagérations. Or, chez les petits peuples

:ambulans, la di!ecte des mots eft encere incompara–

blement plus grande, au point que toute efpece d'ex–

:plication fur des matieres de morale

&

de méraphy–

fique,

y

eft impoffible. Si dans

le

corps du

Dift. des

&imus ,

&c.

on troüve un article ou il eft queftion

de la théologie

&

de la philofophie des hoquois, nous

feron s obferver ici que J'auteur de cette piece eíl:, en

un certain fens, aifez excufable, puifqu'il n'a fait qt1e

fuivre M. Brucker, qui a donné lieu

a

toutes ces

fa–

bles, par ce qu'il a dit des Iroquois dans

fa

grande

Hifloire de la Phi/,fophie,

immenfe colleé1:ion d'erreurs

&

de vérités. Q uelque

f~avant

qu'ait été M. Bru–

cker ,

il

ne nous paroit pas qu'il fe foit mis en pei–

ne de. confulter fur 1'

Amirique

,

d'autre auteur que la

Hontan ;

&

c'efl précifémen t la Hontan qu' il ne fal–

loit point confultcr ,

par~

qu'il prfae, on ne f\:ai t

a

q uels barbares du Canada, fes propres idées, qui font

~ncore

tres-éloignées d'étre

ju!ks~

·-·

· -

A.

l\t1

E

Ceux.Ja

íe trompent, qui penfent que chez les

f1111;

va

ges la r

eligion eíl: tres-limpie , tres-pure,

&

qu'cl.

le va toújou rs en fe corrompant

a

meíure que les peu–

ples

fe

civilifent. La vérité

eft

que les fauvages

&

les peuples civilifés fe plongent également dans des

fuperftitions cruelles

&

épou vantables , lorfqu' ils ne

font pas retenus par la faine raifon ;

.&

fi

fa

profef.

fion du chrifiianifme meme n'a pu empecher les Ef.

p;¡gnols d'-affaffiner lems freres en l'honneur de l'écer–

nel dans la place Major de Madrid , on voic com–

bien il

dl:

néceffaire que

le

chriftianifme

fi

raifonnable

foit bien entendu. Or, ce fcroit faire tort

a

fes

lu–

mieres de croire qu'il y

a

beaucoup de

philof~phie

chez

les fauvages, qui font auffi dans leur fens des

aulo–

da-fé,

&

on n'en faifolt mal heureufement que trop

chez les Antis , ou l'on trouva de grands vafes de

terre remplis de corps d'enfans deíféchés, qui avoient

été immolés

a

des 1tac'ues ;

&

on en immoloit de la

forte tomes les fois que les Antis célé'broient des aétes

de foi. Quant

a

ceux qu'on appelle parmi les fauva–

ges, de I'

Amérique

,

boyés

,

famélyes

,

pia;'s

,

a11geko1tes

,

j avas , tiharangt!i , autmom

,

ils mériteroient plutót le

nom de médecin

qu~

celui de facrificateur , qu'on

leur' a fouvent donné: il eft vrai qu'ils accompagnent

les remedes , qu'ils fervent aux malades, cle pratiques

bizarre' , mais qu'ils croient ctre propres

a

calmer

ou

a

chaCfer

le

mauvais príncipe, auquel ils pl!roif–

fe11t anribuer tous les déral'lgemens qui furviennent au

corps humain. Au lie:u de raifonner imbécillement fur

la théologie de ces prétendus ·prl!tres, on auroit beau–

coup mieux fait de les engager par des préfcnts

&

clt:s procédés généreux

a

nous communiq uer les , cara·

él:!!res de cenaines plan¡es, dont ils font un grand"

ufage dans les médicarnens ; car nous ne connoiífons

pas la cinquantierne partie ,des végéraux que quclques–

uns de ces Alexis portent toujou rs fur e4x daos de

petits facs, qui compofent toute lour pharrnacie. Mais

les miffionnaires, qui ont cru voir dans

ce~

jopgleurs

de

l'Amériqut,

des rivaux, ks perfécutent avec,. achar–

nen:ient ;

&

quand ils en parlent meme daos leurs

re~

lations ,

ils

les accablent encore d'injures qui nous

révoltent autant que la barbare platicude du Cl:yle dans

Jeque! ces ielations font écrites ,

&

que les prodigcs

manifeftement faux qu'on

y

attefte comme

véritables~

II ne manque point de miffionnaires en

Amérique,

mais

on y a raremc:nt vu

de~

hommc:s éclairés

&

charira –

bles s'intére!fer aux ma!heurs des fauvages ,

&

em–

ployer qqelque moyen pour les foul ager. On. peut di–

re qu'il n'y a proprement que les

~akers,

qui fe

foient établis au nouveau -monde fans y comrnettre de

grandes injul1ices & des aé1:ions infames. Quant aux

Efpagnols, fi l'on n'étoit d'ailleurs iníl:ruit., on feroic

tenté de croire que Las.Cafas a voulu pallier kurs

crimes en les rendant abfolument

incroyables.

ll

ofe

dire , dans un trai{é Intitulé

de la deftruélio11 de las

lll–

d.ias Occidentales,per los Cajlellanos ,

&

qui eft inféré

dans la colleé1:ion de fes CEuvres, imprimées

a

Bar–

celone, qu'en quarante ans fes compatriotes ont égor–

gé cinquante millions d'Indiens. Mais nous répondons

que c'eft une exagération groffiere. Et voici pourquoi

ce Las-Caías a tant exagéré: il vouloit établir en

Amé–

rique

un ordre fémi-miliraire, fémi-eccléfüftique; en–

fu1 e il vouloic erre grand-maitre de cet ordre,

&

fai–

re payer aux Américains un tribut prodigieux en ar–

gent : pour convaincre la cour de l'utilité de ce pro–

jet , qui n'eut été urile qu'a lui feul,

il

portoit le

nombre des lndiens égorgés

a

des fomrnes innombrable,,

La vérité eft que les Efpagnols ont fait déchirer

plufieurs fauvages par de grands Jévriers

&

par une

efpece de chiens dogues , apportée en Europe du tems

des Alains: ils ont encore fair p,rir un grand nombr.e

de ces malheureux da!ls les mines

&

les pecheries

a

perles, & fous le: poids des bagages, qu'on ne pouvoic

tranfporter que fur les épaules des hornmes , parce que

fur toute la córn Oricmale du nouveau continent on

~~ !r~_l:l!~ ~~un~ bet~ ~~ Íj!im~

!lÍ

de Erait

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